par ninnin4
A l’occasion de la sortie de « CJ7 » en DVD et en Blu-ray, il était temps de faire le point sur la carrière de Stephen Chow, acteur comique hongkongais par excellence et réalisateur reconnu au niveau international depuis l’aube des années 2000.
Après un début de carrière télévisé il passe au grand écran tout d’abord comme acteur de styles divers puis dans le sien qu’il invente lui-même, un univers burlesque où non sens verbal et visuel sont de mise qu’il intitule le Mo Lei Tau, art difficile d’approche et qui explique sa popularité extrême en Chine mais qui n’a guère trouvé preneur ailleurs le tout étant mêlé à un humour scato très au ras des pâquerettes. Il se fait connaître principalement dans quelques comédies parodiques qui explosent le box office local puis passe à la réalisation avec un ersatz bondien intitulé « Bons baisers de Pékin » (Voir le DVD à la loupe) première œuvre à trouver écho en occident, le thème facilitant certainement la chose.
Mais c’est surtout avec le génialissime et hilarant « Shaolin Soccer » (Voir le
DVD à la loupe) qu’il va réellement se démarquer de son passé scato car sans le renier complètement, il nous offre une comédie complètement barrée, qui se fera bidonner la terre entière, basée sur une histoire de génie du foot, fortement mâtinée de kung-fu et qui trouvera une résonance particulière en cette période où ce sport est devenu plus que jamais une religion et où le cinéma asiatique est définitivement ancré dans la cinéphilie grand public. De ce film, il faut surtout en retenir une histoire vraiment originale, parodie non forcée du film de sport en général, servie par des effets spéciaux étonnants et des acteurs qui servent admirablement bien leurs personnages attachants.
Tout aussi parodique mais pourtant moins grand public, bien qu’encore plus destiné au marché international car financé par quelques studios américains, Stephen Chow nous livre ensuite son « Crazy Kung Fu » (
Voir les critiques) , spectacle total et jouissif, grand hommage aux films de Kung Fu des années 80 voire antérieur et dans lequel commence à poindre une poésie cartoonesque qui fait que son œuvre devient différente, plus sensible bien que tout aussi drôle. Ceci est dû principalement à des gags très Tex Avery qui font dégager une sensibilité très nostalgique.
Rien à voir avec toutes ses parodies périssables qui fleurissent depuis plus de 20 ans. On est bien plus proche d’un « Helzapoppin’ »
Mais rien ne laissait présager le choc « CJ7 » que je viens d’avoir en visionnant ce film, sorti il y a peu de jours en catimini, dans une campagne publicitaire plus que nulle puisque inexistante. Et pourtant, voilà bien son œuvre la plus grand public, capable d’émouvoir aussi bien petits que grands, un film magnifique, poétique, une réflexion sur l’imaginaire, sur la dureté de la vie, sur la notion de pauvreté et de richesse, sur l’honneur….un film qui s’adresse au plus grand nombre sans verser dans la concession bassement mercantile (ce qui explique peut être sa piètre mise en avant dans les linéaires). Complètement insolite, il raconte la vie d’un enfant et de son père, très pauvre, qui se ruine (le porte monnaie et la santé) pour pouvoir lui payer une très grande école où il est la risée de tous les autres enfants, sa seule amie étant une espèce de géante énorme au visage lunaire à laquelle personne n’ose physiquement s’attaquer. Le film décrit dans un premier temps les difficultés relationnelles entre le père et son enfant, qui a envie de rivaliser pécuniairement avec les autres (dénonciation de la société de consommation). Puis arrive CJ7, que son père découvre dans une décharge et qui va bouleverser leur vie, pas forcément dans le bon sens. Traversé de séquences d’émotions très fortes, d’autres plus absurdes voire surréaliste (cet énorme personnage démesuré, avec une toute petite voie), d’autres beaucoup plus drôles voire parfois une fois de plus scato (un mitraillage de merde), ce film ne peut décemment laisser indifférent tant il sent l’implication de Chow à tous les niveaux, un savoir faire indéniable dans la réalisation (étonnants effets spéciaux et séquences de kung fu) et une description des relations humaines touchante. Je ne tiens pas à en dire plus pour éviter de spoiler cette histoire magnifique et surtout ce petit personnage aussi original qu'imprévisible et vous conseille viement l'achat de ce film pour tous ceux qui ont envie de voir quelque chose de différent.
Pour les possesseurs de lecteurs Blu-ray, je vous invite à l'achat de ce disque. L'image est absolument superbe et le son de même. Vous trouverez dessus comme bonus un petit jeu qui conviendra tout à fait aux enfants, un making of, un commentaire audio de l'équipe du film et un documentaire fractionné selon l'histoire, le petit personnage et les décors.