25.03.08

07:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

par ninnin4

payback

Relativement passé inaperçu lors de sa sortie en salles, "Payback", premier film réalisé par Brian -Chevalier- Helgeland a toujours traîné derrière lui une réputation de film inabouti bien que possédant des qualités indéniables. Longtemps rejeté par son géniteur, le public et les critiques lui ont longtemps reproché une voix off bien trop présente et reflétant de trop gros trous scénaristiques ainsi qu’un ton très noir qui avait du en dérouter plus d'un.

Le film sorti au cinéma de manquait pas d'atout. SI peu d'entre vous l'ont vu dans les salles obscures, beaucoup se sont rattrapés sur un des premiers dvd édité par Warner. Sorte d'hommage aux films noirs des années 40 par son esthétique (couleurs délavées, gangsters classieux) mélangées au style seventies (violence sèche, rythme nerveux), l’œuvre reposait sur la tête seule de Mel Gibson, dans un rôle à total contre emploi puisque incarnant un gangster certes relativement cool, la voix off y aidant considérablement mais relativement obstiné et n’hésitant pas à balayer du revolver tout obstacle sur son objectif, celui de récupérer sa part du butin qu’il s’est vu dérobé par son acolyte, associé à sa femme qui l’a laissé pour mort, deux balles dans le dos. Cabotinant à mort, Mel a su séduire son public dans ce rôle taillé de toute pièce pour lui. Pour un premier film, Helgeland, excellent scénariste de « Complots » (avec Gibson), « L.A confidential », « Assassin » et « Postman » a su tirer son épingle du jeu. Il s’impose déjà un casting de seconds couteaux de choix avec nombre de jeunes premiers promis à un avenir brillant (Maria Bello, Lucy Liu en pute SM, Deborah Unger, Gregg Henry) et de vieux briscard, hérités des années 70’s qui hantent le métrage avec leurs gueules cassées et un jeu sans pareil (James Coburn, William Devanne, Kris Kristofferson). Ensuite, sa réalisation est excellente. Le montage est agréable, il se permet nombre de cadrages audacieux et sa direction d ‘acteur et ses choix musicaux sont impeccables au point que devant un tel film, je n’hésiterai pas à mettre un 9/10 dans une des loupes que j’affectionne tant de faire.

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Alors quid ? Comment un réalisateur peut il, pour une telle première mise en scène, désavouer son bébé ? Quelles sont les justifications ?? On pouvait lire ça et là sur le net où dans les revues spécialisées qu’il avait une vision bien plus sombre de son histoire et que devant le résultat, Gibson, aussi producteur du film avait fait retourner environ 1/5ème du film (c’est énorme) et fait correspondre ainsi plus son personnage à ceux qu’il avait déjà incarné. L’absence de bonus (scènes coupées notamment) du DVD édité nous empêchait de nous faire la moindre idée sur ce prétendu montage du réalisateur jusqu’à ce que celui-ci soit édité aux USA en DVD (Zone 1) et en Bluray (VOST seulement, multizone pour le bluray) ce qui m’a permis de redécouvrir totalement ce film que je garde affectueusement au fond de mes placards depuis tant d’années

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Car il s’agit bien tout simplement d’une redécouverte pure et simple du film en lui-même. Je passe sur les détails techniques rapidement mais d’une part, exit la désaturation volontaire du métrage (le film devait être à l’origine tourné en noir et blanc…jugé peu commercial par le studio, ceci explique cela), d’autre part, cette nouvelle édition (j’ai en ma possession le Blu-ray) enterre l’autre techniquement parlant avec un master quasi immaculé (j’ai noté une ou deux pétouille), une compression sans aucun grain à l’horizon, un son du tonnerre et une cohérence de la photographie et du traitement qui fait qu’il est impossible, sans connaître le montage cinéma de détecter quelle scène a été rajoutée à ce director’s cut.
Enfin…rajouté…..ce n’est pas seulement ça car le film a été entièrement remanié et ne se borne pas à rajouter quelques scènes comme le justifient nombre de réédition DVD récentes. Non, il s’agit là d’un tout autre film et ce, dés les premières images. Exit la voix off, exit dans le même temps toute sorte d’humour nonchalant qui rendait le protagoniste principal attachant. Le film devient immédiatement, plus brutal, le personnage antipathique et ses ennemis tout autant. Ainsi, on note que si le cœur du film reste plus ou moins identique dans sa forme et sa narration, l’introduction reprend le fond du montage cinéma en ôtant les artifices qui lui nuisaient (voix off, flash back) et impose un travail intellectuel au spectateur qui doit ainsi chercher à comprendre ce qui s’est passé.
Dans le même temps, passé la première heure, le film se retrouve totalement refondé en bloc. Entre mort différente de certains personnages (celle de Carter qui devient moins théâtrale, celle du personnage interprété par John Glover) et changement radical du ‘boss de fin’, il s’agit alors d’un tout autre film où Gibson se révèle bien moins héroïque que dans la version connue respectant ainsi l’ambiance crée en début de métrage et où des personnages principaux disparaissent complètement au détriment d’autres nouveaux. (Adieux complètement à celui de Kris Kristofferson et aussi de son rejeton). Plus sec, moins hollywoodien, ce montage met plus l’accent sur l’ambiance tendue (la nouvelle fin rappelant plus le grand cinoche de DePalma période « Les Incorruptibles » ou « L’impasse ») que le blockbuster soft qu’était la précédente version avec son nombre de rebondissements (scène de la chambre d’hôtel), de héros cool mais un peu teigneux, plus dur que le fer et résistant à tout à la John McLane et son nombre d’explosion (le retour à la chambre d’hôtel)

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Difficile maintenant de dire quelle version préférer tant ces deux films sont des œuvres bien distinctes. Je ne vais pas m’amuser à rejeter en bloc la version cinoche sous prétexte qu’elle était tronquée, modifiée, expurgée de la volonté de son auteur. Ce film, je l’ai vu au cinéma et je l’ai d’emblée aimé. Je le revoit toujours avec plaisir et il reste pour moi un des meilleurs de Mel Gibson. Maintenant, sans être parfait, la director’s cut mérite peut être une demi point de plus sur la note finale car elle me semble plus cohérente. La musique a été en grande partie remaniée, l’histoire aussi. On peut regretter que certaines scènes cultes (celle des casses pieds par exemple) aient disparu, on pourra néanmoins regretter que la fin soit un peu trop vite expédiée et que le personnage de chef de la firme soit aussi survolé). En tout cas, elle fait de ce petit chef d’œuvre sous estimé du polar un film plus ambivalent, un vrai contre emploi pour Mel Gibson et une production à part dans celle de l’époque car mettant une scène un personnage franchement pas sympathique contre des types franchement antipathiques.
Je vous conseille vivement l’achat du DVD ou du Blu-ray mais aussi de garder votre bonne vieille édition.
Merci à l’éditeur d’avoir permis au réalisateur de nous avoir fait, entièrement découvrir sa propre vision... A quand la même chose pour « Le treizième guerrier » ?

Blu-ray vendu par exemple chez PriceMinister

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