Par Flo200
Synopsis :
15 ans après la disparition de la petite Francesca, fille du célèbre écrivain, poète et dramaturge Vittorio Visconti, un psychopathe terrorise la population, bien déterminé à nettoyer la ville des "âmes impures et damnées". Devant l'inefficacité des forces de police, les détectives Moretti et Succo sont chargés d'élucider le mystère qui entoure cette série de crimes "dantesques". Tout porte à croire que Francesca est de retour, mais la petite fille que tout le monde connaissait a bien changé...
Mon avis :
Cela fait bien longtemps que le Giallo n'est plus ce qu'il a été, malgré tout depuis quelques années celui-ci semble revenir à la mode avec la ressortie sur supports physiques de nombreux titres souvent d’ailleurs dans des éditions particulièrement soignées, mais aussi avec de nouveaux films rendant hommage à ce style, en provenance de divers pays, souvent étrangers au pays qui l'a vu naître...
Après "Sonno Profondo", qui m'avait personnellement quelque peu déçu, le réalisateur argentin Luciano Onetti nous revient avec un second Giallo sobrement intitulé "Francesca". Même si son premier film, qu’on pourrait plutôt classer dans les Néo-Gialli plus que dans les Gialli purs et durs, m'avait, pour tout vous dire, un peu ennuyé, il comportait tout de même pas mal d’éléments prometteurs laissant présager un avenir meilleur, tout en laissant transparaître un véritable amour pour le genre.
Un amour qui va d'ailleurs se ressentir dès les premiers instants du film avec un générique typiquement giallesque, bercé par une musique magnifique et où transpire qui plus est une atmosphère particulièrement malsaine et dérangeante. Immédiatement les couleurs vives chères à Bava ou Argento nous sautent aux yeux et une tueuse aux gants de cuir rouges commet un meurtre sadique à l’arme blanche... Tant d’éléments typiques du Giallo que cet hommage en deviendrait presque caricatural si on ne ressentait pas le profond respect du réalisateur pour ce style de thrillers ayant particulièrement marqué l'Italie au cours des années 60 et 70.
Commence alors une enquête pour découvrir l'identité et les motivations de cette meurtrière laissant sur les yeux de ses victimes deux pièces de monnaie, tribut sensé permettre leur entrée en enfer... L'étau va alors se resserrer peu à peu autour de certains personnages jusqu’à une révélation assez inattendue, même si on peut se douter de certaines choses lorsqu’on est habitué au style! En tout cas, le réalisateur nous surprend réellement au final avec une scène située à la fin du générique changeant complètement le sens du film.
Pour le reste, le film a plutôt de la gueule, même si on ressent par moments son côté assez fauché et qu’on pourra regretter des meurtres un peu trop vite expédiés. Vu son budget limité, Luciano Onetti a dû faire avec les moyens du bord dans pas mal de domaines et faire notamment appel à la famille et aux amis pour constituer son casting, mais malgré son côté amateur, celui-ci s’en sort plutôt pas trop mal et est dans l’ensemble assez bien choisi. Certaines victimes font même typiquement Giallo! Jeunes, jolies et typées italiennes en somme! Autres points positifs, l’utilisation des décors naturels et le fait que l’on ait vraiment l’impression d’être dans l’Italie des années 70... Là, franchement chapeau!
On notera en revanche quelques petites invraisemblances, mais rien de grave, ne venant en tout cas pas gâcher notre plaisir. L’utilisation de poupées et mannequins est plutôt intéressante, même si cela a déjà été fait, car cela apporte réellement un côté angoissant au film. Quant à l'inspiration dantesque... Pourquoi pas!
Alors qu’avec "Sonno Profondo", Luciano Onetti versait dans le Néo-Giallo expérimental un peu à la manière du couple Hélène Cattet et Bruno Forzani, avec "Francesca", celui-ci nous offre donc un pur Giallo, très classique, mais beaucoup plus accessible, laissant surtout espérer un troisième film qui pourrait enfin nous surprendre vraiment. A suivre...
"Francesca" est sorti le 17 juin 2016 en DVD chez The Ecstasy of Films dans une édition limitée avec fourreau cartonné et jaquette réversible présentant le film au format 2.35:1 16/9ème compatible 4/3 avec piste audio italienne en Dolby Digital 5.1 accompagnée de sous-titres français, anglais et espagnols. Comme à son habitude, l'éditeur nous gâte en suppléments avec un entretien avec Luciano et Nicolas Onetti (19'), les coulisses du tournage (13'46"), un générique de début alternatif (3'16"), une scène cachée qui s’avère être la scène située à la fin du générique (1'57"), la bande-annonce originale (1'38"), une galerie photos (4'09") et des bandes annonces du catalogue de l'éditeur composé de celles de "Macabro", "Zeder" et "Qui l'a vue mourir ?" (7'51"). Enfin, il est à noter que l’éditeur nous propose également le film avec piste musicale isolée...
Titre du film : The strangers
Réalisateur : Na Hong-Jin
Année : 2016
Origine : Corée du Sud
Durée : 2h36
Par Nicofeel
Après The chaser (2008) et The murderer (2010), le cinéaste sud-coréen Na Hong-Jin revient aux affaires avec sa nouvelle oeuvre, The strangers. Son nouveau film a même eu droit aux honneurs du festival de Cannes, où il a été présenté "hors compétition".
Si Na Hong-Jin met en scène à nouveau un thriller, celui-ci se situe clairement dans une autre dimension, par rapport à ses précédents films. The chaser et The murderer constituent d’excellents thrillers urbains, mais dont le scénario est relativement balisé. Avec The strangers, l’action du film se déroule désormais à la campagne, qui constitue à elle seule quasiment un personnage à part entière du film. Et puis ce long métrage ne touche pas à un genre mais à plusieurs : on est tout aussi bien dans le thriller, le film de zombies, la satire de mœurs, le drame familial, le film de vengeance, le film d’exorcisme.
Au départ, avec une série de meurtres qui ont lieu dans un petit village, le spectateur pense qu’il a affaire à une enquête policière, dans le style de Seven de David Fincher ou du très bon film sud-coréen Memories of murder de Bong Joon-Ho. Que nenni. Le « héros » du film, Jong-Gu, un policier fainéant, couard et peu impliqué dans son travail, ne tarde pas à comprendre qu’il se passe des choses mystérieuses. Les morts se révèlent effroyables – la violence est une thématique récurrente du cinéma de Na Hong-Jin – et les personnes soupçonnées en la matière, ont des yeux révulsés et une maladie de peau, les faisant passer pour des zombies.
Au même titre que Jong-Gu est perdu et n’arrive pas à faire le lien avec ce qui se passe, le spectateur est baladé pendant les 2h36 du film. Avec une grande rigueur au niveau de sa mise en scène, le réalisateur sud-coréen égare le spectateur dans cette communauté rurale où l'on ne sait pas bien où l'on peut se trouver.
Il est fortement conseillé de mettre de côté toute considération cartésienne, car ce long métrage se plaît à naviguer dans le surnaturel. Les fantômes – à moins qu’il ne s’agisse de morts-vivants – rendent visite aux humains et surtout les démons sont de la partie. Plusieurs personnes semblent envoûtées, y compris la propre fille de Jong-Gu. Ce dernier multiplie donc les solutions pour tirer sa fille d’un mauvais pas : la religion catholique par la présence d’un prêtre mais aussi un chaman qui en appelle aux forces de la nature.
Rapidement, Na Hong-Jin donne l’impression de surfer sur les traces de L’exorciste. The strangers se fait l’écho de quelques excès de folie, dignes de l’oeuvre de Friedkin. Le spectateur devient même le témoin d’une étrange scène de transe, où tous les sens sont mis en éveil. Na-Hong Jin a la bonne idée de procéder à un astucieux mélange alterné, avec magie blanche et magie noire qui se répondent coup pour coup. La scène est assez impressionnante, et marque durablement la rétine. Sûrement plus d’ailleurs que la scène phare de désenvoûtement dans L’exorciste. Une fois cette scène terminée, on peut penser qu’on va d’autant plus facilement reprendre le fil de l’histoire. Encore une fois c’est raté. C’est plutôt l’inverse qui se produit. Cette scène peut même être vue comme la césure entre l’aspect purement policier du long métrage et la suite où l’on nage, comme Jong-Gu, dans des eaux totalement inconnues.
Le réalisateur se plaît d’ailleurs à jouer sur les rapports complexes existant entre la Corée du Sud et le Japon, qui a occupé la Corée du Sud jusqu’en 1945. Il subsiste actuellement chez certains Sud-Coréens un sentiment de haine vis-à-vis des Japonais. Tout comme avec leurs voisins de la Corée du Nord. Na-Hong Jin laisse au spectateur le soin de juger des rapports entre Sud-Coréens et Japonais. Toujours est-il que cela n’est pas un hasard si le « héros » s’en prend à un ermite japonais, alors qu’il ne dispose d’aucun commencement de preuve. Le Mal, qui est présent d’un bout à l’autre du film, a sans doute pris cette apparence pour mieux tromper notre protagoniste. Les actes de Jong-Gu ne sont-ils pas le reflet d’une vengeance aveugle ? La question mérite d’être posée. D’autant que les éléments de réponse peuvent être multiples.
Dans un dernier acte où il brouille encore plus les cartes avec des rebondissements à la chaîne, Na-Hong Jin déplace définitivement l’intrigue d’un courant rationnel vers des contrées inattendues. Tout est sujet à une remise en question, alors que les twists ne cessent de pulluler : la dame blanche, clin d’oeil aux films de fantômes asiatiques, est-elle un ange ou un démon ? De quel côté se situe le chaman ? Qui est cet étrange ermite ?
A la fin, on ne sait plus du tout où on en est. C’est comme si cette succession de twists était le résultat de la propagation du Mal, qui aurait gagné tout le village.
Œuvre totalement atypique, imprévisible, déroutante, The strangers est sans doute le film le plus ambitieux de son auteur. En dépit de sa relative longue durée (2h36), on ne voit pas le temps passer. Le film est toutefois destiné à des spectateurs ouverts d’esprit, car on sort clairement des sentiers battus.
Titre du film : Blair Witch
Réalisateur : Adam Wingard
Année : 2016
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h29
Avec : Callie Hernandez, Brandon Scott, Valorie Curry, James AllenMcCune, Corbin Reid, Wes Robinson
Par Nicofeel
En 1999, les réalisateurs Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, alors totalement inconnus, avaient réussi un coup de maître avec leur premier long métrage, Le projet Blair Witch. Nanti d’un budget initial de 60 000 dollars, ce film a rapporté la bagatelle de 250 millions de dollars dans le monde entier.
Même si Le projet Blair Witch est considéré aux yeux de certains comme un film « malin », il faut tout de même lui reconnaître le mérite de générer chez le spectateur un sentiment de peur avec seulement trois bouts de ficelles (des sons étranges, des pierres disposées d’une certaine façon, etc.). Tout se passe hors champ, et l’imaginaire accentue ce sentiment de peur.
Le projet Blair witch a tellement bien marché qu’il a suscité une vague entière de rejetons, dont la maigreur du scénario était compensée par ce filmage en « found footage ». Cela étant, il est utile de rendre à César ce qui appartient à César. Ainsi, des cassettes retrouvées un peu miraculeusement justifiant le visionnage d’un « faux documentaire » ne datent pas du projet Blair Witch mais de Cannibal holocaust (1980).
Le projet Blair Witch est devenu un standard d’un sous-genre horrifique, comme l’avait été en son temps Scream (1996) qui avait relancé la mode du slasher.
En revanche, on peut légitimement s’interroger sur l’intérêt de faire une suite du projet Blair Witch, qui a plutôt des allures de remake. La paresse des scénaristes à Hollywood ? Sans doute. L’appât du gain ? Probablement. Quoi qu’il en soit, les producteurs ont tout de même mis aux commandes de ce Blair Witch un certain Adam Wingard, réalisateur connaissant bien le genre, puisqu’il s’était fait connaître en 2013 avec l’efficace film d’horreur You’re next.
Malheureusement, son remake du projet Blair Witch est un échec cuisant, où un minimum d’indulgence est nécessaire pour y trouver des sources d’intérêt. Dans cette fausse suite du film original, le frère d’Heather, une des disparues du projet Blair Witch, part à la recherche de sa sœur dans la forêt de Black Hills, avec des amis et des guides rencontrés quasiment sur place.
Profitant des nouvelles technologies existantes, le film fait l’étalage de toutes les nouvelles sources de filmage. Outre des petites caméras vidéo, on a droit à des smartphones et même un drone, pour des prises de vue donnant de la hauteur à l’ensemble. Mais tout ça c’est bien beau, cela ne fait pas pour autant un film. On s’ennuie sérieusement pendant toute la première partie de ce long métrage où il ne se passe réellement pas grand-chose.
Le principal reproche à faire à ce Blair witch est d’être parti dans une mauvaise direction, d’entrée de jeu. Le projet Blair Witch s’était avéré efficace par une approche suggestive, en dépit d’une économie de moyens. Dans ce remake, on voit pratiquement tout à l’écran. Le spectateur n’a donc rien à imaginer dans sa tête. Et puis, dans la surenchère, Adam Wingard en fait des tonnes : il y a beaucoup plus de personnages que dans le film initial, à tel point qu’ils n’ont aucune consistance et que l’on se moque de leur destinée ; on assiste à des signes de plus en plus visibles de la sorcière, ne laissant aucun doute sur l’issue finale ; il se met en place une surenchère de violence qui n’est pas d’une grande finesse. A cet effet, on sera surpris de constater que l’une des héroïnes, pourtant handicapée par une jambe purulente, escalade un arbre en pleine nuit avec une facilité déconcertante. On se demande s’il ne faut pas rire devant cette scène ridicule. Au moins, cette séquence retient l’attention du spectateur.
Ce qui n’est pas le cas du reste de ce Blair Witch où l’on n’a jamais peur. Ce qui est tout de même dommageable pour un film censé traumatiser le spectateur.
Les plus courageux, ceux ayant bravé l’ennui et l’indifférence pour regarder le film jusqu’à la fin, seront toutefois récompensés de leurs efforts. Car les dix dernières minutes sont clairement les plus abouties. Si l’on accepte le paradigme selon lequel les personnages vont tout droit dans la gueule du loup, restent quelques moments de trouille plutôt bien sentis. La cabane de la sorcière est assez effrayante en soi et le côté labyrinthique de l’ensemble fonctionne parfaitement. A tel point que l’on peut y voir une représentation psychique du mal de la part de nos protagonistes ? Enfin, sur ce point, pas sûr qu’Adam Wingard ait pensé à tout cela.
Toujours est-il que Blair Witch se termine bien mieux qu’il n’a commencé, avec enfin quelques scènes d’horreur dignes de ce nom. Pour autant, c’est tout de même bien peu pour sauver du naufrage un remake totalement décevant.
Seuls les spectateurs ne connaissant pas l’original et tous les films en found footage écrits sur le même modèle, sont en mesure d’apprécier ce produit commercial bien trop calibré et inoffensif. Mais de tels spectateurs existent-ils, ou sont-ils une légende, comme la fameuse sorcière… L’histoire ne le dit pas.
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