Archives pour: Septembre 2016

19.09.16

00:11:11, Cat�gories: Nouveautés, Test / Critique  

Par Flo200

Synopsis :

Un groupe d’amis décide de passer un week-end à la campagne pour terminer la construction d’un bateau. Alors que chaque couple a ses différents problèmes, les quelques rednecks locaux commencent à tourner autour d’eux. Jusqu’à ce qu’arrive un tueur sauvage camouflé derrière un masque. Gore et érotisme !

Mon avis :

Décidément les week-ends sauvages me poursuivent actuellement! Entre la réécoute de l'album des Sales Majestés en prévision de leur passage à la Fête de l'Huma, la sortie d'un livre consacré à La Souris Déglinguée qui doit sortir au début du mois d'octobre 2016 et que j'ai bien entendu pré-commandé et la sortie récente de ce "Savage Weekend" chez Artus Films, cela commence à faire pas mal!

En tout cas, ce slasher sorti aux États-Unis en 1979, mais réalisé par David Paulsen ("Schizoid", "Côte ouest", "Dallas", "Dynastie") en 1976, est dans l'ensemble plutôt plaisant à regarder, avec notamment une scène d'ouverture assez réussie où un redneck armé d'une tronçonneuse pourchasse une femme dans les bois... Une scène assez énigmatique où l'on ne sait pas si elle nous dévoile la fin du film ou s'il s'agit d'un rêve. Cette scène qui fait immanquablement penser au "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper, renvoie également à "Délivrance" de John Boorman par son thème musical utilisant un banjo.

Après une présentation des futures victimes bien évidemment venant de la ville, direction la campagne où les problèmes ne vont pas tarder à commencer... Il faut dire que dans cette Amérique profonde, on n'aime pas trop les gens de la ville et encore moins les homosexuels! Alors lorsqu'un homme efféminé entre dans un bar, forcément cela tourne mal! Cela sera la deuxième scène marquante du film, une scène pour le moins surprenante qui fera que l'on s'attachera immédiatement au personnage de Nicky, interprété par Christopher Allport ("Réincarnations", "Police fédérale, Los Angeles", "Jack Frost").

Le tueur mettra en revanche pas mal de temps à rentrer dans la danse et il faudra d'abord compter sur un nouveau fantasme pour profiter d'une nouvelle scène horrifique, une scène où notre énigmatique redneck, joué par William Sanderson ("Blade Runner", "Oeil pour oeil", "Lonesome Dove", "Le client", "Deadwood"), va s'en prendre une nouvelle fois à l'héroïne du film, jouée par Marilyn Hamlin, une actrice assez classe et plutôt jolie, qui ne connaîtra pas une grande carrière devant les caméras.

Il faudra ainsi attendre trois quarts d'heure pour voir apparaître enfin le tueur masqué et plus de cinquante minutes pour que celui-ci passe à l'action, mais heureusement le réalisateur nous fera patienter avec quelques scènes érotiques, ce qui est toujours le bienvenu dans ce type de films. Et puis, certaines scènes dégageront un petit côté malsain non négligeable à l'ambiance du film, avec en particulier une scène ambigüe où notre héroïne s'intéressera au pis d'une vache comme si elle s'intéressait au phallus d'un des rednecks travaillant pour son mari...

Un autre redneck d'ailleurs étrange lui aussi et qui pourrait bien être le tueur également! Car le metteur en scène s'amusera à nous lancer sur différentes pistes avant un final où l'on découvrira enfin la véritable identité du tueur. Si les meurtres seront un peu trop vite expédiés, certains resteront tout de même dans les mémoires comme un notamment avec une aiguille à cheveux et un à la scie circulaire...

Après ce film, David Paulsen, qui ici a apparemment été quelque peu aidé par son producteur John Mason Kirby, réitérera une nouvelle fois dans l'horreur avec l'assez moyen (d'après mes souvenirs... Mais il faut dire que la VHS était vraiment de qualité assez déplorable!) "Schizoid" avec en vedette un Klaus Kinski survolté, puis curieusement ne se consacrera plus qu'à des longues séries populaires et familiales en produisant et en mettant en scène divers épisodes de séries telles que "Côte ouest", "Dallas" ou encore "Dynastie"... Étrange reconversion!

"Savage Weekend" est certes loin d'être un chef d'œuvre, mais ce petit slasher n'est pas inintéressant et se laisse même regarder avec plaisir...

"Savage Weekend" est sorti en DVD le 6 septembre 2016 chez Artus Films dans une édition proposant le film au format 1.85:1 16/9ème compatible 4/3 avec piste audio anglaise Dolby Digital 2.0 mono et sous-titres français. En guise de bonus, l'éditeur nous propose une présentation du film par Eric Peretti, intitulée "Le tueur derrière le masque" (22'20"), un petit sujet sur la tronçonneuse dans les films par Alain Petit (8'38"), un diaporama d'affiches et de photos du film et des bandes annonces de la collection Horreur US de l'éditeur comprenant bien évidemment celle du film.

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16.09.16

05:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Le fils de Jean
Réalisateur : Philippe Lioret
Année : 2016
Origine : France
Durée : 1h38

Avec : Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Marie-Thérèse Fortin, Catherine de Léan, etc.
Par Nicofeel

Le cinéaste Philippe Lioret avait beaucoup ému les spectateurs et connu un succès d’estime avec Je vais bien, ne t’en fais pas, drame familial prenant, où Kad Mérad faisait preuve d’une étonnante justesse de ton dans un rôle dramatique.

Son nouveau long métrage, Le fils de Jean, partage plusieurs points communs avec ce film. Dans les deux cas, il s’agit de drames familiaux, où la disparition d’un être cher est au cœur de l’intrigue.

Dans Je vais bien, ne t’en fais pas (2006), l’absence d’un frère pèse de plus en plus sur les frêles épaules d’Elise (« Lili »), interprétée par une épatante Mélanie Laurent. Dans Le fils de Jean, librement adapté du roman de Jean-Paul Dubois, « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi », Mathieu est un trentenaire célibataire, père d'un jeune garçon, travaillant dans une grande entreprise agro-alimentaire. Son quotidien est chamboulé le jour où il apprend que son père naturel, dont il ne connaissait jusqu’alors pas l’identité, vient tout juste de décéder.

Comme pour Elise qui cherchait à savoir ce qu’il était advenu de son frère, Mathieu est porté par une irrépressible envie de connaître ses origines. Il décide alors de débarquer au Canada où résident deux demi-frères inconnus.

De manière très subtile, Philippe Lioret déploie un mystérieux drame familial sous les yeux du spectateur, qui se retrouve tout aussi perdu que Mathieu. Le film use à sa façon des codes du thriller. Il y a un vrai suspense dans Le fils de Jean. Comment cet homme a-t-il pu disparaître au beau milieu d’un lac ? Et puis, est-il réellement mort ? Pour quelle raison l’ami de Jean, Pierre, demande à Mathieu de se faire passer pour un « ami français » et donc de mentir à ses demi-frères au sujet de son identité ? Quant à la relation historique entre Pierre et Jean, elle intrigue.

Mais après tout, dès le départ, Philippe Lioret annonce que l’on aura droit à un thriller puisque Mathieu rédige des polars pour son plaisir personnel, et que la femme de Pierre aime ce genre de livre.

Comme tout bon thriller, Le fils de Jean multiplie les artifices, les fausses pistes, les faux-semblants, et suscite de la même manière, tant chez Mathieu que chez le spectateur, espoirs naissants et déceptions manifestes. Sous une fausse identité, Mathieu apprend à connaître ses deux demi-frères et se lasse sans doute de la nature humaine, comme souvent bien plus attachée aux considérations matérielles (l’héritage de Jean) qu’aux considérations humaines. Surtout que Pierre, médecin bourru, ne lui décrit pas son père sous un jour très favorable.

L’envie de connaître la véracité des faits conduit le spectateur à s’intéresser à la quête de Mathieu. Pourtant, au bout d’un moment, on se demande bien si Philippe Lioret ne nous aurait pas conduit à un endroit précis, pour mieux nous égarer. Pourquoi diantre le père de Mathieu aurait-il laissé comme seul cadeau à son fils français un tableau, sans la moindre explication ? Stratagème calculé ? Mort fictive ?

C’est au moment où l’on a l’impression que cette histoire commence à tourner en rond que le film fait un virage à 180 degrés.

De la même façon que pour Je vais bien, ne t’en fais pas, Philippe Lioret a pris soin d’élaborer un twist ayant pour conséquence de nous amener à reconsidérer tout ce que l'on avait vu jusqu'à présent.

Si certains spectateurs ne seront pas forcément surpris par ce nœud dramatique, de dernier se révèle d’une efficacité imparable. Il a le mérite de mettre sur le devant de la scène une émotion sincère et vraie, où Philippe Lioret privilégie les regards échangés, qui en disent long sur les sentiments des protagonistes.

A l’instar de La chambre du fils de Nanni Moretti, à la fin tous les personnages sont en phase avec eux-mêmes et avec leur entourage. On a l'impression que le futur se construit aujourd’hui. On se retient de verser des larmes devant ce drame aux thématiques universelles.

C’est sans doute la distribution quatre étoiles du film qui justifie un tel sentiment. Avec sa mine juvénile de jeune premier, Pierre Deladonchamps émeut le spectateur dans le rôle de Mathieu. L’acteur est clairement le référent du spectateur par son besoin de connaître ses racines et d’aller de l’avant. Il nous touche par les relations affectives qu’il tisse avec les différents personnages du film. Nos « cousins » canadiens peuvent de leur côté se targuer de l’interprétation de Gabriel Arcand, tour à tour bougon, soutien de Mathieu et symbole de la figure patriarcale. Gravitent autour de son personnage de Pierre, deux excellentes actrices : Marie-Thérèse Fortin, dans le rôle de l’épouse aimante et bienveillante, qui en sait bien plus qu’il n’y paraît ; Catherine de Léan, dans le rôle de la fille, Bettina, qui est proche de Mathieu.

Dix ans après Je vais bien, ne t’en fais pas, Philippe Lioret réalise ce qu’il sait le mieux faire : un drame familial aux secrets savamment entretenus. Outre un scénario astucieux, il peut compter sur les très beaux paysages canadiens (la scène du lac pourrait presque rappeler la découverte de Laura Palmer dans Twin Peaks) et sur une distribution au top niveau. N’en jetez plus, la coupe est pleine et vous savez ce qu’il vous reste à faire.

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15.09.16

06:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Toni Erdmann
Réalisatrice : Maren Ade
Année : 2016
Origine : Allemagne
Durée : 2h42
Avec : Peter Simonischek (Winfried – Toni Erdmann), Sandra Hüller (Inès), etc.
Par Nicofeel

Présenté en compétition officielle lors du dernier festival de Cannes, Toni Erdmann y est reparti bredouille alors qu’il avait les faveurs des critiques. Ces derniers ne s’y étaient pourtant pas trompés. Toni Erdmann est une œuvre aussi excellente que singulière.

Sa réalisatrice, l’allemande Maren Ade, a mis en scène une comédie dramatique forte, où le sens du burlesque risque toutefois de décontenancer plus d’un spectateur.

Et pourtant, c’est bien ce qui fait l’originalité de Toni Erdmann. D’emblée, on entre dans le quotidien de Winfried, un soixantenaire célibataire, employé dans une école, dont le signe particulier est d’aimer faire des farces à ses congénères. La première « victime » est son facteur. Il lui fait croire que son colis est destiné à son frère sortant de prison. Après s’être déguisé grossièrement pour faire croire qu’il est ce fameux frère, il lui dit que le colis est piégé avant de lui avouer qu’il s’agit d’une blague. Cette plaisanterie est symptomatique du mode de pensée de Winfried. Il adore faire le pitre et amuser son entourage. Quelque part, il a conservé un esprit d’enfant.

Tout l’inverse de sa fille, Inès, cadre dans un grand cabinet d’audit international. Cette jeune femme, très stricte, ne prend pas vraiment le temps de s’amuser. Son travail de conseil en externalisation en Roumanie, lui accapare l’intégralité de son temps. Elle est obnubilée par sa réussite professionnelle et est prête à tout pour y arriver, y compris à assister à des dîners mondains ennuyeux ou à faire visiter Bucarest à la femme d’un client important sur son temps libre.

Forcément, quand Winfried débarque à l’improviste chez Inès, nul doute que les choses ne vont pas se passer comme prévu pour la jeune cadre dynamique. Notre trublion vient perturber le quotidien minutieusement établi d’Inès : il perturbe son principal client, il fait l’imbécile avec ses collègues de travail et ses connaissances.

L’apparente bouffonnerie de Winfried pourrait donner l’impression que le film repose uniquement sur son aspect comique. Que nenni. Lors d’une discussion en tête à tête avec sa fille, Winfried lui demande si elle est heureuse dans la vie. Question à la fois simple et complexe pour cette femme ne souhaitant absolument pas se lancer dans une introspection, pouvant se révéler douloureuse. Raison pour laquelle elle écourte le séjour de son père, fatiguée de ses facéties et de son intrusion dans sa vie.

Alors que l’on pense que Winfried a rejoint l’Allemagne, il revient à la charge pour le deuxième acte du film sous l’identité de Toni Erdmann. Il se présente désormais en tant que coach de vie et consultant, ami de Ion Tiriac. Il repart de plus belle dans ses bouffonneries, dans le but évident de se rapprocher de sa fille et de lui faire comprendre que l’essentiel est ailleurs pour cette business woman.

Affublé d’un dentier répugnant et d’une perruque ridicule, Toni Erdmann n’a pas peur de se moquer de lui-même avant de pointer du doigt tous ces bourgeois et autres riches méprisants à l’égard d’autrui.

Si la cinéaste Maren Ade prend le parti de l’humour, c’est pour mieux critiquer notre société capitaliste actuelle, où l’argent est devenu le cœur de tout. Derrière les conseils en externalisation prodigués par Inès, il y a surtout des gens sur le point de perdre leur emploi. Pour quelle raison ? Pour augmenter les profits d’une entreprise qui n’en a jamais assez. Toni Erdmann s’en prend ouvertement à ces méthodes au management douteux et fustige également les fastes de bourgeois / cadres déconnectés de la réalité. On est proche de la description des golden boys version American psycho.

Heureusement, le film ne se focalise pas seulement sur les travers de notre société. C’est aussi une étude – plus fine qu’il n’y paraît – de la relation entre un père et sa fille. Si les deux paraissent totalement opposés, il n’empêche qu’ils ont un point commun : celui d’être désespérément seuls. Le besoin de se retrouver est donc fondamental.

A cet effet, si le film joue à fond la carte du burlesque, il réserve quelques beaux moments d’émotion. On songe notamment à cette scène surréaliste où Winfried – Toni Erdmann se rend à la fête de sa fille (une fête mémorable, prouvant qu’elle a commencé à changer) affublé d’un étrange costume bulgare, lointain cousin de Chewbacca. D’après les us et coutumes locales, ce costume aurait pour but de chasser les mauvais esprits. En l’état, c’est une façon pour Toni Erdmann de libérer Inès des entraves mentales qu’elle s’est créées. Et en avant la liberté ! La fin du film, très ouverte, comporte peu de dialogues. Pratiquement tout se joue au niveau des regards échangés entre Toni Erdmann et sa fille.

D’ailleurs, la réussite de ce long métrage tient pour beaucoup à sa distribution. Peter Simonischek est épatant de naturel dans le rôle de Winfried – Toni Erdmann. Quant à Sandra Hüller, elle donne bien le change dans le rôle difficile de l’impavide et ambitieuse Inès. Sans eux, le film n’aurait pas le même cachet.

Pour autant, tout n’est pas parfait. Le principal reproche que l’on peut formuler tient à la durée du film. Les 2h42 qui attendent le spectateur ne sont pas justifiées. Il eut été plus judicieux de couper certaines séquences, pour limiter la durée à un total de deux heures, par exemple. Il faut reconnaître que la première heure, sans être laborieuse, est trop étirée.

Dans l’ensemble, Toni Erdmann n’en demeure pas moins une œuvre atypique, très drôle et touchante par moments. Cela n’est pas un hasard si Toni Erdmann déclare être un coach de vie. Celui qui est le référent du spectateur, est aussi un miroir pour ce dernier. Il est là pour nous amener à reconsidérer notre propre vie. Vous avez dit bien vu ?

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10.09.16

00:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Bastard
Réalisateurs : Powell Robinson et Patrick Robert Young
Année : 2016 (date de sortie non prévue à l'heure actuelle)

Origine : Etats-Unis
Durée : 1h22
Avec : Rebekah Kennedy (Betty), Ellis Greer (Hannah), Tonya Kay (Rachael), Dan Creed (West), Will Tranfo (Jake), Burt Culver (Michael), Ryan Shoos (Tanner), etc.

Les films d'horreur sortant au cinéma ou en DVD sont légion chaque année. Dès lors, il n'est pas facile de faire preuve d'originalité ou tout simplement de tirer son épingle du jeu.
Totalement inconnus au bataillon, les réalisateurs Powell Robinson et Patrick Robert Young se sont sans doute rappelés cette idée, lorsqu'ils ont mis en scène Bastard, leur premier long métrage.
Ce film est clairement l'oeuvre de fans de films d'horreur, tant certaines références paraissent évidentes. Toutefois, Bastard ne croule pas sous ces références et fait même preuve d'une certaine originalité.
On appréciera ainsi le début du film avec ce duo de psychopathes Hannah et West, qui détroussent sans vergogne des chauffeurs libidineux et autres pervers, ayant la bien mauvaise idée de croiser leur route. On songe immédiatement aux tueurs de la lune de miel. On s'attend alors à un road-movie horrifique avec des morts s'amoncellant au fur et à mesure du parcours de nos amoureux fous. On imagine bien les séquences à venir, ce qui n'est pas sans nous déplaire. D'autant que le film fait preuve d'un dynamisme, qui ne va jamais se démentir.

Pourtant, le film va rapidement prendre un autre tournant. Ce serait sous-estimer la capacité des réalisateurs que de les limiter à un road-movie horrifique. Leurs ambitions sont plus importantes et les deux compères se révèlent bien plus astucieux qu'il n'y paraît. Bastard est à sa façon une sorte de film-choral. Outre ce duo de psychopathes que l'on ne voudrait pas croiser dans la vie, ce film développe plusieurs histoires en parallèle, finissant par se rejoindre : tel un policier homosexuel au bout du rouleau, vivant une histoire contrariée. Et puis on a surtout la description de deux jeunes, Jake et Betty (frère et sœur ?), venant de quitter le cocon familial pour des raisons obscures (abus sexuel, violence ?). On a réellement peur pour eux quand on voit qu'ils sont pris en auto-stop par Hannah et West.
Tout ce beau monde décide de se ressourcer dans un endroit paisible, une résidence tenue par une jeune femme, Rachael, qui n'a pas l'air non plus d'être au-dessus de soupçon.
A la manière d'un pur slasher, les réalisateurs Powell Robinson et Patrick Robert Young mettent en scène un tueur masqué, qui va d'abord s'en prendre à des inconnus avant de jeter son dévolu sur tout notre joli monde. L'un des attraits du film consiste alors à se demander, comme dans un Cluedo, l'identité du tueur qui exécute sans pitié ses victimes. Les fans de films d'horreur apprécieront sans nul doute la violence des meurtres et la générosité du gore qui a cours. Certes, on ne se situe pas dans Massacre à la tronçonneuse, mais certaines mises à mort se révèlent tout à fait marquantes.
Et puis ce n'est tout de même pas fréquent que l'on voit certains psychopathes se faire attaquer par d'autres psychopathes. Dans un film où la réflexion n'est pas fondamentalement de rigueur, les cinéastes ont peut-être un message à faire passer. Si au premier abord, tout paraît aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, quand on gratte le vernis les choses se révèlent bien différentes. La société a engendré nombre de personnes dérangées, faisant payer leur mal-être à leurs congénères. La société américaine a beau être l'une des plus développées au monde, elle comporte beaucoup de psychopathes et rednecks que l'on préfère éviter au quotidien.
Entre des scènes d'horreur bien sèches et « carrées », une multiplicité d'acteurs et une intrigue digne d'un bon slasher, Bastard a de quoi tenir la route. Toutefois, le film paye ses excès. Sur une durée relativement réduite – à peine plus d'1h20 – les réalisateurs ont voulu en mettre plein la vue au spectateur. Au détriment du scénario dont la crédibilité laisse par moments franchement à désirer. On pourra ainsi ergoter contre des facilités scénaristiques, à l'image de cette scène où une prisonnière regarde une vidéo comportant des images violentes, dont on se demande bien comment elles ont pu être filmées. Certes, il s'agit d'une scène choc en lien avec ce qui arrive à la prisonnière, mais tout de même. Dans le même ordre d'idée, le film laisse franchement à désirer dans sa séquence finale, avec des coïncidences vraiment tirées par les cheveux. Mais après tout, le final annonce un épisode 2 de Bastard que l'on attend avec un certain intérêt.
Car ces défauts n'entament pas le plaisir que l'on prend à regarder ce film d'horreur faisant preuve d'une réelle générosité dans ses scènes gores et d'un esprit ludique tout à fait plaisant. Bastard aurait mérité de sortir sur grand écran.

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09.09.16

06:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : L'économie du couple
Réalisateur : Joachim Lafosse
Année : 2016
Origine : Belgique

Durée : 1h40
Avec : Bérénice Béjo, Cédric Kahn, Marthe Keller, etc.
Par Nicofeel

Après Nue propriété (2006) et A perdre la raison (2012), le cinéaste belge Joachim Lafosse continue de tracer son sillon de l'étude de la famille. Chez Lafosse, la famille est loin d'apparaître sous un jour favorable. Il y est constamment question de tensions, d'étouffement, de désaccords profonds, avec souvent l'argent comme source de conflits.
D'ailleurs, dans son dernier film, L'économie du couple, Lafosse dépeint la vie privée de Marie et Boris, deux personnes mariées vivant sous le même toit mais ne partageant plus rien. Les sentiments ont disparu entre eux et seules leurs deux petites filles – de jolies jumelles – demeurent le lien très fragile qui les fait inexorablement cohabiter.
En dehors de leurs enfants, l'argent est au cœur de leurs discussions. Boris ne quittera pas le domicile conjugal tant qu'il n'aura pas récupéré « sa » part. Si la maison a été entièrement payé par sa femme, il estime que les travaux qu'il a effectués lui ont fait gagner de la valeur.
Pendant plus d'heure trente, on assiste à la cohabitation houleuse d'un couple qui a littéralement explosé. Boris donne l'impression d'un mari irresponsable, immature et profiteur. Il ne travaille pas et vit aux crochets de sa femme. Cette dernière ne peut pas compter sur lui et après une dizaine d'années de vie commune, elle ne peut plus le supporter. D'autant qu'il passe son temps à la chercher, à la provoquer. A se demander si cette situation ne l'amuse pas. « Ce sont tes règles » déclare-t-il à plusieurs reprises, une façon facile de l'agacer.

On sent vraiment qu'il y a un point de non retour (voir la scène du dîner avec les amis de Marie) et que les choses ne peuvent qu'aller de mal en pis. Même l'argent ne fait pas tout.
Joachim Lafosse décrit avec beaucoup de pertinence l'usure d'un couple lambda et la fin de l'amour. Son film est d'autant plus intéressant qu'il est très réaliste. Les dialogues (l'un des co-scénaristes n'est autre que Mazarine Pingeot) ciselés ne donnent pas l'impression d'être joués. On a droit à une impressionnante violence verbale, en mesure de secouer le spectateur.
Surtout que Joachim Lafosse a l'intelligence de faire adopter le point de vue de Marie. On souffre pour cette femme qui vit une séparation difficile.
A cet effet, le lieu de l'action du film n'est pas anodin. Il se passe quasi exclusivement dans cette maison familiale, avec aucun horizon à l'extérieur. De la sorte, on ressent l'étouffement de ces personnages, obligés de vivre en vase clos, faute de mieux. La mise en scène épouse d'ailleurs les thématique de ce long métrage. Les nombreux plans fixes sont là pour signifier l'absence de solution. Quant aux mouvements de caméra, matérialisés par des travellings, ils attestent de la violence des propos échangés entre Boris et Marie.
Le film de Lafosse est tellement bien fait que le spectateur est happé par les sentiments des uns et des autres : la souffrance de Marie et la malice de Boris, qui cherche à la faire craquer sur le plan mental.
Evidemment, dans un tel film, la réussite tient pour beaucoup à la performance des acteurs. A cet égard, Bérénice Béjo est vraiment épatante dans le rôle de cette femme à bout, qui veut plus que tout ménager ses enfants, tout en cherchant une issue à son conflit conjugal. Quant à Cédric Kahn, que l'on connaît plutôt en tant que réalisateur (L'ennui, Roberto Succo), il nous épate dans le rôle du « méchant », une personne sans foi ni loi, dont l'argent est manifestement le seul point d'intérêt.
L'économie du couple est finalement en phase avec son temps. On vit en effet une époque où la séparation est devenue banale, ce qui n'était pas le cas auparavant. Mais Joachim Lafosse a le mérite de nous montrer que les dégâts collatéraux peuvent être importants sur le plan affectif. Il n'hésite pas à ce titre à dresser le portrait sans fards d'un couple ne s'aimant plus.
La mise en scène de ce cinéaste belge adopte totalement les thématiques de L'économie du couple. C'est par cette réalisation rigoureuse que Joachim Lafosse signe sans nul doute son meilleur film. Et l'une des œuvres les plus marquantes de l'année 2016, jusque-là relativement pauvre sur le plan cinématographique. Vivement la prochaine étude de mœurs de Joachim Lafosse !

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