16.09.08

06:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Nails

Pour son premier "long" métrage, le réalisateur russe Andrey Iskanov s'est livré avec ce Nails à un délire expérimental vraiment spécial et étrange, mélangeant un esthétisme d'avant-garde à une thématique vaguement horrifique pour un résultat déroutant qui risquera de ne pas convenir au plus grand nombre.
Le script suit la déchéance d'un tueur professionnel qui, habité par des maux de tête effroyables perturbant se perception des choses, ne va pas trouver d'autre moyen pour calmer sa douleur que de s'enfoncer des clous dans le crâne, ce qui ne va pas forcément arranger les choses...

NailsD'entrée, le métrage aura de quoi étonner, d'abord par l'utilisation d'un noir et blanc et d'un montage sec, haché, pour suivre le personnage principal (et quasiment unique, d'ailleurs) s'atteler à une nouvelle mission au sein du gouvernement moralisateur pour lequel il semble travailler, à savoir éliminer un couple dont l'homme se sera moqué du président, ce qu'il fera lors d'une séquence vaguement sanglante mais déjà hypnotique. Son forfait accompli, l'homme rentrera chez lui et après avoir nettoyé ses pistolets, il sera assailli d'une migraine fulgurante qui finira par lui faire perdre connaissance. Il se réveillera couché à même le sol, étendu sur un journal évoquant le cas d'un homme s'étant enfoncé des bouts de métal dans la tête, sans pour autant perdre ses différentes perceptions. Croyant avoir trouvé une thérapie, notre homme va s'enfoncer pour sa part un long clou dans le crâne.

NailsEt d'un coup, le noir et blanc d'origine va brusquement s'effacer pour laisser sa place à un kaléidoscope de couleurs vives ou pastels qui vont suivre les hallucinations du personnage qui va se mettre à voir le dessous des choses. La suite du métrage serait quasiment irracontable tellement Andrey Iskanov va mélanger ses différents plans sans réelle imbrication linéaire pour suivre le calvaire de cet homme, calvaire qu'il nous fera aisément partager au travers des images qui parviendront à retranscrire admirablement ce chaos mental, tout en glissant quand même quelques petites salves dénonciatrices sur notre société de consommation, entre cette séquence où nous allons découvrir ce que nous mangeons"vraiment" et ce qui défile sur l'écran de télévision. Seul rebondissement notoire, l'arrivée de la petite amie du personnage principal qui ne va être perçue tel qu'elle l'aurait souhaité et va au contraire provoquer encore une aggravation de son état, puisqu'il la verra sous un jour guère flatteur, celle-ci ayant à ses (et donc à nos) yeux pris l'apparence d'une sorte de fantôme à la démarche inspirée de celle du spectre sortant de la télévision du premier Ring de Hideo Nakata qu'il éliminera lors d'une scène peu ragoûtante, mais qui restera bénigne comparée au final bien plus sanglant et presque écoeurant qui viendra clore cette folie visuelle.

NailsCar le moins que l'on puisse dire, c'est que malgré un budget vraisemblablement ridicule le réalisateur a soigné chacun de ses plans, dans le but évident de nous faire partager le mal dont est atteint son personnage, aussi bien par ces plans hallucinogènes ne représentant rien de précis mais dont les spirales aux couleurs criardes feront mal aux yeux que par l'avilissement permanent de la perception de son entourage, avec encore une utilisation judicieuse et originale des éclairages de couleurs étranges, mais surtout par ce travestissement de la réalité qui deviendra tout à tour nauséabond ou répugnant (l'espèce de gelée violette ou verdâtre qui sortira des boîtes de conserves, sans même évoquer le reste du contenu…) ou plus délirant (voir la destinée de la petite amie), quand ce ne sera pas sur un mode franchement vomitif que l'auteur cherchera à atteindre son spectateur (le final). Mais au-delà même de cet aspect quelque peu nauséeux, le métrage va également avancer des idées également bien folles, mais plus orientées vers le domaine artistique pur, comme cette peinture murale à laquelle le personnage va littéralement prendre part par exemple, mais aussi par les stratagèmes cinématographiques employés par nous faire participer à la déchéance du personnage, qui rendront l'ensemble largement envoûtant jusqu'à scotcher littéralement, à condition de réussir à rentrer dans cet univers très spécial.

NailsBien entendu, les personnages n'auront que peu d'importance et ne seront pas fouillés, si ce n'est pour permettre à Andrey Iskanov de se livrer à une petite critique de la politique de son gouvernement dans la phase introductive du métrage, et l'interprétation assez aléatoire ne viendra donc pas gêner l'ensemble, surtout qu'ensuite le personnage principal deviendra au fur et à mesure que l'on avancera dans sa dégénérescence de plus en plus crédible.
La mise en scène du réalisateur est évidemment primordiale pour rendre le métrage attractif et cohérent, en reproduisant parfaitement cet univers complètement détraqué.
Les effets spéciaux sont hélas parfois peu crédibles, laissant transparaître le manque de budget alloué au film, mais cela ne sera pas non plus contrariant, en participant en quelque sorte au délire général.

Donc, ce Nails constituera une expérience originale et psychédélique aberrante mais fascinante pour qui arrivera à se mettre sur la même longueur d'onde que son auteur.

NailsLe DVD de zone 1 édité par Unearted Films avancera une image nette qui rendra parfaitement l'importance des couleurs du métrage, tandis que la bande-son sera efficace grâce à une partition musicale lancinante qui participera activement à rendre le métrage envoûtant, celui-ci étant proposé ici en version originale russe, heureusement accompagnée de sous-titres anglais.
Au niveau des bonus, un making-of reviendra sur la conception du métrage tout en exposant des cas "réels" de personnes s'étant mutilées de manière analogues, alors que deux interviews écrites du réalisateur lui permettront de revenir sur sa carrière et sur le film et que quatre galeries de photos viendront agréablement prolonger l'expérience, pour laisser quelques bandes-annonces clore ces bonus.

Pour ceux qui voudraient se plonger dans cet univers démentiel et original, le DVD de zone 1 est disponible ici ou !

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