Archives pour: Août 2008, 25

25.08.08

07:45:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Forced_entry

Pour son premier long métrage, tourné de manière quasiment amateur, le réalisateur Shaun Costello, spécialisé dans le hardcore extrême, frappe déjà un grand coup avec ce Forced entry aussi dérangeant qu’explicite dans un réalisme presque écoeurant, bien loin des situations traditionnelles de l’industrie du "X".
Le script suit les méfaits d’un vétéran du Vietnam qui, tout en se croyant encore en guerre, va s’introduire chez des jeunes femmes dans le but inavouable de les violer avant de les tuer.

Forced_entryAprès un petit laïus écrit décrivant les maux psychologiques dont souffrent les rescapés de la guerre du Vietnam, notamment dans leurs perturbations mentales les laissant toujours en quête d’un ennemi, le métrage va s’ouvrir sur l’exposition d’un corps sans vie examiné par des policiers, certainement un suicidé par balle dont la cervelle apparente annoncera bien l’aspect cru du métrage, tout en donnant déjà au spectateur l’issue finale du film puisque ensuite nous retrouverons ce personnage bien vivant.

Forced_entryEn effet, cet homme nous le découvrirons officiant en tant que pompiste pour le voir servir une demoiselle à qui il va refuser le paiement en espèces pour demander à être réglé par carte bancaire, profitant de la situation pour noter le nom et l’adresse de celle qui deviendra sa première victime car notre homme va rapidement quitter sa station-service pour se rendre au domicile de la jeune fille et commencer à l’épier alors que celle-ci va rejoindre son compagnon et lui faire l’amour, pour une première scène hardcore peu ragoûtante aussi bien par le choix d’interprètes au physique presque ingrat que par l’agencement même de cette séquence, naturaliste et filmé sans jamais chercher à magnifier l’acte. De plus, le personnage principal, caché derrière une fenêtre et s’amusant avec son couteau (un substitut phallique évident) sera régulièrement montré, afin de bien laisser peser la menace sur ce couple en plein ébat. Mais ce sera finalement lorsque la demoiselle sera seule que l’homme va s’introduire chez elle et la forcer à lui pratiquer une fellation avant de l’égorger.

Forced_entry Clairement divisé en trois actes, le métrage s’attardera le plus sur la préparation et l’exécution de ce premier meurtre, afin bien entendu de nous présenter brièvement le personnage principal, dont nous n’apprendrons que très peu de choses, lui conférant un côté anonyme dérangeant, et surtout de nous faire découvrir ses troubles mentaux générés par la guerre vietnamienne, visualisé par des stock-shots d’images d’archives de cette guerre qui mêlées aux prise de vues du réalisateur, nous feront bien comprendre que le personnage principal se croit encore en guerre même rentré sur le sol américain, l’obligeant à être toujours sur le qui-vive, notamment lorsqu’il s’aventurera dans la rue pour se rendre chez sa victime.

Forced_entryEnsuite, ce sera donc au tour d’une seconde jeune femme d’être assaillie par l’homme qui cette fois-ci va la surprendre sous la douche pour la violer sur son lit, lors d’une scène criante de vérité, surtout au niveau de la douleur ressentie par l’innocente victime, avant que la malheureuse ne finisse poignardée. Et enfin, ce seront deux lesbiennes hippies que le tueur va s’en aller agresser, pour un dernier acte assez répugnant qui s’éternisera sur le physique grassouillet de ces deux demoiselle peu attirante, avant que l’intrusion de l’assassin ne produise chez elles que de la moquerie, due en partie à la drogue fumée, provoquant chez notre homme un sentiment de total rejet le conduisant au suicide lors d’un final enivrant et complètement déroutant.

Forced_entryEn tant que véritable film hardcore, le métrage avancera presque son quota de scènes ouvertement explicites, mais celle-ci seront à des années-lumière de l’archétype de ce genre ultra codifié, déjà en se montrant sordide en n’épargnant pas au spectateur les défauts physiques des acteurs et actrices, entre bourrelets et poitrines parfois opulentes et mal formées tout en laissant la pilosité s’exposer devant la caméra de façon crue, mais ce seront surtout ces courts plans réels issus de la guerre du Vietnam qui viendront créer un malaise intuitif, entre scènes de guerre sans fioritures, cadavres d’enfants ou encore ces corps brûlés au napalm, visualisations maladives de la folie empreignant le personnage principal qui ne trouvera même pas finalement un exutoire dans ses violences sexuelles le poussant à tuer ses victimes devant l’insatisfaction engendrée, alors que sa violence interne sera également mise en avant lorsqu’il fustigera le mode de vie "normal" de ses victimes et quand il se décidera à verser le sang, pour des plans que très vaguement sanglants mais pour autant marquants.

Forced_entryCar au-delà du caractère foncièrement dérangeant du métrage causé par sa crudité explicite totale, le réalisateur parviendra à faire passer son message social sur les séquelles infligées aux vétérans du Vietnam, en le faisant certes de manière directe, sauvage et sans retenue, mais justement l’impact n’en sera que plus fort, tout comme la salve tirée contre la jeunesse hippie, ici stéréotypée et singée de façon à rendre les personnages clairement ridicules, en présentant ces deux jeunes femmes aux tics exacerbés jusqu’à l’outrance tout juste bonnes à se servir de leur corps pour leur plaisir et pour vivre.

Forced_entryL’interprétation est convaincante, porté par un Harry Reems véritablement dangereux, alors que les interprètes jouant les victimes sauront montrer leur dégoût et leurs douleurs. La mise en scène de Shaun Costello renforce le caractère "pris sur le vif" du métrage, tout en décuplant l’aspect sordide de l’ensemble par quelques détails explicites. Les quelques effets spéciaux sanglants demeureront faciles dans leur exécution, mais resteront crédibles pour quelques coups de couteau impactants.

Donc, ce Forced entry s’avérera être une œuvre définitivement "à part" qui pourra se targuer de secouer son spectateur en profondeur tout en le marquant durablement.

Forced_entryLe DVD de zone 1 édité par After Hours Cinema avancera une image sale et comportant ses défauts d’origine parfois nombreux, mais cela ne nuira pas au métrage en confortant son aspect quasiment documentaire, alors que la bande-son sera terriblement efficace, avec des bruitages intensifiant l’aspect écoeurant de certaines séquences tout en délivrant une partition musicale étrange et parfaitement adaptée, le métrage n’étant ici proposé qu’en version anglaise sans aucun sous-titres .
Au niveau des bonus, seules quelques autres séquences hardcore d’époque et donc délicieusement datées viendront accompagner le métrage, suivies de la bande-annonce du film et de celles d’autres titres de l’éditeur. Le DVD est également assorti d’un petit livret dans lequel le réalisateur revient sur la genèse de ce premier long-métrage.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette perle rare du cinéma d’exploitation, le DVD de zone 1, à réserver bien entendu à un public plus qu’averti, est disponible ici!

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