07.04.08

01:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Critique cinéma : Le premier venu
Réalisateur : Jacques Doillon
Avec : Clémentine Beaugrand, Gérald Thomassin, Guillaume Saurrel, Gwendoline Godquin, François Damien…
Durée du film : 2h03
Date de sortie en salles : 2 avril 2008

Par Nicofeel

Le premier venu

Revenu derrière la caméra après cinq ans d’absence (son film Raja datant de 2003), Jacques Doillon réalise un film qui s’intéresse à la complexité des sentiments amoureux.
Dans Le premier venu, l’intrigue tourne avant tout autour de trois personnages principaux : il y a Camille (interprétée par Clémentine Beaugrand) qui décide de s’attacher au fameux premier venu (le premier garçon qui lui tombera sous la main), qui n’est autre que Costa (joué par Gérald Thomassin, qui a déjà tourné pour Jacques Doillon en 1990, dans Le petit criminel), une sorte de petit voyou mais personnage au bon cœur. Entre ces deux personnages apparaît Cyril (Guillaume Saurrel), un ami d’enfance de Costa, qui s’intéresse de près à Camille. Tout oppose Costa et Cyril : le premier a des attitudes de voyou et n’a pas de boulot ; le second représente l’ordre puisqu’il est inspecteur de police.
Toute l’intrigue tourne autour des relations entre la mystérieuse Camille, qui paraît très gentille mais dont on ne sait pas vraiment quoi penser, et les deux personnages qui gravitent autour d’elle, à savoir Costa et Cyril. Le film de Jacques Doillon est très rohmerien dans le sens où la thématique principale du film est la difficulté des rapports amoureux et du choix concernant ces mêmes rapports. Jacques Doillon se plaît à nous montrer une héroïne indécise dans ses choix. Un autre élément du film qui fait qu’on se rapproche d’un long métrage de Rohmer est que Doillon filme à de nombreuses reprises ses protagonistes en plein mouvement : que ce soit en pleine ville ou au bord de l’océan. Histoire de montrer l’hésitation et la période de réflexion de ses personnages qui ne savent jamais vraiment où ils en sont.

Le premier venu

Mais le genre du film diffère des œuvres de Rohmer et notamment d’un Conte d’été. Si la thématique principale reste le sentiment amoureux (avec Camille qui est au centre de toutes les passions), en revanche Jacques Doillon inscrit Le premier venu dans une sorte de polar provincial. Ce polar tient avant tout à la situation économique de ses principaux protagonistes. Costa est sans le sou, Camille n’est guère mieux lotie. Ils cherchent donc l’un et l’autre de l’argent pour tenter d’échapper à leur condition et surtout changer d’horizon (la volonté de Costa de regagner le Canada). Cela donne lieu alors à des scènes que l’on retrouverait plutôt dans un polar comme le montre l’épisode avec l’agent immobilier (interprété par François Damien, déjà vu dans le film Cowboy de Benoît Mariage) ou encore les rapports tendus avec Cyril, qui n’est pas seulement dans le film le garçon épris de Camille mais également le représentant des forces de l’ordre. Ce mélange entre polar et sentiments amoureux donne un cachet très particulier au film.

Le premier venu

Sachant que Jacques Doillon, lui-même issu d’un milieu modeste, s’est attaché à décrire des gens simples qui doivent faire face à des difficultés économiques. Ainsi, dans le film, Costa vit dans un environnement où l’argent fait cruellement défaut : son père, qui est malade au demeurant, vit dans un endroit quasi insalubre ; il n’ose pas voir son ex petite amie, Gwendoline (jouée par Gwendoline Godquin), à qui il a fait un enfant car il ne peut pas lui donner de l’argent pour l’éducation et l’entretien de sa fille. D’ailleurs, une des autres thématiques du film est le rapport familial : il y a le rapport conflictuel entre Costa et son père mais aussi le rapport problématique entre Costa et sa fille qu’il n’a quasiment jamais vue. La rencontre entre Costa et sa fille donne lieu d’ailleurs à une scène d’une grande sensibilité.
La réussite du film de Jacques Doillon, en plus d’une mise en scène toujours en mouvement, tient au réalisme de la description de ses personnages et des actions de ces derniers. Tous les acteurs font vrai. On croirait assister à des scènes de la vie courante. On appréciera d’ailleurs le fait que Jacques Doillon montre toute la complexité de ses personnages (comme le rapport entre Costa et Cyril, qui sont à la base des amis d’enfance), qu’il ne condamne d’ailleurs jamais. Le regard humaniste de Jacques Doillon est évident, comme le prouve la fin du film.
Seul petit reproche que l’on peut faire au film : il y a à mon sens quelques longueurs et notamment dans sa deuxième partie.
Mais au final, Le premier venu est un film réussi de Jacques Doillon, très fin et sensible, qui s’appuie sur des acteurs particulièrement convaincants.

Permalien 868 mots par nicofeel Email , 32 vues • 1 r�action

Commentaires, Pingbacks:

Commentaire de: 20-100 [Visiteur] Email
"Tous les acteurs font vrai" : drôle de formulation, drôle d'expression que "faire vrai*" (être vraisemblables, crédibles, réalistes, véristes) ... non ?

La référence à Eric Rohmer est probablement - mais seulement ? - inspirée de la triangulaire amoureuse; cependant, Jacques Doillon n'a-t-il pas également ses thématiques - "doilloniennes" - propres ? une autre triangulaire qui réunit et oppose l'enfant à l'adolescent et à l'adulte, parfois aussi le père à la mère et à l'enfant; plus généralement, des dualités comme l'amour et la mort, le bien et le mal... opposés à l'ordre et au désordre; la difficulté à communiquer, à être aimer autant qu'à aimer... enfin je crois.


*(à part ou hors sujet :) j'ai entendu une fois à la télé (...) un artisan-artiste populaire qui a dit quelque chose de simple (le style de phrase qui commence par : "dans la vie, [ATTENTION ! à l'emploi et à qui nous dit :] il faut...") qui m'a touché et semblé fort juste - car cela a fait sens (-; en moi - et que j'ai envie à l'occasion de partager : "rendre vrai ce que l'on dit" (voilà, c'est tout !).


P.-S. : merci pour l'article au fait !
PermalienPermalien 07.04.08 @ 11:27

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