Archives pour: Décembre 2008, 19

19.12.08

06:50:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Mister Lonely
Réalisateur : Harmony Korine
Avec : Diego Luna, Samantha Morthon, Denis Lavant, James Fox, Melita Morgan…
Durée du film : 1h51
Date de sortie en salles : 17 décembre 2008

Par Nicofeel

Réalisé par Harmony Korine, Mister lonely est une sorte de comédie empreinte de tristesse. Débutant sur la chanson mélancolique « Mister lonely » de Bobby Winton, Mister lonely nous raconte les aventures d’un sosie de Michael Jackson (interprété par Diego Luna). On voit celui-ci en train de répéter sa chorégraphie afin de ressembler le plus possible au chanteur original. Avec un côté quasiment ludique, il est indiqué plusieurs titres de Michael Jackson tout au long du film. Ainsi, apparaît en premier lieu une des célèbres chansons du roi de la pop, Man in the mirror (1988, figure dans l’album Bad) : ce titre a d’ailleurs une connotation symbolique puisque le sosie de Michael Jackson ne vit finalement qu’au travers de la star qu’il incarne. Le second titre présenté est Beat it (1983, figure dans l’album Thriller), le troisième est le cultissime Thriller (1983, album le plus vendu de tous les temps), connu notamment pour son très beau clip-vidéo avec des zombies. Enfin, le dernier titre présenté est You are not alone (1996, album History) qui clôt l’histoire comme elle avait commencé, de manière mélancolique. On notera cependant que le film contient uniquement les titres des chansons, il n’y a aucune musique de Michael Jackson.
Le réalisateur Harmony Korine ne se contente pas de nous présenter le quotidien d’un sosie de Michael Jackson. Il a l’idée en fait de faire se rencontrer plusieurs sosies. Ainsi, un sosie de Marilyn Monroe (Samantha Morthon, vue dans l’excellent Control) rencontre le sosie de Michael Jackson et le convainc de venir sur une île avec d’autres sosies.

On retrouve dans un même lieu, un château, les sosies de personnages historiques : outre Michael Jackson et Marilyn Monroe, sont présents Charlie Chaplin (interprété par Denis Lavant, vu récemment dans Tokyo !), le pape, Madonna, la reine d’Angleterre, le petit chaperon rouge, Abraham Lincoln, Shirley Temple ou encore James Dean.
Le film d’Harmony Korine est, comme son titre l’indique, une réflexion sur la solitude. Tous ces sosies ont beau être ensemble (notamment vers la fin du film lorsqu’ils dansent ensemble), ils se sentent cruellement seuls. D’ailleurs, à l’instar de l’original, Marilyn Monroe se comporte comme une femme dépressive. L’original aurait-il pris le dessus sur le sosie ? Le film apparaît aussi comme une étude sur l’identité. Que sont au fond ces gens qui donnent l’impression d’être de grands enfants? Cherchent-ils tout simplement à éviter le monde ? Sont-ils à la recherche de leur identité ? Car tous ces sosies qui vivent ensemble donnent l’impression de n’exister qu’au travers de ce qu’ils représentent. Cela paraît presque logique qu’ils s’appellent ensemble non pas par leur prénom de naissance mais par le prénom de la star qu’ils incarnent.
Il y a d’ailleurs un petit côté pathétique dans tout ça avec par exemple le sosie de Michael Jackson qui se protège le nom et porte des lunettes, à l’instar de l’original ou encore le sosie de Charlie Chaplin qui reprend certains gestes célèbres de son modèle. Avant d’être sur cette île, le sosie de Michael Jackson gagnait de l’argent dans la rue ou en faisant un petit spectacle dans une maison de retraite : on se doute bien que l’original ne se contenterait pas de cela. D’un autre côté, le sosie de Michael Jackson, comme les autres d’ailleurs, apparaît comme un être plus proche, plus humain. En effet, il prend plaisir à redonner le sourire à des personnes âgées le temps d’un spectacle et il ne se fait pas prier pour signer des autographes à des enfants.
Les sosies veulent acquérir une part de liberté, d’humanité et vivre aussi pour ce qu’ils sont à la base. On notera sur ce point que le sosie de Charlie Chaplin fait tout pour séduire le sosie de Marilyn Monroe. Le sosie essaie de vivre aussi pour lui.
Voilà pour l’essentiel des éléments positifs du film avec cette réflexion sur la solitude et sur l’identité. Cependant, il faut bien reconnaître que le film d’Harmony Korine est desservi par plusieurs défauts qui rendent fastidieux le visionnage du film. Ainsi, le réalisateur nous montre en parallèle de son histoire de sosies des nonnes (qui volent dans les airs !). La réflexion autour de la notion de foi apparaît comme étrange dans ce film. Dans le même ordre d’idée, on ne voit pas vraiment ce qu’apportent les épisodes avec les moutons. Toutes ces scènes donnent l’impression d’un film inégal, fourre-tout et au demeurant assez ennuyeux par instants. Même le côté ludique du film avec par exemple la présentation des sosies ou encore l’incrustation d’un smiley sur l’écran, n’empêchent pas de trouver le temps assez long.
Par ailleurs, si l’idée n’est pas en soi mauvaise, Harmony Korine a un peu trop tendance à abreuver le spectateur de ralentis. On comprend bien qu’il souhaite apporter un côté nostalgique à son film et faire comme si le temps était arrêté, mais à la longue ces ralentis finissent par être fastidieux. Cela finit par donner l’impression de tics visuels. On se demande parfois si Harmony Korine ne se regarde pas filmer.
Heureusement, la thématique générale du film est intéressante et l’interprétation des acteurs est vraiment très bonne.
Au final, Harmony Korine livre avec Mister lonely une réflexion sur l’identité et sur la solitude. Son film est original, atypique (comme cette scène surréaliste où le sosie du pape pleure dans sa baignoire) mais relativement ennuyeux si on ne rentre pas dans cet univers bizarroïde.

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06:45:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Borderland

Faisant partie des titres sélectionnés pour le dernier Afterdark horrorfest, avec entre autres Lake dead, Nightmare man ou encore Unearthed, ce Borderland, inspiré d'un authentique fait divers, pourra compter sur son ambiance moite et trouble pour suivre le calvaire de trois jeunes touristes américains confrontés à des trafiquants de drogue adeptes de magie noire et ayant kidnappé l'un d'eux pour effectuer un sacrifice humain, laissant ainsi une intrigue solidement charpentée tenir le spectateur en haleine de bout en bout jusqu'à l'explosion de violence finale.

BorderlandDans sa séquence d'introduction, le métrage va avancer deux policiers investissant une maison, étant à la recherche de membres d'un cartel, pour tomber sur divers éléments démontrant l'existence de rites religieux païens avant d'être attaqués par des individus qui vont copieusement mutiler l'un des agents avant de le tuer, plongeant ainsi d'entrée le métrage dans une ambiance sordide et sauvage tout en laissant transparaître la détermination et le fanatisme des assassins.

BorderlandEnsuite l'intrigue va nous dévoiler ses trois personnages principaux, Phil, Henry et Ed, trois étudiants américains en vacances entre l'Amérique et le Mexique qui vont décider d'aller passer quelques jours dans ce pays pour se ravitailler en drogue et passer du bon temps. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces protagonistes vont immédiatement éviter les clichés et les poncifs pour demeurer naturels et porteurs d'une empathie évidente qui va les rendre indéniablement attachants, surtout que le réalisateur va accorder une place importante à la mise en situation pour dévoiler les différents tempéraments de ces trois protagonistes au travers de leurs périple réaliste et évitant tout humour déplacé, ainsi que de leur rencontre avec une jeune autochtone, Valeria, dans un bar, tandis que Phil va se lier d'amitié avec une jeune prostituée mère d'un petit bébé. Et ce sera au retour d'une fête foraine que Phil, ayant délaissé ses amis pour rejoindre sa nouvelle amie, va être accosté et enlevé par des inconnus.

BorderlandCe sera le début de la descente aux enfers pour le trio puisque Phil va être séquestré dans un grange en plein désert avec pour seule compagnie un autre américain à la solde de ses ravisseurs qui va d’abord prendre soin de lui avant de laisser éclater sa méchanceté après une tentative d’évasion ratée, tandis que Henry, Ed et Valeria vont se heurter à l’incompréhension de la police locale avant que les ravisseurs ne commencent à leur chercher des noises à leur tour, faisant progressivement basculer le métrage dans une violence sèche et traumatisante qui trouvera son apothéose lors d’un dernier acte furieux. En effet, après nous avoir fait participé à ce sacrifice humain présenté de manière réaliste et évitant de trop s’attarder dans des détails qui auraient pu faire sombrer le film dans le ridicule, l’intrigue va suivre la revanche d’Ed qui va à son tour plonger dans l’ultra-violence libératrice et du coup jouissive pour n’épargner aucun de ses adversaires.

BorderlandTout en basant ses situations sur des croyances locales et cet ancien culte, le métrage va heureusement éviter tout folklore inhérent qui aurait pu distraire du but principal pour justement se centrer sur l’intrigue principale et n’utiliser ces croyances que pour accroître le sentiment de menace et avancer quelques effets chocs , mais ne laissant jamais le moindre aspect surnaturel venir plomber l’ambiance lourde de précarité et de danger qui va coller à l’ensemble du film , permettant ainsi à une tension réelle de s’installer durablement.

BorderlandAfin d’étayer ses différents développements, le réalisateur n’hésitera donc pas à avoir recours à la violence franche et brutale, parfois terriblement démonstrative (le meurtre sauvage d’Henry) pour s’appliquer à mettre en avant la détermination et surtout le fanatisme religieux aveugle de ces individus complètement envoûtés au point de commettre les pires abominations au nom de leurs dieux et surtout pour satisfaire leur "parrain", maître de cérémonie naturellement impressionnant et tout aussi fanatique.

BorderlandMais au-delà de cet aspect graphique qui marquera les esprits, l'intrigue saura emboîter parfaitement ses différents rebondissements et même la rencontre fortuite de Henry et de Ed avec le policier rescapé de l'introduction paraîtra naturelle tout en relançant de manière efficace l'action vers son terrible dénouement. De plus, chaque situation, même en apparence anodine, trouvera au fur et à mesure du déroulement du film sa justification et le réalisateur pourra compter sur des effets de surprise réussis et glaçants pour rendre suffocante l'atmosphère déjà bien lourde de l'ensemble.

BorderlandLes personnages, naturels et parvenant à avoir une vie propre, pourront compter sur une interprétation toujours convaincante et adaptée, sans aucun surjouage pour créer un sentiment de réalisme qui aidera largement le spectateur à s'impliquer dans l'intrigue. La mise en scène du réalisateur est largement performante, aussi bien grâce à une photographie ocre qui rendra l'image moite que par sa capacité à suivre l'action de très près. Les effets spéciaux sont eux aussi probants pour quelques plans d'un gore franc et graphique réaliste et toujours justifié par l'intrigue.

Donc, ce Borderland saura se montrer prenant, captivant et arrivera à impliquer totalement le spectateur qui du coup vivra une expérience éreintante et traumatisante.

BorderlandLe DVD de zone 1 édité par Lionsgate avancera une image nette et sans défaut notable, tandis que la bande-son sera convaincante, portée par une partition musicale adaptée et percutante, le métrage étant ici proposé en version anglaise avec des sous-titres anglais et espagnols optionnels.
Au niveau des bonus, on pourra suivre un passionnant making-of sous forme d'interview du réalisateur retraçant l'ensemble du projet et du tournage via une sorte de journal de bord, un intéressant documentaire sur le fait divers ayant inspiré le métrage, entrecoupé d'images d'archives peu ragoûtantes, alors que les traditionnels webisodes de l'élection de Miss Horrorfest et quelques bandes annonces d'autres titres de l'éditeur concluront ces bonus prolongeant plus qu'agréablement la vision du métrage.

Pour ceux qui voudraient découvrir ce film parfaitement maîtrisé et impliquant pour retracer ce fait divers dramatique, le DVD de zone 1 est disponible ici ou !

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