Archives pour: Août 2008, 28

28.08.08

06:45:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Raw_meat

Véritable petite perle du cinéma d’épouvante britannique du début des années soixante-dix, hélas quelque peu sous-estimée et oubliée, ce Raw meat, réalisé par Gary Sherman et également connu sous son titre original Death line (et sorti chez nous sous l’appellation Le métro de la mort) nous convie à une histoire sordide, d’un graphisme sanglant étonnant pour l’époque, pour une œuvre qui n’est pas sans trouver écho dans la production postérieure du genre.
Le script suit l’enquête de deux inspecteurs suite à la disparition d’un éminent membre d’un ministère, vu pour la dernière fois gisant dans une station du métro londonien amenant les deux hommes à faire une découverte terrible.

Raw_meatLa séquence d‘introduction va suivre cet homme aux allures bourgeoises arpenter les rues "chaudes" de Londres, entre sex-shop et boîtes à strip-tease, pour finalement le voir descendre dans le métro où il va alpaguer une demoiselle esseulée dans la station déserte pour lui proposer une "passe" avant de se faire détrousser par cette même personne de son argent sorti de sa poche pour l'appâter et pour finalement vraisemblablement faire une autre mauvaise rencontre filmée en caméra subjective. Le métrage va alors mettre en scène deux de ses personnages principaux, Alex et Patricia, un jeune couple d'étudiants qui, descendant d'une rame de métro, va tomber sur le corps inanimé de notre homme, et Alex, américain d'origine, aura bien du mal à s'inquiéter pour cette personne qu'il prendra pour un ivrogne et se sera avec réticence qu'il fouillera ses poches à la recherche d'une éventuelle carte de diabétique pour découvrir que l'homme, James Manfred est un Officier de l'Empire, avant d'avertir un policier en fraction à la sortie du métro. Revenus sur leurs pas en sa compagnie, ils trouveront l'endroit déserté de son occupant jusque là inerte.

Raw_meatEnsuite, le métrage va mettre en avant l'inspecteur Calhoun, un policier irascible et maniant un humour noir et sarcastique typiquement anglais qui va s'informer auprès de son collègue des événements de la nuit pour être attiré par l'affaire concernant James Manfred, au point de convoquer les deux témoins pour un interrogatoire croustillant du fait de l'humour acerbe et parfois déplacé de Calhoun. Mais sa curiosité ne s'arrêtera pas là et l'inspecteur ira aussi se renseigner sur la station de métro où a eu lieu l'incident, puisque d'autres personnes y ont déjà disparu, l'amenant à écouter un spécialiste lui raconter l'histoire de l'endroit où un éboulement à enseveli plusieurs manoeuvres lors de la construction du métro en 1892, sans que personne ne chercher vraiment à leur porter secours.

Raw_meatSans transition, le métrage nous fera alors découvrir l'antre de cet individu au faciès ravagé par les pustules et autres cicatrices, au cours d'un incroyable travelling à 360 ° qui nous fera d'abord visiter son "garde-manger" où gisent des cadavres humains partiellement découpés, avant de s'attarder sur cet homme massif au chevet d'une femme, dans le même état de dégradation physique que lui, et enceinte, laissant se dégager de cette séquence une ambiance glauque et sordide dans un climat d'insalubrité total, renforcé par la présence de rats et d'asticots s'infiltrant au milieu des cadavres.

Raw_meatPassée cette mise en situation encourageante, le métrage va conjointement suivre l'enquête de Calhoun et de son acolyte, enquête d'abord émaillée de petits traquas dus à la position sociale du disparu avant de se resserrer sur cette station de métro, et la vie de "l'homme" du métro qui va voir mourir sa compagne, le laissant dans une rage sans nom, le poussant à agresser dans un autre but que celui de se nourrir des agents d'entretien de la station de métro avant de chercher à remplacer sa femme par quelqu'un d'autre. Des deux parties distinctes, menées de front, donneront lieu à des situations tranchant complètement les unes avec les autres. En effet, l'enquête de Calhoun sera ouvertement souriante grâce aux manières et aux propos de cet inspecteur décidément incorrigible et ayant toujours le bon mot pour railler ses interlocuteurs par une ironie grinçante, tandis que dès que l'intrigue s'intéressera à ce sauvage descendant des travailleurs ensevelis, ce sera pour laisser le métrage devenir éminemment glauque et sinistre, aussi bien en suivant les us et coutumes de cet être barbare et rustre, mais que le réalisateur aura l'intelligence de ne pas uniquement mettre en scène comme un "boogeyman" classique, en lui prêtant des sentiments qui le rendront presque pitoyable au travers d'une humanité primitive teintée de désespoir ( avec notamment cette phrase qu'il répétera comme un perroquet lors du final, seul lien réel qu'il aura eu avec la civilisation).

Raw_meatDerrière son intrigue horrifique angoissante et rondement menée malgré un rythme assez lent, le réalisateur va profiter des opportunités offertes pour lancer quelques salves à l'encontre de la société britannique, au travers des personnages bien évidemment, comme ce haut fonctionnaire aux penchants pervers connus mais cachés de ses supérieurs (ce qui donnera lieu à un affrontement verbal excellent entre les deux "monstres" du fantastique que sont Christopher Lee et Donald Pleasence), ou encore cette police qui ne commence à s'inquiéter des disparitions dans cette station de métro que lorsque que ce sera une personnalité qui s'évanouira dans la nature.

Raw_meatRésolument moderne, le métrage tranchera largement avec les productions britanniques de la Hammer de l'époque en nous offrant des plans sanglants osés pour l'époque et en investissant l'antre du cannibale pour une inspection putride dont l'atmosphère ne sera pas sans évoquer celle du Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, tourné deux ans plus tard. Et les apparitions surprises (par ailleurs partiellement prévisibles) de l'homme laisseront quand même augurer des effets propres aux "slashers" à venir, notamment dans les séquences dans ces couloirs du métro déserts, qui eux ne seront pas dans l'agencement choisi par Gary Sherman sans paraître être une influence évidente de William Lustig pour son futur Maniac. Enfin, le réalisateur Christopher Smith a bien évidemment suivi l'exemple du film pour son Creep aux avis partagés.

Raw_meatL'interprétation est convaincante, portée par un Donald Pleasence explosif et débordant d'humour, tandis que la mise en scène du réalisateur est efficace pour créer aussi bien une tension certaine que pour générer des sentiments contradictoires. Les quelques effets spéciaux sanglants sont plutôt réussis même s'ils resteront basiques, tandis que le maquillage de l'homme est répugnant mais tout en demeurant réaliste.

Donc, ce Raw meat méritera plus que largement d'être (re)découvert, en tant qu'œuvre à l'avant-garde du genre à venir, tout en nous offrant une intrigue impliquante et parfaitement gérée pour susciter l'intérêt et la tension !

Raw_meatLe DVD de zone 1 édité par MGM avancera une image parasitée par quelques petits défauts d'origine, alors que la bande-son sera efficace, avec une partition musicale utilisée judicieusement, le métrage étant ici proposé en version originale anglaise, mais secondée par de précieux sous-titres français.
Par contre, un niveau des bonus, il faudra se contenter de la simple bande-annonce d'époque du film.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette œuvre en avance sur son temps et largement maîtrisée, le DVD de zone 1 est disponible ici ou !

Permalien 1287 mots par nicore, 336 vues • 2 retours

Ao�t 2008
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
 << < Courant> >>
        1 2 3
4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31

Le Blog des DVDpasChériens

Les dvdpascheriens ayant la fibre journalistique peuvent participer à ce blog. Sur le thème des DVD, de la HD et de la vente en ligne. On y trouve des critiques, des dossiers, des articles sur les nouveautés ...

Rechercher

Qui est en ligne?

  • Visiteurs: 27

powered by
b2evolution