par Nicore
Véritable petite perle du cinéma d’épouvante britannique du début des années soixante-dix, hélas quelque peu sous-estimée et oubliée, ce Raw meat, réalisé par Gary Sherman et également connu sous son titre original Death line (et sorti chez nous sous l’appellation Le métro de la mort) nous convie à une histoire sordide, d’un graphisme sanglant étonnant pour l’époque, pour une œuvre qui n’est pas sans trouver écho dans la production postérieure du genre.
Le script suit l’enquête de deux inspecteurs suite à la disparition d’un éminent membre d’un ministère, vu pour la dernière fois gisant dans une station du métro londonien amenant les deux hommes à faire une découverte terrible.
La séquence d‘introduction va suivre cet homme aux allures bourgeoises arpenter les rues "chaudes" de Londres, entre sex-shop et boîtes à strip-tease, pour finalement le voir descendre dans le métro où il va alpaguer une demoiselle esseulée dans la station déserte pour lui proposer une "passe" avant de se faire détrousser par cette même personne de son argent sorti de sa poche pour l'appâter et pour finalement vraisemblablement faire une autre mauvaise rencontre filmée en caméra subjective. Le métrage va alors mettre en scène deux de ses personnages principaux, Alex et Patricia, un jeune couple d'étudiants qui, descendant d'une rame de métro, va tomber sur le corps inanimé de notre homme, et Alex, américain d'origine, aura bien du mal à s'inquiéter pour cette personne qu'il prendra pour un ivrogne et se sera avec réticence qu'il fouillera ses poches à la recherche d'une éventuelle carte de diabétique pour découvrir que l'homme, James Manfred est un Officier de l'Empire, avant d'avertir un policier en fraction à la sortie du métro. Revenus sur leurs pas en sa compagnie, ils trouveront l'endroit déserté de son occupant jusque là inerte.
Ensuite, le métrage va mettre en avant l'inspecteur Calhoun, un policier irascible et maniant un humour noir et sarcastique typiquement anglais qui va s'informer auprès de son collègue des événements de la nuit pour être attiré par l'affaire concernant James Manfred, au point de convoquer les deux témoins pour un interrogatoire croustillant du fait de l'humour acerbe et parfois déplacé de Calhoun. Mais sa curiosité ne s'arrêtera pas là et l'inspecteur ira aussi se renseigner sur la station de métro où a eu lieu l'incident, puisque d'autres personnes y ont déjà disparu, l'amenant à écouter un spécialiste lui raconter l'histoire de l'endroit où un éboulement à enseveli plusieurs manoeuvres lors de la construction du métro en 1892, sans que personne ne chercher vraiment à leur porter secours.
Sans transition, le métrage nous fera alors découvrir l'antre de cet individu au faciès ravagé par les pustules et autres cicatrices, au cours d'un incroyable travelling à 360 ° qui nous fera d'abord visiter son "garde-manger" où gisent des cadavres humains partiellement découpés, avant de s'attarder sur cet homme massif au chevet d'une femme, dans le même état de dégradation physique que lui, et enceinte, laissant se dégager de cette séquence une ambiance glauque et sordide dans un climat d'insalubrité total, renforcé par la présence de rats et d'asticots s'infiltrant au milieu des cadavres.
Passée cette mise en situation encourageante, le métrage va conjointement suivre l'enquête de Calhoun et de son acolyte, enquête d'abord émaillée de petits traquas dus à la position sociale du disparu avant de se resserrer sur cette station de métro, et la vie de "l'homme" du métro qui va voir mourir sa compagne, le laissant dans une rage sans nom, le poussant à agresser dans un autre but que celui de se nourrir des agents d'entretien de la station de métro avant de chercher à remplacer sa femme par quelqu'un d'autre. Des deux parties distinctes, menées de front, donneront lieu à des situations tranchant complètement les unes avec les autres. En effet, l'enquête de Calhoun sera ouvertement souriante grâce aux manières et aux propos de cet inspecteur décidément incorrigible et ayant toujours le bon mot pour railler ses interlocuteurs par une ironie grinçante, tandis que dès que l'intrigue s'intéressera à ce sauvage descendant des travailleurs ensevelis, ce sera pour laisser le métrage devenir éminemment glauque et sinistre, aussi bien en suivant les us et coutumes de cet être barbare et rustre, mais que le réalisateur aura l'intelligence de ne pas uniquement mettre en scène comme un "boogeyman" classique, en lui prêtant des sentiments qui le rendront presque pitoyable au travers d'une humanité primitive teintée de désespoir ( avec notamment cette phrase qu'il répétera comme un perroquet lors du final, seul lien réel qu'il aura eu avec la civilisation).
Derrière son intrigue horrifique angoissante et rondement menée malgré un rythme assez lent, le réalisateur va profiter des opportunités offertes pour lancer quelques salves à l'encontre de la société britannique, au travers des personnages bien évidemment, comme ce haut fonctionnaire aux penchants pervers connus mais cachés de ses supérieurs (ce qui donnera lieu à un affrontement verbal excellent entre les deux "monstres" du fantastique que sont Christopher Lee et Donald Pleasence), ou encore cette police qui ne commence à s'inquiéter des disparitions dans cette station de métro que lorsque que ce sera une personnalité qui s'évanouira dans la nature.
Résolument moderne, le métrage tranchera largement avec les productions britanniques de la Hammer de l'époque en nous offrant des plans sanglants osés pour l'époque et en investissant l'antre du cannibale pour une inspection putride dont l'atmosphère ne sera pas sans évoquer celle du Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, tourné deux ans plus tard. Et les apparitions surprises (par ailleurs partiellement prévisibles) de l'homme laisseront quand même augurer des effets propres aux "slashers" à venir, notamment dans les séquences dans ces couloirs du métro déserts, qui eux ne seront pas dans l'agencement choisi par Gary Sherman sans paraître être une influence évidente de William Lustig pour son futur Maniac. Enfin, le réalisateur Christopher Smith a bien évidemment suivi l'exemple du film pour son Creep aux avis partagés.
L'interprétation est convaincante, portée par un Donald Pleasence explosif et débordant d'humour, tandis que la mise en scène du réalisateur est efficace pour créer aussi bien une tension certaine que pour générer des sentiments contradictoires. Les quelques effets spéciaux sanglants sont plutôt réussis même s'ils resteront basiques, tandis que le maquillage de l'homme est répugnant mais tout en demeurant réaliste.
Donc, ce Raw meat méritera plus que largement d'être (re)découvert, en tant qu'œuvre à l'avant-garde du genre à venir, tout en nous offrant une intrigue impliquante et parfaitement gérée pour susciter l'intérêt et la tension !
Le DVD de zone 1 édité par MGM avancera une image parasitée par quelques petits défauts d'origine, alors que la bande-son sera efficace, avec une partition musicale utilisée judicieusement, le métrage étant ici proposé en version originale anglaise, mais secondée par de précieux sous-titres français.
Par contre, un niveau des bonus, il faudra se contenter de la simple bande-annonce d'époque du film.
Pour ceux qui voudraient découvrir cette œuvre en avance sur son temps et largement maîtrisée, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
par Nicore
Petite série "Z" fauchée réalisée par Jeff Leroy (auteur en autres d'un sympathique The witch' sabbath édité en zone 2 par Uncut Movies), ce Werewolf in a women's prison sera souriant grâce à une débauche de gore et d'érotisme gratuit qui occuperont le terrain pour reléguer au second plan une intrigue extrêmement basique qui s'évertuera à recycler en les mélangeant les poncifs du film de loup-garou à ceux du "WIP" (Women In Prison).
Le script va suivre les déboires d'une jeune femme qui, mordue par un loup-garou, va se retrouver enfermée dans la prison d'une république bananière et subir les outrages de ses geôliers avant elle-même de subir la malédiction et de se transformer à son tour en un loup-garou sanguinaire.
La séquence d'introduction restera terriblement basique en suivant ce couple flirtant dans leur tente de camping avant d'être surpris par des hurlements d'un animal, obligeant l'homme à sortir pour rassurer Sarah, sa compagne, mais au lieu de cela, il va être attaqué par une créature qui va l'égorger avant de mordre sa petite amie, laissant juste le temps à celle-ci d'enflammer la bête qui va périr en se jetant du haut d'une falaise. Cette première séquence avancera donc d'entrée ce loup-garou qui aurait pu être impressionnant si l'auteur ne s'était pas amusé à lui greffer numériquement des pupilles rouges qui auront bien du mal à suivre les mouvements de la bête, rappelant ainsi d'entrée au spectateur qu'il a affaire à un petit budget, mais cela n'empêchera cette introduction d'être bien saignante.
Ensuite, nous allons retrouver la survivante attachée sur une table, se réveillant pour se rendre compte qu'elle est captive dans une prison pour femmes, accusée du meurtre de son ami par des geôliers pas vraiment disposés à respecter ses droits d'américaine en préférant s'amuser avec elle avant de la conduire dans une cellule où elle va faire la connaissance de Maria avec qui elle devra partager l'endroit. Cette mise en condition dans cette prison terriblement "cheap" aux décors plus que légers certainement rapidement construits pour l'occasion avancera surtout un érotisme presque osé pour suivre les habitudes de la maîtresse des lieux qui va passer son temps à tripoter les prisonnières en échange de cigarettes et de Tequila, tout en humiliant la nouvelle venue afin d'asseoir son pouvoir, avant que tout ce petit monde ne prenne place dans la "cour" de la prison pour une séquence de bagarre générale amusante au cours de laquelle Sarah va se découvrir une force et une puissance insoupçonnée en écrasant littéralement les détenues avec lesquelles elle va se battre.
Le métrage va aussi rendre un hommage certes facile mais appuyé au Loup-garou de Londres de John Landis lorsque le petit ami décédé va venir prévenir Sarah en rêve de la malédiction la frappant, surtout que la pleine lune approchera, synonyme pour elle de transformation en loup-garou. Certainement dans un souci d'économie, le métrage se passera d'une mutation dans les règles (remise à plus tard) pour directement avancer son monstre à l'état de loup (et avec toujours ces yeux rouges numériques définitivement ratés) qui va surprendre une prisonnière venue se venger des blessures infligées plus tôt en compagnie d'un gardien complice pour ne découvrir que l'enveloppe sanglante de Sarah, les massacrant littéralement avant de s'en prendre à tout ce qui se dressera sur son chemin dans la prison, accumulant de la sorte les effets gores souvent faciles mais parfois aussi extrêmement graphiques (la demoiselle coupée en deux dans le sens de la longueur pour passer au travers des barreaux de sa cellule, par exemple) et volontaires.
Mais endormie par des fléchettes tranquillisantes, Sarah va se réveiller harnachée de lourdes chaînes, le responsable de prison espérant faire d'elle un monstre de foire et, après divers rebondissements dont une tentative d'évasion qui ne donnera lieu qu'à quelques plans sanglants toujours jouissifs, c'est ce qu'il fera devant quelques individus qui d'abord crédules, vont assister avec nous à la transformation gore de Sarah en loup-garou et bien entendu, elle va très vite se libérer de ses entraves et attaquer tout ce petit monde qui finira mutilé, démembré, égorgé dans un déluge de tripailles rouge vif avant un final classique où Sarah transmettra la malédiction avant de périr frappée d'une balle en argent.
Au-delà de cette intrigue qui s'arrangera pour mélanger les genres plus ou moins harmonieusement, le métrage montrera très rapidement les deux principaux pôles d'intérêts du réalisateur. En effet, comme ailleurs et régulièrement dans la filmographie de Jeff Leroy, c'est l'érotisme qui prédominera ici, avec des personnages féminins qui passera leur temps en petite tenue ou carrément topless, alors que l'intrigue trouvera tous les prétextes pour livrer de petites séquences saphiques guère osées, et même les plus farfelus (voir la scène où l'héroïne est attachée en plein soleil avec une autre jeune femme et ne trouvera rien de mieux à faire pour se réhydrater que de lécher et se faire lécher le corps pour récupérer la transpiration !).
Mais cet érotisme gratuit n'ira pas bien loin et sera surtout une couverture pour avancer la plastique avantageuse et irréprochable des jeunes actrices guère farouches.
Second centre d'intérêt, le gore sera aussi plus que présent dans le métrage, puisque celui-ci versera ouvertement et très souvent dans un gore très généreux à chaque apparition du loup-garou qui n'aura aucune pitié envers les humains qu'il croisera, n'hésitant pas à démembrer une pauvre prisonnière, à décapiter à tour de bras ou carrément à réduire en bouillie les visages de ses adversaires qu'il aura aussi le loisir de mettre littéralement en pièces qu'il enverra voler à travers les décors, quand il ne se montrera pas imaginatif (cf la demoiselle passant au travers des barreaux). Mais la transformation finale sera elle aussi bien sanglante, puisque le loup, pour sortir de l'intérieur de Sarah, ne fera pas muter son corps mais se débarrassera de l'enveloppe charnelle dans des gerbes de sang.
Et enfin, le métrage s'adonnera à un humour paillard souvent souriant mais quelque peu répétitif (les séances sado-maso ringardes des tenanciers de la prison) qui viendra souligner dans la bonne humeur la lucidité de Jeff Leroy quant à l'aspect très "Z" de son film qu'il assumera complètement en en rajoutant même parfois volontairement dans l'apparence "cheap" de certaines séquences et tout en rendant quand même hommage aux deux genres qu'il a décidé de marier dans une alliance aussi improbable que vivifiante.
L'interprétation ne brillera pas par sa conviction, les actrices ayant certainement été choisies plus pour la physique généraux que pour leur capacité à s'exprimer devant la caméra, tandis que la mise en scène du réalisateur est assez vive pour donner un certain rythme à l'ensemble, tout en utilisant ses effets avec une certaine lourdeur (les plans en caméra subjective).
Les effets spéciaux sont globalement probants dans une explosion de gore volontaire, mais les inserts numériques demeureront flagrants et risibles, aussi bien pour ces fameux yeux rouges ratés que pour rajouter de l'hémoglobine à certaines séquences, tandis que le loup-garou aura un look bien graphique mais peu crédible.
Donc, ce Werewolf in a women's prison assurera un divertissement décomplexé et déjanté pour arriver à amuser son spectateur, à condition bien entendu que celui-ci accepte les faiblesses et les scories inhérentes à ce petit budget déjanté !
Le DVD de zone 0 édité par M.E. films avancera une image propre et sans défauts, tandis que la bande-son sera assez efficace malgré une partition musicale terne et discrète, le métrage n'étant ici proposé qu'en version anglaise sans sous-titres.
Au niveau des bonus, il faudra se contenter de la bande-annonce du film, suivie d'un petit bêtisier amusant et d'une galerie de photos guère étendue, alors qu'en bonus caché un petit module gentiment érotique viendra clore ces bonus de façon gentiment polissonne.
Pour ceux qui voudraient découvrir ce petit film aussi déluré que graphique, le DVD de zone 0 est disponible ici !
par Nicore
Pour son premier long métrage, tourné de manière quasiment amateur, le réalisateur Shaun Costello, spécialisé dans le hardcore extrême, frappe déjà un grand coup avec ce Forced entry aussi dérangeant qu’explicite dans un réalisme presque écoeurant, bien loin des situations traditionnelles de l’industrie du "X".
Le script suit les méfaits d’un vétéran du Vietnam qui, tout en se croyant encore en guerre, va s’introduire chez des jeunes femmes dans le but inavouable de les violer avant de les tuer.
Après un petit laïus écrit décrivant les maux psychologiques dont souffrent les rescapés de la guerre du Vietnam, notamment dans leurs perturbations mentales les laissant toujours en quête d’un ennemi, le métrage va s’ouvrir sur l’exposition d’un corps sans vie examiné par des policiers, certainement un suicidé par balle dont la cervelle apparente annoncera bien l’aspect cru du métrage, tout en donnant déjà au spectateur l’issue finale du film puisque ensuite nous retrouverons ce personnage bien vivant.
En effet, cet homme nous le découvrirons officiant en tant que pompiste pour le voir servir une demoiselle à qui il va refuser le paiement en espèces pour demander à être réglé par carte bancaire, profitant de la situation pour noter le nom et l’adresse de celle qui deviendra sa première victime car notre homme va rapidement quitter sa station-service pour se rendre au domicile de la jeune fille et commencer à l’épier alors que celle-ci va rejoindre son compagnon et lui faire l’amour, pour une première scène hardcore peu ragoûtante aussi bien par le choix d’interprètes au physique presque ingrat que par l’agencement même de cette séquence, naturaliste et filmé sans jamais chercher à magnifier l’acte. De plus, le personnage principal, caché derrière une fenêtre et s’amusant avec son couteau (un substitut phallique évident) sera régulièrement montré, afin de bien laisser peser la menace sur ce couple en plein ébat. Mais ce sera finalement lorsque la demoiselle sera seule que l’homme va s’introduire chez elle et la forcer à lui pratiquer une fellation avant de l’égorger.
Clairement divisé en trois actes, le métrage s’attardera le plus sur la préparation et l’exécution de ce premier meurtre, afin bien entendu de nous présenter brièvement le personnage principal, dont nous n’apprendrons que très peu de choses, lui conférant un côté anonyme dérangeant, et surtout de nous faire découvrir ses troubles mentaux générés par la guerre vietnamienne, visualisé par des stock-shots d’images d’archives de cette guerre qui mêlées aux prise de vues du réalisateur, nous feront bien comprendre que le personnage principal se croit encore en guerre même rentré sur le sol américain, l’obligeant à être toujours sur le qui-vive, notamment lorsqu’il s’aventurera dans la rue pour se rendre chez sa victime.
Ensuite, ce sera donc au tour d’une seconde jeune femme d’être assaillie par l’homme qui cette fois-ci va la surprendre sous la douche pour la violer sur son lit, lors d’une scène criante de vérité, surtout au niveau de la douleur ressentie par l’innocente victime, avant que la malheureuse ne finisse poignardée. Et enfin, ce seront deux lesbiennes hippies que le tueur va s’en aller agresser, pour un dernier acte assez répugnant qui s’éternisera sur le physique grassouillet de ces deux demoiselle peu attirante, avant que l’intrusion de l’assassin ne produise chez elles que de la moquerie, due en partie à la drogue fumée, provoquant chez notre homme un sentiment de total rejet le conduisant au suicide lors d’un final enivrant et complètement déroutant.
En tant que véritable film hardcore, le métrage avancera presque son quota de scènes ouvertement explicites, mais celle-ci seront à des années-lumière de l’archétype de ce genre ultra codifié, déjà en se montrant sordide en n’épargnant pas au spectateur les défauts physiques des acteurs et actrices, entre bourrelets et poitrines parfois opulentes et mal formées tout en laissant la pilosité s’exposer devant la caméra de façon crue, mais ce seront surtout ces courts plans réels issus de la guerre du Vietnam qui viendront créer un malaise intuitif, entre scènes de guerre sans fioritures, cadavres d’enfants ou encore ces corps brûlés au napalm, visualisations maladives de la folie empreignant le personnage principal qui ne trouvera même pas finalement un exutoire dans ses violences sexuelles le poussant à tuer ses victimes devant l’insatisfaction engendrée, alors que sa violence interne sera également mise en avant lorsqu’il fustigera le mode de vie "normal" de ses victimes et quand il se décidera à verser le sang, pour des plans que très vaguement sanglants mais pour autant marquants.
Car au-delà du caractère foncièrement dérangeant du métrage causé par sa crudité explicite totale, le réalisateur parviendra à faire passer son message social sur les séquelles infligées aux vétérans du Vietnam, en le faisant certes de manière directe, sauvage et sans retenue, mais justement l’impact n’en sera que plus fort, tout comme la salve tirée contre la jeunesse hippie, ici stéréotypée et singée de façon à rendre les personnages clairement ridicules, en présentant ces deux jeunes femmes aux tics exacerbés jusqu’à l’outrance tout juste bonnes à se servir de leur corps pour leur plaisir et pour vivre.
L’interprétation est convaincante, porté par un Harry Reems véritablement dangereux, alors que les interprètes jouant les victimes sauront montrer leur dégoût et leurs douleurs. La mise en scène de Shaun Costello renforce le caractère "pris sur le vif" du métrage, tout en décuplant l’aspect sordide de l’ensemble par quelques détails explicites. Les quelques effets spéciaux sanglants demeureront faciles dans leur exécution, mais resteront crédibles pour quelques coups de couteau impactants.
Donc, ce Forced entry s’avérera être une œuvre définitivement "à part" qui pourra se targuer de secouer son spectateur en profondeur tout en le marquant durablement.
Le DVD de zone 1 édité par After Hours Cinema avancera une image sale et comportant ses défauts d’origine parfois nombreux, mais cela ne nuira pas au métrage en confortant son aspect quasiment documentaire, alors que la bande-son sera terriblement efficace, avec des bruitages intensifiant l’aspect écoeurant de certaines séquences tout en délivrant une partition musicale étrange et parfaitement adaptée, le métrage n’étant ici proposé qu’en version anglaise sans aucun sous-titres .
Au niveau des bonus, seules quelques autres séquences hardcore d’époque et donc délicieusement datées viendront accompagner le métrage, suivies de la bande-annonce du film et de celles d’autres titres de l’éditeur. Le DVD est également assorti d’un petit livret dans lequel le réalisateur revient sur la genèse de ce premier long-métrage.
Pour ceux qui voudraient découvrir cette perle rare du cinéma d’exploitation, le DVD de zone 1, à réserver bien entendu à un public plus qu’averti, est disponible ici!
par Nicore
Lorsqu'en 1963 Herschell Gordon Lewis lançait à la face du monde son Blood feast, il ne se doutait certainement pas qu'il allait devenir le créateur d'un genre cinématographique entier, le gore, avec ce film (et ses suivants) sans réel scénario, sans le sou mais sanglant et décalé, même si hélas ces films ont quand même mal supporté le poids des années. Trente ans plus tard, le réalisateur nous revient donc avec ce Blood feast 2, quasi remake de l'original, mais modernisé et prenant la forme d'une comédie déjantée mais plus que généreuse en plans sanglants et porteuse d'un érotisme léger.
Le script suit donc l'installation d'un traiteur, Fuad Ramses III, le petit-fils de celui qui terrorisa la ville dans le film original, qui va être rapidement ensorcelé par la statue de la déesse égyptienne Ishtar, pour commencer à se servir d'ingrédients humains pour la préparation de ses plats et notamment pour le banquet de mariage de l'un des policiers chargé d'enquêter sur la disparition de jeunes filles retrouvées mutilées.
Après une courte séquence d'introduction inutile mais sanglante montrant deux clochards s'entretuer dans la bonne humeur, le métrage va nous présenter son personnage principal, Fuad Ramses III, s'apprêtant à ouvrir sa boutique de restauration exotique pour être accosté par un jeune policier qui va l'informer des méfaits du grand-père de Fuad, qui avait tué plusieurs jeunes femmes pour s'en servir dans sa cuisine, tout en le prévenant qu'il aurait l'œil sur lui, replaçant ainsi le métrage par rapport au premier film tout en avançant un comique de situation souriant grâce à ce policier aussi sûr de lui que maladroit. Mais rapidement, après avoir rencontré ses premiers clients désireux de le voir préparer le buffet du mariage de leur fille, pour mettre en avant un autre personnage haut en couleurs, la mère de la future mariée tout simplement horripilante, Fuad va se retrouver dans l'arrière boutique nez à nez avec la statue d'Ishtar qui va l'envoûter.
Ensuite, le métrage va tout simplement reprendre la trame de son prédécesseur, en suivant Fuad enlever et mutiler des demoiselles (au hasard des amies de la future mariée) lors de séquences terriblement gores et graphiques, mais délivrées dans une bonne humeur qui ne les rendra jamais malsaine mais plutôt souriante, tandis que notre policier, affublé d'un collègue passant son temps à s'empiffrer, va essayer de mener l'enquête dans un premier temps, avant d'être lui aussi plus ou moins possédé par la statue d'Ishtar et devoir au contraire calmer son compagnon, enfin décider à ne voir en Fuad autre chose qu'une source d'aliments gratuites lors de leurs visites chez ce traiteur.
Si cette intrigue basique sur le fond et calquée sur le film de 1963 restera donc bien prévisible, Herschell Gordon Lewis pourra compter sur d'autres atouts pour rendre son métrage savoureux et amusant. Déjà, les différents personnages alimenteront l'ensemble de situations et de réparties humoristiques pas toujours très finaudes mais souriantes, et notamment cet incroyable duo de policiers, entre ce jeune loup très droit mais emprunté, stupide et gaffeur qui se bavera dessus à la moindre occasion, ne pourra pas voir un cadavre sans se mettre à vomir tripes et boyaux et dont l'arrogance surfaite sera tant bien que mal maîtrisée par son coéquipier ventripotent qui aura toujours quelques chose dans la bouche quand il n'aura pas des fantasmes érotico-culinaires envers la secrétaire du commissariat.
Mais Fuad, le personnage principal ne sera pas en reste, avec son attitude trop délicate envers les demoiselles et plusieurs situations volontairement comiques qui mettront à mal ses intentions meurtrières, notamment envers la mère de la mariée, qui elle aussi apportera son lot d'éléments ironiques.
Ensuite, le réalisateur, en grand amoureux du genre, ne va pas lésiner sur les séquences sanglantes, laissant son personnage principal décapiter, éviscérer, arracher la langue ou les yeux de ses victimes, quand il ne décalottera pas une boîte crânienne pour aller chercher un cerveau, entre autres sévices infligés à ses victimes, le tout à grands renfort d'effets et de gros plans sanglants graphiques et volontaires qui viendront rythmer régulièrement le métrage dans une démesure jouissive qui aura de quoi étonner même les amateurs du genre devant cette accumulation parfois originale mais toujours traitée sur un ton léger dédramatisant cette surenchère gore ainsi rendue jouissive.
Et enfin, le réalisateur n'aura pas oublié qu'il a œuvré dans la "sexploitation" à ses débuts et va nous offrir quelques séquence gentiment érotiques mais qui se contenteront de dévoiler les charmes de ses jeunes actrices, lors d'une soirée entre filles qui dégénérera en un affolant concours de petites tenues par exemple, ou en suivant complaisamment cette demoiselle prenant sa douche, mais là aussi, cet érotisme sera traité de façon légère et amusante, sans jamais donner un aspect véritablement salace ou grivois à ces séquences.
L'interprétation est ici quand même surjouée mais collant de la sorte parfaitement à l'esprit du métrage, avec un souriant et sympathique J.P. Delahoussaye, tandis que la mise en scène d'Herschell Gordon Lewis est assez classique mais parvient à donner un rythme régulier et enjoué à l'ensemble. Les effets spéciaux sont ici l'œuvre de Joe Castro, spécialiste des effets gores qui prouve une nouvelle fois son talent dans l'art sanglant, pour une série d'abominations souvent réalistes et en tout cas incroyablement visuelles et convaincantes.
Donc, ce Blood feast 2 offrira largement à son spectateur tout ce qu'il était en droit d'attendre, en mélangeant de façon harmonieuse et surtout souriante comédie décalée, horreur gore et érotisme léger !
Le DVD de zone 1 édité par Media Blasters avancera une image nette et ne connaissant pas de défaut notable, tandis que la bande-son sera largement appréciable, avec une partition musicale country-rock efficace et adaptée, le métrage n'étant ici proposé qu'en version originale anglaise sans aucun sous-titres.
Au niveau des bonus, il faudra se contenter d'une assez large galerie de photos du film et de son tournage, bien entendu axée sur Herschell Gordon Lewis, et de quelques bandes-annonces, dont celle du métrage.
Pour ceux qui voudraient suivre ce plaisant retour aux sources pour le créateur du cinéma gore, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
par Nicore
Bien qu’ayant bénéficié d’un budget ridicule et flirtant avec l’amateurisme, ce the atrocity circle n’en sera pas moins percutant grâce à son sujet brûlant et à son mode narratif intriguant qui immergera le spectateur dans l’intrigue.
Le script suit la vengeance d’un homme qui plus jeune a été le témoin d’un viol en réunion perpétré à l’encontre de sa meilleure amie par des amis à lui.
D’entrée le métrage va se montrer brutal en suivant une demoiselle s’apprêtant à sortir pour, une fois dehors, se faire agresser et violer par trois individus masqués, pour une séquence redoutable non pas par son aspect graphique mais par une mise en scène retranscrivant bien la sauvagerie crue du méfait. Ensuite, l’intrigue va nous présenter son personnage principal, un jeune homme en proie à un cauchemar récurrent qui va finir par réveiller sa compagne et lui expliquer les raisons de son tourment, puisqu’en tant qu’étudiant en médecine, il est appelé à suivre une demoiselle victime d’une viol en série (que l’on devinera aisément être celui vu juste auparavant), ce qui va le perturber au point de demander au cours d’un repas avec l’inspecteur chargé de l’enquête ce qu’il peut faire pour l’aider tout en lui faisant part de son tourment, laissant ainsi le policier lui décrire les atrocités qu’il a pu voir dans sa carrière et l’inciter à donner le meilleur de lui-même. Mais ce drame va le perturber au point de s’isoler pour finalement, après un autre de ses cauchemars, raconter un terrible souvenir à sa compagne.
Car en effet, notre homme a, dans sa jeunesse, vu sa meilleure amie se faire violer dans une cave par des copains à lui alors qu’ils passaient la soirée à s’amuser et à boire, mais, maîtrisé au sol, il n’a rien pu faire et a été obliger de suivre le calvaire de la jeune femme. Comme précédemment, le réalisateur ne va pas verser dans un érotisme surfait ou dans une violence directe, préférant montrer la scène sous l’angle de la victime en se focalisant sur les visages des violeurs, lui donnant ainsi un impact indéniable, surtout que cette séquence de viol sera replacée plusieurs fois dans la métrage, mais, au départ brève et succincte dans les cauchemars du personnage principal, elle deviendra de plus en plus détaillée à chaque visualisation, laissant le spectateur s’imprégner des détails qui auront par ailleurs une importance lors du dernier acte du film.
Le métrage va alors voir son protagoniste péter les plombs et se mettre en quête des violeurs d’antan, pour d’abord retrouver l’un d’eux chez lui, qu’il va mutiler et assassiner après lui avoir extorqué l’adresse des autres, mais sans obtenir la rédemption désirée, pour ensuite en enlever un autre et le ramener dans la cave où avait eu lieu le viol initial afin de le faire souffrir et de l’assassiner également. Ces deux meurtres seront par contre graphiques, laissant le sang couler abondamment des plaies béantes, quand ce ne seront pas carrément les entrailles du second violeur qui sortiront d’une blessure au ventre, tout en laissant penser que les deux "victimes" mériteront aisément leur sort en dénigrant leur méfait d'alors et en cherchant à minimiser ces faits, même s'ils sont entraîné la mort de la jeune femme violée qui se sera suicidée peu après le drame.
Lorsque le personnage principal va se lancer à la recherche des deux derniers violeurs, l'affaire va nettement se corser. En effet, le premier d'entre eux est désormais tenancier d'un bar à strip-tease, mais surtout, il permet au seconde tourner des "snuff-movies" dans son sous-sol, et c'est ainsi que ce sera en plein tournage sanglant que la mort de ses deux anciens amis lui sera annoncée, permettant de la sorte au réalisateur de pénétrer quelques instants dans l'univers sordide et malsain de ces "snuffs" pour une situation assez graphique et glauque.
Pour sa dernière partie, l'intrigue va d'abord procéder à une petite séance de torture qui sera quant à elle bien réelle, sans l'utilisation d'effets spéciaux, au cours de laquelle des aiguilles transperceront la peau d'un homme attaché, avant que le personnage principal ne se retrouve prisonnier de ses adversaires et ne soit obligé de voir sa compagne à son tour torturée, avant que le métrage ne nous délivre un twist certes envisageable et suivant une certaine logique mais incisif et dramatiquement fort, pour laisser un final plus que brutal et sanglant clore le métrage de façon très graphique, gore mais en même temps douloureux, avec également une petite touche onirique finale qui donnera un sentiment de moralité à l'ensemble.
Si le métrage détournera avec un certain brio le principe du "rape and revenge", ce ne sera pas pour s'adonner à une complaisance graphique complaisante, mais plutôt pour rentrer dans l'univers tourmenté de ce jeune homme impuissant à sauver son amie et qui va sombrer dans une folie mesurée et pleine de rédemption puisqu'il va essayer de cerner les sentiments de ses victimes (et notamment les deux premières) vis-à-vis de leur abomination passée et de ses conséquences, et même si ensuite l'intrigue bifurquera vers un univers bien plus glauque et malsain en s'installant dans le monde des "snuffs" pour deux séquences fortes, puisque même la petite amie du personnage principal sera filmée pendant ses tortures à base d'estafilades au couteau.
Le réalisateur pourra également compter sur des personnages hauts en couleurs, et notamment ce protagoniste massif et au look très visuel et provoquant qui filmera ces "snuffs" et semblera même y prendre du plaisir, alors que l'interprétation aidera largement à contribuer à rendre l'ensemble cohérent, avec toujours ce même acteur qui ne rechignera pas devant une séance de piercing avec des aiguilles véritable pour les besoins du film. La mise en scène du réalisateur sera ici efficace, avec ces flash-backs récurrents bien intégrés qui participeront efficacement à intriguer le spectateur et par ces scènes filmées par les protagonistes qui donneront un aspect pris sur le vif à l'ensemble complété par un tournage caméra à l'épaule.
Les effets spéciaux sont globalement probants, d'abord pour quelques plaies béantes avant que le métrage ne verse dans son final dans un gore franc et direct, avec juste quelques trucages faciles (les entailles au couteau guère crédibles).
Donc, ce The atrocity circle parviendra à captiver son spectateur pour l'entraîner dans sa spirale de vengeance sanglante, efficace et sordide mais sans complaisance !
Le DVD de zone 0 édité par Apparition Films, la société d'édition du réalisateur Andrew Copp avancera une image nette la plupart du temps pour ne devenir que granuleuse lors des quelques séquences se déroulant dans l'obscurité. La bande-son sera cohérente, avec une partition musicale plus que discrète, renforçant ainsi l'aspect "réel" de l'ensemble, le métrage n'étant ici proposé qu'en version anglaise sans aucun sous-titre.
Au niveau des bonus, on pourra juste suivre un petit bêtisier souriant et la bande-annonce du film, accompagnée par celles des deux autres titres de l'éditeur.
Pour ceux qui voudraient découvrir ce film "underground" impactant, le DVD de zone 0 est disponible ici ou là !
par Nicore
Malgré un potentiel évident, ce Screaming dead va hélas se cantonner dans des situations superficiels et sous-exploiter ses séquences horrifiques.
Le script invite un photographe de mode un peu "spécial" et ses modèles dans un hôpital abandonné et réputé hantée par le fantôme d'un industriel ayant financé l'endroit et surtout ayant construit dans les sous-sols une salle où il torturait les patients. Le petit groupe va pouvoir vérifier la véracité de la légende.
Après une séquence d'introduction assez percutante suivant, Roger Neale, ce photographe fétichiste à l'œuvre pour une séance de clichés où il va tendre un faux piège ingénieux, dans le style des tortures médiévales, à son modèle afin de bien cerner sa terreur, le métrage va prendre place dans la galerie du bonhomme afin de nous présenter la plupart des personnages, entre cette assistante qui va devoir converser avec un jeune homme venu voir Neale pour lui annoncer qu'il représente la compagnie lui ayant loué un ancien hôpital où il compte prendre une série de photos et devra l'accompagner sur place, entraînant la fureur de Neale, avant que noue ne retrouvions le photographe en plein entretien d'embauche, où il va questionner aussi bien sur ses motivations que sur des détails sordides de sa vie personnelle une demoiselle nue et les yeux cachés par un tissu, permettant au métrage d'insister ainsi encore un peu plus sur la personnalité étrange et dépravée de Neale.
Cette mise en condition passée, le métrage va emmener tout son petit monde dans cet ancien hôpital psychiatrique désaffecté qui aura quand même du mal à paraître inquiétant en étant bien trop propre et moderne, bien loin des bâtisses traditionnellement utilisées dans ce genre de configuration. L'installation peinera donc à se montrer palpitante, et il faudra compter sur les idées bizarres et le comportement étrange de Neale pour assurer le spectacle, celui-ci n'hésitant pas à enfermer ses modèles dans des chambres séparées, avant plus tard de leur demander de dormir ensemble pour finalement les attacher chacune à leur lit à l'aide de menottes, tout en jouant délicieusement avec la peur que pourra leur inspirer l'endroit.
Cette série de rebondissements prendra quand même du temps et donnera franchement l'impression de tourner en rond ( avec de nombreux allers-retours dans les chambres), comme si Neale ne savait pas quoi faire de ses modèles à part s'amuser avec elles, provoquant même des situations souriantes et très vaguement érotiques lorsqu'il sous-entendra à l'une des filles de s'adonner au plaisir saphique avec ses collègues, ce qu'elle tentera de faire avant de déclencher un fou rire général chez les demoiselles, et l'attitude étrange du photographe ne sera quand même pas spécialement inquiétante malgré la volonté évidente de réalisateur à cause d'une flagrante erreur de casting.
Et lorsque enfin le métrage va débloquer sa situation en laissant le photographe découvrir la fameuse chambre à tortures attendue, ce ne sera que pour nous offrir d'abord une séquence certes gentiment érotique (et mettant en scène la charmante Misty Mundae, ce qui ne sera pas pour déplaire) mais dont l'achèvement sanglant laissera à désirer, alors qu'ensuite quand le fantôme/ mort-vivant de l'instigateur de cette pièce assez bien retranscrire avec ces quelques instruments graphiques se montrera, ce ne sera que pour de brefs rebondissements sous-exploitant les possibilités offertes par l'endroit (en n'étant déjà pas du tout gore) pour nous offrir un final abracadabrant pas du tout convaincant et surfait.
Alors certes Screaming dead est le premier long métrage de Shock-O-Rama, la branche horrifique de EI Independant Cinema, société de production par ailleurs spécialisée dans l'érotisme léger avec Seduction cinema et ses parodies érotiques de blockbusters, et a donc bénéficié d'un budget restreint, mais hélas cela se verra à l'écran en influant largement sur les développements du métrage, qui resteront très "cheap" et concentrés dans cette bâtisse, sans qu'une quelconque ambiance ne parvienne à s'installer et on pourra même regretter amèrement certains choix scénaristiques qui viendront plomber l'ensemble, et surtout la présence de ce gaillard qui va s'opposer continuellement à Neale, l'empêchant hélas certainement d'aller plus loin dans son délire, tout en infligeant à l'intrigue des confrontations aussi régulières que guère passionnantes.
Mais heureusement, les autres personnages seront quand même plus colorés et hauts en couleurs, surtout ce Neale, qui malgré son interprétation déficiente, aura des idées assez folles pour effrayer ses modèles (la main tranchée), laissant même planer un certain doute entre ses actions et celles de l'hypothétique fantôme hantant les lieux. Quant aux demoiselles invitées sur place, elles auront aussi un minimum de "vie" à l'intérieur du métrage et notamment le personnage de Bridget qui n'hésitera pas à dire ce qu'elle pense au cours d'un repas, énervant de la sorte Neale, tout en offrant un minimum d'érotisme à l'ensemble et alors que les autres protagonistes donneront lieu à quelques situations comiques.
L'interprétation est contrastée, entre le jeu bien trop morne et discret d'un Joseph Farell pas du tout à sa place dans le rôle de Neale et celui presque énervant de bêtise d'un Rob Monkiewicz campant le gaillard accompagnant le groupe, mais heureusement les jeunes actrices seront tout à fait à leur place, et notamment la toujours aussi mignonne Misty Mundae interprétant Bridget avec entrain et en soulignant sa prestance d'un petit côté espiègle charmant.
La mise en scène de Brett Piper, un honnête artisan amoureux du genre, sera parfois efficace lorsqu'il se mettra à utiliser des distorsions d'images ou se servira d'angles de prise de vue bizarres, mais donnera difficilement du rythme à l'ensemble.
Les effets spéciaux sont eux aussi aléatoires, avec de petits plans gores trop faciles (les blessures de Misty Mundae) et des inserts numériques flagrants.
Donc, ce Screaming dead se suivra sans véritable ennui grâce à ses interprètes féminines savoureuses et par ses quelques idées décalées, mais donnera quand même l'impression d'assister à un gâchis certain !
Le DVD de zone 1 édité par Shock-O-Rama avancera une image juste quelque peu granuleuse, alors que la bande-son sera plutôt convaincante, malgré une partition musicale terne et sans emphase, le métrage n'étant ici proposé qu'en version anglaise sans aucun sous-titre.
Au niveau des bonus, on pourra suivre un petit making-of intéressant essentiellement composé d'interviews de l'équipe du film, la présentation du film au "Week-end of horrors" dirigé par le magazine "Fangoria" qui inclura différents entretiens et réactions de spectateurs et de" personnalités" du genre, ainsi que la bande-annonce accompagnée par celles d'autres titres de l'éditeur.
Pour ceux qui voudraient ce petit film attachant malgré ses faiblesses trop visibles, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
par Nicore
Fausse suite d’un Evil dead trap déjà parfois obscur dans ses développements, ce Evil dead trap 2 sera encore plus hermétique et parfois même fastidieux jusqu’à son final enfin graphique.
Le script suit les relations ambiguës d’une jeune projectionniste au physique ingrat, hantée par des visions d’un enfant fantomatique, avec son amie, une journaliste travaillant pour la télévision, et le nouveau petit ami de celle-ci.
D’entrée, le métrage va nous présenter son personnage principal, Aki, une jeune femme boulotte et guère attirante, à son travail dans un cinéma où elle assure la projection de films, seulement perturbée par ce petit garçon aux yeux noirs qu’elle seule semble voir. Après avoir introduit la seule amie d’Aki, Emi, une reportrice pour une chaîne de télévision locale, l’intrigue va imposer la réalité d’Aki, puisque celle-ci s’avérera être une meurtrière mutilant dans la nuit ses victimes en leur infligeant des blessures au bas-ventre, laissant ainsi jaillir leurs entrailles. Mais cette mise en situation s’intéressera bien plus à affiner la personnalité d’Aki, dont nous découvrirons l’aversion de celle-ci pour les contacts physiques et plus particulièrement avec les hommes, tout en suivant l’antagonisme existant entre elle et son amie plus désirable, pourvu d’un petit ami assez spécial et se prenant pour une célébrité, reléguant de la sorte au second plan l’aspect horrifique avec uniquement deux meurtres rapidement visualisés sans réel effort graphique.
Ensuite, tout en continuant sporadiquement à suivre l’espèce de malédiction qui semble peser sur Aki, avec toujours ce mystérieux garçonnet qui viendra régulièrement entrer dans son champ de vision sans que l’on ne parvienne à en apprendre plus sur lui et sur son origine, le métrage va installer une relation équivoque entre Aki et le nouvel ami d’Emi, celui-ci semblant être attiré par Aki et par son odeur corporelle naturelle, au point de la courtiser pour parvenir à ses fins. Pour cela, le film va développer des situations sans grand intérêt (la fête chez Emi) et même carrément hors-sujet (la séance de spiritisme axée sur la possession d’Aki par une force surnaturelle) sans se soucier d’une linéarité ici plus qu’aléatoire donnant à l’ensemble un aspect parfois onirique pas forcément toujours volontaire.
Et ce ne sera que lorsque la rancœur fortement teintée de jalousie éclatera entre les deux jeunes femmes que le métrage va enfin décoller pour nous offrir un dernier acte certes pas toujours limpide mais amenant de la vivacité et une violence hélas quelque peu théâtrale (le duel au cutter et aux ciseaux) mais plutôt méchante (le bras cassé) et versant dans un gore direct et presque même outrancier dans ses interventions (le personnage se sectionnant un avant-bras pour se débarrasser de cette partie du corps devenue inutilisable). Par contre, l’issue du film ne répondra pas vraiment aux questions soulevées en cours de route et s’offrira des raccourcis bien pratiques pour éluder certains pans de l’intrigue.
Même si l’ensemble pourra se targuer d’avoir pour fil conducteur l’étude de la personnalité de cette demoiselle très spéciale dans son comportement, impliquant une gestion mal maîtrisée de son physique disgracieux, et dans son attitude vis-à-vis de ses semblables, l’intrigue donnera donc très régulièrement l’impression de partir dans tous les sens tout en se cherchant une orientation qui mettra bien du temps à venir, accumulant ainsi des situations alternant entre critique sociale, humour déjanté ou encore flirtant avec l’horreur pure, mais sans jamais arriver à impliquer le spectateur qui ne restera que le témoin du déroulement du film, excluant de fait tout suspense et rendant les tentatives faites par le réalisateur pour rendre son héroïne fascinante caduques.
Pourtant précédé d’une bonne réputation pour ses séquences horrifiques, le métrage n’avancera que peu de dérives sanglantes véritablement convaincantes (et la version disponible dans cette édition est bien « uncut ») pour uniquement se livrer à une petite surenchère finale bien inoffensive et en deçà des possibilités inhérentes à l’intrigue, surtout à la vue de la capacité des orientaux à se surpasser dans l’abject et le sadisme (les Guinea pig par exemple ou encore le Naked blood de Husayasu Sato).
L’interprétation est cohérente, avec une actrice principale parvenant quand même à faire passer ses sentiments et sa détresse intérieure, et la mise en scène du réalisateur sera plutôt classique en n’utilisant que très peu d’effet et en se contenter de suivre l’action sans réelle vivacité.
Les effets spéciaux resteront basiques et pas forcément crédibles (avec un sang à la couleur bien trop fade pour paraître réel) pour ne se distinguer que lors d’une fracture ouverte douloureuse.
Donc, ce Evil dead trap 2 proposera une intrigue bien trop brouillonne ou alambiquée pour obtenir l’adhésion du spectateur, et n’arrivera que très partiellement à se rattraper sur son côté graphique.
Le DVD de zone 0 édité par Unearthed films avancera une image claire mais ayant tendance à perdre ses détails lors des séquences se déroulant dans la pénombre, tandis que la bande-son sera cohérente, avec une partition musicale donnant parfois l’impression de vouloir en faire trop, le métrage étant ici proposé en version originale japonaise, pourvue d’indispensables sous-titres anglais.
Au niveau des bonus, il faudra se contenter d’une courte galerie de photos du film et de la bande-annonce, accompagnée par celles d’autres titres de l’éditeur.
Pour ceux qui voudraient quand même se lancer dans cette aventure ténébreuse, le DVD de zone 0 est disponible ici ou là !
Par Nicore
Pour son premier film "traditionnel", le réalisateur Fred Vogel, jusque là auteur des ignobles August underground et August underground's mordum parvient avec ce The Redsin Tower à installer une atmosphère inquiétante autour d'une intrigue minimaliste mais pourvue d'un dernier acte terriblement graphique et sanglant.
Le script invite ses protagonistes à une soirée de beuverie dans une vieille tour abandonnée et réputé hantée où bien évidemment ils vont réveiller le démon sommeillant dans ces lieux jadis théâtre des exactions d'un alchimiste tourmenté.
D'entrée, le métrage va nous présenter ses deux personnages principaux, Mitch et Kim, deux jeunes gens en pleine séparation, Kim trouvent son petit ami trop entreprenant et trop impliqué dans leur relation, comme elle l'expliquer à une de ses amies, une gothique qui ne va pas tarder à l'inviter à une soirée donnée chez des amis à elle, tandis que Mitch, rendu fou par cette rupture, va la harceler au téléphone avant de se rendre chez un ami à lui pour lui emprunter un revolver dans le but d'effrayer Kim. Cette première mise en situation, malgré sa simplicité confondante, arrivera à retenir l'attention du spectateur grâce à une mise en scène adaptée qui laissant sous-entendre aussi bien la douleur interne de Mitch que sa lente descente vers la folie.
Ensuite, l'intrigue va s'installer dans ce début de fête avinée et enfumée pour quelques développements classiques et peu captivants, mise à part les boutades souriantes et assez graveleuses d'un des personnages drogué, jusqu'à ce que l'amie de Kim ne propose à la petite bande d'aller continuer la fiesta dans une vieille tour abandonnée, la "Redsin tower" afin de donner une ambiance spéciale à la soirée. Lors d'un arrêt devant un magasin, ils vont tomber sur Mitch qui va essayer de forcer Kim à le suivre, pour se voir roué de coups par le nouveau prétendant de Kim. Cette partie du métrage sera la plus faible en étant assez stéréotypée dans la présentation des nouveaux personnages, et heureusement, elle ne traînera pas trop en longueur pour amener les protagonistes dans cette vieille tour délabrée possédant une aura certaine et installant une ambiance sinistre et lugubre effective.
Après une courte visite des lieux, la fête reprendra de plus belle, uniquement interrompue par l'un des personnages qui va raconter l'histoire de la tour, permettant au réalisateur de placer un flash-back plus que graphique et sanglant pour conter l'histoire sordide de la famille Redsin propriétaire de l'endroit. Comme il se doit, les six personnages vont se séparer en trois couples à la recherche d'un coin calme pour batifoler, permettant ainsi à l'intrigue de commencer à prendre une tournure surnaturelle (même si un petit incident saisissant avait déjà poser les prémices des horreurs à venir), tandis que Mitch aura, comme par enchantement, trouvé la destination du groupe et rejoint les lieux.
Le métrage va alors rentrer véritablement dans le vif du sujet pour d'abord suivre un meurtre craspec à la hache, tandis qu'une demoiselle va sembler être possédée pour déceler une pièce emmurée contenant les travaux démoniaques de Redsin avant d'être égorgée par une force aussi invisible que mystérieuse qui va également s'en prendre méchamment aux autres membres du groupe, et notamment à Kim qui sera violée avant d'être transformée en une "magnifique" succube très visuelle au look extrêmement travaillé, jusqu'à ce qu'un dernier rebondissement minimaliste ne vienne clore les débats.
Bien entendu, Fred Vogel, réputé pour ses débordement sanglants ne connaissant aucun tabou, va soigner cette dernière partie du film qui comportera son lot d'atrocités généreuses en plans sanglants, même il le fera avec une certaine retenue en ne nous offrant que des effets gores "classiques" certes très réalistes et porteurs d'un mauvais goût certain (les vomissements, la liquide nauséabond qui jaillira des l'entrejambe de Kim après son viol), mais sans verser dans un aspect sordide, alors que la "star" du métrage sera facilement cette "Kim" possédée qui sera hélas sous-exploitée en n'apparaissant que quelques minutes, mais pour une séquence tellement réussie qu'elle restera dans les mémoires, aussi bien pour le maquillage impeccable que pour cette démarche et cette attitude terriblement saccadée, démoniaque.
Si l'intrigue en elle-même ne sera pas révolutionnaire, loin s'en faut avec des éléments scénaristiques (la possession des vivants, mais aussi des morts qui reviendront ici pour quelques instants malsains mais sans impact sur l'intrigue) et visuels ( la "visualisation" de la force invisible qui va s'engouffrer dans les couloirs pour attaquer les personnages) directement hérités du Evil dead de Sam Raimi, on pourra également compter sur une ambiance pesante, parfois même tendue et frissonnante remarquablement bien rendue dès l'installation de l'intrigue dans la tour, en bénéficiant d'une photographie volontairement sombre qui augmentera l'impression de menace omniprésente tout en baignant l'ensemble d'une semi obscurité ténébreuse plus que lugubre.
L'interprétation est plutôt convaincante, avec de jeunes acteurs impliqués, surtout l'interprète de Mitch qui saura faire passer ses émotions, tandis que la mise en scène de Fred Vogel saura efficace, en suivant les événements de près et en parvenant à rendre malsaines certaines des séquences sanglantes. Les effets spéciaux sont terriblement probants, entre des plans gores absolument maîtrisés et d'un réalisme à toute épreuve, et les maquillages seront tout aussi efficaces, aussi bien pour ceux des cadavres que pour celui formidable de la "belle" succube.
Donc, ce The Redsin Tower deviendra largement convaincant passé son entame guère palpitante, et prouvera ainsi que Fred Vogel possède un certain talent, même en dehors de ses œuvres nauséabondes !
Le DVD de zone 0 édité directement par Toetag Pictures, la boîte de production de Fred Vogel, avancera une image claire qui ne perdra que quelques petits détails lors des nombreuses séquences se déroulant dans l'obscurité, tandis que la bande-son sera particulièrement efficace, avec notamment une partition musicale adaptée et largement partie prenante dans l'installation de l'atmosphère du métrage, celui-ci n'étant ici proposé qu'en version anglaise sans aucun sous-titres.
Au niveau des bonus, on pourra suivre une courte et anecdotique introduction au film par l'équipe de Toetag, une assez conséquente galerie de photos du film et du tournage, un petit module décortiquant les effets spéciaux d'un des meurtres du métrage, ainsi que deux bandes-annonces du film.
Pour ceux qui voudraient visiter cette tour généreusement sanglante, le DVD de zone 0 est disponible ici ou directement sur le site de l'éditeur !
Titre du film : The dark knight
Réalisateur : Christopher Nolan
Avec : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman, Eric Roberts...
Durée du film : 2 h 27
Date de sortie en salles : 13 août 2008
Par Nicofeel
Réalisateur du film Batman begins (2005) qui a relancé totalement la franchise des Batman en en la faisant redémarrer de zéro (ce qui n'est pas un mal au vu des médiocres films de Joël Schumacher), Christopher Nolan nous offre donc de nouvelles aventures de la plus célèbre des chauve-souris.
Batman begins s'intéressait aux origines de Batman et était de ce point de vue assez réussi. Ce nouvel épisode de la saga, intitulé The dark knight est, comme le titre l'indique, un film très sombre. D'ailleurs, Batman prend une nouvelle dimension et les événements qui se déroulent à Gotham City tiennent lieu de véritable tragédie.
Le héros qui se cache dans sa sombre combinaison de chauve-souris se révèle particulièrement trouble. Christian Bale incarne parfaitement le Batman qui cherche par tout moyen à débarrasser Gotham City des criminels. Les moyens qu'il utilise ne sont pas toujours très orthodoxes, comme le prouve sa façon d'interroger ses ennemis (voir sur ce point une célèbre scène d'interrogatoire). Il faut dire que Batman a fort à faire.
En effet, dans ce film, Batman combat face à ce qui constitue son plus terrible adversaire, le Joker. Interprété par un Heath Ledger (l'acteur est décédé peu de temps après avoir tourné l'intégralité des scènes dans lesquelles il apparaît) particulièrement convaincant, celui-ci donne véritablement vie au Joker. Ce personnage psychopathe est véritablement effrayant à l'écran.
Ce fou est d'autant plus dangereux qu'il est insaisissable à tous points de vue. D'abord, ses empreintes sont inconnues et on ne sait rien de lui. De plus, à la différence des autres criminels, il ne recherche nullement l'argent. Il est uniquement intéressé par le chaos. Il prend plaisir à tuer et à tout détruire, comme on le voit lors de plusieurs séquences d'action qui sont assez impressionnantes (la scène d'introduction qui n'est pas sans rappeler le film de Michael Mann Heat montre aussi le côté vicieux et amoral du Joker ; une course-poursuite dans un camion est très intense ; la destruction d'un hôpital prouve que le Joker est prêt à tout). Le Joker aime également inspirer la crainte à ses adversaires, ce que fait admirablement l'acteur Heath Ledger qui interprète le Joker lorsqu'il place un couteau au niveau du cou de ses victimes. Le Joker crève vraiment l'écran et est un ennemi redoutable.
Le film The dark knight est également particulièrement sombre dans le sens où tous les héros sont particulièrement malmenés. Ainsi, le procureur Harvey Dent (interprété par un Aaron Eckhart parfait dans le rôle) est dans ce film le personnage par excellence qui va passer de la lumière à l'ombre. Celui qui veut faire régner la justice à tout prix, qui se montre intègre et qui souhaite faire disparaître les criminels de Gotham City (il obtient d'ailleurs l'aide et le respect de Batman) voit sa vie s'écrouler au cours d'un événement extrêmement malheureux où il perd sa bien aimée et se retrouve défiguré.
Son psychisme en prend sérieusement un coup et Harvey Dent devient ensuite un personnage qui ne cherche qu'à se venger, le célèbre Double-face (en raison tant de son visage à moitié brûlé qu'en raison de son parti pris de laisser ses choix au destin en tirant à pile ou face avec une pièce de monnaie).
Batman est lui aussi soumis à rude épreuve dans The dark night puisqu'il doit faire des choix très difficiles, comme le fait de savoir s'il va tenter de sauver le procureur Dent ou au même moment sa bien-aimée, l'adjointe au procureur, à savoir Rachel Dawes (interprétée par Maggie Gyllenhaal qui remplace Katie Holmes qui jouait ce rôle dans Batman begins, et se révèle plus adulte que cette dernière). Batman est lui-même soumis à plusieurs reprises à la tentation de laisser son rôle de justicier à un autre. Bruce Wayne souhaiterait pouvoir vivre comme n'importe qui. Mais finalement, son envie de régler leurs comptes aux bandits l'amène à défendre une nouvelle fois la population. Batman est par ailleurs épaulé par plusieurs fidèles qui travaillent en collaboration avec lui : son majordome Alfred (joué par Michael Caine, qui permet de détendre un peu l'atmosphère dans le film), Lucius Fox (Morgan Freeman) qui gère les comptes de Wayne Entreprise, l'intègre lieutenant Jim Gordon (Gary Oldman) qui fait confiance à Batman et l'appelle en retranscrivant l'image d'une chauve-souris sur un projecteur.
On appréciera particulièrement le fait que Batman accepte de prendre sur son dos des crimes qu'il n'a pas commis, et ce afin que Gotham City puisse avoir un vrai héros. Batman apparaît dès lors comme un personnage christique, destiné à rester à jamais dans l'ombre. Pourtant, dans le film, les habitants de Gotham sont proches de connaître l'identité de l'homme qui se cache derrière Batman.
On notera que le film est assez oppressant et devient par moments très intense, notamment lors de l'épisode des deux bateaux qui oblige une nouvelle fois des personnes à faire des choix. La conclusion de cet épisode laisse cependant une lueur d'espoir quant aux qualités humaines des citoyens de Gotham.
Très bien mis en scène par Christopher Nolan, The dark knight offre au spectateur de superbes scènes d'action (sublimées par la musique créée par le duo Hans Zimmer et James Newton Howard) qui étayent la volonté du Joker d'amener le chaos. Par extension, on peut penser que les nombreuses destructions qui ont lieu dans le film sont le symbole d'Etats-Unis qui craignent terriblement les attaques terroristes, et ce depuis les événements malheureux et traumatiques du 11 septembre 2001.
On appréciera aussi le scénario bien sombre du film, signé par Christopher Nolan et surtout par son frère Jonathan.
Enfin, ce film est d'autant plus appréciable que la distribution est au top. Notons qu'on retrouve dans le casting Christian Bale, feu Heath Ledger, Aaron Heckhart, Maggie Gyllenhaal, Michael Caine, Gary Oldman, Morgan Freeman ou encore Eric Roberts dans le rôle du mafieux Salvatore Maroni.
En somme, voilà un film de super-héros très adulte qui bénéficie d'un excellent scénario et d'une mise en très efficace. On ne peut donc que se satisfaire du fait que le film marche très bien aux Etats-Unis. On espère qu'il en sera de même en France.
par Nicore
Au sein du cinéma d'exploitation, s'il existe bien un sous-genre controversé, c'est bien la "Nazisploitation", qui donna lieu dans les années soixante-dix a bien des folies érotico-sadiques essentiellement transalpines. Ce SS Hell Camp, réalisé par Luigi Batzella (à qui on doit le déjanté Nuda per Satana et planqué ici sous le pseudo de Ivan Kathansky) en est un parfait exemple, même si le métrage ne se concentrera pas uniquement sur les sévices en tous genres auxquels on était en droit d'attendre, tout en réservent quand quelques séquences gratinées.
Le script va suivre la vie dans une forteresse allemande où officie une doctoresse, le Dr Kratsch, sadique et perverse qui a réussi à créer un sous-homme barbare. Mais pendant ce temps-là, la résistance s'organise et l'explosion d'un pont va lancer une vague de représailles sanglante.
D'entrée, le métrage va mettre son spectateur en condition en suivant cette doctoresse qui, après quelques échanges verbaux houleux avec un docteur âgé ne partageant sa vision des choses, va nous faire découvrir le fruit de ses expériences, une sorte de croisement entre l'homme et le singe qu'elle garde enfermé dans une cage et à qui elle va donner en pâture une prisonnière dénudée. La créature va se jeter sur sa victime et la violer brutalement en la secouant dans tous le sens jusqu'à ce que mort s'en suive, mais même alors, elle va continuer sa besogne, sous les yeux admiratifs et enflammés du Dr Kratsch et de ses assistantes.
Cette première séquence éminemment glauque et perverse dans la brutalité et le sadisme du viol aura déjà de quoi surprendre par son jusqu'auboutisme malsain.
Mais ensuite, les choses vont un peu se calmer puisque nous allons suivre deux maquisards en pleine action "terroriste" puisqu'ils vont faire sauter un pont important pour les allemands, déclenchant ainsi la fureur du commandant et de ses sbires et après plusieurs séquences qui nous permettront de suivre les plans des rebelles, une vague de représailles va être lancée contre le village tout proche, amenant une seconde vague de situations choquantes pour cette petite rafle visant essentiellement des jeunes femmes, au cours de laquelle un bébé sera jeté dans les airs pour y être abattu par les soldats allemands, avant que ce ne soit une vieille dame qui soit à son tour fusillée en pleine rue.
Retenues dans la forteresse du Dr Kratsch, les jeunes femmes vont subir les pires tortures, bientôt rejointes par quelques résistants arrêtés eux aussi, et notamment Stefano, un important résistant qui sera attrapé chez lui, tout en donnant au passage l'occasion au réalisateur de se livrer à une séquence de viol sordide suivi d'un meurtre aussi gratuit qu'exagéré (avec une balle tirée directement dans l'entrejambe de la victime), afin de ne pas laisser de témoins.
Ce seront ces tortures qui offriront au métrage ses séquences les plus folles, entre ces quelques hommes attachés les bras en l'air et qui seront fouettés avant que le Dr Kratsch ne vienne en émoustiller un de façon graveleuse pour finalement castrer son compagnon d'infortune, et ces demoiselles qui subiront divers sévices cette fois-ci graphiques (alors que peu de choses étaient véritablement montrées auparavant (laissant le hors-champ s'exprimer), entre ongles arrachés et ces rats (oui enfin des cochons d'Inde) qui se nourriront directement du ventre d'une demoiselle, avec en prime toujours cette créature qui passera son temps à violer une autre prisonnière. Mais le métrage atteindra son point de non-retour avec cette jeune femme qui recevra des pulsions électriques d'un appareil directement relié à son pubis et avec cette autre que la créature débarrassera des poils pubiens pour les manger.
Mais ce déballage ignoble et complaisant sera entrecoupé de séquences directement héritées du "film de guerre" très cheap quand ce ne seront pas carrément des stock-shots d'un autre film italien de guerre qui serviront de liaison entre deux plans tournés ici, certes avec une certaine harmonie, mais la pellicule différente trahira largement le réalisateur. Ces situations certes minimisées donneront au métrage l'occasion de s'oxygéner quelque peu et de présenter des situations pas franchement passionnantes, mais rendues plutôt souriantes dans leur maladresse, ce qui nous conduira "gentiment" vers un final qui verra la morale être sauve puisque le Dr Kratsch se retrouvera jetée dans la cage de la créature et lui offrira son dernier viol avant d'être abattue par les maquisards et tandis que dans les derniers instants du métrage le réalisateur tentera de faire passer la pilule des atrocités montrées avant en philosophant quelques peu sur la nature humaine et sa faculté à agir de façon sadique dans sa soif de pouvoir.
Si le réalisateur affichera clairement (et d'entrée) ses intentions salaces et sa volonté d'aller le plus loin possible pour détrôner dans l'abject les autres œuvres du sous-genre, flattant ainsi les bas instincts du spectateur avec ce sadisme évident (même si le métrage ne sera pas très gore) et cet érotisme certes pas forcément très osé (mais déshabillant intégralement aussi bien les femmes que les hommes) mais régulier et assez gratuit, il pourra s'appuyer sur des personnages hauts en couleurs pour donner de l'ampleur à ses méfaits. En effet, la créature violeuse ne bénéficiera pas d'effets spéciaux recherchés, puisque que Luigi Batzella aura fait appel à l'acteur difforme Salvatore Baccaro, déjà vu dans Salon Kitty ou dans l'excentrique Le château de Frankenstein, qui interprétera son rôle avec un naturel troublant.
En dehors de cet acteur atypique, l'interprétation sera plutôt médiocre, seulement relevée par la beauté froide et quelque peu perverse de Macha Magall, elle aussi troublante, mais dans un autre registre. La mise en scène du réalisateur est plutôt terne, morne, mais arrive quand même à donner de l'ampleur à certaines séquences fortes du film avec une caméra virevoltante. Les quelques effets spéciaux du métrage sont basiques et parfois bien primaires, mais on sent bien que ce n'est pas l'aspect directement sanglant qui a intéressé l'auteur plus prompt à verser dans le sordide graveleux.
Donc, ce SS Hell Camp pourra bien évidemment choquer par sa volonté provocatrice outrancière dans un genre déjà polémique, mais en dehors de quelques séquences hardies et malsaines, ne sera pas si épouvantable que cela, mais ici aussi, tout va dépendre du seuil de tolérance de chacun !
Le DVD de zone 1 édité par Minerva Pictures Group pour Exploitation Digital avancera une image nette (sauf lors des stock-shots dégradés) et sans défaut visible, tandis que la bande-son sera cohérente, avec une partition musicale plutôt adaptée et efficace, le métrage n'étant ici proposé qu'en version anglaise sans le moindre sous-titre.
Au niveau des bonus, on pourra suivre la bande-annonce du film, accompagnée par celles de quelques autres titres de l'éditeur, une assez conséquente galerie de photos du film, et tandis qu'un petit livret intéressant revenant sur la genèse de la "Nazisploitation" accompagnera le DVD.
Pour ceux qui voudraient découvrir cette curiosité malsaine et quand même provocatrice issu d'un genre oublié du cinéma d'exploitation mais à réserver bien entendu à des spectateurs avertis, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
par Nicore
Produit par la toute puissante firme "Shaw Brothers" alors sur le déclin, ce Seeding of a ghost aura le mérite de brasser les genres, entre action, érotisme, magie noire et bien entendu horreur sanglante, tout en allant assez loin dans le mauvais goût, avec notamment sa fameuse scène de nécrophilie aérienne (si, si !).
Le script va suivre la vengeance d'un homme, trompé par sa femme, qui va avoir recours à la magie noire lorsque celle-ci va se faire violer et tuer par deux malfrats.
La courte séquence d'introduction suivra un vieil homme creusant une tombe dans un cimetière qui va être dérangé et poursuivi par des villageois pour finalement se faire renverser par un taxi dans lequel il va prendre place comme par enchantement et se faire ramener chez lui par le chauffeur qui sera appelé à devenir le personnage principal. En effet, nous retrouverons alors ce chauffeur en compagnie de son épouse avant que cette demoiselle ne se rende à son travail de croupier dans un casino. Là-bas, elle va être charmée par un des joueurs avec qui elle va commencer à entretenir une liaison adultère, sans que son mari ne se doute de rien. Cette mise en condition de l'intrigue s'appuiera sur un érotisme discret mais bien présent en déshabillant régulièrement son actrice centrale qui au gré des situations sera langoureusement exposée sous sa douche ou courant au bord de l'eau à moitié nue (et au ralenti, s'il vous plaît !) en compagnie de son amant.
Mais bien entendu, cet état de fait ne va pas durer éternellement et notre jeune femme ne va pas tarder, au cours d'une balade en voiture, à demander à son amant, marié lui aussi, de divorcer pour être uniquement à elle, et devant son refus, elle va descendre de voiture et le laisser tomber. C'est alors que deux petits voyous, avec lequel le couple avait eu maille à partir peu de temps auparavant, vont tomber sur la jeune femme et la poursuivre jusque dans une bâtisse abandonnée où ils vont la frapper avant de la violer, mais une chute accidentelle va lui coûter la vie. La séquence de viol, assez longue et violente, orientera momentanément le métrage du côté des "rape and revenge", surtout que le mari, mystérieusement guidé jusqu'à la dépouille de sa femme ne va pas tarder à vouloir s'en prendre aux agresseurs bien vite appréhendés par la police, tout en cherchant également à se venger de l'homme l'ayant cocufié, ce qui donnera l'occasion au métrage de payer son tribut à l'aspect "art martial" du cinéma de Hong-kong, pour deux scènes de combat typiques mais endiablées.
Ensuite, devant le résultat infructueux de sa violence reconnue par la police, ce qui n'arrangera pas forcément ses affaires alors qu'il sera toujours sur la liste des suspects, le personnage principal va se rappeler ce vieil homme adepte du magie noire qu'il avait renversé et va aller quémander son aide, pour le menacer devant son premier refus, faisant ainsi entrer le métrage dans sa troisième partie qui versera dans l'occulte, avec cette cérémonie suivie en plusieurs étapes qui nécessitera de rapporter le cadavre presque momifié de l'épouse chez le vieil homme, cadavre qui reprendra plus ou moins vie et demandera même un baiser de son mari, avant plus tard de se livrer à un acte sexuel avec l'esprit de l'un de ses violeurs, le tout en lévitation, laissant ainsi le métrage caresser et transgresser ce tabou qu'est la nécrophilie.
Mais auparavant, l'intrigue aura comporté son lot de rebondissements écœurants afin de suivre la vengeance très spéciale mise en œuvre par l'esprit de la défunte, entre l'un de ses violeurs qui va manger une cervelle sous les yeux de sa mère, alors que le second vomira des vers de terre, et tandis que la femme de l'amant sera littéralement possédée, entraînant ainsi un exorcisme traditionnel haut en couleur, et pour finir les deux violeurs finiront tués, par sa propre sœur possédée elle aussi pour l'un d'eux, tandis que le second aura la colonne vertébrale extirpée de son dos avant d'être amené jusqu'au cadavre de l'épouse pour la féconder. Car en effet, l'intrigue ne reculant devant aucun délire va nous livrer un final bien frapadingue où une créature incroyable va jaillir d'un ventre (à la manière d'Alien) pour achever la vengeance en tuant l'homme adultère.
Comme on pourra le constater, le métrage malaxera différents thèmes chers au cinéma d'exploitation, et il le fera de manière harmonieuse, structurée pour d'abord laisser s'exprimer un érotisme certes complètement gratuit mais plaisant et jamais salace, avant de suivre la trace des films de vengeance occidentaux pour dériver ensuite vers le fantastique à connotation horrifique, en faisant preuve d'une volonté graphique dans des plans sanglants exubérants pour un film de Hong-Kong à l'époque et en laissant s'exprimer un mauvais goût prononcé.
De plus, l'intrigue sera traitée ici sans aucune once d'humour pour dédramatiser l'ensemble et seuls quelques passages pourront paraître assez comiques à nous autres occidentaux (l'exorcisme notamment), mais ce ne sera pas l'intention première du réalisateur.
L'interprétation est assez convaincante, même si parfois on aura l'impression que certains acteurs en font un peu trop (le vieux prêtre de magie noire), et la mise en scène du réalisateur est efficace, donnant au métrage un rythme constant, bien aidé il est vrai par une intrigue riche en rebondissements créatifs et débridés.
Les effets spéciaux sont certes quelque peu rudimentaires, avec ce cadavre à l'aspect quand même "carton-pâte", mais cela ne sera pas gênant et ne nuira pas foncièrement à l'impact des séquences le mettant en avant. Les plans sanglants demeureront plutôt réussis, même s'ils seront eux aussi basiques, tout comme la créature du final qui surprendra par son look incroyable.
Donc, ce Seeding of a ghost s'avérera être une œuvre savoureuse, parfois assez démente dans ses développements et en tout cas largement appréciable !
Le DVD de zone 3 édité par Intercontinental Video avancera une image assez nette, tandis que la bande-son sera probante, avec une partition musicale adaptée et discrète, le métrage étant ici proposé en version originale en cantonais et en mandarin, avec heureusement d'indispensables sous-titres anglais.
Au niveau des bonus, on trouvera une courte galerie de photos du film, l'affiche originale avancée à part, quelques filmographies et biographies de l'équipe du film, de courtes notes de production et trois bandes-annonces d'autres titres de l'éditeur.
Pour ceux qui voudraient découvrir cet excellent film d'exploitation oriental, le DVD de zone 3 est disponible ici ou là !
par Nicore
C’est en baignant dans une atmosphère sinistre et sordide que ce Infection va se servir du milieu médical pour essayer de nous offrir quelque chose différent de la vague de fantômes asiatiques ayant suivi Ring et consorts, mais pour être hélas quelque peu plombé par un dernier acte gênant et confus.
Le script va prendre place dans un hôpital en manque de subventions et proche de sa fermeture et confronter l'équipe de nuit, qui a peu de temps auparavant commis une erreur médicale ayant entraîné la mort d'un patient, à un mystérieux virus rongeant ses victimes de l'intérieur.
Dans sa phase d'exposition, le métrage va prendre le temps de bien cerner les différents personnages dans leur univers médical sur le déclin, le manque d'argent amenant leur hôpital à manquer de tout (personnel, médicaments, équipements divers), tout en insistant bien sur les failles de certains de ces protagonistes, entre cette jeune infirmière incapable d'effectuer une piqûre sans mutiler le bras de son patient gravement brûlé heureusement dans le coma et ce jeune interne désireux de réaliser des points de suture avant l'heure. Mais l'intrigue va également lier tout ce petit monde à plusieurs de leurs patients, avec justement ce malade brûlé à soixante-dix pour cent et cette vieille femme un peu folle ayant des visions de sa famille décédée (ce qui permettra au réalisateur lors d'un effet facile de se gausser gentiment des films des spectres à la mode).
En optant pour un ton réaliste, le métrage va réussir facilement au cours de cette première partie à impliquer le spectateur, aussi bien grâce à ces personnages tout à fait plausibles oeuvrant dans un monde crédible que par ces détails pragmatiques et ces décors vétustes et en mauvais état qui donneront un cachet d'authenticité à l'ensemble. Dans un tel contexte, le réalisateur n'aura aucun mal à rendre impactante la terrible séquence d'erreur médicale stupide mais au combien vraisemblable aboutissant à la mort d'un patient, rendant le choix de camoufler cette bévue mortelle (et de quelle manière !) d'autant plus dramatique et interrogeant directement le spectateur sur l'acceptabilité d'une telle action.
C'est dans cette conjoncture que l'intrigue va introduire ce patient débarqué par des ambulanciers ne souhaitant pas se rendre dans un autre hôpital malgré le refus du médecin qui les aura réceptionné d'accueillir un nouveau malade, pour permettre au métrage d'entrer dans sa phase d'horreur pure, avec ce corps rongé de l'intérieur par un mal inconnu laissant des dégoulinantes verdâtres immondes qui va bien entendu contaminer différents personnages, les plongeant d'abord dans une folie faite d'automutilations plus ou moins sanglantes et en rapport avec leurs points faibles ( ce qui ne sera pas se rappeler un certain Naked blood) avant de détruire leurs corps. Connaissant les rouages du genre, le réalisateur va s'en servir de manière parfaitement maîtrisée pour avancer ses situations tendues ou cherchant à provoquer l'effroi, même si une certaine prévisibilité viendra endeuiller ces tentatives frissonnantes, offrant ainsi au métrage sa meilleure partie.
En effet, les choses vont ensuite méchamment se gâter dans le dernier acte qui va vouloir nous assener une série de twists aussi aléatoires que tarabiscotés amenant l'intrigue sur un mode hallucinatoire qui certes expliquera le comportement étrange de certains protagonistes mais ne servira rien de probant, bien au contraire, cette démystification détruira l'impact du métrage dans une sorte de moralisation primaire et superficielle pour le moins malvenue, tout en laissant pour le coup des incohérences sillonner l'ensemble du métrage et n'offrir que des explications bien vagues et confuses.
Les personnages, bien évidemment au centre du l'intrigue, seront ici suffisamment travaillés pour obtenir l'adhésion du spectateur, et bénéficieront d'une interprétation adéquate et naturelle, alors que la mise en scène du réalisateur est plutôt efficace, aussi bien pour scruter les différents protagonistes que pour servir les scènes fortes du métrage.
Les effets spéciaux sont convaincants, aussi bien pour la visualisation de cette infection verdâtre dégoûtante et que pour les quelques plans sanglants venant parsemer le métrage.
Donc, ce Infection sera largement efficace dans sa première moitié, mais sera en partie gâché par cette succession déplorables de twists inutiles.
Le DVD de zone 1 édité par Lionsgate avancera une image quelque peu granuleuse mais collant bien au style du film, tandis que la bande-son sera particulièrement efficace grâce à une partition musicale sinistre parfaitement adaptée et renforçant l'impact des séquences tendues du film, qui sera ici proposé en version originale japonaise, avec d'indispensables sous-titres anglais.
Par contre, au niveau des bonus, il faudra se contenter de deux bandes-annonces de titres de l'éditeur, le Premonition de Norio Tsuruta et le Ju-on de Takashi Shimizu.
Pour ceux qui voudraient rencontrer cette infection dégoulinante, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
par Nicore
Réalisé par ce grand érotomane qu’est Joe D’Amato, ce The erotic nights of the living dead mélange de façon très explicite ses éléments érotiques à ceux directement hérités de la vague de films de morts-vivants italiens ayant surfé sur ceux réalisés par Lucio Fulci, pour un résultat hélas guère passionnant, plombé par une intrigue simpliste et par un rythme bien trop aléatoire.
Le script envoie un promoteur immobilier, accompagné par sa nouvelle petite amie et par le marin lui servant de guide, sur une petite île déserte que l’homme compte transformer en complexe immobilier. Mais un vieil homme et sa fantomatique belle-fille vont lever une armée de morts-vivants pour les arrêter.
Après une petite séquence d‘introduction prenant place dans un asile psychiatrique où nous allons suivre deux patients s’isoler dans les sous-sols pour se livrer à un ébat sexuel très bestial, le tout sous le regard d’un troisième larron tout excité, le métrage va étaler longuement la présentation de ses personnages principaux pour toute une série de scènes érotiques lascives et versant pour l’une d’elles carrément dans le hardcore assumé, nous faisant ainsi découvrir John Wilson, cet architecte devant se rendre sur une île déserte afin d’y effectuer des repérages avant la construction sur place d’une luxueuse station estivale, mais ce sera surtout son côté d’obsédé sexuel que nous appréhenderons en le suivant s’amuser avec deux prostituées levées dans son hôtel qui vont le fuir lorsqu’il leur indiquera sa destination, pour juste après rencontrer sa voisine de chambre qu’il va charmer au point que celle-ci va vouloir l’accompagner dans son périple. Troisième personnage à entrer dans le film, ce marin tout aussi charmeur, mais à l’aspect quelque peu bourru, qui va lui aussi s’intéresser de près à la gente féminine du casting avant de pactiser avec Wilson pour les emmener jusqu’à leur destination.
Cette mise en situation traînera et n’aura rien de palpitant dans sa succession de scénettes érotiques explicites mais guère passionnées, dont seule surnagera comme curiosité une ouverture vaginale de bouteille de champagne, avec pour seuls éléments horrifiques deux petites apparitions de morts-vivants sur le continent, complètement opportunes et inutiles, si ce n’est pour de petits effets gores rapides. Hélas, la suite sera du même topo au cours du voyage en mer du trio, rythmé par d’autres scènes érotiques de plus en plus brèves et l’arrivée sur l’île ne fera pas pour l’instant dévier le ton du métrage.
En effet, l’exploration succincte de l’île peinera à faire monter une quelconque tension, même lorsque les protagonistes iront s’hasarder dans un vieux cimetière décrépi, et leur rencontre avec ce mystérieux vieillard accompagné par Luna, une magnifique et énigmatique jeune femme ne sera guère alarmante malgré les intentions du réalisateur. Mais, petit à petit, l’intrigue va déserter ses penchants érotiques (avec quand même une scène saphique entre la demoiselle du groupe et la jeune autochtone) pour commencer à imprégner l’ensemble d’éléments surnaturels (le mystère des photos, les bruits sourds entendus sur l’île), annonciateurs d’un dernier acte qui lui sera ouvertement tourné vers l’élément fantastique du métrage en avançant enfin les zombies promis par le titre.
Mais avant cela, le métrage aura encore trouvé le moyen de balancer quelques séquences érotiques, dont une pour une fois vraiment persuasive et réussie au cours de laquelle le marin va succomber au charme de Luna au bord de l’eau, sans se rendre compte que des morts-vivants les regardent. Et donc, lorsque le réalisateur se décidera à réveiller les zombies, ce sera pour nous offrir une variante à peine voilée du classique L’enfer des zombies de Lucio Fulci, avec cette sortie de terre qui aurait pu être vraiment probante avec une mise en scène adaptée et moins rébarbative, pour ensuite voir les vivants se démener pour tenter de lutter contre les zombies en utilisant les moyens à leur disposition, amenant ainsi quelques décapitations sévères et autres impacts de balles sanglants, même si la palme reviendra à la mort de Wilson, émasculé par Luna puis dévoré par des zombies peu enjoués, pour clore le métrage sur un clin d’oeil bien déjanté et faisant preuve d’un soupçon d’humour définitivement absent jusque là.
Certainement plus attiré par l’aspect érotique de son métrage, Joe D’Amato va négliger quelque peu ce dernier acte en avançant des zombies certes dans la grande tradition fulcienne, lents et parfois décharnés, portant encore leur linceul en s’extirpant doucement de leur tombe de sable, mais à part cette résurrection vaguement graphique, le reste semblera bâclé et sans impact sur le spectateur.
Dans le même ordre d’idée, la psychologie des personnages demeurera simpliste et stéréotypée, surtout celle de Wilson qui croira pouvoir tout acheter avec de l’argent, ce qui permettra à l’intrigue de lancer une petite salve moralisatrice primaire, mais Joe D’Amato préférera de toutes façons largement s’épancher sur le côté lubrique mais rarement pervers de ses protagonistes.
L’interprétation est mitigée, sauvée par la prestation de Georges Eastman, un fidèle collaborateur du réalisateur qui lui offrira notamment le rôle de l’Anthropophagous, mais surtout par celle de la belle Laura Gemser qui livrera ici une prestation troublante. La mise en scène du réalisateur est terne et sans effort, n’arrivant pas du tout à trouver le bon rythme pour avancer les différentes situations du métrage. Les effets spéciaux sont plutôt probants tout en restant simplistes, aussi bien dans le maquillage des zombies que pour quelques effets gores rapides.
Donc, ce The erotic nights of the living dead peinera à captiver son spectateur devant la répétitivité de ses scènes érotiques devenant ainsi monotones jusqu’à ennuyer, et seules quelques rares fulgurances viendront sauver l’ensemble du naufrage complet !
Le DVD de zone 1 édité par Shriek show présentera une image ne connaissant pas de défauts notables, mis à part quelques détails s’enfuyant lors des séquences se déroulant dans l’obscurité, alors que la bande-son sera plutôt efficace, tout en reprenant des poncifs du genre dans une partition musicale trop emphatique, le métrage n’étant ici proposé en version anglaise sans aucun sous-titre.
Au niveau des bonus, on pourra suivre de nombreuses séquences alternatives ou coupées, parfois quand même vraiment calquées sur celles présentes dans le résultat final, une assez conséquente galerie de photos en partie dédiée à Laura Gemser et la bande-annonce du film, suivie par celles de quelques autres titres de l’éditeur.
Pour ceux qui voudraient se lancer dans cette aventure plus érotique qu’horrifique, le DVD de zone 1, à réserver quand même à un public averti, est disponible ici ou là !
par Nicore
Film d’exploitation hélas trop méconnu du début des années soixante-dix, ce The Candy snatchers offre un aspect radical à son intrigue machiavélique et pourtant simple, tout en abordant des thèmes flirtant dangereusement avec les tabous d’alors, ce qui explique sa diffusion presque confidentielle.
Le script suit les déboires d’un trio de kidnappeurs amateurs qui, dans l’espoir d’une rançon, vont enlever la jeune Candy, fille d’un joaillier, et l’enterrer vivante au sommet d’une colline en attendant de recevoir leur argent. Mais bien entendu, les choses ne vont pas se passer comme ils l’avait prévu.
D’entrée, le métrage va nous présenter ses différents personnages, et tout d’abord Candy, une jeune lycéenne dans un institut catholique sortant des cours pour rentrer chez elle en stop, alors que ses faits et gestes seront épiés depuis une camionnette par trois individus, Jessie et son frère Alan, ceux-ci étant flanqué de leur ami Eddy, qui vont la suivre pour finalement l’obliger par la force à monter dans leur véhicule avant de la ligoter, de la bâillonner et de lui couvrir les yeux pour ne pas qu’elle puisse reconnaître ses ravisseurs grimés pour l’occasion.
Rapide, cette mise en situation ne s’attardera pas sur la présentation pour tout de suite lancer l’action, après un générique dont le thème musical "Money is the root of all happiness" prendra tout son sens dans les différents développements du métrage.
Notre trio va alors rejoindre une colline au sommet de laquelle ils vont enterrer Candy dans une boîte en bois, ne la laissant respirer que par un tuyau sortant du sol, lors d’une séquence claustrophobe parfaitement retranscrite, mais les protagonistes ne s’apercevront pas qu’ils sont surveillés par un jeune bambin caché dans les buissons. Celui-ci va après leur départ aller jouer quelque peu sur la "tombe" de Candy (avec un brin de sadisme enfantin lorsque le gamin va s’amuser à boucher le tuyau de manière répétée) avant d’être rappelé chez lui par sa mère le hélant depuis le bas de la colline à l’aide d’uns grosse cloche.
Ensuite, le métrage va mettre en œuvre la machination concoctée pour faire payer le père de Candy, un bijoutier à qui ils vont demander une rançon par téléphone tout en lui indiquant le lieu où la déposer. Mais le père, au lieu de s’affoler devant cet enlèvement, va calmement rentrer chez lui annoncer à son alcoolique de femme que Candy passera la nuit chez une amie, avant d’aller rejoindre sa jolie secrétaire et maîtresse, laissant ainsi les trois kidnappeurs attendre en vain leur rançon. A partir de ce moment-là, le spectateur, tout en se demandera légitimement ce qui a bien pu amener le père de Candy à laisser sa fille dans le pétrin, pourra voir les relations entre les trois personnages principaux se dégrader, Jessie, qui semble largement dominer ses deux acolytes, et son frère étant prêts à tout pour récupérer la rançon, tandis qu’Eddy, paraîtra quelque peu ému par le sort de Candy (qu’ils ont bien été obligé de déterrer), ce qui entraînera des frictions.
Par ailleurs, l’intrigue laissera les différentes personnalités de protagonistes s’exprimer pour mettre en avant leur antagonisme, tout en s’intéressant également au cas du petit garçon témoin, qui s’avérera être muet et brimé par une mère acariâtre ne supportant pas la handicap de son fils et ses conséquences. Mais le côté jusqu’auboutiste reprendra bientôt le dessus pour amener des rebondissements parfois saugrenus (l’épisode avorté de l’oreille coupée pour faire craquer le père de Candy), mais également sordides (le viol de Candy), jusqu’à la révélation du dernier acte qui aboutira sur un final éminemment nihiliste et tout simplement stupéfiant dans son ironie cruelle.
Resté confidentiel et n’ayant pas connu la renommée qu’il méritait pourtant largement, le métrage aura à sa décharge face aux critiques et distributeurs potentiels d’alors plusieurs éléments ayant largement joué en sa défaveur. En effet, l’idée pourtant forte d’enterrer vivant une jeune demoiselle pas forcément majeure pour après lui faire subir quelques actes de violence et même un viol avait de quoi choquer les esprits, mais c’est aussi en ne mettant quasiment en avant que des personnages vils, violents, pervers et attirés par l’argent quitte à tuer ou à laisser mourir que le métrage sort de la norme, surtout que les diverses situations seront proposées sans laisser s’exprimer un humour parfois salvateur et dédramatisant les faits exposés, comme l’avait fait peu de temps auparavant Wes Craven avec La dernière maison sur la gauche et ses policiers stupides.
En plus, le réalisateur parviendra à faire naître chez son spectateur des sentiments ambigus au fur et à mesure que l’intrigue va dévoiler ses éléments, ne laissant d’alternative, en dehors bien sûr de la compassion engendrée par le martyr de la jeune Candy, pour choisir son camp qu’entre les kidnappeurs et ce père sans scrupules, amenant de la sorte un suspense évident lié à l’issue finale qui aura de fait largement de quoi surprendre et clore le métrage sur une note fataliste pervertissant même l’innocence de la jeunesse de manière terriblement volontaire et malsaine mais à la limite d’en faire trop.
L’interprétation est convaincante, avec des acteurs impliqués et naturels, et même le jeune fils du réalisateur qui jouera le rôle du bambin témoin sera extrêmement crédible. La mise en scène du réalisateur est dynamique pour suivre de près l’action, tout en avançant des plans originaux dans leur agencement.
Les quelques petits effets spéciaux sanglants resteront par contre simplistes et peu crédibles.
Donc, ce The Candy snatchers méritera largement d’être découvert pour sa force d’évocation et sa volonté clairement affichée d’aller au fond des choses.
Le DVD de zone 1 édité par Subversive Cinema avancera une image nette et sans réels défauts, alors que la bande-son sera efficace, avec une partition musicale spéciale et adaptée, le métrage n’étant ici proposé qu’en version originale anglaise, sans aucun sous-titre.
Au niveau des bonus, cette édition "collector" permettra de suivre une interview croisée des deux interprètes féminins du métrage, pleine d’anecdotes même si les souvenirs semblent s’être quelque peu estompés des mémoires, alors qu’une très courte galerie de photos, les véritables biographies/ filmographies des interprètes et deux bandes-annonces du film (une édulcorée et l’autre plus explicite) accompagnées ce celles d’autres titres de l’éditeur, seront également disponibles.
Pour mériter véritablement son appellation de "collector", le DVD est accompagné de trois "lobby cards" et d’une affichette du film, tandis que la jaquette fournira sur son verso de nombreuses autres photos du métrage.
Pour ceux qui voudraient découvrir ce métrage sordide injustement méconnu, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
Titre du film : Dorothy
Réalisatrice : Agnès Merlet
Avec : Carice Van Houten, Jenn Murray...
Durée du film : 1 h 42
Date de sortie en salles : 6 août 2008
Par Nicofeel
Dorothy a été réalisé par la cinéaste française Agnès Merlet, auteur de plusieurs courts métrages et de deux longs métrages, le dernier datant de 1997. Il s'agit d'un « thriller psychologique avec un développement surnaturel » (déclaration d'Agnès Merlet).
Le film se déroule sur une île au Nord de l'Irlande. La psychiatre Jane Morton a décidé de se rendre dans cet endroit isolée où une adolescente visiblement très perturbée, Dorothy Mills, est accusée de tentative de meurtre sur un bébé. La jeune Dorothy semble souffrir du syndrome de la personnalité multiple.
Au casting de ce film on retrouve dans le rôle de la psychiatre la néerlandaise Carice Van Houten, qui a été révélée par le film Black book de Paul Verhoeven (2006). L'actrice Jenn Murray interprète l'étonnant personnage de Dorothy.
Le film Dorothy bénéficie d'un scénario très efficace et très réfléchi qui permet à la réalisatrice de ne dévoiler que progressivement la trame de son histoire.
Malgré son côté mystérieux et sa révélation qui ne sera donnée qu'à la fin, les inspirations du film sont multiples. On relèvera les plus évidentes.
Il y a d'abord le Carnival of souls d'Herk Harvey (1962) qui est cité à plusieurs reprises et notamment au début du film lorsque l'on assiste à une course-poursuite en automobile, laquelle se termine par une voiture qui tombe dans un fleuve. On notera également que la principale protagoniste de Carnival of souls se prénomme Mary, un prénom qui est utilisé dans une des personnalités qu'utilise Dorothy.
Une des autres sources d'inspiration d'Agnès Merlet est L'exorciste de William Friedkin (1974) avec cette adolescente qui change de personnalité, utilise plusieurs voix et devient par moments incontrôlable. Dorothy donne l'impression d'être possédée.
La dernière source d'inspiration, peut-être d'ailleurs la plus importante, est The wicker man (1973) de Robin Hardy, où l'on retrouve comme dans Dorothy une scène de fête païenne. Mais de manière plus générale, c'est l'ambiance du film qui peut faire penser à The wicker man. Comme dans ce film, Dorothy évoque une communauté qui vit en vase clos, de manière complètement indépendante. Cette communauté a semble-t-il des secrets qui sont difficilement avouables, ce qui explique certainement que la plupart de ses membres n'apprécient guère la présence d'une étrangère, en l'occurence la psychiatre interprétée par Carice Van Houten. Alors que The wicker man montrait une communauté solidaire malgré des moeurs étranges, celle du film Dorothy est au contraire divisée en deux clans : il y a d'une part plusieurs hommes qui semblent particulièrement rustres et d'autre part plusieurs catholiques bien fanatiques.
La réalisatrice Agnès Merlet met d'ailleurs en exergue cette communauté religieuse fanatique qui se sert de Dorothy.
Car on comprend au fur et à mesure que les enjeux sont bien plus complexes qu'il n'y paraît au départ. La jeune Dorothy est l'objet de toutes les attentions. Son syndrome de la personnalité multiple qui la rend schizophrénique permet également de révéler de nombreux mystères. Car pendant un bon moment le spectateur se demande pour quelles raisons Dorothy fait coexister en elle plusieurs personnalités. Les transformations physiques et psychologiques de Dorothy qui apparaissent à l'écran sont très réussies et participent au sentiment d'étrangeté, voire de malaise, que procure le film.
Le film d'Agnès Merlet est aussi une réflexion sur la question de la compassion et sur la notion de vengeance. La réalisatrice utilise à merveille l'actrice Jenn Murray, qui joue Dorothy, car cela lui permet de mettre en place efficacement son thriller psychologique.
Si la psychiatre Jane Morton tente d'aider pour le mieux la jeune Dorothy, elle est rapidement dépassée par les événements et surtout, comme dans The wicker man, elle finit par apprendre des choses qu'elle ne devrait pas savoir. D'autant que la psychiatre se retrouve victime de l'influence du lieu où elle se situe et de l'adolescente, à savoir Dorothy, qu'elle fréquente : Jane Morton parvient difficilement au bout d'un moment à faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas (lorsqu'elle entend des bruits bizarres en haut de sa chambre alors qu'il n'y a personne, lorsqu'elle aperçoit son fils décédé).
La fin du film est vraiment excellente car elle permet au spectateur de comprendre toute l'ingéniosité du scénario qui donne sens à l'ensemble du film. La réalisatrice Agnès Merlet ne s'est pas contentée de citer plusieurs films célèbres (L'exorciste, Carnival of souls, The wicker man). Elle s'est réappropriée plusieurs des idées développées dans ces films pour mieux brouiller les pistes et pour créer un film très personnel. Mâtiné de fantastique, Dorothy est principalement un drame humain qui réalisé par une cinéaste de talent dont on attend impatiemment le prochain film.
par Nicore
Premier long métrage d’un jeune espagnol alors âgé de vingt-quatre ans, ce H6, diary of a serial killer nous plonge dans le quotidien d’un tueur en série minutieux et pervers, sans fioriture ni préjugé pour mettre en avant son personnage abject mais malgré tout fascinant.
Le script suit donc les méfaits de cet homme kidnappant et violant des prostitués qu’il enferme dans la chambre 6 de l’ancienne maison de passe dont il a hérité, en profitant des absences nocturnes de son épouse, infirmière de nuit dans un hôpital.
Après une séquence d‘introduction déjà sordide suivant l’altercation entre un couple qui s’envenimera au point de voir l’homme étrangler sa compagne qui menaçait de le quitter, le métrage va nous présenter son personnage principal, Antonio Frau, un homme venant d’hériter de sa tante d’un bâtiment entier logé dans un rue mal famée et qui servait de maison close, au travers de sa visite chez le notaire pour prendre possession de son bien puis avec la découverte de l’endroit décrépi et poussiéreux, l’homme intervenant alors en voix-off pour ensuite nous conter brièvement sa rencontre et son mariage avec Francisca, une infirmière cherchant à tout prix à fuir une famille possessive.
Rapidement, Antonio va commencer à écrire son journal intime, laissant ainsi très vite apparaître ses penchants anormaux, d’abord en évoquant son admiration pour l’assassin français Landru, avec lequel il ne voudra pas partager les mêmes erreurs, puis en devenant inquiétant en impliquant Dieu et la nécessité de purifier les mauvaises âmes. Alors que sa vie habituelle semblera bien banale tout en laissant quand même percer son appétit sexuel débordant et non comblé par sa femme, Antonio va commettre un premier meurtre en empoissonnant un squatteur ayant l’habitude de venir dormir dans une des vingt chambres de l’endroit, faisant preuve d’une belle cruauté et d’une froideur totale dans l’agencement de l’homicide.
Mais ce ne sera rien comparé à ses méfaits à venir puisqu’il va bientôt enrôler une prostituée perdue qu’il va amadouer en lui promettant de lui prêter une chambre à l’œil (enfin contre une partie de jambes en l’air) pour au final la séquestrer dans la chambre 6, puis la violer à de nombreuses reprises au cours des quelques jours où il l a laissera en vie avant de la découper en morceaux pour se débarrasser du cadavre et recommencer avec une autre jeune fille facile.
Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, le métrage ne va pas se contenter d’aligner des scènes glauques et infâmes de viol et de violence pour largement s’intéresser à la relation très "spéciale" qui va se lier entre le bourreau et sa victime, celui-ci cherchant à connaître les raisons de la déchéance de ses victimes pour mieux ensuite les inviter à la rédemption dans la mort.
Car si le réalisateur va quand même céder au voyeurisme malsain lorsque Antonio abusera de ses proies attachées fermement sur une table recouverte de plastique tout en n’hésitant pas à scruter avec sa caméra ces jeunes femmes en sous-vêtements apeurées et dont les crises d’hystérie ne serviront à rien face à le détermination d’Antonio, il va surtout tenter de nous faire percevoir et même participer dans un effort de compréhension à la folie de son personnage qui se croit missionné par le Seigneur pour accomplir une opération de nettoyage pas le vide de sa rue. Mais contrairement à bon nombre d’œuvres du genre, l’auteur ne va pas multiplier les victimes pour prendre le temps de laisser s’installer un climat glauque en ne nous cachant rien des habitudes et des façons de procéder d’un Antonio qui se révélera être plus que méticuleux dans son souci de ne pas se faire prendre. Mais hélas pour lui, le dernier acte du film viendra bousculer ses prérogatives en introduisant ce policier enquêtant sur les disparitions de prostituées qui va s’intéresser de près à Antonio, et pour cause…, et ce jusqu’au final avançant un twist assez simpliste mais ici correctement amené et confirmant si besoin en était la perfidie du personnage principal.
Pour tenter de se différencier des ses illustres prédécesseurs ayant également choisi un ton clinique pour tenter d’appréhender le mental de ces tueurs en série, H6, diary of a serial killer va choisir de nous faire partager directement les pensées et les écrits édifiants de son personnage par l’utilisation d’une voix-off récurrente, qui sera accompagnée de visualisation de ses réflexions délictuelles et régulièrement misogynes, et le métrage se dotera également d’un aspect graphique brut et direct, notamment sur l’aspect sexuel de l’aliénation d’Antonio, même si le film ne sombrera jamais dans l’érotisme vraiment gratuit pour plutôt paraître naturaliste. L’auteur en profitera aussi pour critiquer une certaine société espagnole, par le laxisme de la justice de son pays, mais également par des mœurs déviantes clairement identifiées.
L’interprétation est convaincante, portée par un Fernando Acaso tout à fait réaliste dans le rôle principal, alors que les pauvres victimes du tueur sembleront crédibles dans leurs souffrances et leur désespoir. La mise en scène du jeune réalisateur est adaptée au ton du métrage pour ne se permettre que quelques effets réussis lors des digressions de son personnage, demeurant ainsi neutre pour suivre l’action.
Les effets spéciaux seront ici très limités, le métrage ne cherchant jamais à verser dans le gore direct, pour se contenter d’éclabousser copieusement les victimes de sang lors de leur mise à mort.
Donc, ce H6, diary of a serial killer s’avérera être une expérience étrange et malsaine qui parviendra à gêner son spectateur par son côté glauque et sordide !
Le DVD de zone 1 édité par Tartan Video avancera une image ayant largement tendance à perdre ses détails lors des séquences se déroulant dans l’obscurité, alors que la bande-son sera efficiente, avec une partition musicale effacée, voir même quasiment absente, pour rendre plus réaliste encore l’action décrite, le métrage étant ici présenté en version originale espagnole, avec des sous-titres en anglais.
Au niveau des bonus, une série de courts interviews du réalisateur et des principaux acteurs viendra éclairer quelque peu sur la fabrication du film, hélas uniquement accompagnés par la bande-annonce du film et de celles d’autres titres de l’éditeur.
Pour ceux qui voudraient rencontrer ce tueur pervers et sadique, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
par Nicore
Après un Saw 3 furieusement gore et sujet à controverse de par son interdiction aux moins de dix-huit ans en France, la franchise initiée par James Wan, l'une des plus rentables de l'histoire du cinéma horrifique, s'est donc pourvue l'année dernière d'un quatrième volet, qui est arrivé en DVD chez nous le 09 juillet, toujours sous la houlette de Metropolitan.
Le script prend place après la disparition du tueur au puzzle et de sa protégée, Amanda, mais le "jeu" continue. Après le meurtre de l'inspectrice Kerry, deux profileurs chevronnés du FBI, les agents Strahm et Perez, viennent aider le détective Hoffman à réunir les pièces du dernier puzzle macabre laissé par le Tueur pour essayer, enfin, de comprendre. C'est alors que le commandant du SWAT, Rigg, est enlevé... Obligé de participer à cette partie mortelle, il n'a que très peu de temps pour triompher d'une série de pièges machiavéliques et sauver sa vie.
A la recherche Rigg, Hoffman et les deux profileurs du FBI vont être amenés à en apprendre plus sur le tueur au puzzle, sur son passé et ses motivations, alors que les cadavres et les indices vont mener le trio à l'ex-femme du Tueur, Jill.
Plus ou moins chahuté par la critique lors de sa sortie en salles, ce quatrième film de la saga du tueur au puzzle semble pourtant avoir le mérite de donner une seconde "vie" à la franchise en se positionnant comme une sorte de préquelle en fouillant dans le passé du Jigsaw pour enfin nous en apprendre bien plus sur ce personnage tout en offrant des perspectives pour l'avenir et en revenant à une certaine simplicité après les twists à répétition de Saw 3, mais hélas, le réalisateur Darren Lynn Bousman, déjà aux commandes des deux précédents épisodes, n'aurait apparemment pas évolué dans sa mise en scène, ce qui réduirait considérablement l'impact des tortures sanglantes pourtant bien présentes dans le métrage.
Le DVD édité par Metropolitan proposera une image en 1.85 (16/9 anamorphique) pour un métrage disponible en version française et anglaise en DD5.1, alors que seule l'option française permettra de suivre le film en DTS.
Au niveau des bonus, il faudra se contenter d'une petite scène coupée et de bandes-annonces d'autres titres de l'éditeur, en attendant certainement une édition "collector" à venir !
Donc, il ne reste plus qu'à acquérir le DVD pour se faire sa propre idée sur ce Saw 4 plongeant d'une certaine manière aux origines du mal !
par Nicore
Malgré son aspect prévisible et une légère tromperie due à un épouvantail meurtrier très peu présent, ce Hallowed ground n'en demeurera pas moins une petite série B agréable et dynamique.
Le script débarque dans un petit village une jeune femme qui va se retrouver "involontairement" mêlée à une prophétie démoniaque.
Après une courte séquence d'introduction prenant place en 1896 pour nous montrer un prêtre entouré de ses ouailles prier au milieu d'un champ de maïs dans lequel ils ont crucifié un homme pour l'offrir en sacrifice au Seigneur, le métrage va mettre en avant son personnage principal, Liz, une jeune femme au volant de sa voiture qui va rapidement avoir un ennui mécanique l'obligeant à quitter la route principale pour aller chercher un garagiste dans un village retiré. Sur place, et après avoir trouvé un garagiste auprès de laquelle elle s'est renseigné pour savoir où manger et dormir le temps que son véhicule fonctionne à nouveau, elle va, dans le fast-food local, faire la connaissance de Sarah, une excentrique reportrice d'un journal à scandales qui va l'initier à la légende locale ( au cours de quelques flash-backs graphiques) selon laquelle le village aurait été le théâtre de sacrifices humains commis par une secte religieuse dirigée par un prêtre démoniaque qui fût finalement à son tour crucifié et brûlé vif.
Cette mise en situation restera classique avec ce personnage semblant cacher un douloureux secret (le jouet d'enfant mis à la poubelle) arrivant en terre inconnue sous les regards inquisiteurs des autochtones et ainsi l'intrigue ne sera véritablement lancée que lorsque les deux jeunes femmes vont se rendre sur les lieux présumés des sacrifices afin de fournir la matière à l'article de Sarah, pour d'abord inspecter une maison déserte jouxtant le champ de maïs dans lequel elles vont créer un épouvantail pour en faire quelques photos. Mais par "miracle", celui-ci va prendre vie et s'attaquer à Sarah et la tuer de sanglante façon avant de se lancer à la poursuite de Liz. Le métrage va essayer avec un minimum de réussite de créer une ambiance tendue en avançant cette baraque lugubre aux abords parsemés de cadavres de corbeaux morts, tout en jouant avec le spectateur avec quelques effets de surprise plutôt bien envoyés jusqu'à la résurrection de cet épouvantail qui, après quelques meurtres, va poursuivre Liz jusqu'en ville où elle croira avoir trouvé du secours au commissariat.
Ensuite, l'intrigue va prendre une autre tournure, en laissant quasiment son épouvantail sur la carreau, pour suivre l'affrontement que va mener Liz avec les descendants des adorateurs du prêtre démoniaque (aux sermons influencés par la doctrine du Children of the corn d'après Stephen King), ceux-ci croyant d'après la "prophétie" qu'elle est l'élue qui va pouvoir redonner vie au curé brûlé vif, au cours de rebondissements alertes mais hélas bien souvent anticipables jusqu'au final composé de plusieurs chutes graphiques et possédant un semblant d'originalité (les corbeaux), laissant auparavant le soin au métrage d'alimenter également son action avec plusieurs retournements de situation évidents et plusieurs passages sanglants quelque peu graphiques.
Bien entendu, au-delà de son précepte de base recherchant surtout à offrir des possibilités visuelles efficaces (avec ces victimes crucifiées ayant toujours un impact certain), le métrage va s'appuyer sur des développements basiques et régulièrement téléphonés pour mettre en place la résurgence de ce prêtre plus que traditionaliste (dont la seconde partie du film laissera largement à penser qu'il a pactisé avec le Démon) planifiée de façon surnaturelle afin d'introduire Liz dans la ville, la venue de celle-ci étant vraisemblablement attendue, à moins que ce ne soit le fruit du hasard, l'intrigue restant au final floue sur cette perspective après le changement d'attitude des fanatiques tout en laissant présager d'une possible sélection (le tatouage). Mais cet ensemble ne laissera donc que peu de temps à l'épouvantail de service pour tenter de délivrer la moindre tension lors de la partie du film qui restera comme la plus faiblarde dans son classicisme.
Hélas, si le métrage déroulera ses événements sur un rythme régulier et vif, les différentes situations sembleront quand même superficielles (la résurrection de l'épouvantail) et plus qu'opportunistes dans l'avancement de l'intrigue, notamment dans la première partie, même si l'éventualité d'un complot manigançant l'ensemble relativisera cela par la suite, alors qu'ensuite ce seront certains développements qui sembleront bien surfaits (la fillette) même si cela donnera un aspect "touchant" au métrage au milieu de la violence dont fera preuve les villageois aveuglé par leur foi absurde, ce qui permettra au réalisateur de lancer une petite salve contre le fanatisme religieux, flagrante lorsque ceux-ci ne sauront plus quoi faire après l'apparente disparition de leur mentor.
L'interprétation est assez convaincante, avec une Jaimie Alexander (déjà vue dans le Rest stop de John Shiban) crédible et des seconds rôles charismatiques. La mise en scène de David Benullo est dynamique, participant amplement à donner du rythme à l'ensemble, tout en osant quelques plans et travellings audacieux et impactants.
Les effets spéciaux sont ici globalement probants, avec quelques plans sanglants volontaires (les clous enfoncés dans les mains des crucifiés entre autres) mais sans débordement gore, et l'utilisation du numérique (le vol des corbeaux principalement) demeurera visible.
Donc, ce Hallowed ground se suivra facilement et sans ennui, tout en parvenant à captiver un minimum son spectateur.
Le DVD de zone 1 édité par Genius entertainment proposera une image exempte de tout défaut, tandis que la bande-son sera convaincante, avec une partition musicale discrète mais efficace, le métrage n'étant par contre disponible qu'en version anglaise sans aucun sous-titres optionnels.
Au niveau des bonus, il faudra se contenter de la bande-annonce accompagnée par celles d'autres titres de l'éditeur.
Pour ceux qui voudraient découvrir cet épouvantail meurtrier englué dans cette prophétie séculaire, le DVD de zone 1 est disponible ici ou là !
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