30.03.12

05:50:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Une séparation
Réalisateur : Asghar Farhadi
Date de sortie du film au cinéma : 2011

Durée du film : 92 minutes
Avec : Leila Hatami (Simin), Peiman Mohadi (Nader), Sareh Bayat (Razieh), Shahab Hosseini (Hodjat), Sarina Farhadi (Termeh) ….
Par Zardi


Auréolé de l'oscar et du césar du meilleur film étranger, ce film, déjà récompensé de l'Ours d'or au festival de Berlin, est sorti à nouveau dans les salles. Comment expliquer un tel succès (presque un million d'entrées) pour un film iranien qui n'est ni une comédie ni un film d'action et qui n'a pas bénéficié d'une importante campagne publicitaire ? Quand je l'ai vu au cinéma, je suis resté sous le choc. Depuis longtemps je n'avais eu une telle impression de cinéma total. Hanté par les images de cette œuvre et en particulier par le dernier plan du film, je me suis précipité pour voir les autres métrages de ce réalisateur qui m'était inconnu jusque là. Et je n'ai pas été déçu. La fête du feu et A propos d'Elly, bien que moins complets, contiennent toutes les prémisses de ce chef-d’œuvre qui s'appuie sur trois qualités essentielles : un scénario intelligent et précis, une interprétation remarquable et une mise en scène totalement maîtrisée.

Un thriller psychologique passionnant

L'histoire se passe de nos jours à Téhéran. Un couple qui avait projeté de quitter l'Iran se sépare car le mari Nader refuse d'abandonner son père atteint de la maladie d'Alzheimer alors que sa femme Simin souhaite partir. Pour s'occuper du malade Nader fait appel à Razieh qui lui cache qu'elle est enceinte et qu'elle n'a pas l'accord de son époux Hodjat. Suite à une dispute où il a poussé Razieh hors de chez lui, Nader est accusé de meurtre car celle ci a perdu son enfant.

Ecrit comme pour ses autres films par le réalisateur, le scénario, linéaire, distille adroitement des éléments nouveaux qui font constamment évoluer l'empathie que le spectateur peut avoir pour les personnages. Tour à tour ceux ci montrent leurs qualités et faiblesses à travers une situation psychologique de plus en plus insoutenable. Nader qui apparaît au départ comme une personne pragmatique et sympathique va mentir au juge et entraîner sa fille dans la même attitude. Simin, d'abord décidée et intransigeante montre une grande sensibilité par la suite en venant au secours de son mari et en essayant d'aider Razieh. Celle ci apparaît comme une femme vertueuse allant jusqu'à téléphoner à un iman pour avoir l'autorisation de nettoyer un vieil homme mais qui va se parjurer pour essayer de sauver son mari. Lui-même, brutal et malmené par la vie, va faire preuve d'un grand soucis de justice. Seuls les enfants présents dans presque toutes les scènes du film sont spectateurs et subissent le comportement des adultes.
En confontant deux familles d'origine sociale très différentes l'auteur pose des questions sur les dysfonctionnements de la société iranienne et la contrainte religieuse, mais ne prend pas position grâce à un habile subterfuge. En effet à l'intrigue policière vient se greffer le suspense du choix de Termeh, la fille de Nader et Simin. Avec quel parent décidera-t-elle de rester ? Partir avec sa mère c'est choisir la modernité, rester avec son père c'est choisir la tradition. En laissant une fin ouverte le réalisateur laisse le spectateur choisir à sa place et évite de s'engager.

Il faut reconnaître que la liberté de manœuvre d'Asghar Faradhi est mince – il a du interrompre le tournage pour avoir soutenu le réalisateur Jafar Panahi emprisonné – et qu'il ait pu montrer les excès du conservatisme religieux dans ses deux dernieres œuvres tient du miracle. Le fait d'avoir choisi au départ une famille qui désire quitter l'Iran n'est pas anodin et traduit le malaise de la classe moyenne dans ce pays. Les tiraillements de tous les personnages montrent bien le conflit intérieur du réalisateur entre son amour pour les iraniens et le rejet des abus du pouvoir.

Une interprétation sans faille

Fait rarissime, les acteurs ont reçu collectivement l'ours d'argent d'interprétation masculin et féminin au festival de Berlin 2011. C'est dire si leur performance est remarquable. Si Peiman Mohadi (Nader) et Shahab Hosseini (Hodjat) avaient déjà été dirigés par Asghar Farhadi dans A propos d'Elly, c'est la première fois que les actrices Leila Hatami (Simin), grande star en Iran, et Sareh Bayat (Razieh) travaillent avec lui. Les autres acteurs principaux ne sont pas professionnels. Si Ali-Asghar Shahbazi qui joue le rôle du père de Nader est criant de vérité par contre Sarina Farhadi (Termeh) qui est la fille du réalisateur joue avec beaucoup de sensibilité mais paraît plus agée qu'une fille de 11 ans.

Le réalisateur, qui vient du théâtre, a conditionné les interprètes pendant deux mois avant le tournage pour qu'ils s'imprègnent de leur personnage. Cela se ressent en particulier pour Sareh Bayat qui semble habité par la foi religieuse.

Cinéma et théâtralité

Tournée en caméra subjective (l'objectif remplaçant le juge qui interroge le couple en voix off ), la première scène fait penser à des séquences de Scènes de la vie conjugale et donne le ton du film. Une séparation est avant tout une oeuvre d'écriture où il y a beaucoup de dialogues et où l'influence du théâtre est manifeste de part son découpage et du respect des trois unités. Cela aurait pu donner une fiction difficile à regarder d'autant plus qu'elle se déroule essentiellement dans l'appartement de Nader. Il n'en est rien, grâce à la maîtrise du réalisateur dans une esthétique sobre mais efficace . La caméra mobile suit les acteurs en sachant se faire oublier, le montage est nerveux avec de nombreux plans parfois très courts, les gros plans sont tous efficaces et traduisent à merveille l'émotion des personnages en particulier ceux des actrices et des enfants. Le décor est très bien utilisé en particulier l'embrasure des portes pour les cadrages et les surfaces vitrées, omniprésentes pour mettre en valeur ou séparer les personnages en particulier dans le plan de l'épilogue du film ou Nader et Simin attendent la décision de leur fille et dont les images restent gravées dans ma mémoire.

Quelques rares séquences gaies faisant intervenir les enfants viennent rompre la tension dramatique du film pour mieux la relancer comme celle où la fille de Razieh s'amuse avec la bouteille d'oxygène du malade. A noter enfin la scène magistrale du clash final où la femme d'Hodjat refuse de jurer sur le coran.
Voilà, si vous n'avez pas encore vu ce film ne passez pas à côté d'un tel monument. Vous en sortirez bouleversé et vous verrez d'un autre œil en particulier les femmes iraniennes.

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