13.01.14

05:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : The immigrant

Réalisateur : James Gray

Année : 2013

Origine : Etats-Unis

Durée : 1h57

Avec : Marion Cotillard (Ewa Cybulski), Joaquin Phénix (Bruno Weiss), Jeremy Renner (Orlando le magicien), etc.

Par Nicofeel

Le cinéaste américain James Gray a débuté sa carrière avec trois films sur la mafia (Little, Odessa, The yards et La nuit nous appartient). Il a surpris son monde avec son quatrième film, Two lovers, que l'on peut assimiler à un drame romantique. Avec son nouveau film, il change à nouveau de genre en s'intéressant au film historique.
Si le genre et la période historique sont différents, en revanche les thèmes développés sont les mêmes que ceux qu'affectionnent James Gray.
D'ailleurs, on retrouve son acteur fétiche, Joaquin Phénix (qui n'a pas arrêté sa carrière, contrairement à ce qu'il avait déclaré après le tournage de Two lovers). Celui-ci n'a pas ici le beau rôle. Il interprète le personnage trouble de Bruno, un homme sans foi ni loi qui profite du milieu défavorisé dans lequel il évolue.
A cet égard, il est important de revenir sur le contexte historique du film. On se situe dans les années 20, aux Etats-Unis, avec les immigrants qui sont sévèrement contrôlés à leur entrée dans le pays, notamment d'un pays de vue médical. Ainsi, ceux qui sont malades sont placés en quarantaine et si leur état de santé ne s'améliore pas, ils sont renvoyés dans leur pays d'origine.

C'est à ce moment qu'intervient le fameux Bruno. Il va aider une jeune femme, Ewa, considérée comme quelqu'un de petite vertu – alors qu'elle a été victime de viols – à rentrer sur le territoire américain. Mais son aide n'est pas désintéressée. Il va être son maquereau et profiter de sa situation précaire pour se faire de l'argent sur son dos.
James Gray s'intéresse dans The immigrant aux franges les plus défavorisées de la société. Marion Cotillard interprète avec beaucoup de conviction le rôle d'Ewa, une jeune femme obligée de se prostituer pour survivre et pour se constituer une somme d'argent suffisante afin de libérer sa soeur malade qui est en transit à l'entrée du territoire américain. A travers le personnage d'Ewa, James Gray dresse le portrait de personnes qui ont à cette époque les pires difficultés pour s'en sortir et qui acceptent des choses déplaisantes, voire carrément ignobles sur le plan de la dignité. La condition de la femme est clairement une des thématiques principales du film. Durant cette période, on comprend clairement que la femme n'est pas considérée comme étant l'égale de l'homme. Elle n'est là que pour faire des enfants, être une bonne épouse ou tout simplement pour les femmes les plus pauvres, permettre à l'homme de s'adonner à toutes sortes de plaisirs (spectacles dénudés dans des théâtres érotiques, réseaux de prostitution). Cette condition féminine est encore plus difficile quand la personne est une immigrée.
Dans ces conditions, la notion de liberté paraît bien limitée. Dès lors, cela n'est pas un hasard si James Gray ouvre son film et le clôt avec la statue de la liberté que l'on voit uniquement de dos. C'est une façon d'interpeller le spectateur en lui signifiant que la liberté est une notion très relative pour tous ces immigrants qui entrent sur le territoire américain.
Si James Gray s'est lancé pour la première fois dans la réalisation d'un film historique, il n'a nullement renié ses idéaux. C'est un américain qui aime son pays, comme on peut voir par exemple son attachement aux personnages principaux de La nuit nous appartient à servir leur patrie. Il n'en demeure pas moins que le réalisateur est un homme lucide qui n'hésite pas à critiquer certains agissements passés.
Certes, les Etats-Unis constituent une nation importante qui a fait des progrès sur le plan démocratique. Mais il serait illusoire de penser que tous les immigrés ont pu bénéficier de cette american way of life qui est présentée comme un modèle par nombre de contemporains. Au contraire, dans cette époque trouble qui fait suite à la première guerre mondiale, James Gray révèle au spectateur l'envers du décor. Et celui-ci est bien cruel.
Mais dans toute chose sombre, il y a parfois une lueur d'espoir. Ce qui permet à James Gray de développer un autre leitmotiv qui lui est cher : la rédemption. Le personnage de Bruno, brillamment joué par Joaquin Phénix, est un salaud de la pire des espèces qui profite de la situation de certain(e)s immigré(e)s pour les utiliser à sa guise. Ewa est victime des agissements de cet homme vénal et amoral. Cela étant, comme dans tout bon mélodrame qui se respecte, le personnage de Bruno se prend d'amour pour Ewa et finit par expier ses péchés en se rendant clément sur la fin. Il obtient d'ailleurs le pardon de sa victime.
Comme dans Two lovers, The immigrant nous présente un triangle amoureux. Sauf qu'ici nous n'avons pas un homme et deux femmes qui gravitent autour de lui. Non, ici nous avons deux hommes totalement opposés qui sont épris de la même femme, la fameuse Ewa. Il y a d'un côté le profiteur, manipulateur et tourmenté Bruno et de l'autre le gentil magicien (interprété par un impeccable Jeremy Renner) qui ne juge jamais Ewa et essaye de la sauver car il est touché par elle. Le combat qui a lieu pour récupérer la belle est l'une des clés et l'un des enjeux majeurs de ce mélodrame. On ressent la douleur intérieure, les espoirs et les rêves de chacun. James Gray a donné de beaucoup de profondeur à tous ses personnages.
The immigrant est un film riche dans sa capacité à mélanger petite et grande histoire. Le personnage d'Ewa est un bel exemple d'abnégation qui prouve que l'on peut toujours y arriver, même lorsque l'on est tombé très bas. Dans son cas, la religion l'a aidée à tenir dans son désir de s'en sortir.
Une fois de plus, James Gray ne nous déçoit pas avec son nouveau film.

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