24.09.09

07:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Jack the ripper

Réalisée par Jess Franco, ce Jack the ripper se présentera comme une variation fantaisiste sur le thème du tueur de Whitechapel, bien entendu orientée érotisme (mais ici bien discret) et horreur (sans réel débordement, hélas) pour suivre les méfaits du cet assassin suivi ici de près par le réalisateur qui adoptera son point de vue, reléguant l'obligatoire enquête policière au second plan.
Le script va donc suivre les méfaits d'un Jack l'éventreur écumant les cabarets à la recherche de proies faciles parmi les prostituées présentes pour assouvir ses pulsions sanguinaires.

Jack the ripperD'entrée le métrage va se lancer dans une séquence nocturne voyant un dame de petite vertu refusant d'être raccompagnée chez elle par un "client" à la sortie d'un bar pour préférer s'enfoncer seule dans les rues désertes et brumeuses de Londres, se rendant bientôt compte qu'elle est suivie par… un aveugle qui lui demandera une petite pièce tout en lui conseillant de ne pas traîner ainsi dans les rues dangereuses. Après cette fausse alerte assez savoureuse, le véritable assassin ne va pas tarder à sortir de l'ombre pour s'attaquer à la demoiselle qu'il va commencer à malmener et à déshabiller mais l'arrivée sur place de l'aveugle l'obligera à l'emporter avec lui, sans que nous découvrions réellement ce qui va lui arriver puisqu'il se rendra dans une serre d'un jardin botanique où Frieda, une femme un peu simplette lui servant de complice va l'attendre et finalement l'aider au petit matin à se débarrasser du corps que l'on imaginera découpé en morceaux vu qu'il rentrera dans un sac de jute.

Jack the ripperCette entame du métrage sera plutôt classique dans son agencement pour rapidement avancer frontalement le tueur, ne laissant d'emblée aucun doute sur son identité, mais Jess Franco arrivera à installer sporadiquement une atmosphère dangereuse et un petit suspense certes facile en raison d'une attaque de l'assassin évidemment prévisible, mais pour autant palpable. L'intrigue mettra ensuite en avant les activités diurnes de Jack l'éventreur, qui officiera en temps que médecin auprès d'une population pauvre qu'il soignera presque pour rien (ce qui permettra au réalisateur de nous offrir une petite scène sanglante avec cet abcès à la cheville soigné sans anesthésie), tout en lançant l'enquête policière menée par l'inspecteur Selby qui aura se contenter pour l'instant du témoignage pourtant érudit de l'aveugle et d'une mégère guère sûre d'elle.

Jack the ripperHélas, cette présentation des protagonistes traînera en longueur et ne sera pas franchement passionnante, les séquences de dialogues se succédant les unes aux autres sans entrain, les problèmes de couple entre Selby et la jeune Cynthia, une danseuse préférant sa carrière à son compagnon, n'auront rien de captivant, tandis que les tentatives de séduction de la propriétaire de l'immeuble où Jack l'éventreur vit envers celui-ci demeureront stériles et même pas comiques ou salaces. Il faudra donc attendre patiemment que Jack l'éventreur se mette en chasse pour que le métrage ne regagne véritablement de l'intérêt, avec également ses hallucinations délirantes et fantasmées mettant en scène une prostituée qui semblera être sa mère pour apporter de la sorte un début de réponse à la question de la raison de la folie homicide du meurtrier.

Jack the ripperLa partie centrale du métrage sera donc occupée par ces séquences nocturnes s'articulant autour du " Pike's Hole", un cabaret servant également de maison de passe où Jack l'éventreur ira "recruter" ses victimes, avec cette prostituée dont il s'attira les faveurs en parvenant à aller avec elle dans une chambre pour se voir gratifier d'un début de fellation, ce qui ne calmera pas ses pulsions puisque la demoiselle sera tuée, son meurtrier ayant juste le temps de s'enfuir avant l'arrivée de témoins qui ne pourront que découvrir le corps ensanglanté, et surtout cette autre jeune femme, Marika, une danseuse et chanteuse qu'il arrivera à emmener loin de la ville à bord de sa calèche. Mais au moment de passer à l'acte de mort, Maika verra briller le scalpel et s'enfuira dans la forêt baignée d'une brume de toute beauté pour une séquence de traque remarquable qui se terminera par un viol et quelques coups de couteaux, Jack l'éventreur trouvant même le moyen de ramener la demoiselle encore en vie au jardin botanique où il lui découpera un sein et tranchera un bras, pour ce qui restera comme la seule scène véritablement sanglante du métrage.

Jack the ripperPar contre, la dernière partie du film deviendra bien plus hasardeuse lorsque Cynthia, l'ex petite amie de l'inspecteur Selby, décidera de son propre chef de se faire passer pour une prostituée afin de traquer l'assassin pour bien entendu le trouver lors d'une scène hélas ratée et nébuleuse pour se diriger vers une issue du métrage pas franchement convaincante car bien trop opportuniste et l'arrestation de Jack l'éventreur qui elle par contre permettra à Jess Franco de mettre en scène une dernière séquence réussie et une sentence de Jack l'éventreur terriblement frappante et pleine de sous-entendus, en rehaussant même largement l'intérêt global du film.

Jack the ripperSi le métrage parviendra à recréer des décors faisant illusion et une ambiance propre à la période de l'histoire à laquelle évolua Jack l'éventreur, toute en famine et en pauvreté, on ne pourra pas en dire autant de l'intrigue de fond, bien trop classique et alignant des arguments fantaisistes parfois guère probants, comme cette complicité non expliquée et sous-exploitée avec le personnage de Frieda, tandis que les motifs avancés pour exposer la raison de la folie meurtrière de Jack l'éventreur resteront basiques, sans aucune originalité et eux aussi trop rapidement explicités à l'écran, en une seule scène et un monologue du tueur alors en charmante compagnie, et que l'enquête policière sera elle aussi minimisée et facile, tout en ayant au moins la bonne idée de mettre en scène des protagonistes témoins de crimes hauts en couleurs et gentiment provocateurs, comme ces deux prostituées qui railleront et provoqueront ouvertement une femme d'un âge avancé.

Jack the ripperDans le même ordre d'idée, on pourra regretter une certaine frilosité de Jess Franco bien inhabituelle, aussi bien au niveau de l'érotisme, ici ramené uniquement à quelques demoiselles déshabillées et à un spectacle de danse sensuel charmant mettant en valeur la muse du réalisateur, Lina Romay, tandis que l'aspect horrifique du métrage sera également bien réduit, avec la scène évoquée plus haut qui restera bien isolée puisque le métrage ne nous gratifiera autrement que de rares petits plans rapides, presque elliptiques, sur les plaies occasionnées par ces coups de couteaux, la violence de Jack l'éventreur n'étant par ailleurs pas vraiment brutale ou généreuse, engendrant de fait une certaine frustration surtout pour qui connaît l'œuvre de Jess Franco et des débordements en tous genre dont il fut capable au cours de sa longue carrière.

Jack the ripperL'interprétation est plus que mitigée, car si Klaus Kinski arrive rien que par son charisme à donner une certaine ampleur au personnage de Jack l'éventreur, on aura quand même l'impression qu'il aurait été capable de nous offrir une prestation bien plus travaillée et impactante et alors que les autres interprète ne brilleront certainement pas par leur jeu ici réduite au strict minimum. La mise en scène de Jess Franco est aléatoire, pour donner un rythme en dents de scie au métrage mais tout en parvenant à agencer quelques séquences largement convaincantes. Les effets spéciaux sont assez rudimentaires, ce qui entâcha leur crédibilité.

Donc, ce Jack l'éventreur version Jess Franco ne tiendra pas toutes ses promesses et pourra même décevoir quelque peu son spectateur, qui trouvera quand même sporadiquement des motifs de satisfaction au sein du métrage !

Jack the ripperLe DVD de zone 2 anglais édité par Anchor Bay avancera une image très nette, incroyablement bien restaurée (comme on pourra le découvrir dans les bonus) et ne présentant aucun défaut d'origine, tandis que la bande-son sera cohérente, avec une partition musicale adaptée mais manquant de présence et surtout de réelle d'ampleur, le métrage étant ici proposé dans sa version allemande et anglaise, avec des sous-titres optionnels en anglais, mais attention, ceux-ci seront bien hasardeux, limités et ne respecteront que partiellement les dialogues.

Jack the ripperAu niveau des bonus, on pourra suivre un passionnant documentaire donnant la parole à Erwin C. Dietrich, le producteur suisse du film qui reviendra sur sa relation prolifique avec Jess Franco et sur le tournage du film, avec notamment des anecdotes pour tricher quant à la représentation de Londres alors que le film fût tournée à Zurich, images à l'appui, suivi par un autre reportage sur la restauration du film en vue de cette édition DVD qui sera largement intéressant et impressionnant à la vue de la charge de travail et du boulot incroyable accompli sur le film (avec des comparaisons entre la bande originale et le résultat final), tandis qu'ensuite on pourra visionner trois galeries de photos du métrage, la biographie/filmographie du réalisateur, du producteur et de Klaus Kinski, la bande-annonce originale du film, ainsi qu'un petit laïus écrit sur l'historique de Jack l'éventreur et une page promotionnelle sur la collection dédié à Jess Franco à laquelle cette édition appartient.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette variation fantaisiste du mythe de Jack l'éventreur, le DVD de zone 2 anglais est disponible ici ou !

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