Archives pour: Juillet 2011

19.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : The rig

Réalisateur : Peter Atencio

Durée du film
: 1h30

Date de sortie au cinéma
: inconnue

Avec
: William Forsythe (Jim), Serah D'Laine (Carey), Art Lafleur (Ken), Scott Martin (Dobbs), Marcus T. Paulk (Andrew), Stacey Hinnen (Freddy), Carmen Perez (Rodriguez), Dennis Lavalle (Earl), etc.

Par Nicofeel

Plutôt habitué aux séries télé et aux courts métrages, Peter Atencio s'est lancé en 2010 dans la réalisation de son premier long métrage de cinéma. Il s'agit de The wig.
Le synopsis du film est assez simple. On se situe sur une station de forage offshore. Les ouvriers ramènent sans le savoir un monstre. En soi cela n'est pas forcément une mauvaise idée d'utiliser un scénario relativement attendu qui n'est pas sans rappeler le chef d'oeuvre Alien. Il faut tout simplement voir comment cela va être traité.
Et c'est là que les choses se gâtent sérieusement. Car, reconnaissons-le d'emblée : The rig cumule les erreurs et défauts en tous genres, devenant franchement un film assez saoulant à regarder.
Parlons d'abord de l'image : elle est franchement terne, pour ne pas dire dégueu. On a l'impression d'assister à un mauvais téléfilm.
Pour ne rien arranger, le réalisateur fait se succéder les scènes sans véritable lien. Il n'y a pas d'efforts sur ce point et cela se voit de manière criante à l'écran.
Côté scénario, comme dit précédemment, le pitch est assez simple. Le problème est que si les film marche sur les traces d'Alien, il n'y a absolument pas dans The rig la même tension. Dès le début, pendant plusieurs minutes, on voit les personnages qui s'interrogent suite à la disparition de l'un de leurs camarades, prénommé Earl. Mais entre le premier meurtre et les suivants, il faut attendre un bon moment. Et, cerise sur le gâteau (si l'on peut dire !), les amateurs d'horreur n'auront vraiment pas de quoi s'amuser dans la mesure où l'on voit bien que les scènes de meurtre sont tournés un peu à l'arrach'. Le réalisateur a manifestement bénéficié de faibles moyens et cela se sent clairement à l'écran : souvent, on ne voit pas distinctement le monstre et les meurtres se limitent à quelques giclées de sang.
Les seules satisfactions pourraient résider dans le fait que le réalisateur a par moments des idées saugrenues. Ainsi, à un moment donné, les protagonistes prennent un manche de baby-foot et un morceau de bois pour aller combattre le monstre. La scène est complètement risible mais malheureusement il n'y a pas de second degré. Du coup, cela n'est pas très drôle.
A un autre moment, bizarrement, on a droit à à de la musique du compositeur Haendel, précisément Sarabande, qui ne colle pas du tout avec le film.
Dans le style, je vais vous montrer un plan « sexe », le cinéaste nous propose à un moment donné une scène de douche qui est sans intérêt et n'a d'autre but que de montrer la plastique de l'une des actrices du film. La scène fait franchement figure de scène comprise dans le cahier des charges à respecter.
D'ailleurs, si l'on en vient à la distribution du film, là non plus ça n'est pas terrible. On ne sait pas la raison pour laquelle on retrouve William Forsythe (vu dans Dick Tracy de Warren Beatty, pour citer un film de bonne tenue dans lequel il apparaît), mais il est comme ses autres partenaires, à savoir très hésitant et pas vraiment impliqué.
Au final, vous comprendrez aisément que je ne vous conseille pas de regarder ce film qui cumule les défauts. A moins que vous n'ayez rien d'autre à faire, ce film ne mérite pas que l'on s'y attarde.

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17.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Ni à vendre, ni à louer

Réalisateur
: Pascal Rabaté

Durée du film
: 1h20

Date de sortie au cinéma : 29 juin 2011

Avec : Jacques Gamblin (Monsieur Cerf-volant), Maria de Medeiros (Madame Collier), François Damiens (Monsieur Fraises), François Morel (Le père de la famille à la tente), Dominique Pinon (Le père de la famille à la caravane), Arsène Mosca (L'épicier), Catherine Hosmalin (Femme maisonnette), Charles Schneider (Homme maisonnette), Stéphanie Pillonca (Madame crème chantilly), David Salles (VRP SM), etc.

Par Nicofeel

Après sa rafraichissante comédie, Les petits ruisseaux, le cinéaste Pascal Rabaté est de retour. Le moins que l'on puisse dire est qu'il continue à nous surprendre.
Le pitch de Ni à vendre, ni à louer est celui de personnes qui décident d'aller en vacances à la mer. Ne cherchez pas un lien entre les personnages, il n'y en a pas. Si vous cherchez également des paroles qui vont vous expliquer le pourquoi, vous risquez de vous casser les dents.
En effet, de façon audacieuse et même risquée, Pascal Rabaté a fait un film quasi muet. Il y a juste comme éléments sonores de la musique et des onomatopées.
Ajoutez à cela qu'il y a de manière permanente un humour burlesque à la Jacques Tati, vous comprendrez que le film est un véritable OFNI (objet filmique non identifié).
Au niveau de sa distribution le réalisateur s'est tout naturellement entouré d'acteurs dont l'humour et notamment le burlesque est l'une des qualités. On pense ainsi à l'ex Deschiens François Morel ou à François Damiens. D'autres acteurs, plus renommés, sont entrés dans la danse et la mayonnaise a pris parfaitement. On est agréablement surpris par les performances entre autres de Jacques Gamblin, de Maria de Medeiros et Dominique Pinon.
Film très inventif sur le plan visuel (il faut se rappeler que Pascal Rabaté vient de l'univers de la BD), Ni à vendre, ni à louer ne dure que 80 minutes mais voit pourtant se succéder durant cette courte durée un nombre impressionnant de situations incongrues, voire surréalistes. Sans rechercher à être exhaustif, on peut citer les scènes où l'on aperçoit un couple improvisé qui part à la recherche d'un cerf-volant (allant jusqu'à se rendre dans un camp de naturiste !) ; un VRP masochiste qui reste attaché à un lit et tente de se libérer ; un homme qui boit de l'eau bénite, ce qui est à l'origine d'un hoquet qui fait penser au bruit d'un phoque ; un lapin qui est évanoui après avoir reçu une balle de golf ; un père qui donne ses instructions pour monter une tente en tapant dans ses mains ; des amants qui se trompent de chambre en revenant avec leurs compagnons respectifs ; une tempête qui renverse tous les objets et les caravanes mais du même côté ; une maisonnette qui est multi-fonctions.
Expliqué de la sorte, Ni à vendre, ni à louer donne l'impression d'être un long métrage qui comporte tout un tas de scénettes qui n'ont pas spécifiquement de liens entre elles, si ce n'est de se dérouler pendant la période des vacances d'été.

Cela n'est pas tout à fait vrai dans la mesure où le réalisateur s'intéresse, comme dans Les petits ruisseaux, à une thématique qui lui est chère : la sexualité. Sur cette question, le point de vue du cinéaste est sans ambiguïté : chacun est libre de mener sa vie comme il l'entend. Dans une ambiance décontractée, avec un humour omniprésent, le film rappelle que le rapport sexuel est quelque chose de beau et naturel que nous offre la vie. Il faut donc en profiter.
Dans ce film, on notera que toutes les générations sont amenées à faire l'amour : il y a ainsi les deux jeunes filles du père de famille à la caravane qui le font avec les deux jeunes voisins ; il y a aussi Monsieur Fraises (François Damiens) avec Madame crème Chantilly (Stéphanie Pillonca) ; et il y a à la fin du film le couple du film résidant dans une maisonnette. Le fait de placer le couple le plus âgé à la fin n'est pas anodin. Il clôt en quelque sorte en sorte le cycle de l'amour.
D'ailleurs, le film a bien une structure propre puisqu'il débute avec Mike Brank (un jeune homme déguisé, à la voix chevrotante, qui fait penser au chanteur Philippe Katherine) qui chante sa chanson Les vacances à la mer et fait un show devant des enfants médusés, à qui l'on explique avec humour la période des vacances. Le film se termine tout naturellement avec le retour sur scène de Mike Brank qui chante sa chanson devant cette fois-ci un public de retraités. Il y a une vraie logique dans tout ça : on commence avec la jeunesse, à savoir les enfants en leur évoquant indirectement la question du sexe, chose qu'ils ne connaissent pas encore, pour terminer avec les personnes âgées, qui eux ont connu le sexe mais qui ont perdu (en partie) l'envie de sexe. La sexualité, et notamment chez les personnes âgées, voilà une thématique commune avec le premier long métrage de Pascal Rabaté, l'excellent Les petits ruisseaux. On retrouve aussi la passion du cinéaste pour les petites voitures sans permis, ce qui accroît le côté rigolo de l'ensemble.
Côté mise en scène, Pascal Rabaté multiplie à bon escient des trouvailles intéressantes qui accroissent le côté décalé du film, avec en particulier de nombreux plans en plongée, comme lors de cette partie de scrabble où les mots sont clairement à, connotation sexuelle.
Au final, se déroulant dans une ambiance des plus décontractées, Ni à vendre, ni à louer est un film frais, léger, qui met le spectateur de bonne humeur. C'est évidemment à consommer sans modération.

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15.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Blue Valentine

Réalisateur : Derek Cianfrance

Année : 2011

Origine : Etats-Unis

Durée du film : 114 minutes

Avec : Michelle Wlilliams (Cindy), Ryan Gosling (Dean), Mike Vogel (Bobby), Faith Wladyka (Frankie), etc.

Par Nicofeel

Blue Valentine constitue un bel exemple de drame romantique. Ce film, mis en scène par Derek Cianfrance, raconte l'histoire d'un couple, Cindy et Dean, en utilisant à de multiples reprises la technique du flashback.
Le but est de nous montrer en parallèle l'érosion d'un couple (la situation actuelle dans le film) et à l'inverse la période de la rencontre amoureuse. En agissant de la sorte, le film fait preuve d'une certaine originalité. Il demeure évident que sans ce procédé, on aurait affaire à un drame romantique comme on peut être amené à en voir beaucoup d'autres.
Ce procédé qui consiste à montrer deux êtres qui s'aiment lors d'une scène et qui ne s'apprécient plus dans une autre scène n'est pas sans rappeler l'excellent film 500 jours ensemble.
La différence entre ces films est avant tout l'issue. Si 500 jours ensemble demeure un film globalement optimiste puisque l'on voit bien à la fin que le héros rencontre une nouvelle femme, en revanche dans Blue Valentine le but du film est de prouver que, malgré tout l'amour qu'ont pu connaître deux êtres, ils sont arrivés à point de rupture.
L'homme du couple, Dean (Ryan Gosling), fait tout pour reconquérir sa femme, Cindy (Michelle Williams). Il ne cesse de lui dire qu'il l'aime et il fait tout pour casser le quotidien, en l'invitant par exemple dans un hôtel pour le moins atypique. Mais ça ne marche pas. On sent que quelque chose est cassé.

Pourtant, Dean n'est pas seulement un mari, c'est également un père. Il éduque ainsi la jeune Frankie comme sa propre fille, alors qu'elle n'est pas sa fille naturelle. Mais c'est aussi ça les liens du cœur, c'est dépasser la simple idée de relation filiale.
Tout cela n'est pas suffisant. Cindy ne peut plus supporter aujourd'hui celui qui fut, il y a encore quelques années l'amour de sa vie. Les flashbacks sont vraiment intéressants et bien étudiés car ils donnent une vraie dimension tragique à ce qui est en train de se passer entre Cindy et Dean. Si ces deux êtres ne s'étaient pas spécialement aimés, le spectateur ne prendrait pas à cœur cette histoire.
C'est justement en montrant deux personnes qui s'aiment passionnément et qui ensuite ne peuvent plus vivre ensemble que l'on démontre que l'on a affaire à un drame humain.
Si le film n'est pas fondamentalement brillant d'un point de vue de la mise en scène, il est remarquable par le jeu naturel de ses acteurs. Ryan Gosling interprète parfaitement le rôle de cet homme qui est bourré de défauts (il ne souhaite pas avoir un travail stable, il connaît des problèmes d'alcoolisme) mais qui souhaite surtout être libre, ne pas être formaté, et qui veut plus que tout être auprès des gens qu'il aime. De son côté, Michelle Williams lui donne très bien la réplique dans le rôle de Cindy. Michelle Williams interprète de manière convaincante cette femme qui a déjà vécue des expériences douloureuses (de nombreuses relations avec des garçons sans qu'aucune d'elle n'ait de véritable signification – jusqu'à l'arrivée de Dean ; une grossesse non voulue qu'elle a faillie transformer en avortement et qui lui a sans doute coûté sa carrière de médecin ; des relances nombreuses au travail de son supérieur hiérarchique qui cherche à sortir avec elle) et qui est usée par son couple avec l'homme qui représente pourtant tout ce qu'elle a pu chérir jadis.
Sans compromis, la fin du film atteint son paroxysme avec en parallèle d'une part le mariage de Dean et Cindy et d'autre part la séparation. Le titre du film est donc parfaitement justifié. Il peut se comprendre comme une Saint-Valentin, un amour pur, qui tourne mal.
Dans sa thématique centrale, l'érosion d'un couple, le film est très intéressant. On peut aussi s'attacher à une autre thématique du film, qui lui est sous-jacente. Celui de la vieillesse. On voit bien que Dean et Cindy font preuve d'un respect envers sincère envers les personnes âgées. Dean aide consciencieusement un vieil homme à déménager. De son côté, Cindy aime beaucoup sa grand-mère et elle vient lui rendre visite quand elle se retrouve en maison de retraite. Clin d'oeil de l'histoire, la rencontre entre Dean et Cindy est justement due à ces deux personnes âgées.
Ce que semble également nous explique le réalisateur, c'est qu'avec l'effectivité de la rupture dans un couple, il y a le risque de se retrouver seul plus tard. La grand-mère de Cindy vit à la charge de sa famille puis dans une maison de retraite. Elle explique sans ambages à Cindy qu'elle n'a jamais aimé son époux (alors que Cindy a aimé passionnément Dean). De son côté, le vieil homme qu'aide Dean à déménager est un homme seul, qui ne peut plus faire grand chose de lui-même et n'a plus que pour lui des souvenirs.
Si notre rapport à la vieillesse n'est pas le thème central du film, il n'empêche que l'on comprend aisément que pour affronter la vie, il est d'autant plus appréciable de le faire à deux et avec une personne que l'on aime.
Au final, tant dans son titre que dans son traitement, Blue Valentine constitue un beau drame romantique. Cela est dû avant tout au très bon duo composé de Michelle Williams et de Ryan Gosling, qui permet au film de surnager par rapport aux nombreuses autres productions sur le même thème. A voir.

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13.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Balada triste de trompeta

Réalisateur
: Alex de la Iglesia

Durée du film : 1h47

Date de sortie au cinéma
: 22 juin 2011

Avec : Carlos Areces (Javier), Antonio de la Torre (Sergio), Carolina Bang (Natalia), etc.

Par Nicofeel

Sacré trublion espagnol, Alex de la Iglesia nous a déjà habitué maintes fois à des films certes un peu foutraques mais qui avaient le mérite de divertir le spectateur avec des œuvres tout à la fois drôles, gores ou même tout simplement un peu folles. Des films comme Action mutante, Le jour de la bête, Le crime farpait, Mes chers voisins, sont là pour l'attester.
Avec Balada triste de trompeta, Alex de la Iglesia a obtenu en 2010 à la Mostra de Venise les prix de meilleur réalisateur et de meilleur scénario. Est-ce que ces récompenses permettent de penser que le cinéaste s'est assagi pour donner lieu à une œuvre un peu plus consensuelle à l'habitude, lui permettant de remporter des prix dans des festivals ?
Absolument pas. C'est même tout l'inverse. Balada triste de trompeta est sans nul doute le long métrage le plus barré de son auteur. C'est un film complètement excessif, auquel d'ailleurs tout le monde n'adhèrera pas forcément.
Dans un style très différent de l'onirique Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, Alex de la Iglesia s'attaque ouvertement aux atrocités commises lors de la guerre civile espagnole (1936-1939) qui ont abouti à la victoire du clan des Nationalistes de Franco face aux Républicains.
Alex de la Iglesia montre à sa façon l'horreur de la guerre avec un film qui débute dans un cirque où des clowns amusent des enfants et où peu de temps après des militaires recrutent toutes les personnes valides pour aller au front. Fin de l'innocence des enfants que l'on n'amuse plus mais à qui l'on donne à voir la triste réalité de la guerre ? C'est possible. En tout cas, le réalisateur espagnol ne fait pas dans la dentelle et il offre au spectateur une scène d'une incroyable violence, tout à la fois drôle dans ses débordements gore – c'est tout bonnement incroyable de voir ce clown tueur affublé d'une machette qui s'en donne à cœur joie ! – et terrible pas ses conséquences tragiques et ses morts multiples.

Après un générique de début de film marqué par un mélange d'images d'archives sur le franquisme et sur le cinéma, le tout sur une musique particulièrement énergique, Alex de la Iglesia épuise son spectateur. Mais il a le mérite de lui évoquer de manière non détournée tous les ravages de la guerre civile d'Espagne et du régime franquiste (1939-1977).
Le film, qui débute en 1937 et se situe ensuite en 1973, s'inscrit d'ailleurs bien dans les dates de début de règne et de fin de règne de Franco.
Il faut dire que Franco a durablement marqué l'histoire d'Espagne. Le pamphlet politique est d'autant plus prenant.
Cela étant, le film ne se contente pas de la critique politique. Alex de la Iglesia en revient assez vite à ce qui lui plaît dans le cinéma : traiter de gens bien « barrés ». Ainsi, on va assister dans le film au combat à mort entre deux clowns – l'un qui fait rire les enfants mais est dans la vie privée très violent et cruel ; l'autre qui est le clown triste mais dispose d'une vraie sensibilité – pour l'amour d'une très belle acrobate. Tout cela se passe au départ dans un cirque, ce qui donne à penser qu'Alex de la Iglesia cite clairement le chef d’œuvre de Tod Browning, Freaks. De surcroît, ses principaux personnages deviennent de plus en plus cinglés et après un jeu de massacre sans concession, ils deviennent eux-mêmes de véritables freaks. Alex de la Iglesia en profite pour s'intéresser une fois de plus à des personnages marginaux, des laissés-pour-compte, des écorchés vifs. Le clown triste devient une sorte d'animal avant de se transformer en un véritable clown tueur. Quant à l'autre clown, il est sévèrement défiguré. Tout cela est très excessif et donne lieu à des scènes incroyables qui ne seront pas du goût de tout le monde.
Mais on peut croire en cette histoire car les sentiments sont exacerbés et cela reste après tout du cinéma.
Les différents acteurs du film sont à l'unisson et proposent eux aussi un jeu extrêmement outrancier. De ce point de vue, les performances de Carlos Areces et d'Antonio de la Torre sont tout bonnement jouissives, si l'on rentre dans cette histoire qui sort clairement de l'ordinaire.
Film très excessif qui est à réserver à un public averti, Balada triste de la trompeta n'est cependant pas uniquement un film destiné à choquer ou à amuser le spectateur. Le fond du film n'est pas dénué d'intérêt. Sans être l'un des films majeurs de 2011 car le réalisateur Alex de la Iglesia en fait peut-être trop, Balada triste de la trompeta est un film très original, et donc à voir.

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11.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : The silent house (La casa muda)

Réalisateur : Gustavo Hernandez

Durée du film : 1h28

Date de sortie au cinéma
: 16 mars 2011

Film disponible en DVD et en blu-ray le 17 août 2011


Avec
: Florence Colucci (Laura), Gustavo Alonso (le père de Laura), Abel Tripaldi (Nestor, le propriétaire de la maison), etc.

Par Nicofeel

Décidément les films de maison hantée sont très en vogue ces temps-ci. Dans un style qui n'est pas sans rappeler Paranormal activity, voici arriver The silent house (La casa muda de son titre original), un film uruguayen.
Présenté à Cannes en 2010 et au dernier festival de Gérardmer, The silent house est un film qui mérite d'être vu pour au moins une raison : il a été tourné entièrement en plan séquence, caméra à l'épaule avec l'une des dernières trouvailles des cinéastes qui n'ont pas beaucoup de sous : la caméra cannon 5 D.
Il faut bien reconnaître que le réalisateur Gustavo Hernandez est parvenu quelque chose de tout à fait impressionnant – en tout cas d'un point de vue purement technique – en tournant un plan séquence unique.
Cela donne, comme l'indique le film, la possibilité d'assister à de l'horreur en temps réel et cela accroît le côté documentaire de l'ensemble.
Petit rappel sur le pitch du film : une jeune femme, Laura, et son père sont venus nettoyer une maison que leur propriétaire s'apprête à vendre. Comme on peut s'en douter, une force mystérieuse va se manifester.
C'est sur ce scénario que le film va révéler l'interprétation de son actrice principale, Florence Colucci, qui est tout à fait crédible dans le rôle de cette jeune fille qui est rapidement apeurée dans cette maison hantée. Elle entend dès le début des bruits bizarres et cela ne cesse de l'inquiéter.
Voilà pour les points positifs. Malheureusement, dans l'ensemble,The silent house parvient difficilement à convaincre.
Le scénario n'a rien d'original. On a l'impression d'avoir vu cent fois la même chose et en bien mieux. On préfère sans nul doute se regarder REC, voire Le projet Blair Witch, que ce Silent house.
Et puis en raison certainement de son budget qui a dû être riquiqui, le film ne propose vraiment pas grand chose. Il y a des bruits étranges mais c'est quasiment tout pendant un bon moment. Il faut attendre près de 50 minutes pour que notre principale se retrouve dans le Noir.
Et puis l'un des problèmes du film est que lorsqu'il ne joue plus sur la suggestion mais révèle des éléments liés à ce qui s'est passé (les photos), on a bien du mal à rentrer dans ces explications. Pour ne rien arranger, le film donne lieu à une fin qui est complètement à côté de la plaque.
Du coup, à l'issue de ce long métrage, le sentiment est mitigé. Si sur le plan technique, le film est plutôt pas mal fait, les cadres étant assez soignés, pour le reste on navigue entre ennui et ridicule. Bref, tout cela donne l'impression d'avoir assisté à un pétard mouillé. Peut-être qu'avec un budget plus conséquent, le cinéaste Gustavo Hernandez serait capable de faire un film plus prenant. A voir, pour une prochaine fois.

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09.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : La conquête

Réalisateur
: Xavier Durringer

Durée du film
: 1h45

Date de sortie au cinéma : 18 mai 2011

Avec
: Denis Podalydès (Nicolas Sarkozy), Florence Pernel (Cécilia Sarkozy), Bernard Le Coq (Jacques Chirac), Samuel Labarthe (Dominique de Villepin), Saida Jawad (Rachida Dati), Hippolyte Girardot (Claude Guéant), Grégory Fitoussi (Laurent Solly), Dominique Besnehard (Pierre Charon), Michel Bompoil (Henri Guaino), etc.

Par Nicofeel

En 2006, l'humoriste Karl Zéro avait réalisé avec Michel Royer le film Dans la peau de Jacques Chirac, un faux documentaire présentant à sa façon la vie de Jacques Chirac par le biais d'images d'archives et de la voix de Didier Gustin qui imitait alors la voix du président français. Si ce film était tout à la fois drôle et intéressant par sa façon de montrer que les politiques sont prêts à tout pour obtenir le pouvoir, on pouvait tout de même regretter le manque d'enjeux. En effet, en 2006, Jacques Chirac terminait son deuxième mandat et on se doutait bien qu'il ne se présenterait pas pour un troisième mandat de président.
En 2011, le cinéaste Xavier Durringer s'intéresse lui aussi à un homme politique, précisément celui qui a succédé à Jaques Chirac : Nicolas Sarkozy. On appréciera que cette fois le film se déroule pendant le mandat de l'homme politique qui est étudié. En effet, ce film se situe à un an de la fin du mandat de Nicolas Sarkozy et il peut donc avoir des répercussions sur la suite des événements. Le film est donc particulièrement d'actualité.
Sa réussite principale tient sans aucun doute à sa description (peu enviable) des hommes politiques. Nicolas Sarkozy apparaît ainsi dans le film comme un homme prêt à tout pour obtenir le pouvoir. C'est ainsi que cet homme, qui ne pense pas aux élections présidentielles de 2007 uniquement en se rasant, choisit de faire parler de lui à chaque instant, qu'il soit à Bercy ou au Ministère de l'Intérieur. Le but est de focaliser l'attention sur lui pour que les médias parlent de son action. Le film indique également que l'on ne gagne pas une élection présidentielle sans certaines lignes directrices.
Il est nécessaire de faire passer des idées simples. C'est ainsi que le film rappelle à un moment donné le fameux « Travailler plus pour gagner plus. » Dans le même temps, Nicolas Sarkozy s'évertue, avec énergie, à ringardiser les autres hommes politiques. Cela va même jusqu'à se moquer d'eux de façon assez méchante. Ainsi, concernant Ségolène Royal, son adversaire du second tour des présidentielles 2007, il y a cette phrase mesquine, même si elle est non dénuée d'un humour certain : « Elle ne dit rien sur rien, mais avec le sourire ! »

Cette volonté de pouvoir n'est pas sans conséquences. Le film montre bien que la vie privée de Nicolas Sarkozy en est une des victimes directes. Cécilia Sarkozy est présentée comme une femme usée, qui ne supporte plus que sa vie privée soit étalée au grand jour et c'est donc tout naturellement qu'elle s'écarte progressivement de ce système. On voit bien qu'après une première rupture, elle est obligée de revenir provisoirement (très belle scène où Cécilia Sarkozy quitte tendrement l'homme qu'elle aime pour rejoindre très froidement un Nicolas Sarkozy qui l'attend de pied ferme) afin de sauver les apparences. Car on ne peut pas être élu président de la République en tant que célibataire. Il est nécessaire de faire passer cette belle image d'Epinal de la famille heureuse qui est réunie pour le meilleur et pour le pire. Au final Nicolas Sarkozy semble bien seul sur le plan privé.
Les autres personnages présentés dans le film ne sont pas mieux que lui. Ils sont même quasiment pires. Avec ses bonnes manières apparentes, Dominique de Villepin n'est pas non plus vraiment à son avantage dans ce film. Il nous est indiqué qu'il fait tout pour faire couler Sarkozy, avec en point d'orgue l'affaire Clearstream. Plus sournois que le Sarkozy qui nous est présenté dans le film, il enrage de voir son adversaire, qu'il affuble de quolibets (le « gesticulateur précoce » ; un homme « maniaco-dépressif ») progresser dans les sondages, et il se permet même une réflexion d'une certaine bassesse lorsque ce dernier est élu président : « ce nabot va mettre le pays au même niveau que sa taille. » Cela étant, Sarkozy n'est pas dupe et lui renvoie plusieurs fois la pareille. Lors de leur célèbre rendez-vous à la Baule où Dominique de Villepin n'avait pas hésité à faire venir les journalistes pour montrer sa belle plastique, on prête dans le film ce discours à Nicolas Sarkozy : « Ce que vous étiez beau Dominique ! On aurait dit Ursula Andress dans James Bond contre Docteur No ! »
Quant à Jacques Chirac, on sent à chaque instant qu'il souhaite mettre des bâtons dans les roues de Sarkozy, pour l'empêcher de réaliser son rêve présidentiel. C'est manifestement dû au fait que Chirac n'a pas admis que Sarkozy l'ait trahi au bénéfice de Balladur avant de se raviser.
Le constat sur notre monde politique qui est fait de bassesses, de trahisons en tous genres n'est pas un scoop, mais ramené à une fiction qui évoque la vie quotidienne, cela donne une certaine idée des personnages. Et puis rien de tel que d'utiliser le ton de l'humour pour faire passer un message. De ce point de vue, le film marque incontestablement des points.
Par ailleurs, un mérite certain du film est d'étayer le fait qu'on ne remporte pas une élection présidentielle tout seul. On a besoin d'être entouré de gens qui travaillent constamment à vos côtés, et qui sont parfaitement sur la même longueur d'ondes. C'est ainsi que le film présente toute l'équipe qui est dévouée à Sarkozy, de Laurent Solly à Claude Guéant en passant par Pierre Charon, Henri Guaino et Rachida Dati. Tous traquent l'actualité pour Sarkozy, participent à une certaine censure de la presse, écrivent les discours de leur chef et lui indiquent quels sont les plans à prévoir.
Pour avoir réussi un film plutôt satisfaisant dans l'ensemble – qui donne une image peu flatteuse des politiciens – Xavier Durringer peut remercier sa distribution, qui est de grande qualité. Au premier rang, on ne peut que souligner l'impressionnante prestation de Denis Podalydès qui incarne à merveille Sarkozy. Tant dans son timbre de voix que dans son attitude, il fait penser à Sarkozy. Florence Pernel est également parfaite dans le rôle de Cécilia Sarkozy, une femme qui est la seule à tenir tête à son époux et qui n'en peut plus de cette vie. Samuel Labarthe est aussi excellent en interprétant un Dominique de Villepin obsédé à l'idée de détruire l’inexorable ascension de Sarkozy. Le reste de la distribution est également de très bon niveau.
Cela étant dit, La conquête n'est pas dénué de défauts. D'abord, il faut bien reconnaître que sur le fond, on n'apprend pas grand chose. Tout ce qui se déroule sous nos yeux n'est que le rappel fictionnel d'événements qui ont fait les gros titres dans les médias. Sans son excellente distribution, Xavier Durringer aurait vu son film sévèrement amoindri, et peut-être réduit au rôle de la simple farce politique.
Ce manque de surprise se révèle d'ailleurs au niveau de la mise en scène. Mis à part cet élément scénaristique où Sarkozy, à quelques heures de son élection, se rappelle du passé (à partir de 2002), ce qui donne lieu à plusieurs scènes de flashbacks, il n'y a pas grand chose de remarquable. La mise en scène est très classique et se limite à des champs – contre champs. Le film se démarque d'un téléfilm parce qu'il a bénéficié de moyens relativement importants, qui se traduisent par un nombre important de figurants et par des scènes des spectacles qui rappellent les élections hautes en couleurs que l'on voit aux Etats-Unis.
Au final, La conquête est tout à la fois une comédie sur le pouvoir, une sorte de thriller politique et une histoire d'amour contrariée (la relation entre Cécilia et Nicolas Sarkozy). Le film vaut surtout par sa description des hommes politiques contemporains, qui parlent de l'intérêt général devant les caméras mais ne recherchent bien souvent que leur intérêt personnel.

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07.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Heartless

Réalisateur
: Philip Ridley

Durée du film : 1h54

Date de sortie au cinéma
: inconnue (film en DVD et en blu-ray le 5 juillet 2011)

Avec
: Jim Sturgess (Jamie Morgan), Clémence Poésy (Tia), Noël Clarke (A.J.), Timothy Spall (George Morgan), Ruth Sheen (Marion Morgan), Eddie Marsan (Weapons man), Joseph Mawle (Papa B), etc.

Par Nicofeel

Cela fait un bon moment que l'on avait plus entendu parler de Philip Ridley. Ce réalisateur britannique, auteur des excellents L'enfant miroir (1990) et Darkly noon (1995) nous revient avec un film qui fait beaucoup penser au mythe de Faust.
Le synopsis est le suivant : un jeune homme de 25 ans, Jamie Morgan (incarné par un convaincant Jim Sturgess), possède depuis la naissance une énorme tâche de vin du côté de son oeil droit. Cette tâche l'empêche de s'insérer comme il le souhaiterait dans la société, de vivre normalement et de fonder une famille. Au lieu de cela, il est victime de quolibets de jeunes du coin qui le traitent de Fantôme de l'opéra ou encore d'Elephant man.
Dans le secteur où résidait autrefois son père – qui est aujourd'hui décédé – il tombe nez à nez avec des gens encapuchonnés qui cachent des animaux à forme humaine.
Alors que ces êtres vont brûler sa mère, Jamie Morgan va par la suite faire un pacte avec un curieux personnage, Papa B, qui semble être invincible (les balles sont sans effet sur lui). Ainsi, en l'échange de graffiti qu'il concoctera sur les murs de la ville, il pourra renaître de ses cendres (comme dans le mythe de Faust, il est bien question d'une deuxième vie) et devenir un nouveau Jamie, sans sa tâche de naissance.
On voit bien que l'on est clairement dans une nouvelle adaptation originale du mythe de Faust. Le réalisateur Philip Ridley ne s'en cache d'ailleurs nullement puisque les allusions à l'enfer, voire même à Faust sont explicites : « Crois-moi, ce monde c'est l'enfer » ; un « Rondo rouge [une boisson] à la Faust.
S'il est question dans le mythe de Faust que le diable prenne l'âme de Faust ; dans Heartless, les volonté de Papa B ne sont guère plus réjouissantes. Ce dernier demande à Jamie de tuer des gens pour lui. Les graffitis avec l'indication « Dieu est un stupide enfoiré » (forcément, ce Papa B, sorte de diable, n'a pas spécialement Dieu dans son cœur) n'étaient qu'une feinte. Le but était clairement d'amener Jamie vers le côté maléfique.
Les demandes de Papa B sont vraiment horribles : il s'agit de tuer des gens, d'ôter leur cœur et de placer celui-ci devant une église.
Comme dans ses précédents films, le réalisateur Philip Ridley s'intéresse particulièrement à la notion de Mal avec un grand m.
Si le film comporte plusieurs scènes assez violentes, il n'y a pas vraiment de tension comme dans un Darkly noon.
La faute tient peut-être à un aspect onirique qui est moins visible à l'écran. Le personnage de la petite fille est bien là pour donner à penser au spectateur qu'elle n'est que le reflet de la personnalité changeante de Jamie. Cela dit, on sent qu'il manque quelque chose à ce conte horrifique.
C'est peut-être aussi le fait d'avoir situé le film dans un cadre urbain que l'on n'est moins sensible au propos.
Toujours est-il que s'il n'est pas le meilleur de son auteur, Heartless (dont la signification du titre se place sur plusieurs niveaux) est un film d'horreur tout à fait correct. La distribution du film est d'ailleurs de grande qualité. Outre Jim Sturgess qui est excellent dans le rôle du tourmenté Jamie, on ne peut que se réjouir du casting britannique du film. Il y a d'ailleurs beaucoup d'acteurs qui ont joué pour des auteurs britanniques. Par exemple, Timothy Spall, qui joue le rôle du père de Jamie, a été vu récemment dans Le discours d'un roi de Tom Hooper. La mère est jouée par Ruth Sheen, vu dans le sympathique Another Year de Mike Leigh. Dans le giron des acteurs de Mike Leigh, on retrouve également Eddie Marsan, vu dans Be happy. Ces acteurs et d'autres que je n'ai pas cité, sont bons dans ce film de Philip Ridley.
On attend avec intérêt le prochain film de cet auteur qui se fait bien trop rare.

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05.07.11

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Animal kingdom

Réalisateur : David Michôd

Durée du film : 1h52

Date de sortie au cinéma : 27 avril 2011

Avec : James Frecheville (Josh Cody), Guy Pearce (inspecteur Leckie), Jacki Weaver (Janine « Smurf » Cody), Ben Mendelsohn (Pope Cody), Joel Edgerton (Baz Brown), Luke Ford (Darren Cody), Sullivan Stapleton (Craig Cody), Dan Wyllie (Ezra White), etc.

Par Nicofeel


Grand prix du festival de Sundance en 2010, Animal kingdom est le premier long métrage de l'australien David Michôd,
Le film commence de façon bien rude avec le jeune Josh Cody, un adolescent de 17 ans, qui vient d'appeler la police car sa mère vient de faire une overdose. Mais là où on est déjà étonné, c'est par le fait que Josh reste stoïque face à la mort de sa mère et il continue de regarder sans broncher la télévision.
Se retrouvant seul, il commet l'irréparable (mais ça il ne le saura que plus tard), reprendre contact avec ses racines en appelant sa grand-mère maternelle. La famille Cody, avec cette grand-mère et les oncles de Josh, n'est pas une famille comme les autres. C'est une famille de criminels. Les frères Cody connaissent une sorte de crise car les braquages ne leur permettent plus de faire des recettes importantes, et ce d'autant plus qu'ils sont surveillés en permanence par la police australienne. Il faut donc se tourner vers quelque chose de moins risqué, tel que la vente de drogue ou le fait de jouer en Bourse. Mais ce bouleversement des choses n'est pas du goût de l'ensemble des frères Cody.
Le film se déroule dans une ambiance tranquille en apparence – à la manière d'autres films australiens comme le thriller Lantana – mais qui est en faite lourde de manière permanente. On sent que quelque chose de grave peut se produire à n'importe quel moment. Et cela ne tarde pas à arriver. L'un des frères est victime de la police qui le tue froidement. C'est alors qu'un engrenage infernal va se mettre en route. Il ne faut pas oublier que les Cody sont de dangereux sociopathes. Chez eux, c'est le règne animal (traduction du titre du film). Leur réaction ne tarde pas à venir. Une patrouille de police est ainsi assassinée sans coup férir. Le jeune Josh est indirectement impliqué dans ces meurtres dans la mesure où c'est lui qui a volé la voiture qui a servi à tuer les policiers.
Tout le reste du film va alors consister en une sorte de thriller où Josh est tiraillé entre sa nouvelle famille qui l'invite fortement à se taire et la police, avec l'inspecteur Leckie, qui voit bien que Josh peut être un témoin capital dans cette affaire et cherche donc à le faire parler. Le film passe dès lors du film de mafieux, voire de psychopathes, à celui de thriller. Josh devient l'objet de toutes les attentions. Et à la manière des films de James Gray où un personnage ne se reconnaît pas dans les membres de sa famille (on pense notamment au film The yards et à sa fin sans concession), Josh finit par rejoindre la police. Mais ce choix – qui est celui de la justice, du bon sens – va accroître le côté dramatique et inéluctable du film. Sa petite amie va être une victime collatérale et il va subir des pressions importantes de sa famille, qui cherche carrément à l'exécuter.

Pour faire monter la pression, le réalisateur David Michôd a opté pour une mise en scène classique, fluide, avec de beaux mouvements de caméra continus. On regrettera simplement le choix d'agrémenter ce long métrage de nombreux ralentis qui ne sont pas spécialement justifiés et ralentissent l'action, lui donnant presque un côté irréel, alors qu'au contraire c'est le côté réaliste du film qui fait la grande qualité d'Animal kingdom.
Sur le plan moral, David Michôd a eu la bonne idée de ne pas livrer un film dichotomique avec d'un côté les gentils et de l'autre les méchants. Non la ligne de démarcation entre les deux n'est pas aussi évidente que cela. Malgré le fait que les Cody soient des gens dangereux et responsables d'actes répréhensibles, il n'est pas normal que les policiers rendent eux-mêmes la justice en décidant de tuer des membres de cette famille sans motifs légitimes. C'est de la vengeance gratuite. Et puis certains policiers sont montrés comme des gens qui trempent dans des affaires pas très catholiques avec les Cody. Finalement, seul le personnage de l'inspecteur représente de façon nette une justice intègre.
Cela donne d'ailleurs l'occasion d'évoquer le casting du film. Si le scénario du film et sa mise en scène sont irréprochables, il va sans dire que la distribution du film est pour beaucoup dans la réussite du film. James Frecheville incarne parfaitement ce jeune homme taciturne qui est balloté par tout le monde et qui ne sait pas trop où se situe sa place. Son manque de sentimentalisme est contrebalancé par l'amour sincère qu'il porte à sa petite amie. Un autre acteur marquant est sans nul doute Ben Mendelsohn, qui joue l'oncle Pope, dont chacune des apparitions donne froid dans le dos. Quant à Guy Pearce, il est très bon dans le rôle de ce policier qui cherche à clore ce dossier, tout en restant toujours dans la légalité. Mais surtout, le film dresse le portrait d'une femme machiavélique. Jacki Weaver est vraiment bluffante dans le rôle de cette mère qui est gentille en apparence, jouant la carte affective à fond (elle embrasse sur la bouche ses enfants), alors que dans les faits, c'est certainement l'être le plus dangereux du film. On comprend aisément que c'est elle qui actionne ses fils comme elle l'entend, tels des marionnettes. Sans conteste, voilà un personnage que l'on n'est pas prêt d'oublier et Jacki Weaver est parfaite dans ce rôle.
Au final, Animal kingdom est un excellent film policier, mélange de drame familial et de thriller. On attend donc avec une certaine impatience le prochain film de David Michôd.

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