02.04.08

01:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Il y a quelques années, lors de sa sortie en dvd, je m’étais amusé à casser « Troie » dans une critique rapide dont j’étais relativement fier et qui disait ceci :

Bien loin des chef d'oeuvre du péplum (Ben Hur pour les meilleurs, les dix commandements pour ceux qui ont le mérite d'exister dans leur démesure, Gladiator pour les bons récents) et des reconstitutions grandiose d'univers mêlant milliers de guerriers réel et images de synthèse (le seigneur des anneaux, la trilogie de la momie), ce film n'est qu'un avatar de tout ce qui vient d'être cité.
Côté réalisation, on était en droit de s'attendre à beaucoup mieux de la part de Wolfgang Petersen (Das Boot, Dans la ligne de mire). Les combats sont plus que brouillons avec un découpage non approprié, une caméra qui se voudrait virevoltante mais qui en fait est plus que lourde et inexpressive, des chorégraphies qui se voudraient "in" mais qui penchent beaucoup plus du côté kitsch. Nous n'avons jamais l'impression de se retrouver dans des batailles titanesque du style "braveheart", au contraire, on voit très bien que les combats sont filmés isolément et ça ne peut que renforcer notre déception. A signaler aussi, l'absence de quelconque goutte de sang lors des affrontements alors que ceux ci sont pratiqués à l'épée ou tout autre objets tranchants.
Côté scénario, on frise le ridicule. A l'heure où la plupart des studios ont compris que le respect des textes originaux, mélangés à une véritable vision des réalisateurs ne peut qu'améliorer la qualité du film...je pense au seigneur des anneaux pour la littérature, aux X-Men pour la bande dessinée. Malheureusement, tout ce qui faisait la force et la beauté des textes d'Homère (la poésie, les introspections des personnages, les interventions divines qui sont aussi importantes que celles des mortels) ont disparu pour laisser place à des personnages sans âmes et une enfilade de scène d'action.
Ensuite, la notion de temps est complètement oubliée alors que cette guerre a duré plus de 10 ans et que l'idée d'Ulysse avec le cheval de Troie est arrivé à un moment où les grecs étaient épuisés par tant d'années passées à guerroyer loin de leurs familles et les troyens affamés par le siège de leur cité.

Intéressons nous maintenant aux acteurs. Les deux frères troyens interprétés par Eric-Hulk-Bana et Orlando-Legolas-Bana est vraiment crédible et sont vraiment parfaits dans ce rôle (si ce n'est le doublage français atroce de Bana)mais les directeurs de casting ont je pense oublié que Troie se situait au proche orient, près de la Turquie et que choisir des acteurs un plus typé aurait été plus judicieux.
Par contre, tout ce qui touche au casting grec est complètement absurde. Eux qui à l'époque cultivaient le culte du corps et de la perfection intellectuelle ne sont que de gros bourrins, laids comme des poux (Brian Cox en Agamemnon, quelle hérésie mais s'il est un excellent acteur) et plus proche du style viking que des statues antiques. Le seul personnage qui correspondrait au style hellénique est Brad Pitt qui malheureusement cabotine tout au long du film et dont le personnage ici central n'était que secondaire dans l'illiade malgré des actions importantes pendant cette guerre.
Côté costume, on atteint aussi des sommets notamment avec la tenue d'Achille, plus proche de celles de Britney Spears que des toges et tuniques d'époque.
Vous me direz pourquoi tant de points si j'ai trouvé ce film si détestable...et bien il y a quand même de bonnes (mais trop rares choses).
Tout d'abord, revoir Peter O'Toole est un véritable plaisir de cinéphile et lui joue parfaitement son jeu.
Malgré ma déception quant aux combats, il y en a un qui devrait rester dans les annales du cinéma, c'est celui entre Brad Pitt et Eric Banna à la quasi fin du film. Il y a ici (et seulement ici) une véritable volonté du réalisateur à sortir des sentiers battus. La mise en scène est énergique, les idées chorégraphiques fusent à chaque plan, la musique à base de percussions transcende littéralement la scène, le combat est parfaitement lisible de bout en bout et surtout il reste crédible. On se croirait dans une arène de gladiateurs, tous les coups possibles sont donnés avec beaucoup de réalisme et chacun est là pour servir le suspense et la tension. De plus, Petersen n'a pas cherché à rajouter des effets de style modernes type ralentis ou ces accélérés très brefs qu'on voit maintenant si souvent. Vraiment appréciable de se retrouver devant quelque chose de classique mais d'excellente facture.
En conclusion, ce film est au péplum ce que "le jour d'après" est au film catastrophe, c'est à dire une blockbuster hyperfriqué, dirigé par un réalisateur hyper talentueux mais où ne transparaît aucunement son génie et qui ne possède aucune âme.

Mais bon, comme on dit…il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et comme je suis plutôt admirateur du travail de Wolgang Petersen, je n’ai pas hésité à investir dans la coûteuse édition prestige zone 1 du director’s cut qui à l’époque n’existait qu’aux USA.
Et bien m’en a pris puisque cette version est une relecture approfondie de tout ce qui était survolé dans la version cinéma. Agrémentée de 40’ supplémentaire, cette version prouve à quel point la vision de Petersen n’avait rien du blockbuster de l’été aseptisé et montre à quel point il est encore un grand conteur.
Le film, au contraire d’un « Payback », précédemment critiqué en ces pages, ne s’en retrouve pas fondamentalement modifié mais l’ensemble gagne en profondeur que ce soit d’un point de vue du scénario, qui n’est plus sujets à de curieuses ellipses mais surtout, du point de vue des personnages et la dualité Hector/Achille en devient plus tragique car on se rend compte à quel point ces deux personnages, antagonistes dans l’Histoire aurait pu être proches si les évènements ne les avaient point mis dos à dos. On rejoint ainsi l’esprit de tragédie qui traversait l’œuvre d’Homère et si on est toujours en doit de regretter l’absence totale d’intervention divine (c’est un peu comme le roi Arthur sans la magie de Merlin), il faut reconnaître que les enjeux humains sont bien plus proche de ce « L’illiade » que ne l’était le premier montage.
Le principal gagnant de l’affaire est Brad Pitt qui en ressort grandi et confirme son statut de grand acteur. Son personnage, nettement épaissi fait oublié cette moue boudeuse plus ou moins injustifiée précédemment et qui devient alors un héros aux choix cornéliens : celui de se battre pour la cause d’un roi qu’il méprise et contre un homme qu’il respecte ou celui de se passer de tout honneur et de vivre pleinement une histoire d’amour avec une captive troyenne que ce vieux roi convoite.
Par l’élargissement de l’histoire, l’importation de ces notions même de choix difficiles, de rivalité et de dualité, la fadasse histoire prend les enjeux de péplums modernes comme avait su le faire « Gladiator ». La mise en scènes des combats pharaoniques qui le traversent restent certes toujours aussi peu lisible et trop boursouflée d’effets de montage mais ils prennent enfin une importance dans l’histoire et que ce soit l’assaut de Patrocle ou la prise de la plage, ils s’inscrivent dans la continuité d’un scénario, et n’en deviennent plus la simple la justification qu’ils étaient alors.
La montée de la tension devient constante tout au long du film. On ne ressent guère plus les souffrances des troyens mais les divisions internes au camp grec, dues principalement aux engueulades Achille/Agamemnon s’amplifient durablement jusqu’à l’épilogue final, ce fameux combat dont personne ne veut réellement, sorte de loi du talion, et dont l’expectative devient insupportable même si l’on en connaît déjà la fin. Il reste le grand moment du film.
Pour finir sur cette comparaison version courte/version longue, si les personnages d’Achille et Agamemnon s’en retrouvent considérablement développés, on regrettera que l’histoire ne gravitent encore qu’autour d’eux dans le camps hellénique. La chose est moins vraie du côté de Troie où c’est un peu l’ensemble des personnages qu’on redécouvre un petit peu et qui donne consistance à l’histoire.

Vous l’avez donc compris, ce director’s cut n’est pas encore un film parfait mais il s’inscrit bien plus ainsi dans la spectaculaire filmographie de Wolfgang Petersen. S’il survole encore bien trop la formidable histoire d’Homère (il faudrait bien 15 heures pour arriver à retranscrire toute la richesse de ses récits et de ses intrigues), il arrive en tout cas à redonner ses lettres de noblesses à un péplum qui n’était alors qu’un mauvais gros film bourrée d’hormones à un tel point que je le noterai volontiers 8/10 dans une loupe ce qui doublerait la note que je lui avait mise….et contrairement à ce que certains avaient laissé entendre sur le forum, ce n’est pas le packaging, prestigieux, qui m’a fait aimé le film…mais je ne manque pas de vous le faire découvrir pas ces quelques photos.
A signaler qu’il n’existe sous cette forme qu’en zone 1 avec une Vf canadienne très correcte (mais VoSt à tomber) et que la version sortie en France ne se trouve être qu’un simple boîtier amaray.

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