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07.01.09

07:15:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Il Divo
Réalisateur : Paolo Sorrentino
Avec : Toni Servillo, Anna Bonaiuto, ...
Durée du film : 1h40
Date de sortie en salles : 31 décembre 2008

Par Emmanuel Pujol

Le Renard, le Pape noir, l’Homme des ténèbres, l’Eternité, le Moloch, le Sphinx, Belzébuth et même le Joli Petit Bossu... Autant de surnoms dont s’est vu affublé à la fois le plus incontournable, le plus mystérieux mais aussi le plus controversé et ambigu des hommes politiques italiens de la deuxième moitié du XXeme siècle, Giulio Andreotti. 7 fois Président du conseil (ce qui, pour faire simple, correspond au poste de Premier Ministre en France), 25 fois ministre, sénateur à vie, cet « animal » politique ne pouvait laisser le cinéma insensible à son parcours et à son histoire.

C’est l’irrévérencieux Paolo Sorrentino qui s’est attelé à cette tâche compliquée qu’est l’écriture et la réalisation d’un film engagé, polémique et sans tabou sur une figure politique encore en vie. Il l’a fait sans déroger à son style habituel : une virtuosité de la mise en scène au service du scénario, un rythme trépidant avec une multiplication de saynètes efficaces mais qui peut laisser pantois et une bande son éclectique (de Vivaldi aux rockers anglais de The Veils en passant par de l’improbable pop allemande des années 80) qui électrise la pellicule. Le tout aidé par l’interprétation plus que parfaite de Toni Servillo - qui collabore pour la 3eme fois avec Sorrentino. Méconnaissable dans la peau d’Andreotti, il en fait une sorte de Nosferatu de la politique, insubmersible et inoxydable, souffrant d’insomnies récurrentes et de migraines carabinées mais insensible à tous les scandales et fervent croyant. A travers ce personnage inquiétant et suave, à l’aspect aussi inoffensif qu’une tortue, le film pose une question essentielle sur le pouvoir: faut-il accepter l’intolérable pour garantir le bien public ? En d’autres termes, le mal est-il justifiable par un intérêt supérieur ?

Il Divo, qui est reparti du festival de Cannes avec un mérité Prix du Jury, est toutefois à réserver aux connaisseurs de l’Italie et de son histoire récente. Il n’est en effet pas inutile d’aller faire quelques recherches sur Internet avant d’aller voir le film afin d’en profiter pleinement. Même s’il s’ouvre sur des rappels concis et utiles de quelques éléments-clés (les brigades rouges, la loge P2, la démocratie chrétienne,…), le spectateur risque vite de se perdre dans les méandres de ces révolutions de palais, de ses assassinats politiques et de ces complots tortueux orchestrés de toutes parts. Le film a aussi une fâcheuse tendance au name-dropping. Il faut vraiment rester concentré pour ne pas perdre le fil de ce ballet grotesque. Évidemment, on peut aussi juste se laisser entraîner et subjuguer par le rythme effréné du film, véritable charge jouissive et d’un baroque consommé contre les politiques véreux, les hommes d’affaire corrompus, le Vatican complice et la Mafia manipulatrice.

Le principal concerné, bientôt 90 ans, aurait vu le film en projection privée et en serait ressorti furieux (ça se comprend…) Il n’a pourtant intenté aucune action en justice pour diffamation contre les producteurs. Comme quoi, au pays de Berlusconi, la liberté d’expression n’est pas un vain mot. C’est sain et rassurant. Que certains cinéastes français s’inspirent de cette audace créatrice italienne serait une excellente nouvelle.

Emmanuel Pujol

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