30.03.11

05:20:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Parents
Réalisateur : Bob Balaban
Durée du film : 1h21
Date de sortie au cinéma : 1989 (film inédit en DVD)
Avec : Randy Quaid (Nick Laemle, le père), Mary Beth Hurt (Lily Laemle, la mère), Bryan Madorsky (Michael), etc.

Réalisé par Bob Balaban à la fin des années 80, Parents se déroule dans les années 50. La famille Laemle composée d'un couple, Nick et Lily, et de leur enfant Michael âgé d'une dizaine d'année, vient juste de s'installer dans un beau pavillon où toutes les maisons se ressemblent et où la vie des gens semble paisible.
Comme on peut s'en douter, le cinéaste va s'attacher à montrer que tout ceci n'est qu'une apparence. Les tous premiers plans du film sont d'ailleurs particulièrement évocateurs : on commence par la bouche d'un enfant puis on se focalise sur son regard. Le réalisateur nous met sur une piste : le référent du film va être le jeune Michael.
Quand on a une dizaine d'années comme Michael, on se pose beaucoup de questions et on est parfois en proie à des peurs enfantines.
Le film Parents a ceci d'original qu'il adopte le point de vue de l'enfant. La mise en scène se marie d'ailleurs parfaitement avec ce choix. Le réalisateur agrémente ainsi son film de nombreux plans filmés en grand angle. Bob Balaban insiste ainsi sur les perspectives, pour mieux marquer la différence de taille entre les personnages du film et notamment entre le gamin et ses parents. Le metteur en scène place aussi parfois sa caméra au sol pour filmer les pas des gens.
Pour conférer une ambiance particulière à son film, le cinéaste ne s'arrête pas là. Il se plaît à jouer sur des opposés : en surface, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes avec ces maisons bourgeoises des années 50 qui sont très bien entretenues. Quant aux familles, elles fleurent bon le bonheur. Que demander de plus ? Les gens ont tous une voiture, de beaux habits (le film est volontairement rétro) et bénéficient des avancées technologiques qui leur simplifient la vie de tous les jours. Oui mais voilà tout ceci n'est qu'un voile, une apparence.
On dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants. Sauf que dans le cas présent, Michael est un jeune enfant taciturne ! Cela ne l'empêche pas de se poser beaucoup de questions quant aux mœurs de ses parents. Il s'étonne de devoir manger tout le temps de la viande, du déjeuner jusqu'au dîner. Il soupçonne de plus en plus ses parents de s'adonner à des pratiques bien étranges. Et il faut dire que certains indices ne laissent aucun doute, notamment lorsque l'assistance sociale est tuée et que l'on assiste à la scène suivante à un barbecue.
Dans Parents, on comprend assez rapidement que le cannibalisme est la thématique centrale du film. Dès lors, il n'est pas étonnant que Michael soit particulièrement perturbé dans sa famille. Non seulement il est choqué d'avoir surpris ses parents en train de faire l'amour, mais surtout il a du mal à s'adapter au mode de vie de ses parents. C'est ainsi que le film est émaillé de plusieurs scènes de cauchemars. Ce côté onirique où le sens du macabre est bien mis en valeur permet une fois de plus d'adopter le point de vue de l'enfant. On assiste à une première scène cauchemardesque où Michael se noie dans un océan de sang. Une autre fois, Michael voit en en couleurs puis en noir et blanc une main ensanglantée dans l'évier de la cuisine mais aussi du sang qui apparaît sur le réfrigérateur. On comprend aisément que tous ces rêves sont symptomatiques des soupçons qu'il a contre ses parents. Cet enfant est terrorisé par ce qu'il croit comprendre autour de lui. Dans la dernière partie du film, les scènes d'horreur, jusque-là suggérées, vont devenir explicites, comme pour rappeler que tout ceci n'est pas qu'un mauvais rêve.
Pendant plus d'une heure vingt, Bob Balaban aura baladé son spectateur dans un univers oppressant. Si l'humour noir du film est omniprésent et contribue à faire retomber la pression, il n'empêche que Parents joue beaucoup sur la notion de peur. La maison de la famille Laemle a beau être jolie, il n'empêche qu'à l'intérieur on s'adonne à des pratiques pour le moins spéciales. Bob Balaban distille une ambiance étrange avec des scènes qui évoquent le cannibalisme mais ne font que le suggérer. C'est une manière astucieuse de délivrer un message fort contre cette american way of life qui a été si longtemps montrée en exemple. De la même manière qu'un Brian Yuzna avec Society ou qu'un Paul Bartel avec Eating Raoul, Bob Balaban renvoie l'Amérique bien pensante et bien proprette à ses chères études.
En plus d'une interprétation sans faille de ses acteurs principaux, et notamment du gamin qui est vraiment parfait dans son rôle, Parents peut se targuer d'une excellente bande son signée Angelo Badalamenti, le compositeur attitrée des BO de David Lynch, qui signe ici des morceaux qui sont tout à la fois enjoués et dérangeants. La bande son est à l'image du film : à la fois décontractée et amusante (le film joue clairement sur le côté humour noir) et à la fois stressante.
Le réalisateur Bob Balaban livre en somme un film atypique, loin des canons habituels des films d'horreur. La réussite de Parents est donc d'autant plus mérité. Si le film est sans concession, comme le prouve le final qui laisse à penser que Michael est recueilli par des gens semblables à ses parents, Bob Balaban rappelle à juste titre que tout ceci ne reste qu'une fiction, en présentant ses différents acteurs sous la forme de vignettes rétro.

Permalien 1012 mots par nicofeel Email , 73 vues • R�agir

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