Titre du film : Eating Raoul
Réalisateur : Paul Bartel
Date de sortie au cinéma : 1982 (film inédit en DVD)
Durée du film : 1h30
Avec : Paul Bartel (Paul Bland), Mary Woronov (Mary Bland), Robert Beltran (Raoul Mendoza), etc.
Par Nicofeel
Connu pour être le réalisateur du bisseux La course à la mort de l'an 2010 avec Sylvester Stallone et David Carradine, film qui préfigurait des jeux vidéo tels que Carmageddon, Paul Bartel est aussi le cinéaste d’œuvres sacrément barrées. Eating Raoul fait partie de celles-ci.
Dès le générique du film, on comprend que l'on va assister à un film décalé, en voyant les acteurs qui sont présentés avec des petits corps et de grosses têtes. La musique est pour sa part délicieusement rétro.
Réalisateur, scénariste et acteur principal du film, Paul Bartel entend nous parler d'Hollywood avec d'un côté les riches et de l'autre côté les pauvres.
Paul Bartel qui joue Paul Brand, un monsieur-tout-le-monde, est évidemment à ranger dans la deuxième catégorie. Sa vie est loin d'être une sinécure. Il travaille dans un petit commerce pour un patron qui veut lui faire vendre des bouteilles bas de gamme. Sa femme, Mary, est infirmière et ne cesse de se faire draguer par tout un tas de personnes. Tous les deux vivent dans un petit appartement et ont bien du mal à boucler les fins de mois, d'autant que le loyer augmente (finalement le film paraît être contemporain sur ce plan).
Paul et Mary incarnent le côté puritain de l'Amérique avec ce couple bien rangé qui ne fait plus l'amour et qui a ses petites habitudes. Ainsi, Paul et Mary ont chacun le même lit simple pour se coucher et ils ont les mêmes pyjamas jaunes !
Évidemment, le côté comique du film provient du fait que Paul et Mary ont l'air tout à fait innocents et qu'ils mettent à jour les pratiques déviantes de leurs voisins qui s'adonnent à des partouzes.
Un malade à l'hôpital drague Mary. Pour la peine il aura droit à un lavement par un homme ! On a aussi le directeur de la banque qui tente d'abuser d'elle. Un autre homme essaie de lui faire l'amour chez elle. Il va être tué avec une poêle à frire ! Le couple va récupérer l'argent que cet homme a sur lui. Cela va en tout cas donner l'idée à Paul et à Mary d'attirer chez eux des partouzeurs (Mary se transforme pour l'occasion en souris de cartoon, en hippie, etc.), de les tuer et de prendre leur argent. C'est d'ailleurs à Paul que l'on doit vers la fin du film une citation qui résume parfaitement l'idée : « On invite des échangistes chez nous et on les tue pour leur argent ».
Voilà donc le scénario de ce film complètement décalé qui donne lieu à des scènes réellement drôles où sont pourtant traitées l'appât du gain et à la fin du film le cannibalisme (eh oui le film s'intitule tout de même Eating Raoul).
Pour mettre un peu plus de piment dans ce film, Paul Bartel a l'idée d'inclure un troisième personnage principal, le fameux Raoul, un latino qui est attiré par Mary et qui va réussir le tour de force de l'amener au septième ciel en la faisant notamment fumer. Ainsi, on se dévergonde chez Mary et Paul, sentant le danger, n'a d'autre choix que d'acheter des produits pour sa femme (vibromasseur). Surtout, Paul tente d'éloigner Raoul de sa femme en lui mettant dans les pattes une femme qui apparaît d'abord en fausse aveugle prophétique, puis en fausse agent de l'immigration et enfin en fausse infirmière du ministère de la santé. Le côté improbable et presque mal joué de ces scènes donne lieu à de vrais moments de rires.
Mais comme on dit, le meilleur est pour la fin et la confrontation entre Paul et Raoul se termine par du cannibalisme (même si l'on ne voit rien à l'écran).
Film complètement amoral, Eating Raoul n'est pas pour autant un film tendancieux. Paul Bartel réussit à faire preuve d'un humour constant et surtout à prendre une vraie distanciation par rapport aux thématiques développées, le tout en donnant à ses personnages un côté complètement décalé. Les trois acteurs principaux sont de ce point de vue vraiment parfaits.
Eating Raoul reste finalement un film dénué de scène gore ou de scène choquante, qui cherche avant tout à divertir son spectateur, même si les considérations économico-sociales sont bien présentes. A voir.
Titre du film : Angèle et Tony
Réalisatrice : Alix Delaporte
Durée du film : 1h27
Date de sortie au cinéma : 26 janvier 2011
Avec : Clotilde Hesme (Angèle), Grégory Gadebois (Tony), Evelyne Didi (Myriam), Jérôme Huguet (Ryan), etc.
Par Nicofeel
Réalisé par Alix Delaporte, Angèle et Tony est un petit film français qui ne paye pas de mine mais qui au final vaut largement bien sinon mieux que nombre de films plus huppés.
Il y est question de deux personnes qui ont décidé de répondre à une petite annonce amoureuse mais qui sont loin d'être sur la meilleure longueur d'ondes dès le départ. Angèle (Clotilde Hesme) est une véritable écorchée vive. C'est une femme qui doit faire avec un passé difficile : décès de son mari dont elle serait responsable, prison ferme et plusieurs mois voire années (on ne sait car cela n'est pas précisé) en conditionnelle, perte de la garde de son enfant au profit des grands-parents de ce dernier. Bref ce n'est pas franchement la joie pour Angèle qui choisit d'oublier son quotidien difficile à vivre en baisant (c'est le terme qu'elle emploie) avec le premier venu, comme le montre la première scène du film.
Oui mais voilà le fameux Tony (Grégory Gadebois) n'est pas comme ça. Si c'est un être taciturne qui n'est donc pas habitué à s'exprimer avec autrui – même avec sa mère chez qui il réside - il attend d'une relation avec une femme qu'elle soit sincère.
On comprend donc aisément que la relation entre les deux ne risque pas d'être aisée. Pour autant, ainsi que le montre clairement le film, chacun des deux a à gagner par cette relation. Angèle a besoin d'une certaine stabilité affective et de quelqu'un qui va lui faire retrouver goût à la vie. De la même façon, Tony, marin quelque peu bourru, doit lui aussi être plus social.
Se déroulant en Normandie, le film d'Alix Delaporte évoque des personnages qui sont toujours en mouvement. Angèle est souvent sur un vélo en train de penser à ce qui lui arrive alors que Tony est fréquemment soit sur une moto soit sur son bateau. Ces personnages sont sans cesse en train de se chercher et progressivement ils en arrivent à une stabilité sur le plan affectif. C'est tout en douceur qu'Alix Delaporte nous raconte cette évolution qui est logique mais qui se fait par petites touches. On n'est pas ici dans une comédie romantique mais plutôt dans une chronique où le passé est difficile à dépasser (la mort du père pour Tony et sa famille, la prison pour Angèle). De telle sorte qu'Angèle n'ose pas dire à Tony qu'elle a fait de la prison et qu'elle a un fils dont elle ne s'occupe pas et qu'elle n'a pas vu depuis deux ans.
Le grand mérite du film d'Alix Delaporte est qu'il ne porte jamais un jugement sur ses personnages. Chacun a ses raisons. Ainsi, personne n'est montré du doigt pour les actes qu'il a commis. Les grands-parents qui élèvent le fils d'Angèle le font pour son bien, ce que d'ailleurs elle conçoit clairement.
Pour en arriver à une certaine empathie avec les divers protagonistes du film, il faut faire preuve d'une certaine subtilité. C'est le cas grâce aux excellents numéros d'acteurs de Clotilde Hesme dans le rôle d'Angèle et de Grégory Gadebois dans le rôle de Tony. Tous deux font passer beaucoup d'émotion à travers leur corps. Il n'y a pas besoin de paroles. On voit aisément ce qui se passe en observant leurs visages. On peut ainsi noter une nette évolution de la physionomie du visage de Clotidle Hesme, qui est triste et relativement fermé au départ, pour terminer à la fin du film par un regard radieux. A cet égard, la pêche au crabe, qui rassemble Tony, Angèle et son fils, est une très belle scène qui est d'une grande justesse de ton. Pas besoin d'en dire beaucoup, on saisit parfaitement tout ce qui se passe.
Même s'il est bien mis en scène avec quelques jolis plans séquence qui ont pour effet d'évoquer ce sentiment de mouvement des personnages, Angèle et Tony est surtout un film qui tient par ses deux acteurs principaux, qui font passer une émotion sincère.
Voilà un beau petit film humaniste qui mérite largement d'être vu.
Titre du film : Les femmes du 6ème étage
Réalisateur : Philippe le Guay
Durée du film : 1h46
Date de sortie au cinéma : 16 février 2011
Avec : Fabrice Luchini (Jean-Louis Joubert), Sandrine Kiberlain (Suzanne Joubert), Natalia Verbeke (Maria), Carmen Maura (Concepcion), etc.
Par Nicofeel
Réalisé par Philippe le Guay, Les femmes du 6ème étage est une chronique en forme de comédie. Le film se déroule en 1962, à une époque où les étrangers, et notamment les espagnols, sont venus en nombre en France pour trouver du travail.
Le réalisateur s'intéresse précisément à la situation des femmes espagnoles qui n'ont pu trouver en France qu'un boulot de domestiques.
Les intentions de Philippe le Guay sont louables. En effet, il entend montrer les difficultés humaines pour quitter son pays d'origine et les difficultés économiques pour obtenir un emploi. Le cinéaste part du principe que les espagnoles ont du mal à trouver un travail en France.
Si l'idée n'est pas forcément inintéressante, le résultat à l'écran est beaucoup plus mitigé que ce que l'on pouvait imaginer. Le film aligne les clichés, les caricatures en tous genres et les lieux communs sans faire preuve à aucun moment d'un quelconque esprit critique.
Passons l'idée de faire systématiquement de toutes les espagnoles des domestiques. Les espagnoles sont présentées comme des femmes qui sont toutes solidaires. Elles sont également toutes joyeuses et toutes très travailleuses. Elles sont prêtes à tout pour avoir un emploi leur permettant d'avoir de l'argent qui sera envoyé en Espagne. Ce qui les amène à être - mis à part la jeune femme et celle ayant adhéré au parti communiste espagnol - particulièrement soumises. C'est exactement l'inverse des bourgeoises françaises qui sont imbues d'elles-mêmes, snobinardes, oisives. Mais elles, elles ont de l'argent.
Pour rendre son film regardable, le cinéaste a tout de même eu la bonne idée de s'entourer d'une distribution de premier choix avec Fabrine Luchini et de l'espagnole Carmen Maura, qu'on sent tout droit sortie d'un sous-Almodovar. Fabrice Luchini est sans conteste l'attraction principale de ce film. Le décalage de son personnage, Jean-Louis Joubert qui est agent de change de renom, avec les femmes espagnoles qui habitent au dessus de chez lui, donne lieu à quelques scènes savoureuses. Fabrice Luchini apporte une vraie fraicheur et un souffle plaisant à ce film.
Par contre, comme le cinéaste ne s'enquiquine pas trop à justifier certaines choses, on voit que sans raison particulière Jean-Louis Joubert décide d'aider ces espagnoles qui vivent dans des conditions proches de l'insalubrité : il paye sa domestique en réévaluant le salaire qui était celui de son ancienne bonne ; il fait déboucher les toilettes de ces espagnoles qui résident juste au dessus de lui, à ce fameux 6ème étage ; il trouve une loge à une espagnole. Et comme il apprécie toutes ces femmes, il les amène même en week-end ! Alors tout ceci est bien gentil mais cela manque cruellement de finesse.
D'accord on comprend bien que Jean-Louis Joubert s'est entiché de sa domestique, la belle Maria, mais cela n'explique pas tout.
Dans tous les cas, heureusement que le rôle de Jean-Louis Joubert est revenu à Fabrice Luchini car l'acteur réussit à donner une vraie dimension à son personnage. Au milieu de ces femmes qui sont pleines de vie, il est heureux comme un pape. Il se sent revivre. A tel point que cela ne le dérange pas de quitter le domicile conjugal pour prendre une chambre de bonne au sixième étage (il faut pourtant rappeler que l'appartement des Joubert appartient à Jean-Louis, mais bon cela n'est qu'un fait illogique de plus) où il est débarrassé d'une part de son épouse (Sandrine Kiberlain, un peu fade dans le film) qui paraît sans vie et qui ne fait rien de ses journées et d'autre part de ses deux jeunes enfants, qui sont de véritables têtes à claques, par leur côté petits nobles dont le trait a évidemment été forcé par Philippe le Guay.
A lui seul Fabrice Luchini parvient tant bien que mal à maintenir à flot un film qui risque à tout moment de sombrer dans la nanardise la plus affligeante.
L'histoire d'amour – qui pour l'occasion est relativement finement amenée – de Jean-Louis avec Maria n'est certes pas crédible mais elle donne une touche romantique assez charmante au film.
A cet égard, la fin du film est belle par son aspect optimiste. Elle délivre un message de façon certes assez naïve mais qui enchantera les gens qui ne sont pas trop regardants sur la crédibilité des scènes. Le message rappelle in fine une des volontés de l'auteur : signaler que l'amour peut dépasser les classes sociales et les nationalités.
En conclusion, Les femmes du 6ème étage est un film qui bénéficie d'intentions louables d'un acteur principal au sommet de sa forme mais qui est lourdement handicapé par des défauts multiples (des facilités scénaristiques, une accumulation de caricatures et de clichés en tous genres, une incapacité à dépasser le stade de la pure comédie avec une absence de thématiques abordées sur le fond, etc.). A voir si vous n'avez rien de mieux à faire.
par Nicore
Transposant le mythe biblique de Lilith de nos jours, ce Evil angel va proposer une intrigue riche et fouillée qui ne se contentera pas de laisser l'esprit démoniaque errer de corps en corps pour au contraire laisser planer un mystère qui entourera le métrage sur la longueur, et ce tout en agençant une violence récurrente et brutale qui n'épargnera aucun des personnages par ailleurs bien travaillés qui vont traverser le film.
Le script va donc suivre les déboires d'un jeune ambulancier confronté à une entité maléfique qui va sévir dans son entourage.
Après un générique sensuelle en diable, le métrage va tout de suite lancer son action diabolique en suivant un homme visiblement persécuté par un démon puisque chaque femme qu'il va croiser va se transformer sous ses yeux et prendre une apparence repoussante et très graphique, l'obligeant à se réfugier sur un toit d'où il finira par sauter, pour une entame du film bien réussie, visuelle et mettant déjà en avant un humour (Batman) qui heureusement restera discret et toujours à propos.
Mais pendant cette séquence introductive, nous allons également découvrir le personnage principal, Marcus, un ambulancier devant assister avec sa collègue Jenny une jeune demoiselle pour un accouchement difficile avant d'être appelé pour secourir une femme ayant reçu des coups de couteau dans le ventre. Celle-ci décédera une fois arrivée à l'hôpital mais Marcus aura vécu quelques instants spéciaux avec cette victime qui vont le pousser à vouloir tout tenter pour la sauver, quitte à s'attirer des ennuis. L'intrigue va également avancer le détective privé Carruthers, un ancien policier travaillant avec son fils sur le décès d'une prostituée, sans que l'intrigue ne laisse apparaître de corrélation entre ses deux sous-intrigues immédiatement pour préférer jouer sur les interrogations provoquées chez le spectateur et ainsi maintenir l'intérêt qui ne faiblira pas par la suite puisque même une fois les enjeux clairement établis et les faits énoncés, avec ce démon passant de corps en corps pour tuer, les situations et rebondissements demeureront globalement difficilement anticipables jusqu'au final qui aura le mérite de surprendre dans la continuité pourtant logique de l'intrigue.
Le métrage va donc alterner des passages mettant en valeur ses personnages principaux globalement attachants (et ce même si ce Marcus manquera quand même légèrement de consistance et de charisme pour réussir à devenir réellement sympathique) confrontés au Mal incarné sous des apparences flatteuses qui provoqueront quelques passages chargés d'un érotisme avéré mais n'allant bien entendu jamais bien loin, avec d'autres bien plus dirigés vers l'action et la violence pour susciter quelques situations sanglantes parfois gratuites (le carnage dans les toilettes de la boîte de nuit) mais en tout cas toujours graphiques et porteurs d'une violence sèche et brutale qui sera percutante et même régulièrement surprenante dans son agencement direct et sans fard, tandis que le gore se fera par contre moins expansif que prévu.
Si l'intrigue globale aura largement de quoi captiver et intriguer continuellement le spectateur, pour même lui réserver quelques surprises aussi dramatiques que marquantes en étant sans pitié envers les protagonistes, tout en arrivant à rebondir d'une situation à une autre sans aucun mal, on pourra quand même regretter quelques effets faciles et autre volonté de surprendre qui parfois tomberont à plat en étant aisément téléphonées, mais cela ne viendra heureusement en aucun cas nuire de façon trop flagrante à l'ensemble.
Les personnages seront bien fouillés pour même laisser le réalisateur prendre le temps de s'immiscer dans leurs vies intimes mais sans aucune gratuité puisque cela viendra s'impliquer directement dans les rouages de l'intrigue par la suite, tout en flirtant légèrement avec les stéréotypes et les "bons sentiments" renouvelés au fil des développements dus cript, par ainsi nous faire aussi profiter de cet humour souriant qui viendra sporadiquement se mêler aux événements de manière parfois incongrue et presque déplacée (le personnage de Martineau, amusant même hélas trop caricatural) et qui présentera aussi quelques petites surprises exquises et irrévérencieuses.
L'interprétation est ici assez convaincante, avec quand même un bémol concernant Kristopher Shepard, trop transparent dans le rôle de Marcus, tandis que Ving Rhames campera un Carruthers plus étoffé et que les actrices du métrage, Ava Gaudet en tête, se montreront charmantes en n'hésitant pas à mettant en avant leurs charmes devant la caméra voyeuse du réalisateur. La mise en scène du réalisateur Richard Dutcher est bien maîtrisée, sachant coller à l'action et donner une certaine ampleur à la violence du métrage pour de fait la rendre efficace. Les effets spéciaux sont probants, aussi bien pour des "maquillages" numériques presque parfaits que pour des effets sanglants certes pas forcément toujours aussi visuels que l'on aimé mais pour autant toujours réalistes et porteurs d'une volonté graphique avérée.
Donc, ce Evil angel aura le mérite de se démarquer du commun de la production actuelle par son intrigue recherchée et presque originale et dont les développements ne devraient pas décevoir, le tout en se montrant généreux en violence et pour un érotisme bienvenu !
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les éditions Blu-ray et DVD proposées par Emylia, une présentation est disponible ici !
Titre du film : Même la pluie
Réalisatrice : Iciar Bollain
Durée du film : 1h43
Date de sortie au cinéma : 5 janvier 2011
Avec : Gael Garcia Bernal (Sebastian), Luis Tosar (Costa), Carlos Aduviri (Daniel / Hatuey), Carlos Santos (Alberto / Bartolomé de Las Casas), etc.
Par Nicofeel
Remarquée par son premier film, Ne dis rien (2004) avec comme sujet une femme battue par son époux, Iciar Bollain revient en 2011 avec un sujet aux connotations très sociales. En effet, le film s'inspire des événements qui se sont déroulé en 2000 en Bolivie et qui ont opposé le peuple de la ville de Cochabamba aux forces de l'ordre suite à l'obtention par une entreprise privée de la distribution de l'eau potable suite à la privatisation de ce service.
Sauf qu'ici il s'agit bien évidemment d'une fiction. Et d'ailleurs la réalisatrice ne s'est pas simplifiée la tâche car elle a décidé de mettre en scène plusieurs histoires. Pour expliquer les événements qui vont avoir lieu au sujet de la guerre de l'eau, Iciar Bollain prend comme principaux protagonistes dans son film venus un jeune réalisateur, Sebastian (Gael Garcia Bernal, très juste dans son rôle) et son producteur, Costa (excellent Luis Tosar, déjà vu dans Ne dis rien d'Iciar Bollain), venus en Bolivie pour réaliser à bas coût un film sur la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.
La première scène du film est saisissante car cette file impressionnante de personnes venus pour le casting et qui se révoltent quand on leur dit que quelques-uns d'entre seulement seront auditionnés. On sent déjà que les bases du film sont lancées : peuple qui vit dans un état de pauvreté et situation géopolitique très précaire.
Là où Iciar Bollain fait encore plus fort, c'est dans sa capacité à relier les deux récits. Le film sur Christophe Colomb qui est une mise en abyme du film n'est pas seulement un film de plus sur Christophe Colomb, c'est aussi et surtout un film sur un colonisateur venu dépecer les biens des « Indiens » qui sont pris pour moins que rien, comme les figurants colombiens qui sont payés sur ce film par Costa pour une somme dérisoire.
Le récit se joue en fait à trois niveaux : il y a l'Histoire de Christophe Colomb venu coloniser un pays qu'il croit être l'Inde ; il y a la vie quotidienne de nos réalisateur et producteur venus profiter d'une main d’œuvre bon marché ; il y a la commune de Cochabamba qui entend taxer un peu plus le peuple en profitant de la privatisation du marché de l'eau (« Même la pluie devient payante », d'où le titre du film). En somme, dans toutes les histoires qui nous sont racontées, il est question d'un dominant et de dominés.
Le point de vue est très subtil car la cinéaste espagnole n'en fait jamais trop. Le réalisateur et le producteur ne sont pas vus comme des « gentils » qui vont se rallier à la cause du peuple bolivien. Non ce qui leur importe c'est que le film puisse se tourner et se terminer de façon satisfaisante. Costa n'hésite pas employer les grands moyens pour arriver à ses fins : il corrompt la police locale pour faire sortir de prison Daniel, un des acteurs dont il a besoin ; par ailleurs il donne une énorme somme d'argent – par rapport au coût de la vie en Bolivie – pour que son acteur bolivien continue de tourner, malgré les réticences que ce dernier a, comprenant clairement qu'il est exploité. De son côté, Sebastian s'offusque d'un côté des conditions de vie du peuple bolivien, de l'autre il choisit à chaque fois une voie permettant la poursuite de son film, quitte à mettre en veille ses idéaux humanistes.
Iciar Bollain a le talent de ne jamais faire dans la dichotomie. Malgré sa volonté farouche que le film se tourne, Costa n'en reste pas moins un être humain : après avoir dû ravalé son honneur en suppliant Daniel, son principal acteur bolivien, de revenir sur le tournage, il va surtout faire preuve d'un vrai sens d'humanisme à la fin, comprenant parfaitement la détresse de ce peuple. L'émotion est grande lors de la dernière rencontre entre Costa et Daniel.
Les acteurs sont vraiment à féliciter dans ce film car ils sont tous vraiment au top niveau, tant les deux acteurs principaux qui sont tiraillés entre la volonté de terminer le film et l'idée de s'investir dans une cause juste. Les seconds rôles sont également très bons, comme l'acteur principal du film sur Christophe Colomb qui joue un acteur qui n'a de cesse à plusieurs moments de montrer son attachement à la cause du peuple bolivien.
N'omettons pas de signaler que la réussite du film tient également bien entendu à sa mise en scène. On a droit à des mouvements bien fluides, et notamment à quelques beaux travellings. Le film est d'autant plus agréable à regarder. En outre, le monteur du film a été très bon dans sa capacité à jongler habilement entre le film dans le film, l'envers du décor et la montée progressive des affrontements entre le peuple bolivien et l’État.
Le directeur photo est également à féliciter car sont parfaitement traduits à l'écran les superbes paysages vus dans le film. On croirait vraiment que l'on assiste à l'arrivée de Christophe Colomb. Le travail de reconstitution est vraiment bien rendu, et a fortiori il crée des liens avec l'histoire contemporaine.
Alliant avec brio chronique sociale, mise en abime d'un film et relations privées, Iciar Bollain réalise certainement ici son film le plus abouti. Un beau film qui mérite largement d'être regardé. On notera qu'avec les troubles actuels qui se déroulent dans plusieurs pays du monde (Tunisie, Égypte), avec le peuple qui se dresse contre l’État, ce long métrage prend un écho particulier.
Titre du film : Black swan
Réalisateur : Darren Aronofsky
Durée du film : 1h43
Date de sortie au cinéma : 9 février 2011
Avec : Natalie Portman (Nina), Mila Kunis (Lily), Vincent Cassel (Thomas Leroy), Winona Ryder (Beth), Barbara Hershey (Erica), etc.
Par Nicofeel
Auteur entre autres des excellents Requiem for a dream (2001) et de The wrestler (2009), l'excellent cinéaste américain Darren Aronofsky revient avec un nouveau projet, Black swan.
Dans ce film, le réalisateur s'intéresse au milieu de la danse classique. Ce milieu donne lieu rarement à des adaptations cinématographiques. Signalons tout de même l'existence de l'excellent long métrage Les chaussons rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger (1948).
Pour sa part, Darren Aronofsky a décidé d'axer son film autour d'une nouvelle adaptation du Lac des cygnes. Composé en 1877 par Piotr Ilitch Tchaïkovsky, le lac des cygnes est un ballet en 4 actes où un prince, Siegfried, tombe amoureux d'une jeune femme, Odette, qui a été transformée en cygne (le cygne blanc) par le magicien Rothbart. Pour être délivré de ce sortilège, elle doit recevoir un amour éternel. Ce que fait Siegfried. Mais quand arrive l'heure de demander la belle en mariage, il est trompé par Odile (le cygne noir), qui a pris l'apparence d'Odette. Cette dernière meurt alors de chagrin. Voilà schématiquement l'histoire que va très bien respecter Darren Aronofsky au niveau de son choix scénario.
Dans le ballet du lac des cygnes, c'est généralement une même ballerine joue le rôle d'Odette (jeune femme virginale, c'est le cygne blanc) et d'Odile (qui trompe le prince par sa ressemblance avec Odette, c'est le cygne noir). Chez Aronofsky, c'est la jeune Nina (Natalie Portman) qui obtient le rôle de la reine des cygnes qui va lui permettre d'incarner tout à la fois le cygne blanc et le cygne noir.
Nina est présentée au départ comme une jeune femme frêle, timide, quasi frigide, à tel point qu'elle refuse même les avances du chorégraphe Thomas Leroy (Vincent Cassel) qui monte le ballet de cette nouvelle adaptation du lac des cygnes. Elle est donc parfaite dans le rôle du cygne blanc.
Sauf qu'elle doit aussi jouer le rôle du cygne noir. Et c'est son problème. Nina n'est pas préparée à jouer un personnage négatif. C'est un peu contre son gré qu'elle se met à pratiquer des choses qui lui étaient jusque-là étrangères : la découverte de son corps avec des attouchements personnels ; une nuit entière à boire et à danser dans un bar ; et surtout la séparation avec une mère possessive qui était jusque-là son seul lien social.
Ce côté schizophrénique qui consiste à jouer deux rôles parfaitement opposés – le cygne blanc et le cygne noir – va accroître la fragilité psychologique de Nina et lui faire perdre progressivement pied avec la réalité.
Mais comment pourrait-il en être autrement ? D'une part, à la base, Nina est méfiante face aux autres filles qui s'entraînent comme elle au sein du prestigieux New York city ballet. Nina pense que la jeune Lily, qui est beaucoup plus dévergondée qu'elle, essaye de lui prendre sa place. Ce sentiment est renforcé par le fait que Lily est sa doublure pour le rôle de la reine des cygnes. D'autre part, Nina a été éduquée par une mère qui souhaite la faire réussir là où elle a échoué. Nina est le prolongement de sa mère. Elle ne vit pas uniquement son rêve mais doit supporter aussi celui de sa mère. Cela accroît donc un peu plus son dédoublement de personnalité.
L'issue à tout cela ne peut être que fatale pour Nina. Rappelons que le dédoublement de personnalité la conduit à interpréter ce cygne blanc et ce cygne noir. Au fur et à mesure que le film avance, le côté sombre prend de plus en plus d'importance, allant jusqu'à étouffer le cygne blanc.
Les scènes de la fin du film sont particulièrement évocatrices. En brisant le miroir et en croyant tuer quelqu'un, elle devient le black swan. Mais surtout elle se blesse tout seul, donc elle blesse le cygne blanc. En devenant le cygne noir (le passage en cygne noir donne même lieu à l'arrivée de plumes noires qui sortent de Nina), elle détruit d'une certaine façon le cygne blanc. Tout ceci est très métaphorique mais la blessure du cygne blanc (qui correspond à un chagrin dans la pièce) est bien causée par le cygne noir. Et c'est donc très logiquement qu'en redevenant le cygne blanc, Nina est blessée mortellement. Le plan de fin est superbe plan avec un fondu au blanc qui achève ce long métrage : ce n'est pas seulement la mort du cygne blanc, c'est aussi la représentation de la mort de Nina dont l'âme est en train de monter au paradis.
Si le film est admirable sur le plan scénaristique, il l'est également sur le plan de la mise en scène. Tout est parfaitement filmé. C'est beau et c'est fluide. Aronofsky pourrait filmer de d'autres ballets. Le film est très lyrique et cela accentue son côté dramatique. Il faut dire aussi que le cinéaste américain a bénéficie de l'aide du chorégraphe français Benjamin Millepied qui avait auparavant entre autres intégré le New York City Ballet en tant que danseur professionnel où se déroule l'action du film.
Et puis que serait un film qui évoque un ballet sans sa musique ? Évidemment, on a droit à la musique de Tchaïkovsky, qui est en outre sublimée par les morceaux originaux que propose Clint Mansell, le compositeur fétiche de Darren Aronofsky. Le son de Clint Mansell ajoute un côté entêtant et inquiétant à Black swan. Au niveau musical, on retiendra notamment le fait qu'Aronofsky ait eu la bonne idée de faire entendre à Nina la musique du lac des cygnes jusque dans sa loge, prouvant en cela qu'elle est complètement obsédée, voire absorbée par son rôle.
L'interprétation du personnage de Nina est au demeurant impeccablement interprété tant dans les scènes de danse que dans les autres scènes par Natalie Portman. Lors de ses nombreuses répétitions, le film montre bien qu'il faut consentir beaucoup d'efforts pour arriver au but tant espéré. Il faut faire preuve d'une discipline de fer. Une répétition des gestes qui confine à l'obsession. De ce point de vue, on assiste à une sacrée performance de Natalie Portman dans un rôle très physique. L'actrice qui s'est d'ailleurs entraînée dix mois pour préparer son rôle est très crédible. Elle est aussi très bien pour évoquer les divagations de son personnage qui a du plus en plus de mal à faire la part des choses entre ce qui est vrai et qui est faux. Parmi les acteurs du film, on notera aussi la présence de Vincent Cassel dans le rôle du chorégraphe français qui attend de Nina qu'elle donne le meilleur d'elle-même. Si le chorégraphe du film est un dragueur pas-tenté qui aime jouer avec ses stars (« ma petite princesse »), Darren Aronofosky évite le cliché de la relation d'amour entre la ballerine et le chorégraphe.
En revanche, consciemment ou inconsciemment, Darren Aronofsky a établi avec Black swan de nombreux ponts avec ses autres films.
Le plus évident d'entre eux est celui de la paranoïa. On pense ainsi immédiatement au film Pi , la première œuvre d'Aronofsky, où un génial mathématicien qui est le principal protagoniste du film est victime de terribles migraines et a l'impression d'être suivi en permanence. Le parallèle ne s'arrête pas là. Pi est un film en noir et blanc. Or, dans Black swan le lac des cygnes voit la distinction entre deux cygnes antinomiques : le cygne blanc et le cygne noir.
L'obsession est une autre thématique centrale chez Aronofsky. Nina est obsédée par l'idée d'être parfaite son rôle, comme pouvait l'être le mathématicien dans Pi qui cherchait à percer des suites mathématiques logiques qui expliqueraient le cours du monde. Dans Requiem for a dream, l'obsession tient à l'addiction à la drogue ou à la télévision.
Et puis l'issue finale des films est loin d'être joyeuse pour ses protagonistes. Si Nina réussit à être la reine des cygnes, sa gloire est éphémère et se clôt comme dans The wrestler par une chute mortelle. D'ailleurs, comme dans The wrestler, Aronofsky filme au corps (ce corps qui est maltraité dans plusieurs films d'Aronofsky avec ici une Nina qui se gratte la peau et qui croit s'arracher une plume noire qui aurait poussé dans son dos) avec une caméra à l'épaule qui épouse les mouvements de ses personnages. C'est avec une mise en scène aussi bien adaptée à son sujet que l'on croit d'autant plus que Nina finit par se confondre avec son rôle.
Brillamment scénarisé, mis en scène et interprété, Black swan est un film extrêmement noir, comme son titre l'indique. C'est un film qui par son intensité dramatique risque de secouer plus d'un spectateur. Tout le mérite en revient donc à Aronofsky qui réalise là un de ses films les plus aboutis, avec The wrestler. On attend donc avec impatience son prochain film.
Titre du film : Tron l'héritage
Réalisateur : Joseph Kosinski
Durée du film : 2h07
Date de sortie au cinéma : 9 février 2011
Avec : Jeff Bridges (Kevin Flynn / Clu), Garrett Hedlund (Sam Flynn), Olivia Wilde (Quorra), etc.
Par Nicofeel
Film traitant des jeux vidéo avec un visuel pour le moins particulier, vu à la base comme un film pour des enfants, Tron est un film produit en 1982 qui a été un véritable four sur le plan commercial. Le film est d'ailleurs considéré par certains comme un film d'un kitsch abominable. Sans compter que le film a très mal vieilli.
Pourtant, malgré ces immenses réserves, Disney a décidé de retenter l'expérience Tron en apportant une suite avec ce Tron l'héritage.
Le film est réalisé par un jeune cinéaste du nom de Joseph Kosinski. Au niveau des acteurs on a droit à Jeff Bridges, qui jouait déjà dans le film original et reprend donc le rôle de Kevin Flynn, ainsi qu'à Garrett Hedlund dans le rôle de son fils et Olivia Wilde, qui joue Quorra, une femme qui vit dans l'univers de Tron.
Mais au juste que raconte Tron ? Après avoir fait fortune grâce à son jeu Tron, Kevin Flynn a brutalement disparu. La société Encom, qui est liée notamment au succès de ce jeu, est dirigée par des gens qui n'ont aucun sens philanthropique et cherchent avant tout à faire du profit. La peinture de notre société actuelle avec ce capitalisme tout puissant, avide d'argent, est plutôt bien vu. Mais ce n'est pas fondamentalement le sujet du film. Le fils de Kevin Flynn, qui détient des parts importantes dans Encom, se met à pirater Encom avant de se rendre dans l'ancien bureau de son père. Par une expérience très originale, il rentre dans le jeu Tron, conçu par son père.
Pour ceux qui connaissent déjà Tron, ils ne seront pas dépaysés car l'histoire est largement expliquée dans les premières minutes de Tron l'héritage et a fortiori tout le background est le même. Ce n'est d'ailleurs pas forcément une très bonne idée. Car si le visuel est plus agréable qu'en 1982 avec par exemple la cité de Tron qui fait penser à Blade runner, les décors numériques ne sont vraiment pas la panacée. Car les décors se résument bien souvent au niveau du fond à couleurs basiques. On a l'impression de revoir le Tron de 1982, mais remis un peu au goût du jour. Le film a toujours un aspect kitsch, même s'il faut bien dire que l'on est censé se retrouver à l'intérieur d'un jeu vidéo. De plus, la 3D, qui est le grand truc du moment, n'apporte franchement pas grand chose. C'est à se demander si les personnages capitalistes que l'on voit au début du film ne seraient pas également une représentation des dirigeants de Disney, prêts à toute innovation (même si elle est sans intérêt) pour ramener de l'argent !
Les combats sont heureusement plus dynamiques. Si ces combats peuvent paraître assez rapidement lassants, ils offrent de multiples possibilités avec des combats de disques, ces combats de motos ou encore ces combats en avions de chasse.
Et puis les quelques scènes où il y a des dialogues permettent d'apprécier un peu ces images de synthèse pour le moins particulières.
Tron est un film de science-fiction qui se laisse regarder sans mal mais qui n'apporte pas grand chose. Son scénario est extrêmement linéaire et particulièrement attendu.
La véritable bonne idée du film est sans conteste la rébellion du jeu contre son concepteur. Le programme se rebelle contre son concepteur. Ce qui donne lieu à une opposition entre un certain Clu – dont le réalisateur a eu la bonne idée de le figurer par les traits d'un Jeff Bridges jeune – et le trio formé de Kevin et Sam Flynn et Quorra. Clu est bien vu dans le film comme une sorte de double maléfique de Kevin Flynn. Clu entend dominer le monde, à l'instar de Kevin Flynn devenu dans ce monde numérique une sorte de Dieu en créant Tron. Malheureusement l'oppostion entre Clu et Kevin Flynn n'est pas assez étudiée. De même que l'existence de ces mystérieux personnages que sont les ISO.
Le réalisateur Joseph Kosinski privilégie pour sa part la relation filiale entre Kevins Flynn et son fils. Sur ce point, ce n'est pas mal vu. Est également plutôt bien sentie la différence entre le monde réel et le monde de Tron, avec l'idée que la perfection est insaisissable, même pour le système de Tron.
Côté acteurs, on ne pourra que se réjouir de la présence de Jeff Bridges qui, tant dans le rôle de Kevin Flynn que dans le rôle de Clu, crève l'écran. A ses côtés Garrett Hedlund est loin d'être inoubliable et Olivia Wilde tient surtout le rôle de la belle femme sexy.
Quelques mots également sur la bande son qui est signée par le célèbre groupe Daft Punk. Les aficionados de ce groupe apprécieront les compositions de qualité rendues pour ce film.
Au final, Tron l'héritage est un film qui se laisse regarder sans souci mais ne constitue absolument pas la révolution attendue par certains. Le film aurait certainement gagner en intérêt à se démarquer beaucoup plus nettement de l’œuvre originale.
par Nicore
S'appropriant le mythe de Lilith pour le transposer de nos jours, ce Evil angel va en profiter pour nous servir une intrigue fouillée et n'hésitant pas à avancer une violence franche et brutale ou encore un érotisme parfois torride, mais ce sera directement en combo Blu-ray/DVD ou simplement en DVD que le métrage arrive chez nous à partir du 15 février prochain sous l'impulsion d'Emylia qui nous déniche encore un inédit largement intéressant.
L'intrigue va donc reprendre le mythe antique de Lilith transposé au 21ème siècle au travers d’une meurtrière perverse, sexy et séduisante. Lorsque Lilith, première femme d’Adam, a refusé de se soumettre à son autorité, elle a été chassée du jardin d’Eden et remplacée par Eve : furieuse Lilith devient la compagne de Lucifer et n’a depuis cessé de se venger. Lilith retourne sur terre à Chicago pour assouvir sa vengeance sanglante sur des êtres humains innocents.
Le métrage va réussir à captiver d'entrée son spectateur en avançant instantanément sa créature diabolique pour ensuite laisser place à une intrigue installant un mystère diffus et prenant qui ne désenflera pas tout au long du film pour au contraire nous réserver quelques surprises violentes en n'étant sans concessions envers ses personnages qui vont subir de plein fouet les foudres de cette créature maléfique manipulatrice et perverse en diable. Et si la violence sera bien présente, rarement gratuite et toujours volontaire sans pour autant verser dans un gore expansif, tandis que l'érotisme se montrera aussi fréquemment, cela ne se fera pas au détriment des personnages qui réussiront à intriguer et à prendre vie au sein du film pour aider l'ensemble à accroître encore l'intérêt déjà titillé par ce script bien plus foisonnant que ce que le genre nous donne régulièrement en ce moment l'occasion de découvrir.
L'édition "Premium" DVD du film proposera une image en 2.39 (16/9 anamorphique) pour une bande-son en français en DD5.1 mais également en anglais sous-titré en français en DD5.1 et en DTS, alors qu'hélas aucun bonus ne viendra compléter la vision du film, si ce n'est quelques bandes-annonces d'autres titres de l'éditeur. L'édition "combo" reprendra bien entendu les caractéristiques pour le DVD, tandis que le Blu-ray du film avancera une image en 2.39 (AVC 1080p) et une bande-son en français et en anglais en DTS-HD5.1, sans proposer plus de bonus.
Donc, ce sera à partir du 15 février prochain que nous allons pouvoir découvrir ce Evil angel largement probant, graphique et captivant autour d'un mythe utilisé avec consistance !
Titre du film : La vie au ranch
Réalisatrice : Sophie Letourneur
Durée du film : 1h32
Date de sortie au cinéma : 13 octobre 2010
Avec : Sarah-Jane Sauvegrain (Pam) ; Eulalie Juster (Lola) ; Mahault Mollaret (Manon), etc.
Par Nicofeel
Réalisé par la cinéaste Sophie Letourneur, La vie au ranch est un film qui peut être rapidement résumé : c'est l'histoire de deux colocataires – Pam et Manon – qui vivent dans un appartement dans Paris, surnommé le ranch. Dans ce lieu ont lieu moults fêtes avec des filles uniquement, ou parfois avec des amis des deux sexes. Le passe-temps de ces jeunes est de boire jusqu'à se donner mal au crâne, de fumer toute une soirée et de raconter tout et n'importe quoi.
D'ailleurs, au final ce film ressemble bien à n'importe quoi. Dès le début, on est saisi par des bruits qui partent dans tous les sens, empêchant de comprendre clairement les discussions qui ont lieu. Ces jeunes, âgés de la vingtaine, parlent fort, voire même crient, et sont avant tout friands à l'idée de faire la fête.
Il est bien difficile de s'acclimater à un tel film qui a une capacité certaine à fatiguer avec ces jeunes qui se la jouent bobo et n'ont d'autre but dans la vie que de s'amuser ou de penser aux garçons. On est vraiment au raz des pâquerettes avec un tel film.
Le film réussit même à agacer sérieusement, et cela on le doit à l'interprétation de l'actrice principale, Sarah-Jane Sauvegrain qui joue Pam. Avec sa grosse voix grave, elle ne cesse de crier comme ses copines. En plus, son attitude laisse franchement à désirer : soit elle est carrément vulgaire (voir la scène où elle fait ses besoins naturels de manière on ne peut plus classe dans la rue !), soit elle s'y croit à fond en se prenant pour le centre du monde, soit elle est tout bonnement détestable comme lorsqu'elle rit en parlant de sa grand-mère en disant qu'elle va bientôt « died ». Elle parle souvent – comme ses copines – en utilisant des mots d'anglais (avec un accent à faire peur !) pour faire « stylé ». Et puis Pam passe de copain en copain, avec par exemple cette incroyable scène où elle se baisse en voiture afin d'éviter de voir son copain et de profiter d'un autre garçon rencontré peu de temps auparavant.
Ainsi, par sa façon d'être, ses propos, son j' m'en foutisme, Pam est insupportable.
Mais ses copines sont également de sacrés phénomènes, ne pensant qu'à aller de fête en fête, le tout sur un canapé pourri. Quand elle ne pensent pas aux fêtes, elles pensent aux garçons. La fameuse Lola (à qui l'on doit la célèbre expression « à part rien foutre, j'sais pas quoi foutre ») devient fatigante à tout ramener à un certain Fritz qui sera bien vite oublié. Les garçons paraissent interchangeables dans ce film. Surtout qu'ils ne sont pas non plus d'une grande finesse, pensant pour leur part que jouer dans un groupe leur donnera un ticket certain pour sortir avec des filles.
On aurait pu penser que le fait de changer vers la fin du film le lieu de l'action, avec le voyage en Auvergne, allait changer un peu la donne. Mais pas du tout. Certaines filles sont toujours aussi vulgaire, comme celle qui demande à une autre en voyant quelqu'un traire des vaches, si cela ne lui rappelle pas son copain. Seule satisfaction à ce moment : le côté quasi documentaire puisque l'on voit bien qu'il s'agit de vrais agriculteurs. Mais bien vite cet aspect est parasité par le personnage de Pam qui cherche pendant une fête de famille à continuer de boire jusqu'à en être malade. Dans ces scènes, on se demande si le plus intéressant n'est pas de voir ces belles vaches qui passent avec leurs clochettes ! Au moins on ressent la nature.
Finalement, c'est dommage que le film n'ait pas bénéficié d'un minimum de finesse car il y a certaines idées qui auraient pu être exploitées et donner un vrai fond au film. On a par exemple le fait que les relations entre les filles et notamment entre Pam et Manon, deviennent tendus. A tel point que les filles, si cool au départ, n'hésitent pas à se balancer des vannes méchantes, comme lorsqu'une fille déclare à Pam qu'elle ressemble à Christian Clavier dans Le père Noël est une ordure avec sa robe type léopard. Une telle remarque, pourtant cinglante, se dilue dans le reste du film. Autre élément qui aurait pu être intéressant. Le fait de montrer que des personnes, à l'instar de Pam qui se sent obligée à chaque fois de vivre en colocation (avec Manon à Paris ; avec des étrangers à Berlin).
Le film ne restera pas non plus dans les mémoires pour sa mise en scène qui est correcte, sans plus (quelques gros plans sont plutôt bien vus).
On comprendra donc aisément que La vie au ranch n'est pas du tout le film français qui va marquer un certain renouveau du cinéma français. Si l'on veut voir ce que sont capables de faire de jeunes et talentueux réalisateurs, il vaut mieux se tourner vers une œuvre comme Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert. On ne sera pas énervé et on n'aura pas l'impression de perdre son temps.
Titre du film : Rien à déclarer
Réalisateur : Dany Boon
Durée du film : 1h48
Date de sortie au cinéma : 2 février 2011
Avec : Dany Boon (Mathias Ducatel), Benoît Poelvoorde (Ruben Vandevoorde), Christel Pedrinelli (Olivia Vandevoorde), Joachim Ledeganck (Leopold Vandevoorde), Julie Bernard (Louise Vandevoorde), Jean-Paul Dermont (le père Vandevoorde), Karin Viard (Irène Janus), François Damiens (Jacques Janus), Bouli Lanners (Bruno Vanuxem), Olivier Gourmet (le prêtre de Chimey), Bruno Lochet (Tiburce), etc.
Par Nicofeel
Après l'énorme succès de Bienvenue chez les Ch'tis (2008), Dany Boon a décidé de remettre le couvert. Cette fois l'action de son film se déroule à la veille de l'ouverture des frontières de l'espace Schengen, c'est-à-dire des pays membres de la Communauté Économique Européenne (CEE) le 1er janvier 1993. Ne cherchez pas d'autres références historiques dans ce film. Ce rappel historique n'est qu'un prétexte et le titre Rien à déclarer n'a d'autre but que de rappeler que ce long métrage va s'intéresser à des douaniers.
Dès le départ, il faut accepter que ce film est avant tout une petite comédie qui n'a d'autre but que de divertir le spectateur. Il ne faut pas chercher une quelconque réflexion dans Rien à déclarer car il n'y a effectivement à rien à déclarer. Dany Boon ne se sent pas beaucoup plus concerné au niveau de la mise en scène qui – en dehors de quelques petits mouvements de caméra – se limite bien souvent à de simples champs et contre champs.
Mais alors pourquoi regarder Rien à déclarer ? D'abord parce qu'on peut se douter que ce film qui bénéficie d'un incroyable battage médiatique, va être le succès de l'année au niveau des entrées en salles. De là à battre l'incroyable raz-de-marée de Bienvenue chez les Ch'tis (20,5 millions de spectateurs), il y a une marge qui paraît tout de même très importante.
D'un point de vue intrinsèque, outre le phénomène que va certainement représenter Rien à déclarer au niveau des recettes, il faut bien reconnaître que le film mérite d'être vu avant tout grâce à son casting. Car dans cette histoire de douaniers, il y a la confrontation de deux pays : D'un côté, Benoît Poelvoorde joue le rôle de Ruben Vandevoorde, un douanier belge fier de son pays et qui ne veut pas se laisser envahir par les « camemberts » ! De l'autre côté, Dany Boon se donne une nouvelle fois le rôle d'un personnage un peu timide mais tendre en la personne de Mathias Ducatel, un douanier français qui sort depuis un an avec Louise Vandevoorde, la soeur de Ruben Vandevoorde !
Tout cela est évidemment tiré par les cheveux mais le principal est encore une fois de distraire les spectateurs.
Et sur ce point il faut reconnaître que la mayonnaise prend plutôt bien avec Benoît Poelvoorde qui fait du Poelvoorde, à savoir un homme un peu cinglé qui n'hésite pas à gueuler et à employer la manière forte (il tire sur des gens) pour se faire respecter ! A l'inverse, Dany Boon dans le rôle de Mathias est beaucoup plus calme. Il cherche avant tout à se faire accepter – en tant qu'ami – par Ruben puisqu'il cherche à se faire accepter au sein de cette famille belge nationaliste. Les choses ne sont pas faciles car entre les camemberts et les bouffeurs de frites, ce n'est pas la franche amitié !
Alors quand les deux vont se retrouver ensemble au sein de la douane volante, on comprend aisément qu'il risque d'y avoir des étincelles. Surtout que les débuts sont laborieux avec une douane volante nantie de moyens pour le moins microscopiques : un téléphone portable qui capte très mal ; un tout petit chien, Grizzly (!) qui a plus l'aspect d'une mascotte que d'un chien de douanier ; et surtout une voiture 4 L pour débusquer les contrebandiers ! Évidemment, tout cela n'est pas crédible pour deux francs belges, mais la sauce prend avec scènes réellement drôles. On retiendra par exemples les premiers ratés de cette fine équipe ou à l'inverse le moment où, fiers d'eux (une fois que la 4 L est transformée en 4 L tuning plus rapide qu'une ferrari), ils reviennent solidaires sur les routes de leur exploit avec comme fond musical I believe I can fly de R Kelly.
Tout ceci n'est pas très sérieux et ce ne sont pas les personnages secondaires du film qui vont me faire mentir. Karine Viard et François Damiens interprètent le couple Janus (eh oui leur établissement est situé entre la France et la Belgique, d'où la référence au dieu romain) qui tient un restaurant qui va être l'objet de toutes les attentions. Karine Viard est une madame Janus prête à tout pour continuer de faire marcher son restaurant, quitte à rentrer dans une totale illégalité. Quant à François Damiens, il est un mari gentil mais complètement pataud et incapable de faire preuve d'un minimum d'intelligence.
Côté intelligence, on est servi avec Bruno Lochet (un des Deschiens) qui joue un truand de deuxième zone, qui va avoir à chaque fois la malchance de tomber sur notre célèbre couple de douaniers franco-belge. Les scènes avec Bruno Lochet sont franchement hilarantes, et notamment le moment où il se fait « capter » par le chien ! Voilà pour les seconds rôles les plus marquants du film.
Rien à déclarer qui privilégie dans sa première partie à fond la carte de l'humour certes un peu lourd mais rigolo s’essouffle un peu par la suite en ramenant l'attention sur l'histoire d'amour contrariée entre Mathias Ducatel et Louise Vandevoorde. Cette deuxième partie du film est un peu plus convenue, et n'apporte pas grand chose à un récit qui n'est finalement jamais aussi intéressant que dans les moments où les scènes humoristiques correspondent à du grand n'importe quoi, avec des acteurs qui s'y mettent à cœur joie dans une direction quasi jusqu'au-boutiste.
Cela dit, en calmant un peu le jeu, Dany Boon recentre son histoire sur des valeurs déjà développées sur le film Bienvenue chez les Ch'tis, à savoir l'amitié, le fait de combattre les préjugés et le racisme, l'amour sincère et l'importance de la famille.
Au final, Rien à déclarer n'est rien de moins qu'un petit film comique sans prétention et sans ambition qui devrait pourtant rencontrer le succès par la venue massive de spectateurs, curieux de voir le nouveau film du réalisateur de Bienvenue chez les Ch'tis.
Rien à déclarer est loin d'être un chef d’œuvre mais il a le mérite de remplir son but, à savoir divertir et amuser les gens.
Titre du film : Poupoupidou
Réalisateur : Gérald Hustache-Mathieu
film : 1h42
Date de sortie au cinéma : 12 janvier 2011
Avec : Jean-Paul Rouve (David Rousseau), Sophie Quinton (Candice Lecoeur), Guillaume Gouix (le brigadier Bruno Leloup), Olivier Rabourdin (le commandant Colbert), etc.
Par Nicofeel
Après deux courts métrages remarqués (Peau de vache en 2002 et La chatte andalouse en 2003) et un premier long métrage avec Avril (2006), Gérard Hustache-Mathieu retrouve à nouveau la belle Sophie Quinton.
L'actrice française y incarne dans Poupoupidou une jeune femme qui pense être la réincarnation de Marilyn Monroe. On comprend dès lors d'autant plus que le film va beaucoup jouer sur des correspondances. Poupoupidou est d'ailleurs un film très référentiel.
On ressent ces références tant au niveau des images, de la musique ou encore des personnages.
S'il y a un film qui saute aux yeux du spectateur après avoir vu Poupoupidou, c'est celui de Sunset boulevard. Ce grand classique du film noir, réalisé en 1950 par Billy Wilder, est cité à plusieurs reprises. Dans Sunset boulevard, on voit au début du film un homme assassiné qui flotte dans une piscine, avec une voix off qui va expliquer les événements passés. Dans Poupoupidou, on voit dans les premières minutes du film une jeune femme, Candice Lecoeur, qui se serait soi-disant suicidée et qui va être la voix off du film. Dans Sunset boulevard, William Holden interprète l'un des rôles principaux en jouant un scénariste de bas étage. Ici, le personnage principal se trouve être David Rousseau, un écrivain de deuxième zone qui est en panne d'inspiration. David Rousseau se lance un peu par hasard dans une enquête sur la disparition de Candice Lecoeur. Venu dans la ville de Mouthe dans le cadre d'un héritage, David Rousseau pense que l'affaire Candice Lecoeur – qui se serait suicidé dans un no man's land entre la France et la Suisse – pourrait constituer un excellent sujet à son prochain roman.
Les pistes de réflexion du film ne s'arrêtent pas à une citation de Sunset boulevard tant dans son intrigue que dans les personnages décrits. Gérald Hustache-Mathieu apprécie manifestement beaucoup l’œuvre de David Lynch. L'ambiance du film et les lieux de son action rappellent clairement Twin Peaks avec l'assassinat de la belle Laura Palmer et ses paysages enneigés. Quant au côté antinomique entre la blonde Candice Lecoeur et la jeune femme brune qu'elle était autrefois, on peut supposer que la comparaison avec Mulholland drive n'est pas usurpée, et ce d'autant plus que ce film est lui-même un hommage à Sunset boulevard.
Du côté de la musique, le cinéaste joue la carte de la musique rétro, mais en donnant un coup de lifting à certains titres assez anciens. Ainsi, I put a spell on you (Screamin' Jay Hawkins, 1950), est chanté par Xenia. Deux autres chansons ont droit à un nouveau traitement. C'est le cas d'I Wanna be loved by you chanté par AVA et de California dreamin' (The mamas and the papas, 1965), repris de façon jazzy par José Feliciano. N'oublions pas que ces deux chansons évoquent Marilyn Monroe. Pour California Dreamin', c'est par le fait que Marilyn Monroe est née et morte à Los Angeles, ville située précisément en Californie. Quant à I wanna be loved by you, ce tube planétaire a été chanté par Marilyn Monroe dans le film Certains l'aiment chaud (1959) de Billy Wilder (eh oui, encore ce réalisateur). Notons également que Gérald Hustache-Mathieu a lui-même composé lui-même plusieurs morceaux originaux.
Si le film est très référentiel, heureusement il ne se limite pas à ça. Poupoupidou est surtout une enquête policière, menée avec un humour bien français. Il faut dire que le rôle de David Rousseau est exécuté par Jean-Paul Rouve. Avec le côté gauche et peu méfiant que lui donne cet acteur, le personnage de David Rousseau est à lui seul un élément de rigolade. Malgré tout, David Rousseau dérange puisqu'au fur et à mesure qui découvre des pistes, il s'attire les foudres d'autrui, à tel point que l'on essaye même de le tuer. Il faut dire que derrière son manque de subtilité (il va voir le cadavre de Candice Lecoeur sans avoir aucune autorisation ; il se rend dans le logement de Candice Lecoeur en garant sa voiture juste devant, etc.), David Rousseau réussit tout de même à comprendre des choses que les autres n'ont pas vu ou n'ont tout simplement pas tenté de voir. Ainsi, il s'aperçoit que la lettre M sur le bras de Candice Lecoeur constitue le logo de la boîte de nuit où cette femme est allée avant que n'ait lieu son décès. Et puis David Rousseau est d'autant plus dangereux pour certains qu'il est aidé dans son entreprise par un gendarme qui souhaite connaître la vérité.
Mais où est la vérité dans tout ça quand on sait que Candice Lecoeur s'imagine en Marilyn Monroe. Et ce n'est pas que le physique ou la coiffure qui permet l'identification. Il faut dire que d'étranges similitudes avec l'actrice américaine existent. Elles sont nées toutes les deux un premier juin ; toutes deux ont fréquenté un président (des Etats-Unis pour Marilyn, de la région Franche-Comté pour Candice) ainsi qu'un littéraire et un champion de sport ; les deux ont chanté I wanna be loved by you ; chacune de ces femmes a prouvé l'amour en son président, par le biais d'une chanson très sensuelle pour Marilyn et en se découvrant nue en public pour Candice ; toutes deux sont censées s'être suicidées avec a priori une prise importante de somnifères.
Pourtant, Candice Lecoeur née Martine Langevin ne sera jamais Marilyn Monroe. Alors que l'une est une star mondiale adorée par des générations entières, l'autre n'est qu'une star locale qui aspire à devenir quelqu'un. Candice Lecoeur veut être quelqu'un d'autre, elle se rêve en star. Elle ambitionne une existence qu'elle n'aura jamais, sinon par le biais du miroir ( comme ce moment où le journaliste culturel lui dit qu'elle aime se regarder dans la glace et elle lui dit que c'est le reflet dans le miroir qui aime la regarder). Candice Lecoeur a débuté sa vie professionnelle dans un garage, elle a poursuivi en devenant le symbole d'une marque de fromage, le fromage Belle de Jura (qui n'est pas sans rappeler le Chamois d'Or) et l'apothéose de sa carrière (!) a consisté en la présentation de la météo de Franche-Comté, de manière déjantée. Candice arrive difficilement à s'approcher de la classe d'une Marilyn Monroe. Et ce n'est pas en faisant des photos de nu en présence de gendarmes qu'elle risque d'y arriver. La question serait alors de savoir si tout ce que l'on nous a raconté n'est pas au fond que l'immense rêve d'une jeune femme qui n'a jamais été rien d'autre qu'une petite star locale.
La question mérite d'être posée. Elle renvoie d'ailleurs à la dernière chanson du film, Rewind, interprétée par Sophie Quinton elle-même. Ce terme anglais qui signifie rembobiner, remonter, signifie probablement que l'écrivain David Rousseau va livrer au bout du compte sa propre version des faits. Mais la fiction n'est-elle pas à la base différente de la réalité ?
Film très intéressant sur le plan de l'intrigue comme sur celui des questions qu'il amène à se poser, Poupoupidou doit bien entendu son succès critique à son excellente distribution. Jean-Paul Rouve et Sophie Quinton, qui jouent les deux personnages principaux du film mais qui ne se côtoient pourtant jamais dans celui-ci, sont très bons dans leurs rôles respectifs.
Ajoutez à cela la mise en scène sobre mais appliquée de Gérald Hustache-Mathieu, et vous comprenez pourquoi Poupoupidou est un film qui mérite d'être vu.
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