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13.03.10

01:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : La rafle
Réalisateur : Rose Bosch
Durée du film : 1h55
Date de sortie du film : 10 mars 2010
Avec : Mélanie Laurent, Jean Réno, Gad Elmaleh, Sylvie Testud, Hugo Leverdez, Raphaëlle Agogué, Anne Brochet, etc.


Par Nicofeel

Réalisé par Rose Bosch, La rafle rappelle les terribles événements qui ont amené le 16 juillet 1942 un peu plus de 13000 juifs à être parqués au vélodrome d'hiver (le fameux vel d'hiv) avant d'être envoyés dans des camps où ils ne reviendront jamais. Parmi ces juifs raflés se trouvaient de nombreux enfants, âgés pour la plupart de 2 à 15 ans.
Si les films qui évoquent cette question de manière plus ou moins directe sont finalement assez rares (Monsieur Klein de Joseph Losey ou Au revoir les enfants de Louis Malle), on ne peut dès lors qu'apprécier l'idée de faire un film qui nous ramène aux sombres heures de notre pays. C'est par de tels films que l'on continue de se souvenir d'actes odieux qui ont été perpétrés.
De ce point de vue, le film remplit largement son contrat. Il nous montre une administration française qui n'a pas hésité à pactiser avec l'ennemi. Le zèle de la préfecture de police de Paris est pour beaucoup dans la réussite de cette rafle. On voit plusieurs fois à l'écran le secrétaire général de la préfecture de police ou encore des personnages tels que Laval ou encore Pétain.

Les événements sont expliqués dans leur globalité. Même si cela reste parfois un peu simpliste, on démarre l'action avec les Juifs obligés de porter la croix jaune, puis on assiste à la rafle et l'on suit l'après, ce qui demeure assez intéressant. Car on comprend que la rafle n'est que le début du calvaire pour ces hommes et ces femmes qui n'ont rien demandé à personne. L'injustice et la barbarie perpétrées sont bien là pour montrer ce que certains ont presque fini par oublier.
Cependant, malgré ses bonnes intentions, le film est très loin d'être parfait. La rafle fait même assez peur au début. La France qui nous est présentée est complètement caricaturale. On a l'impression d'assister à des images d'Epinal. Les acteurs, qui ne sont pas d'un très haut niveau, nous donnent franchement l'impression que l'on va assister à une sorte de téléfilm. Heureusement, par la suite, de ce côté, cela s'améliore. Quoique côté interprétation, le personnage jouant Hitler est pathétique. Son apparition lorsqu'il se met à invectiver les gens à la radio est parfaitement ridicule : on croit à une blague mais non, la scène se veut sérieuse !
Le film ne manque d'ailleurs pas de scènes quelque peu pathétiques : l'arrivée des pompiers dans le vel d'hiv part d'une bonne intention mais la scène, qui s'éternise, finit par devenir soûlante. La palme du ridicule revient en l'occurrence à Mélanie Laurent (dont l'interprétation est pourtant plutôt convaincante) qui, en bonne infirmière, décide du jour au lendemain de voir le préfet. Et elle le rencontre sur les marches de la préfecture. Cette scène est d'une incroyable incohérence. Comment croire qu'une femme peut venir comme elle le souhaite rencontrer le préfet de police qui est tout de même un des personnages les plus importants de Paris.
Les incohérences sont d'ailleurs légion et c'est ce qui constitue incontestablement sa grosse faiblesse. Même si Rose Bosch part d'un bon sentiment, elle adapte tout de même par moments la réalité historique à sa façon, ce qui devient assez gênant. Ainsi, on voit dans le film, notamment au début, de nombreux Français prêts à aider les Juifs. Dans les faits, on sait bien que si quelques Français ont effectivement aidé des Juifs, ils ont été une minorité. Alors que dans le film on a l'impression qu'il y a la méchante police d'un côté et de l'autre la France entière (hormis quelques personnes, comme cette boulangère raciste, bien caricaturale au demeurant) qui soutient les Juifs, on sait que la vérité a été beaucoup plus nuancée.
De plus, Rose Bosch se permet quelques écarts avec la réalité historique qui ne sont pas de bon aloi. Ainsi, vers la fin du film, un médecin déclare à l'infirmière que joue Mélanie Laurent que les Juifs qui sont envoyés dans des trains à l'Est ne reviennent jamais car ils sont gazés dans des camps. Cette idée est complètement erronée puisque l'on sait parfaitement que l'horreur des camps n'a été découverte que lors de la libération de ceux-ci. C'est d'ailleurs l'horreur des camps qui a créé un véritable émoi sur le plan international.
Et puis le dernier point faible du film est sans conteste son côté larmoyant qui apparaît excessif. Les scènes, avec de grandes envolées sur le plan musical, sont appuyées voire sur-appuyées. On voit à de nombreuses reprises des femmes et des enfants qui crient, Mélanie Laurent se démène dans tous les sens et n'arrête pas de pleurer, on a droit à moults gros plans. Et puis cerise sur le gâteau, la fin. Si cette dernière a le mérite de délivrer un message d'espoir avec ces survivants de l'Holocauste, il n'empêche que là encore la scène est surlignée ô possible avec des acteurs qui en font des tonnes dans le côté larmoyant. Un peu plus de mesure n'aurait pas nui au film et l'aurait rendu tout aussi, voire bien plus intéressant.
Au final, on garde un sentiment mitigé de ce film qui bénéficie d'une thématique forte mais qui est amoindri par un traitement qui manque cruellement de finesse. C'est dommage car il y avait moyen de faire un grand film avec un tel sujet.

Permalien 1018 mots par nicofeel Email , 308 vues • 3 retours

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