27.03.13

09:16:45, Cat�gories: Nouveautés, Test / Critique  

Par Flo001fg

Synopsis :

Après la tentative de suicide de sa mère à laquelle Mimi a assisté impuissante, la tante Solange emmène la fillette vivre quelque temps chez elle. Or Solange est un peu maniaque. Chez elle, chaque chose a sa place. Celle de Mimi est dans un recoin près de la porte. Mais dès le premier soir, le sommeil de la fillette est troublé par l'arrivée de Jean-Pierre, le nouveau fiancé de Solange...

Mon avis :

Impossible pour toute personne connaissant "Carne" de ne pas faire le parallèle avec "La bouche de Jean-Pierre" tellement les deux films comportent de similitudes que cela soit dans les thématiques, la mise en scène ou encore les cadrages. Pourtant les deux films ont vraiment leur identité propre et la personnalité des deux metteurs en scènes s'y ressent...

Pour son premier titre, l'éditeur Badlands nous permet de redécouvrir le premier moyen-métrage de Lucile Hadzihalilovic ("Innocence"), une œuvre forte, à la fois très proche donc des œuvres de son compagnon Gaspar Noé ("Seul contre tous", "Irréversible", "Enter the void") et en même temps très marqué par sa sensibilité beaucoup plus féminine. Le film décrit une certaine misère sociale à travers l'innocence brisée d'une petite fille, qui se retrouve hébergée chez sa tante, suite à une tentative de suicide de sa mère.

Mimi, jouée par Sandra Sammartino, va se retrouver donc chez cette tante, interprétée par Denise Schropfer ("Notre univers impitoyable"), peu disposée à l'accueillir et qui ne lui offrira qu'un minuscule lit disposé dans un placard de l'entrée de son petit deux pièces, où la jeune fille n'aura pas de réelle intimité et assistera même aux ébats sexuels de sa tante avec son compagnon, Jean-Pierre, parfaitement incarné par Michel Trillot ("Le Convoyeur", "Nuit noire").

Mimi va alors s'enfermer dans son monde, ne parlant que très peu. Comme Mimi, on va alors être confronté à cet univers profondément sectaire et raciste, dont le couple, en est le parfait exemple. Cet univers, c'est celui des citées des années 70/80, mais il est assez difficile de situer à quelle époque exacte se situe l'histoire, car il y a parfois un décalage entre cette tante Solange, qui semble vivre dans les années 60/70 et d'autre part les jeunes voisins, par exemple, qui eux semblent vivre plutôt dans les années 80.

Solange a du mal à supporter sa nièce, même si elle ne lui montre pas de trop et qu'elle éprouve tout de même de la compassion pour la jeune fille. Quant à Jean-Pierre, il se révélera être un pédophile en puissance, n'hésitant pas à essayer d'abuser de la jeune fille dès qu'il se retrouvera seule avec elle. Mimi n’aura alors comme unique échappatoire pour fuir ce milieu sordide que d’essayer de rejoindre sa mère...

Le film nous met souvent mal à l'aise, suggérant plus qu'il ne montre, avec parfois de petites phrases révélatrices de la personnalité de chacun, comme par exemple quand Jean-Pierre entend parler de pédophiles à la télévision et où sa réaction, c'est de se préoccuper uniquement de leur sort en prison, un peu comme si c'était la seule chose qui l'empêchait de passer à l'acte. D'ailleurs, Jean-Pierre ne passera pas vraiment à l'acte, se contentant d’attouchements lors d'un plan séquence étouffant où finalement il s'énervera que l'enfant ne cède pas à ses avances.

Mais en dehors de cette tentative avortée, ce sont surtout les maltraitances de la tante qui seront choquantes, des maltraitances certainement perçues comme non graves par l'intéressée, qui comme beaucoup de gens ne s'aperçoivent pas du mal qu'ils peuvent faire, comme quand elle envoie Mimi sur le palier pour être tranquille ou qu'elle lui donne des somnifères ou des calmants pour qu'elle dorme.

Tout est ici traité avec beaucoup de finesse, beaucoup plus en tous cas que dans les films de Gaspar Noé, tout en étant aussi fort et perturbant. Chacun a sa personnalité et même s'ils participent au métrage de l'autre, leur personnalité se ressent donc et cela se voit à l'écran. On reconnaît évidemment la patte de Gaspar lors des gros plans des bouches, des yeux ou encore des oreilles, cadrages typiques du réalisateur ou lors d'autres tics du réalisateur, mais ceci n'est pas un hasard, puisqu'il a assuré ici le découpage, le cadrage et la direction artistique du film.

La colorimétrie de ce conte moderne et urbain est assez particulière et joue un rôle important dans l'ambiance pesante qui y règne, avec ces couleurs essentiellement axées sur les jaunes et les verts. Un vert souvent agressif! Les trois acteurs principaux sont vraiment excellents et parfaits dans leur rôle respectif, même la jeune Sandra Sammartino, malgré son inexpérience (C'était son premier rôle et à ce jour elle n'a jamais rejoué dans un film) impressionne par son naturel et son une innocence. On ressort alors de ce film bouleversé et marqué durablement, car "La bouche de Jean-Pierre" n'est pas un film que l'on oublie comme ça...

Espérons que Badlands nous offrira de nouveaux films aussi bons dans cette collection 1kult qui s'annonce comme étant indispensable pour tout cinéphile qui se respecte. En attendant, je vous conseille fortement de faire l’acquisition de ce DVD limité à seulement 1000 exemplaires, car il serait vraiment dommage que vous le loupiez.

"La bouche de Jean-Pierre" est sorti en DVD le 11 mars chez Badlands dans une édition limitée à 1000 exemplaires. Le film est présenté dans son format original respecté 2.66, 16/9ème d'après un nouveau master haute définition avec piste française 2.0 et est accompagnée de bonus de très belle qualité, à savoir "Les souvenirs de Jean-Pierre", un passionnant documentaire de 35 minutes où l'équipe du film revient sur celui-ci, un autre de 52 minutes intitulé "Les amis de Jean-Pierre" où de multiples intervenants donnent leur avis sur le film, "Good boys use condoms", un court métrage de 6 minutes à caractère pornographique réalisé par la réalisatrice pour Canal + dans le cadre d'une campagne de promotion pour le port du préservatif et enfin la bande annonce de "Innocence". Pour finir, cette édition est accompagnée d'un livret collector de 40 pages contenant le scénario original.

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