Archives pour: Août 2016

20.08.16

07:15:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Rosalie Blum
Réalisateur : Julien Rappeneau
Année : 2016

Origine : France
Durée : 1h35
Avec : Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz, Anémone, Philippe Rabbot
Par Nicofeel

Habitué jusque-là au rôle de scénariste (Largo Winch 1 et 2, Cloclo), Julien Rappeneau, fils de Jean-Paul, réalise avec Rosalie Blum son premier long métrage. Il adapte à cet effet la bande dessinée éponyme de Camille Jourdy.
Rosalie Blum est un film marqué du sceau de la sensibilité. Dès le départ, on nous présente le personnage de Vincent Machot, un trentenaire réservé, totalement au service de sa vieille mère possessive. Alors qu'il est désespérément seul dans sa vie, il est intrigué par une femme qu'il aperçoit par hasard dans la rue. Il s'agit évidemment de Rosalie Blum. Vincent a l'impression de la connaître (le final du film nous dira en quoi c'est le cas). Elle l'intéresse tellement qu'il la suit partout, à tel point que ça en devient quasi maladif.
Si le film n'est pas directement tourné vers la comédie, il réserve malgré tout de bons moments de rigolade. Il faut voir le pauvre Vincent suivre maladroitement Rosalie, dans ses moindres faits et gestes, que cela soit sur son lieu de travail à la supérette du coin ou à l'église où elle chante. On n'a pas vraiment affaire au roi de la filature. Loin s'en faut ! Rosalie l'a d'ailleurs remarqué depuis un moment.
C'est alors qu'intervient un amusant et inattendu renversement de situation. On a droit à l'arroseur arrosé ou plutôt au suiveur suivi. Rosalie Blum, également seule dans la vie, se plaît à avoir un mystérieux suiveur à ses basques. Avec la complicité de sa nièce, Aude, elle prend le parti de le faire suivre !

Rosalie Blum


Le film oscille dès lors dans deux directions a priori antinomiques et pourtant complémentaires : la comédie et le drame. La comédie est à l'oeuvre par le biais des différents stratagèmes utilisés par Rosalie Blum pour découvrir qui est ce Vincent Machot et quelles sont ses motivations. Aidée de son fantasque voisin et de ses copines, Aude monte une véritable équipe pour pister Vincent. Leurs découvertes seront à la hauteur des délires sur Vincent (« c'est peut-être un psychopathe »). La rencontre avec la mère un peu fofolle de Vincent, donne lieu à une scène délirante.
Et puis, à l'instar de 500 jours ensemble, le réalisateur Julien Rappeneau a eu la bonne idée de redistribuer les cartes – de la même façon que l'arroseur se retrouve arrosé – en changeant de perspective par le biais d'astucieux flashbacks. En effet, on revoit certaines scènes mais d'une autre façon, ce qui apporte des éléments de réponse. On se croirait presque dans un Cluedo sur le mode humorstique (la vérité sur l'étrange pratique dans la forêt vaut son pesant d'or).
Toutefois, Rosalie Blum n'est pas une comédie. Il y a une dimension sensible, dramatique, qui constitue un de ses piliers. D'abord, il y a l'évident besoin pour Vincent, qui a repris le salon de son père, et qui vit dans le même immeuble que sa mère, de couper le cordon avec cette dernière. Son intérêt pour Rosalie Blum et pour les personnes qu'il va rencontrer, est une façon de s'accorder un nouveau départ. Ensuite, il y a tout le passé de Rosalie Blum qui refait surface progressivement. Un passé lourd qu'il est difficile d'affronter. Le film est fort dans le sens où il montre que cette femme a du mal à se reconstruire suite à des événements dramatiques qu'elle a connu autrefois.
Pourtant, quand la comédie et le drame se rencontrent, on a droit à un florilège d'émotions, avec ces êtres seuls, cabossés par la vie, parfois laissés-pour-compte ou tout comme (Aude et son voisin), prêts à un nouveau départ.

Rosalie Blum

La distribution du film est formidable. Noémie Lvovsky est impeccable dans le rôle de l'étonnante et mystérieuse Rosalie Blum. Quant à Kya Khojandi, cet acteur peu connu est parfait en Vincent Machot, un homme timide qui souhaite plus que tout s'émanciper et vivre une autre vie. Mais dépasser sa timidité, est souvent bien plus facile à dire qu'à faire. Le film réserve tout de même de beaux moments de tendresse, et même d'amour. Eh oui ! Mais revenons au casting. La mignonne Alice Isaaz, vue dans La crème de la crème de Kim Chapiron, interprète de façon franche et directe le rôle de Aude. Les seconds rôles sont également à la fête : que ce soit Anémone, plus piquante que jamais dans le rôle de la mère de Vincent, dont la folie n'a d'égale que l'originalité. Et que dire de Philippe Rabbot, le compagnon dans la vie de Romane Bohringer, interprétant tout naturellement le personnage du délirant voisin de Aude, fan d'animaux et disposé à plein de bizarreries dans le cadre de son « travail »...
Sensible, drôle et touchant, Rosalie Blum est un beau film qui donne forcément envie de lire le roman graphique de Camille Jourdy.

Rosalie Blum

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18.08.16

00:11:11, Cat�gories: Nouveautés, Test / Critique  

Par Flo001fg

Synopsis :

Ce documentaire suit l’apnéiste quadruple champion du monde, le monégasque Pierre Frolla, dans un voyage de 51 jours. Parcourant les océans (indien, pacifique, atlantique et mer méditerranée) et en compagnie d’une tribu de Nouvelle-Calédonie, le plongeur nous fait découvrir les plus beaux spots de plongée du monde.

Mon avis :

En 1988, Luc Besson popularisait avec "Le Grand Bleu", une discipline sportive jusque-là peu connue du grand public, la plongée en apnée! Si le film se concentrait pas mal sur les exploits sportifs de Jacques Mayol et Enzo Molinari (personnage inspiré en réalité d’Enzo Maiorca), il montrait déjà également les rapports très particuliers que ces plongeurs entretiennent souvent avec la nature et bien évidemment tout particulièrement avec le milieu marin...

Avec "Le temps d'une apnée", le réalisateur Philippe Gérard nous propose un film documentaire suivant l'apnéiste quadruple recordman du monde Pierre Frolla durant 51 jours à travers ses plongées dans la mer méditerranéenne et les océans indien, pacifique et atlantique. Dans ce film d'un peu moins d'une heure donc, l'on perçoit pleinement l'amour qu'a le plongeur pour son environnement de prédilection (les océans en l’occurrence) et pour ses habitants.

On va le suivre ainsi dans son école de plongée avant que celui-ci nous entraîne à la rencontre des cachalots, des requins-tigres ou encore d’une murène avec qui il aura un contact pour le moins surprenant. Le documentaire nous offre, comme on peut s'en douter, des images absolument magnifiques, mais il faut dire que le réalisateur a su s'entourer, faisant notamment appel à René Heuzey ("Océans") en tant que directeur de la photographie. D’ailleurs, le film a remporté le prix de la meilleure image au festival du film de Corée du Sud, un prix amplement mérité.

En revanche, on pourra déplorer le fait que ce documentaire apparemment filmé à l’origine en 3D, ne nous soit pas proposé dans une édition nous permettant de bénéficier du relief... On n’a en effet le droit qu’à une simple édition DVD, même pas une édition Blu-ray qui aurait tout de même pu mettre en valeur les splendides images du film. Quel dommage! Mais, bon ne boudons pas notre plaisir, c’est déjà pas mal de pouvoir avoir ce documentaire sur support physique à l’heure où la plupart des gens ne jurent que par la dématérialisation.

"On A Long Breath" (Oui, le film est plus connu sous ce titre!) nous fait voyager et surtout rêver grâce à ses images magnifiques et rien que pour cela il vaut le détour, mais en plus il nous montre la plongée en apnée sous un angle nouveau et ça, c’est plutôt sympa également et intéressant!

"Le temps d'une apnée" est sorti en DVD le 16 août 2016 chez Factoris Films dans une édition proposant le film au format 1.78:1 16/9ème compatible 4/3 avec piste audio française Dolby Digital 5.1. Comme à son habitude, l'éditeur nous offre en plus la copie digitale du film en illimité en version française 2.0 AAC. En revanche, aucun bonus ne nous est ici offert...

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17.08.16

13:12:33, Cat�gories: Test / Critique  

Par Flo001fg

Synopsis :

Robert McCall, après des années dans les services secrets américains, met son expérience au service des plus faibles. Grâce à ses contacts et réseaux acquis pendant son passé d’espion, il devient le justicier des opprimés de New York qui font appel à lui. Son nom de code : l’Equalizer. Implacable, solitaire et sans pitié envers les criminels, il espère expier ses actions passées en aidant ses concitoyens...

Mon avis :

Si c'est avant tout évidemment la récente adaptation en film par Antoine Fuqua avec Denzel Washington qui a remis en lumière cette série tombée quelque peu dans l'oubli, la seule vue du génial et oppressant générique de "The Equalizer" nous replonge aux fins fonds de nos souvenirs et nous rappelle à quel point cette série policière était sympa...

Créée par Richard Lindheim ("B.J. and the Bear") et Michael Sloan ("L'homme au katana", "Alfred Hitchcock présente", "Kung fu, la légende continue"), la série "The Equalizer" capte immédiatement notre attention grâce à un premier épisode pilote mêlant plusieurs intrigues, mis en scène de façon dynamique et au montage particulièrement efficace.

Malgré un rythme soutenu, on a déjà le temps de s'attacher au personnage principal de la série, Robert McCall, interprété par Edward Woodward ("The Wicker Man", "Callan", "1990", "Les nouveaux professionnels"), un ancien agent des services secrets américains à la retraite, qui monte une petite agence pour aider les personnes en détresse. Il faut dire que c'est un personnage généreux, mais qui a aussi des failles et notamment par son passé où il a notamment pas mal délaissé sa famille. Son personnage est d'ailleurs assez étonnant, car si l'action se déroule à Manhattan, lui, ferait plutôt anglais de par son flegme, sa classe, mais également sa voiture, puisqu'il roule toujours en Jaguar...

Avec "L’Enlèvement", le deuxième épisode, on retombe dans un schéma plus classique, avec une seule intrigue et aucune incursion dans la vie privée de notre héros. L'intrigue tient toutefois la route et on reste totalement imprégné par la série. Comme dans l'épisode pilote, on retrouve ici dans le rôle du lieutenant Jefferson Burnett, l'acteur Steven Williams ("The Blues Brothers", "Vendredi 13 : Jason va en enfer", "Los Angeles Heat"), bien connu pour son rôle du Capitaine Adam Fuller dans la série "21 Jump Street".

Dans "Le Transfuge", le troisième épisode, on retrouve une structure d'épisode plus proche de l'épisode pilote, avec une double intrigue, dont une qui ramènera notre héros dans son passé d'agent secret avec une histoire classique d’espionnage sur fond de guerre froide. Dans cet épisode, on notera la présence de Robert Joy ("Recherche Susan désespérément", "La part des ténèbres", "Waterworld", "La colline a des yeux", "Les experts: Manhattan") dans le rôle de Jacob Stock, un agent secret qui réapparaîtra par la suite à plusieurs reprises dans la série.

"La Grande Ville", le quatrième épisode, pourrait presque tourner à la comédie tant la petite famille au coeur de cet épisode semble avoir la poisse, mais au final il s'agira d'une sordide histoire de prostitution, qui ôtera vite le côté presque comique du début de l'épisode. Dans cet épisode, on remarquera quelques têtes bien connues et notamment celle de J.T. Walsh ("Good Morning, Vietnam", "Des hommes d'honneur", "Last Seduction", "Pleasantville") dans le rôle de Sam Griffith, le père de famille ou encore celle de Lori Petty ("Booker", "Point Break", "Sauvez Willy", "Tank Girl") dont c'était ici le premier rôle.

"Police en jupon", le cinquième épisode, bien que très classique, est vraiment pas mal également avec une histoire de flics ripoux, signée entre autres par Kathryn Bigelow ("Aux frontières de l'aube", "Blue Steel", "Point Break", "Strange Days", "Démineurs") et parmi lesquels on remarquera l'acteur Will Patton ("Le client", "Armageddon", "Le plus beau des combats", "24 heures chrono"), mais également Esai Morales ("Bad Boys", "La Bamba", "Rapa Nui").

Le sixième épisode, intitulé en version française "Le Piège", permet quant à lui de retrouver l'acteur Burt Young ("Tueur d'élite", "Le Convoi", "Le Pape de Greenwich Village"), le mythique acteur de la saga "Rocky", bien connu pour son rôle de Paulie Pennino, dans un rôle de loser qui lui va à merveille...

Avec "Un week-end à la campagne", on s'éloigne quelque peu en revanche du concept original de la série, puisque cette fois notre héros va se retrouver directement concerné par l'action, car son fils, qu'on aura le plaisir de retrouver (puisqu'il n'était jusque-là que dans l'épisode pilote!) et lui, vont se retrouver à devoir se défendre bien malgré eux contre l'attaque de trois individus voulant faire taire une jeune femme qu'ils vont croiser lors d'un petit week-end à la campagne... Un épisode en tout cas haletant où l'on croisera notamment dans un petit rôle de docteur, l'acteur Ed O'Neill ("Wayne's World", "La prisonnière espagnole", "Bone Collector", "Modern Family") bien connu pour son rôle d'Al Bundy dans la série "Mariés, deux enfants"...

L'épisode suivant, "Carla" va directement ramener McCall dans son passé, puisque cette fois il va devoir protéger son ancien amour avec la complicité de son concurrent direct, lui aussi ancien amoureux de la dame et chargé malheureusement de l'éliminer. Du coup, ce dernier va charger notre héros de contrecarrer ses propres plans tout en laissant croire à ses commanditaires qu'il n'était pas au courant... Un bon épisode encore où l'on notera la présence notamment de Saul Rubinek ("Le Bûcher des vanités", "Impitoyable", "True Romance", "Warehouse 13").

S'en suit "Le Fils modèle", un épisode de bonne facture également dans lequel notre héros va ressouder les liens d’une famille désunie en aidant un fils de bonne famille tombé dans le trafic de drogue. Quelques têtes connues dans cet épisode également et tout particulièrement Christine Baranski ("Birdcage", "Le Grinch", "Chicago", "Mamma Mia!") et dans un petit rôle de voyou, Billy Wirth ("Génération perdue", "Les contes de la crypte", "Body Snatchers, l'invasion continue") que j'avais beaucoup aimé à la fin des années 80 dans l'excellent "War Party" de Franc Roddam avec Kevin Dillon, un film qui mériterait vraiment de ressortir un jour en DVD...

Dans "Embuscade", Robert McCall va être confronté cette fois à un justicier ; un épisode également sympa, mais où finalement le personnage du justicier ne semble pas suffisamment exploité. Un peu dommage, mais l'épisode présente toutefois d'autres qualités! On aura notamment le plaisir de retrouver l'acteur Keith Szarabajka ("Un monde parfait", "The Dark Knight: Le chevalier noir", "Argo") dans le rôle de Mickey Kostmayer, venant ici pour la deuxième fois prêter main forte à notre héros et dont le personnage deviendra récurrent par la suite dans la série, ce qui est ma foi plutôt une bonne chose, car son personnage est assez attachant. Dans cet épisode, on notera enfin la présence anecdotique, mais toujours remarquée du rocker Meat Loaf ("The Rocky Horror Picture Show", "Wayne's World", "Fight Club")...

Enfin, on finit cette première partie de la première saison avec "Par désœuvrement", un épisode assez intéressant, montrant un Robert McCall souffrant d'une bonne crève, ce qui rend le personnage évidemment plus humain et dans lequel il va se confronter à un tueur professionnel aux goûts assez particuliers... Et c'est Blanche Baker ("Seize bougies pour Sam", "Blue-Jean Cop", "The Girl Next Door") qui va ici faire les frais de ce tueur détraqué excellemment interprété par Ray Sharkey ("La taverne de l'enfer", "Sans pitié", "Un flic dans la mafia"), un acteur malheureusement disparu bien trop jeune puisqu'il décéda à l'âge de 40 ans et qui connut un destin assez tragique puisqu'il tomba dans la drogue et attrapa le virus du SIDA en raison d'une aiguille contaminée...

Un très bon début de série en tout cas qui donne immédiatement envie de voir la suite!

Ce volume 1 de la première saison de la série "The Equalizer" est sorti le 22 octobre 2014 chez Elephant Films, mais un coffret de l’intégrale de la série est annoncé pour le 5 octobre 2016. Ce premier coffret présente une image au format 1.33:1 4/3 avec pistes audio française et anglaise Dolby digital 2.0 et sous-titres français sur la vo. Par contre, seules quelques bandes annonces d’autres séries éditées par l’éditeur sont proposées en guise de bonus.

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12.08.16

07:16:33, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Frankenstein
Réalisateur : Bernard Rose
Année : 2016
Origine : Etats-Unis

Durée : 1h30
Avec : Xavier Samuel (le monstre), Carrie-Ann Moss (Elizabeth), Danny Huston (Victor), Tony Todd (Eddie), etc.

Par Nicofeel

Frankenstein a été présenté lors de différents festivals (Gérardmer, Neuchâtel, Bruxelles). C'est à Bernard Rose que l'on doit des films singuliers tels que Paperhouse (1988) et bien évidemment le célèbre Candyman (1992). Le voir aux commandes d'une version actualisée de Frankenstein est donc plutôt une bonne nouvelle.
En effet, il paraît primordial d'avoir un réalisateur doté d'idées très personnelles pour monter un projet sur un mythe ayant fait l'objet de moults adaptations : que ce soit la version humaniste de James Whale (1931), la version érotico-gore de Paul Morissey (Chair pour Frankenstein), les versions gothiques de la Hammer ou encore la version assez gore de Kenneth Branagh, Frankenstein est sans conteste une des histoires de monstres les plus populaires.
Dès lors, on se demande bien ce que pourra apporter la version de Bernard Rose. Avec toute l'affection qu'il a pour les exclus de la société, le cinéaste britannique a eu la bonne idée de se rapprocher de la version de James Whale, en la transposant à notre époque actuelle.
Et ce réalisateur a changé de manière intelligente plusieurs données du mythe. Cette fois-ci, le monstre de Frankenstein n'est pas créé à l'aide de membres de différents morts. Non, cette fois-ci c'est l'avancée de la science qui a permis sa création.
A cet effet, tout au long de son film, Bernard Rose n'aura de cesse de s'interroger sur le lien entre le créateur et sa créature, à l'instar de Blade Runner. A la base, pour les croyants, c'est Dieu qui a créé les hommes. Si des chercheurs s'arrogent ce droit, c'est toute la chaîne de la nature qui est remise en cause. Bernard Rose fustige une science qui va loin dans ses expériences, dont les résultats peuvent s'avérer dangereux. C'est bien l'homme qui a créé ce monstre.

Pour autant, il ne faut pas s'y tromper. Si la star du film est le fameux « monstre » de Frankenstein, le véritable monstre c'est bien la société humaine. Ce que nous expliquait déjà jadis James Whale dans sa sublime adaptation de la nouvelle de Mary Shelley (1797 – 1851). Une société qui n'accepte pas ce qu'elle ne connaît pas. L'étranger est au cœur du film, puisque cet être non humain est pourchassé par autrui. Les meurtres qu'il commet ne sont qu'un processus d'auto-défense pour cette créature sans cesse rejetée par le monde qui l'entoure. Ses représailles sont violentes, mais sont finalement à l'image des attaques ou des rejets en règle des humains qu'il ne cesse de subir.
L'un des apports fondamentaux de cette version de Bernard Rose est d'avoir doté le monstre de l'intelligence d'un enfant, comme s'il venait tout juste de naître. L'idée est intéressante, puisqu'elle permet d'expliquer les réactions du monstre. Et puis, pour apporter une empathie envers notre « anti-héros », Bernard Rose a inclus une voix off, qui n'est autre que la réflexion du « monstre ». Le spectateur comprend alors ce qu'il ressent et quelles sont ses envies, ses déceptions. Le monstre, tel qu'il se décrit lui-même, a conscience de sa laideur extérieure et du fait qu'il n'est pas le bienvenu dans cette société. Plus que jamais, il s'interroge sur ses origines. « Qui suis-je ? » demande-t-il à plusieurs reprises.
Avant d'obtenir l'explication qu'il souhaite, ce monstre va connaître un parcours douloureux, qui s'apparente clairement à un chemin de croix. D'ailleurs, la parenté avec le Christ paraît évidente, puisque, comme lui, il finit par ressusciter et comme lui, il va avoir un destin funeste. Et puis, de la même façon que le Christ, le monstre de Frankenstein trouve comme amis (ses seuls) des exclus de la société, des laissés-pour-compte. En trouvant du réconfort auprès d'un clochard aveugle (joué par Tony Todd, l'interprète de Candyman) ou en fréquentant une prostituée, le monstre exprime tout l'intérêt que le réalisateur a pour ces gens, considérés par certains comme de véritables parias.
A l'instar de Paperhouse ou Candyman, Frankenstein contient plusieurs scènes oniriques, fort réussies, qui sont tout bonnement la matérialisation des rêves du monstre. Preuve que cet être n'est pas seulement la création de savants fous. Il est bien doté d'une âme. Sinon, il ne pourrait pas rêver.
Xavier Samuel interprète d'ailleurs avec beaucoup d'émotion le rôle du monstre, demeurant presque aussi marquant que jadis Bela Lugosi. Il exprime parfaitement la souffrance d'un être rejeté. On appréciera également de retrouver l'actrice Carrie-Ann Moss, dans le rôle de la « mère » du monstre. Elle fait preuve elle aussi de beaucoup de sensibilité au niveau de son jeu.
Peu de défauts sont notables dans cette œuvre. Tout au plus on pourra reprocher à Bernard Rose des références trop appuyées au mythe original, avec par exemple l'utilisation des mêmes noms que la nouvelle de Mary Shelley. Il n'était pas franchement nécessaire que le créateur s'appelle Victor Frankenstein. A l'image du titre du film, le spectateur aurait pu faire aisément le lien.
Heureusement, ces menus défauts n'annihilent pas le plaisir à voir ce long métrage qui aurait mérité amplement une sortie en salles par les circuits traditionnels.

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10.08.16

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : American nightmare 3 : elections
Titre original : The purge : election year
Réalisateur : James DeMonaco
Année : 2016

Origine : Etats-Unis

Durée : 1h50
Avec : Frank Grillo (Sergent), Elizabeth Mitchell (Charlie Roan), Mykelti Williamson (Joe Dixon), etc.

Par Nicofeel

American nightmare 3 : elections constitue le troisième volet de la saga American nightmare. Après un premier opus convaincant et un second sentant bien trop le réchauffé, que vaut ce troisième épisode ? Clairement, on tient là le meilleur de la série.
On se retrouve à nouveau avec cette idée terrifiante : pour juguler la violence, les autorités américaines – désignées comme les nouveaux pères fondateurs - ont décidé qu'une fois par an, pendant 12 heures, toutes les activités criminelles seraient légalisées. Cet événement se nomme la purge (titre du film en anglais). Tout simplement.
L'attrait de ce troisième volet tient à deux raisons : un scénario plus élaboré que les précédents films et des considérations tout à la fois sociales et politiques bien senties.
Dans American nightmare 3, on se situe en 2025, à quelques semaines de l'élection présidentielle comme dans la vraie vie en cette année 2017. Pure coïncidence ? On a du mal à y croire. Surtout que le point de vue du réalisateur James DeMonaco paraît assez clair. Il critique à tout-va cette société fictionnelle (on espère qu'elle le reste à jamais) où la purge est un dessein politique et économique. La purge permet à des riches de s'en prendre à des pauvres. Surtout, elle donne une légitimation à une société américaine ultra sécuritaire, manifestement pas remise des attentats du 11 septembre 2001. De là à y voir un lien avec le programme de l'actuel candidat républicain à l'élection présidentielle, Donald Trump, il n'y a qu'un pas, que chacun peut franchir.

Surtout que comme à notre époque actuelle, les nouveaux pères fondateurs profitent de la purge pour s'en prendre à une femme, bien placée d'après les sondages, pour obtenir la présidence des Etats-Unis, à l'instar d'Hillary Clinton. Cette femme, c'est la sénatrice Charlie Roan, une partisane de la suppression de la purge. On comprend donc qu'elle ait beaucoup d'ennemis qui souhaitent mettre fin à ses jours.
A l'instar d'un film de Carpenter – on pense par moments à Assaut – American nightmare 3 comporte plusieurs scènes d'action bien « carrées » où Charlie Roan fait l'objet de toutes les attentions. Ce long métrage évite d'être redondant, défaut constaté dans American nightmare 2. En effet, les lieux d'action sont très différents et on assiste à de nombreux retournements de situation. On suit avec intérêt les événements vécus par Charlie Roan et son garde du corps. La mise en scène et la photographie du film sont bien plus soignées que dans les précédents opus. On voit très bien ce qui se passe et il y a une continuité au niveau des séquences.
Dans ces scènes d'action, on regrettera uniquement quelques ralentis, totalement inutiles, et une volonté de donner à la purge un côté spectacle, qui n'est pas franchement le bienvenu. On aurait préféré au contraire plus de tension. Mais ces défauts restent heureusement mineurs.
D'autant que les qualités du film ne se limitent pas à un bon scénario et à une critique ouverte de la politique. C'est aussi un long métrage s'interrogant constamment sur les aspects sociétaux de la purge. Car la légitimation du crime donne lieu à des dérives graves. C'est tout sauf anodin si l'un des personnages du film déclare que la purge « c'est Halloween pour les adultes ». Cette déclaration est symptomatique du mode de pensée de nombre d'Américains. Contrairement à ce que pensent certains, la violence n'est pas un jeu que l'on peut pratiquer librement comme dans un jeu vidéo ou en regardant un film. Légitimer la violence, voire même la rendre nécessaire (la journée de la purge) est le résultat d'une société qui s'enfonce progressivement dans un système archaïque et totalitaire. Exit la démocratie.
On a l'impression de se retrouver dans une sorte d'Hostel où des riches payent pour massacrer des gens, juste pour leur plaisir personnel. Dans cet ordre d'idée, dans American nightmare 3, on évoque un début de tourisme criminel avec des étrangers venant en masse du monde entier, lors de la journée de la purge, pour tuer gratuitement des gens. L'idée fait vraiment froid dans le dos. Car in fine la purge est détournée de son objet initial : à la base, elle était justifiée par la volonté de faire baisser la criminalité. Ici, elle transforme la société américaine en gigantesque safari où l'homme peut satisfaire ses plus bas instincts en tuant ses congénères. Et comme souvent, ce sont les pauvres et les faibles qui en payent le prix fort.
Au niveau de la distribution, la tendance est également à la hausse. Alors que ce genre de série B ne s'illustre généralement pas au niveau de la qualité de ses acteurs, ce film horrifique nous fait mentir. Frank Grillo est excellent dans le rôle du garde du corps, toujours déterminé à aider la sénatrice en danger, et prêt à sécuriser le moindre de ses déplacements. Quant à Elizabeth Mitchell, elle incarne une convaincante Charlie Roan, femme engagée dans ses choix. Elle fait preuve dans ce film de beaucoup de détermination mais révèle aussi ses peurs, ce qui la rend d'autant plus humaine.
En synthèse, American nightmare 3 est sans conteste le meilleur opus de cette saga initiée en 2013. La charge contre la politique est pertinente, tout comme son volet sociétal. Voilà un film bien plus intelligent qu'il n'y paraît au premier abord. A voir.

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09.08.16

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Prison de cristal
Réalisateur : Agustin Villaronga
Année : 1986
Origine : Espagne
Durée : 1h50

Avec : Gunter Meisner, David Sust, Marisa Paredes, etc.

Par Nicofeel

Le festival Hallucinations collectives, qui a lieu chaque année à Lyon durant la période de Pâques, propose tout à la fois des avant-premières et des rétrospectives. Au rang des rétro, on retrouve l'excellent Prison de cristal (qui n'a aucune parenté avec Piège de cristal !).
Datant de 1986, Prison de cristal d'Agustin Villaronga est un film purement horrifique, dans toute sa splendeur. Ce long métrage est à réserver à un public hautement averti car son contenu est particulièrement dérangeant.
Il n'y a qu'à voir le synopsis du film avec un ancien bourreau nazi, le docteur Klaus, qui est enfermé dans une prison de cristal, suite à une tentative de suicide, qui l'a rendue fortement handicapée. Un jeune homme décide de l'assister pour ses soins quotidiens, alors que ses desseins sont très différents...
Tout le film est basé sur la confrontation perverse entre le docteur Klaus et Angelo, ange exterminateur surgi du passé qui va le placer en face de sa monstruosité.

Si ce long métrage utilise par moments les codes du thriller à la Hitchcock et à la Argento, il devient de plus en plus oppressant et complexe. En dehors de rares scènes en extérieurs, le film est un huis-clos malsain.
Le réalisateur Agustin Villaronga connaît visiblement très bien ses classiques et, comme Michael Powell, il place constamment le spectateur dans une position de voyeur pour le moins inconfortable. Et ce d'autant plus que les horreurs perpétrées par les deux hommes impliquent des enfants. La dimension pédophile est très prégnante, et nullement dissimulée. A la différence d'un film de Michael Haneke, il n'y a pas de refuge moralisateur et les terrifiantes scènes ne sont pas filmées en hors champ.
La thématique principale du film est très lourde puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'une réflexion sur la transmission du Mal, ainsi que la fascination de la mise à mort. Le film pose bien l'horreur du mimétisme du Mal et non d'une thématique vengeresse tel que évoqué dans La jeune fille et la mort de Polanski. Les différents meurtres commis répondent à un rituel évident, et à ce plaisir qu'ont ces bourreaux de jouir de la mort d'autrui. Quelque part, ce film est encore plus malaisant puisqu'il confronte le spectateur à la part la plus sombre de son âme.
Le film ne comporte pas tellement d'images chocs mais il frappe par la dureté de ces situations.
Prison de cristal prend d'ailleurs une résonance particulière, puisqu'il traite sous couvert du nazisme, des ravages du régime franquiste, thème souvent relaté par les cinéastes espagnols.
Ce long métrage reste méconnu du grand public. A tort car c'est œuvre forte qui mérite d'être découverte. A regarder toutefois en connaissance de cause, dans la mesure où Prison de cristal est aussi marquant qu'un Martyrs de Pascal Laugier.

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08.08.16

12:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Elle
Réalisateur : Paul Verhoeven
Année : 2016
Origine : France

Durée : 2h10

Avec : Isabelle Huppert (Michèle), Laurent Lafitte (Patrick), Anne Consigny (Anna), Charles Berling (Anna), Virginie Efira (Rebecca), etc.

Par Nicofeel

Avec Tricked (2012), Paul Verhoeven s’intéressait à un père de famille infidèle, manipulé par d’autres personnes. Ce film mettait en avant une société très libre où les gens n'ont pas d'interdits.
S’inscrivant dans la continuité de cette œuvre, Elle (2016) dresse le portrait de Michèle, une femme forte, de tempérament, qui ne respecte personne autour d’elle et agit uniquement en fonction de ses désirs. Cette femme célibataire est un jour agressée à son domicile. Mais elle ne prend pas l’attitude d’une victime. Au contraire.
De façon rationnelle, elle cherche à régler son compte à son agresseur. Tout cela peut paraître finalement assez logique.
Pourtant, ne comptez pas sur Verhoeven pour mettre en scène un long métrage classique. Le réalisateur de Basic instinct s’amuse à détourner les codes du thriller et à jouer de sa supposée passion pour la violence et le sexe, qui lui colle à la peau.

De manière plus générale, comme c’est le cas dans nombre de ses films, Verhoeven en profite pour s’attaquer aux travers de notre société contemporaine. Dans un monde où tout va très vite et où les valeurs morales s’estompent de plus en plus, le champ des possibles s’ouvre à tous. Et ce n’est pas forcément le meilleur de l’être humain qu’il nous est donné de voir.
Michèle entretient ainsi une relation particulièrement ambiguë avec son agresseur. On est dans une sorte de traque mais on ne sait pas précisément qui traque l’autre. On est dans un jeu du chat et de la souris, dans du dominant-dominé avec un côté sado-masochiste, avec l’étrange sensation que cela n’est pas pour déplaire à Michèle.
Cette dernière n’est d’ailleurs pas vraiment frileuse dans sa relation avec autrui : elle a pour amant le mari de son associée (qui au passage est sa meilleure amie) ; elle séduit son voisin qui est pourtant lui aussi un homme marié et elle semble sans limites à de nombreux points de vue. Autour d’elle gravitent toute une panpolie de personnages complètement zinzins : sa mère, très âgée, fréquente un gigolo pour assouvir ses désirs ; son père est un psychopathe en puissance, emprisonné après des faits macabres ayant fait la une des journaux. Verhoeven décrit une société d’amoraux et de névrosés – violeurs, personnages adultérins, psychopathes – agissant sous le seul principe de leur bon-vouloir. Aucune barrière morale ne semble en mesure de les arrêter. Comme le dit très justement Michèle, « la honte c’est pas un sentiment suffisamment fort pour commettre quoi que ce soit ».
Le film montre de manière évidente que derrière le vernis de gens respectables, se dissimulent des gens torturés et pervers.
Au passage, le cinéaste égratigne sans vergogne la religion. Il se moque de ces gens se faisant passer pour de bons chrétiens, alors que sommeille en eux ou dans leur entourage de véritables psychopathes, prêts à commettre des actes horribles. L’aspect volontairement comique de certaines scènes n’a d’autre but que de désacraliser une religion servant à beaucoup de paravent. L’habit ne fait pas le moine, c’est le moins que l’on puisse dire.
Verhoeven ne se limite pas à constater l’aspect sans foi ni loi de notre société. Il s’intéresse également aux causes. Au premier rang desquelles il place les jeux vidéo. Cela n’est pas un hasard si Michèle dirige une société de jeux vidéo. En favorisant la violence et le sexe, ces jeux influencent de manière néfaste les gamers, en leur faisant croire que les pratiques vécues dans le jeu sont transposables dans notre monde contemporain. Nullement cathartique, ce déchaînement de violence et de sexe exacerbe des sentiments, qui devraient être au contraire jugulés.
En plus de thématiques fort riches, Elle bénéficie d’acteurs principaux de qualité. Dans le rôle de Michèle, Isabelle Huppert déploie toute la diversité de son jeu d’actrice, avec un naturel assez impressionnant. Quant à Laurent Lafitte, si son personnage est moins exubérant, il n’en reste pas moins tout à fait ambigu, voire inquiétant.
Au final, Elle apparaît comme un drame psychologique, bien plus fin qu’il n’y paraît. Le jury de Cannes a manifestement manqué de discernement, en lui accordant aucun crédit. C’est sans doute le côté direct de cette œuvre qui a laissé sur le carreau les festivaliers.
A 77 ans, Verhoeven se porte bien et n’a pas changé d’un iota. Il vilipende avec toujours autant d’à-propos une société à la dérive. Vivement son prochain film.

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