Archives pour: Octobre 2008, 13

13.10.08

06:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Raigyo

Film véritablement étrange et atypique au sein des "Pinku" japonais, ce Raigyo s'avérera être une œuvre aussi pessimiste que troublante dans la description de son univers parfois à la limite de l'onirisme pour mieux s'articuler autour des aléas du destin qui va décider du sort des protagonistes.
Le script va suivre la rencontre grâce à une agence spécialisée d'un homme et d'une femme, tous deux esseulés, qui va se terminer dans le sang.

RaigyoD'entrée le métrage va par séquences interposées nous faire suivre le début de journée de ses trois personnages principaux, avec d'abord cet homme retirant ses filets de pêche dans un canal et apportant les poissons récupérés dans une boutique pour les vendre avant de se rendre à la station essence où il travaille, pour y observer un de ses collègues plus âgé s'acoquiner avec une autre employée, tandis qu'ensuite nous découvrirons cet autre homme se faisant porter malade à son travail afin d'avoir une journée de détente au cours de laquelle il va aussi bien se promener et acheter un petit vêtement pour le bébé attendu par sa femme enceinte qu'aller ensuite dans un club de rencontres et attendre l'appel d'une éventuelle demoiselle à la recherche de "réconfort". Le troisième personnage sera une jeune femme qui quittera discrètement l'hôpital où elle séjournait pour aller chez le coiffeur avant d'essayer de joindre son ancien professeur de mathématiques, sans succès, avant d'appeler le club de rencontres grâce à un autocollant apposé à l'intérieur de la cabine téléphonique.

RaigyoCette mise en situation imposera une atmosphère étrange, quasiment hors du temps pour décrire les faits et gestes des personnages dans ces endroits sinistres, entre campagne marécageuse et urbanisme industriel pollué, le tout déroulé sur un rythme languissant, rendant ainsi presque palpable la monotonie et la décrépitude mentale des protagonistes perdus et insatisfaits dans ce monde également parfois sordide, par les touches macabres étranges que le réalisateur apposera régulièrement par des détails morbides, notamment avec ces cadavres d'animaux (l'oiseau mort, les poissons flottant dans le canal). Dans ce contexte, les protagonistes évolueront sans que l'auteur n'attache beaucoup d'importance à nous décrire leurs motivations ou encore leurs personnalités, laissant de nombreuses ellipses parcourir l'ensemble sans que cela ne vienne gêner la limpidité de l'ensemble, jusqu'à cette rencontre programmée par le destin.

RaigyoEn effet, après un court passage à la station-service déjà visitée par l'intrigue, le "couple" va se rendre dans un hôtel pour se livrer à un acte sexuel qui ne dégagera aucun érotisme voyeur ni aucune vulgarité en restant bien dans l'ambiance désespérée du film et en laissant la jeune femme dans sa solitude perpétuelle, pour qu'ensuite, le meurtre à peine graphique de l'homme par sa compagne d'un jour survienne sans crier gare, comme un aboutissement presque logique et sans motif apparent, laissant alors le spectateur spéculer et s'interroger sur le pourquoi du comment, sans que le réalisateur n'apporte ensuite de réponse réelle en laissant juste quelques pistes sur le passé tortueux de la demoiselle s'immiscer dans les dialogues.

RaigyoCar ensuite, et sans transition, l'intrigue va placer la meurtrière dans les griffes de la police qui va l'interroger sur son emploi du temps, tout en demandant à plusieurs témoins de tenter de la reconnaître, laissant alors notre pompiste/ pêcheur mentir avant de chercher à revoir la jeune femme, pour un dernier acte qui semblera lui aussi inéluctable et achèvera d'enfoncer le métrage dans le défaitisme le plus total et le plus sordide jusqu'à la dernière séquence toute aussi mystérieuse et quasiment surréaliste, tout en continuant à dérouler ses situations sur le même rythme lardé de sous-entendus et de non-dits qui ne chercheront même pas à masquer les omissions dans l'imbrication des événements entre eux sans que l'invraisemblance ne vienne entacher l'enchaînement des événements.

RaigyoContrairement à ce qu'une certaine publicité autour du métrage pouvait chercher à nous faire croire (sentiment renforcé par la jaquette très graphique du DVD), la métrage ne sera quasiment jamais graphique, aussi bien lors des rares séquences érotiques qui ne viendront jamais flatter vraiment l'érotomètre du spectateur en étant agencées de manière froide et alors que le réalisateur ne s'attardera jamais sur ces plans que pour bien montrer l'attitude détachée et solitaire de l'héroïne, qu'ensuite lors de la thématique violente qui n'avancera qu'un meurtre presque entièrement caché par un cadrage adapté forçant l'imagination à se mettre au travail et les rares plans sanglants qui suivront ne seront pas plus volontaires.

RaigyoCe sera donc bien l'atmosphère et cette ambiance sinistre qui auront ici intéressé le réalisateur Takahisa Zeze, qui arrivera à rendre parfaitement troublant cet univers sordide et surréaliste dans lequel ces personnages solitaires et esseulés évolueront de façon tragique dans des décors tout aussi sinistres et délétères parfaitement choisis et mis en avant par une photographie tout à fait adaptée plus que percutante, tandis que la mise en scène de l'auteur renforcera encore cette impression irréelle en donnant un rythme lent à l'ensemble. L'interprétation sera elle aussi adaptée, avec des acteurs impliqués et tout à fait crédibles pour paraître désabusés.

Donc, ce Raigyo offrira un spectacle à part, désespéré, qui saura envoûter son spectateur, à la condition express que celui-ci parvienne à rentrer dans cet univers lent et peu rythmé !

RaigyoLe DVD de zone 2 anglais édité par Salvation avancera une image juste quelque peu granuleuse, tandis que la bande-son sera efficace, en contribuant immanquablement à instaurer l'ambiance du film grâce à une partition musicale pleureuse percutante, le métrage étant ici proposé en version originale japonaise heureusement sous-titrée en anglais.
Au niveau des bonus, on pourra suivre une très courte galerie de photos, un petit laïus sur le cinéma "pinku", le vidéo-clip de "Triple silence", le groupe phare de l'éditeur, ainsi que "Blood", un court-métrage.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette œuvre atypique au sein du cinéma érotique contemporain japonais, le DVD de zone 2 anglais est disponible ici !

Permalien 1074 mots par nicore, 280 vues • 1 r�action

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