Catégorie: Interview

20.10.13

16:41:52, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

Je vous avais parlé il y a quelques mois d' "Eject", le nouveau film de Jean-Marc Vincent, qui m'avait agréablement surpris après la déception que j'avais eu à la vision de son "Lady Blood". Nous n'aborderons d'ailleurs volontairement pas le sujet de ce premier long-métrage, mais autrement Jean-Marc a eu la gentillesse de répondre à toutes mes questions:

Bonjour Jean-Marc. Peux-tu nous dire comment est né "Eject" et comment tu es arrivé sur ce projet ?

Bonjour ! "Eject" est né dans le cerveau fertile et un peu malade quand même de son auteur et producteur R.J. Thomson. Ce mec est un génie ! Il a au moins 10 ou 15 projets en permanence dans la tête, à différents stades de développement. Pour "Eject", je me souviens qu’il m’avait dit que l’idée lui était apparue quand il a découvert qu’ils allaient mettre en chantier "[REC]3". Le pitch était simple : « Une parodie de [REC] en huis clos dans un bordel envahi par des zombies ». Je suis arrivé sur le projet par l’intermédiaire d’Alexis Wawerka, un ami de Richard aussi, et c’est Alex qui m’a annoncé que R.J. Thomson cherchait un réalisateur pour réaliser "Eject". Ensuite tout est allé très vite... Je venais de finir d’écrire un nouveau scénario de long avec Hubert Chardot (mon complice d’écriture depuis 20 ans – co auteur de "Wolfpack", "Faux Départ", "Lady Blood"...) et je me sentais un peu vidé. L’été approchait, je commençais à me mettre en mode « vacances », quand j’ai reçu le scénario d’ "Eject". Comme je suis un garçon consciencieux je l’ai lu tout de suite. Et c’était tellement dingue que j’ai dit oui tout de suite !


Quels souvenirs gardes-tu du tournage ?

C’était encore plus dingue que le scénario ! J’ai eu la chance de travailler avec des gens qui savaient qu’on n’était pas sur la dernière production friquée, et tout le monde (j’insiste : TOUT LE MONDE) est venu bosser par passion, juste pour avoir le plaisir de collaborer sur un film d’horreur unique, avec un budget neurasthénique et des contraintes énormes. Faut être sacrément passionné, ou vraiment gonflé, et toutes les bonnes âmes qui sont venues passer un peu de temps pour contribuer au tournage avaient ces deux qualités. Surtout que j’avais en tête qu’ "Eject" ne devait pas trahir le genre (et les sous-genres), c’est à dire le film d’horreur de série Z, mais aussi la comédie, ou le drame psychanalytique... Heu, pour le dernier, je suis pas sûr d’avoir réussi mon coup ! Ha ha ! Je garde tout le tournage dans ma mémoire, d’abord parce que c’est l’expérience de création la plus « freestyle » de ma petite carrière, ensuite parce qu’il y avait une ambiance formidable sur le plateau (ceux qui n’étaient pas « bon esprit » restaient 2 heures et ne revenaient pas. En vérité, ils servaient de nourriture aux vrais zombies qu’on avait employé dans le film), enfin parce que l’absence de pression financière sur le film (personne ne l’attendait, ce film, ni les chaines TV ni les distributeurs) sauf pour Richard, le producteur, a rendu les choses bien plus plaisantes pour moi !

Mais si je devais ne relater qu’une seule anecdote, je citerai le jour où, avec différents techniciens avec lesquels je créais les décors (un hangar, une douzaine de bâches, des lumières différentes et hop ! Ça fait la blague !) on s’est dits qu’il faudrait peut être demander à Richard de nous trouver une douche de chantier, et des WC, parce que sinon, le trajet risque de sembler bien long aux figurants recouverts de sang et de tripes qui allaient rentrer chez eux dans le RER !)


Comment as-tu connu Richard J. Thomson ?

Richard, c’est un mec à la fois totalement isolé dans le monde du cinéma français (ce qui est une honte quand on voit la longue filmographie du bonhomme), et en même temps il est très suivi par ses fans. Je suis un peu plus âgé que lui, mais on avait les mêmes lectures de jeunesse (Starfix, Mad Movies, l’Écran Fantastique...). La première fois que j’ai entendu parler de lui, c’était il y a bien longtemps, dans les pages de Mad, pour un papier qui lui était consacré. Et je m’étais dit : « Ce mec est dingue ! J’adore ! » Et des années plus tard, on se retrouve assis à la même table pour causer de la prépa d’un film. Et j’ai été très surpris de découvrir quelqu’un de très sérieux dans ses envies, dans son propos, à l’opposé de l’image de savant fou que je pensais trouver. En fait, je pense que la seule différence entre Richard et Luc Besson, c’est un problème d’argent ! Parce que tous les deux sont des fous de pelloche, des audacieux, des ambitieux et des producteurs-réalisateurs ! Ou alors la seule différence entre les deux, c’est peut-être le port de la barbe de 5 jours... En tout cas, je trouve que le courant est tout de suite passé entre nous. Richard avait vu mes courts et il savait de quoi j’étais capable. Il avait aussi suivi le tournage de "Lady Blood" (des amis de Richard faisaient partie de l’équipe du film). Enfin, nos deux caractères sont, je pense, complémentaires : on est tous deux des bordéliques organisés, mais nos bordels sont différents. Donc on arrivait à se canaliser et se comprendre l’un l’autre. Vraiment, j’aime beaucoup ce mec ! Et s’il ne dit pas la même chose de moi, je le livre aux zombies ! J’en ai gardé un demi (la moitié du haut, avec les dents) dans ma cave pour l’occasion !

Quel a été son rôle sur le tournage ? Est-il intervenu dans la mise en scène et dans le choix des acteurs ?

Richard venait sur le tournage avec son chéquier et repartait délesté de quelques euros. C’est fou ce qu’une équipe de tournage de série Z peut manger comme pizzas, nourriture chinoise ou boire comme bières ! Et non, il n’est pas intervenu sur la mise en scène, parce qu’il m’avait engagé pour ça ! Et je ne suis pas du genre à décevoir la personne qui m’accorde sa confiance. On avait parfois des discussions en amont où je lui expliquais ce que je comptais faire, pour lui expliquer, tout simplement. Et il n’y a jamais eu de blocages venant de lui. Au contraire ! Il m’a surtout incité à aller encore plus loin dans le « grand n’importe quoi » que les idées trop « classiques » que je voulais de prime abord mettre... Et si on me pousse dans cette voie là, on est rarement déçu ! Ha ha !

Pour les acteurs, Richard a sa bande, et il m’avait dès le départ prévenu qu’il avait annoncé à certains qu’ils seraient dans le film. Je lui ai dit : « Écoute, j’ai l’habitude de caster moi même mes acteurs, mais je veux bien que tu me présentes ceux qui tu as pressenti et on en reparle ensuite ? ». Il a accepté et j’ai rencontré tout ce petit monde. Avec Pascal Sellem et Rani Bheemuck (respectivement Jo, l’ambulancier, et Samantha, la reporter) le courant est passé tout de suite. C’est rare, l’impression de connaître les gens alors qu’on se voyait pour la première fois ! De même je lui ai présenté Philippe Chaine, Benoit Gourley, Dominique Bettenfeld et Alain Robak, et on a monté le casting comme ça, en fonction des dispos de chacun des comédiens et de leur envie de faire partie du film.

As-tu été surpris de l’accueil reçu par le film ?

Quand je finis un film, il y a toujours le même phénomène qui m’arrive. Je connais d’autres réals qui ont aussi ce type de sentiments : tu es vidé, le temps de l’action s’arrête, tu commences à lâcher la pression... et le doute s’insinue lentement dans ta tête. Tu te dis : « Est-ce que j’ai réussi mon film ? Le public va-t-il comprendre telle ou telle chose ? Rira-t-il là où j’ai envie qu’il se marre ? "Eject" n’est-il pas « too much » ? Etc... » Et bien que tu saches que ces doutes soient contre-productifs, ça monte insidieusement en toi... Or, tu sais que la seule et unique épreuve qu’il te reste à franchir, c’est le verdict de ceux pour lesquels tu as fait le film : les spectateurs !

La post production d’ "Eject" a été longue car nous n’avions pas plus d’argent pour le finir que nous n’en avions pour le fabriquer. Or une régie, ça coûte cher... ou bien ça se négocie durement ! Sans compter les inévitables galères de plantages divers et autres crashs de machines... Mais pendant qu’on avançait, Bertrand Boutillier (le chef monteur de mes films depuis "Noël et les garçons", à l’exception de "Lady Blood") et moi-même avons créé une page sur Facebook, rassemblé toutes les photos dispos prises sur le tournage et monté plusieurs extraits ou bandes annonces pour entretenir l’attente le plus longtemps possible.

Bref, quand Richard m’a dit qu’il y avait une possibilité de le diffuser en salles, au Nouveau Latina, en avant-première mondiale et en présence de VRAIS spectateurs (c’est à dire des gens vivants, qui paient leur place, en plus des membres de l’équipe et du casting du film) on a mis un coup de collier pour parvenir à une copie certes non terminée (on a bien précisé avant la projection que c’était une copie de travail), surtout en ce qui concernait le boulot de son, mais néanmoins montrable ! Et là, 1h20 plus tard, plus de doutes dans ma tête ! Car le film fonctionnait. Les gens riaient là où je l’imaginais !

Ce qui a suivi appartient à l’Histoire. Les blogs ont relayé l’info, et les journalistes de tous bords ont commencé à vouloir parler du film. Au même moment, Canal Plus a diffusé le documentaire « Viande d’Origine Française », dans lequel on voit un bout de making-of du film et des interviews de Richard et moi-même… Mais pour moi, il restait encore un gros boulot sur le son ! Je n’imaginais pas que nous aurions encore presque deux ans de travail avant de voir le film en DVD ! Donc quand on annonçait au Nouveau Latina « Avant Première Mondiale », on aurait du rajouter « pour la première et dernière fois dans cette version ! » Suite à la diffusion du documentaire de Canal Plus, j’ai eu la possibilité de montrer un DVD au staff de la chaîne cryptée. Il paraît qu’ils se sont bien marrés, mais en même temps, trouver une case sur Canal pour diffuser "Eject" n’est pas évident, ce que je peux comprendre.

Le film est sorti en DVD en début 2013, et Richard a organisé une séance de dédicace chez Movies 2000. Pas mal comme retour aux sources ! J’ai été très surpris de l’attente qu’il y avait chez les fans à propos du film. Je suis très heureux de tout ça ! Même si "Eject" est un « OFNI » (objet filmique non identifié), c’est à la fois un pur produit RJT, et un film de Jean-Marc Vincent. Un projet mené à bien grâce à la passion et au talent de toutes ses composantes. On l’a fait ! Mission accomplie ! Maintenant, je suis un peu déçu que le film sitôt sorti en DVD se soit trouvé dès le lendemain ou presque sur quasiment tous les sites de téléchargements illégaux. Le préjudice est énorme pour l’économie fragile d’un film comme celui-là, et grave pour un producteur aussi courageux que Richard, car "Eject" n’a bénéficié d’aucun financement, ni aide, ni pré achat de chaîne, mis à part l’investissement des fonds propres de Richard lui-même.


Peux-tu nous parler de tes trois premiers courts métrages ? Tous les trois sont visibles sur Dailymotion, mais n’aimerais-tu pas les voir figurer un jour sur un support physique ? En bonus d’un de tes films par exemple ?

Je crois que fondamentalement, je n’aime pas les étiquettes. C’est pourquoi j’avais envie, en décidant de passer à la réalisation de films, d’aborder à travers chacun de mes courts un genre différent.

Le scénario de "Wolfpack", par exemple, existait avant celui de "Noël et les garçons". Mais j’ai vite découvert qu’il était plus simple d’intéresser des producteurs avec une comédie (même « fantastique ») qu’avec un film de guerre comportant des soldats et des loups garous ! Avant de me lancer sur la recherche de financement (ou de producteur) de "Noël et les garçons", je m’étais promené chez une bonne trentaine de producteurs avec un « polar-action » intitulé "Ed is dead", que j’avais entièrement story boardé, mais qui par ses aspects lyriques et violents assumés (une histoire de vengeance sur fond de casse sanglant) avait fait l’unanimité chez ses lecteurs : « C’est très bien écrit, très intéressant, voire novateur, mais on ne verra jamais ça en France ! » Faut dire qu’à l’époque, la vague des polars de John Woo ("Hardboiled" en tête) débarquait en masse (et plein de promesses, pensais-je naïvement) dans l’Hexagone. Mais point d’ "Ed is dead" finalement. Les producteurs que je rencontrais me disaient tous ou presque « Reviens avec une comédie, et on verra ce qu’on peut faire ! ». Alors j’ai adapté en fiction une discussion que j’avais eue avec ma fille aînée sur l’existence – ou pas - du Père Noël et ça a donné "Noël et les garçons". Je l’ai montré à l’équipe des programmes courts de Canal Plus et ils l’ont acheté tout de suite. Il a beaucoup circulé en festivals, et il a été diffusé plein de fois en télé.

Ça m’a donné confiance pour présenter un second projet de court plus audacieux encore que le précédent, et j’ai proposé à Hubert Chardot de réécrire et développer le projet qu’on avait abandonné quelques années avant intitulé "Wolfpack". Une fois la nouvelle version achevée, je l’ai envoyé ou déposé chez la plupart des producteurs qui avaient apprécié "Noël et les garçons", mais ils ne comprenaient pas pourquoi je m’éloignais d’un univers et d’un genre (la comédie) qui avaient l’air de me réussir. La version de "Wolfpack" que j’avais en tête se situait entièrement en extérieur, dans une forêt recouverte par le brouillard. Des conditions un peu trop compliquées dans un contexte de court-métrage. Aussi, lorsque j’ai finalement rencontré mon futur producteur pour ce film, nous avons décidé de reprendre le scénario et de l’adapter pour que toute l’action se situe en intérieur, dans un environnement beaucoup plus facilement maîtrisable. J’avais réalisé un board très précis pour la version « forêt », et je ne m’en suis pas tant éloigné pour la version en extérieur. J’ai remplacé les arbres par des cloisons de bureaux, mais tout est presque resté en l’état ! Il y avait juste une cascade de voiture que je n’aurais pas pu tourner faute d’argent ! La prépa du film a pris presque 3 mois (essentiellement pour fabriquer les effets spéciaux, signés Jérôme Jardin) et nous avons tourné pendant 10 jours dans une base croate abandonnée pendant la guerre en ex-Yougoslavie... au Kremlin Bicêtre, aux portes de Paris ! Encore une fois, le film a connu un bon succès en France (de nombreux festivals l’ont programmé) mais il m’a surtout permis d’attirer l’attention de producteurs anglo-saxons.

J’ai reçu le projet "Faux départ" par son auteur originel, Elef Zack. J’y ai vu la possibilité de mettre en scène une histoire plus réaliste que dans mes deux précédents films. J’ai présenté Hubert à Elef et je les ai laissé travailler ensemble. La confiance que j’ai pour Hubert, et notre ancienneté dans la collaboration étaient des garanties suffisantes pour que j’obtienne un scénario formidable et adapté à mes envies sans que j’aie à me mêler d’écriture. Pour jouer le méchant, Roberto, j’avais vraiment envie de retravailler avec Bruno Solo que j’avais utilisé dans "Noël et les garçons". Comme beaucoup d’acteurs que j’admire, Bruno a cette qualité d’être à la fois un grand acteur comique, avec un sens de la repartie formidable, mais qui possède aussi, avec sa sensibilité exacerbée, un grand potentiel tragique. Je me souviens du coup de fil qu’il m’a passé quelques semaines avant le début du tournage. Il m’a dit : « Bon, j’ai lu et c’est très bien écrit. Mais j’ai un doute sur le personnage de Roberto. Tu crois que je vais arriver à jouer un type aussi pervers ? » Les étiquettes ont la vie dure, et finissent par s’incruster sur ceux qui les portent ! Au final, Bruno est génial dans le rôle. Il incarne un salaud à la fois touchant et dangereux. Le personnage tel que je le désirais.

"Faux départ" a été tourné en 5 jours (dont une nuit) et fait presque 19 minutes. "Noël et les garçons" dure 13 minutes et a été tourné en 10 jours. "Wolfpack" 15 minutes pour 11 jours de tournage. Faut croire que je m’améliore ! En tout cas, après l’expérience de ces 3 courts et leur succès critique (peut-il y avoir un succès public pour les courts métrages ? Je ne pense pas, malheureusement !), je me suis senti prêt à poursuivre ma carrière sous l’angle du long métrage !

J’ai eu trois producteurs différents pour mes trois courts. Pour une question de droits, il me paraît très compliqué de pouvoir les mettre en bonus sur le DVD d’un long qui serait produit par un autre.

On ne peut pas dire que "Lady Blood" ou "Eject" soient des films particulièrement sérieux, pourtant avec "Wolfpack" et "Faux Départ", tu as prouvé que tu pouvais réaliser des œuvres beaucoup plus sérieuses. Penses-tu revenir à des films de ce genre à l’avenir ?

J’ai plusieurs films de genre bien barrés dans mes cartons, mais j’avoue que j’ai envie de laisser pour quelques temps les effets gores et l’ultra violence. D’une part parce que j’ai vraiment envie d’explorer d’autres voies, et d’autre part parce qu’il est très difficile de faire un film aujourd’hui, et encore plus difficile de convaincre des investisseurs pour des films un peu zarbis ! Mais on ne se refait jamais totalement. Et un jour, je reviendrai à tout ça !


Est-ce que le budget dont tu disposes à une influence dans le ton que tu donnes au film?

L’argent, c’est le nerf de la guerre de cette industrie. Quand tu fais un film comme "Eject" avec un budget riquiqui, sans toucher de salaire par exemple, c’est un luxe que tu ne peux pas te permettre sauf si tu es rentier, ce qui n’est pas mon cas ! Auteur et réalisateur, c’est mon métier, mon gagne pain. Je me dois (et devant mes proches aussi) de gagner ma croûte !

Maintenant, chaque film est un modèle économique particulier, avec un coût réel qui le rend « faisable » ou pas. Même en bénéficiant d’aides, de subventions, de pré achats etc, il est de plus en plus compliqué de rentabiliser un long métrage.

Le ton d’un film est déterminé dès la lecture (ou l’écriture) du scénario. La suite, c’est d’estimer au plus vite combien coûte le film pour être réalisable, de se battre pour obtenir l’argent indispensable, et de ne pas s’envoyer en l’air avec une logique « inflationniste ». Tout échec est toujours très compliqué à surmonter. On te jugera toujours sur le résultat du film précédent avant de te faire confiance sur le prochain !


Avant cela, tu as réalisé le jeu vidéo "Urban Runner". Peux-tu nous en parler ?

Oh la la ! On remonte le temps jusque loin, là ! J’ai commencé la réalisation en débarquant dans le bureau du PDG de la société Coktel Vision et en lui vantant mes qualités de cinéphile et de raconteur d’histoires. Je suis ressorti avec un contrat, un gros chèque et le projet "Urban Runner" (qui s’appelait "Lost in town" à l’époque) sous le bras, et le poste de réalisateur dans la poche ! On était en 1993. C’était magique ! Bon, faut resituer le monde des jeux vidéos de cette période... "Doom" venait de sortir, "Tetris" était encore une des meilleures ventes, le BeBop servait de téléphone portable à condition d’avoir le bras assez long pour atteindre les rares émetteurs et Nirvana ramenait le Rock sur le devant de la scène musicale. Question cinéma, Spielberg et son "Jurassic Park" allaient pulvériser le box office, et révolutionner le merchandising... Bref, pour ma part, j’avais pour mission de faire durer 20 heures de vidéo pour un jeu composé à 90% de vidéo, à une époque où le DVD n’existait pas encore dans les chaumières.

Une belle expérience, qui s’est finie avec une belle récompense puisque c’est grâce à cette incursion dans le monde vidéoludique que j’ai pu rencontrer Hubert Chardot, qui venait de créer la saga "Alone in The Dark" chez Infogrames.

J’ai eu sur "Urban Runner" 6 semaines de tournage et 5 mois de montage. Pour une première expérience, ce fut royal ! C’est aussi sur ce projet que j’ai rencontré (et dirigé) l’acteur Benoit Gourley, qui depuis figure dans tous mes films !

Le jeu s’est bien vendu. La presse a couvert sa sortie avec de très bonnes critiques. J’aimerais bien revenir au jeu un jour. Surtout avec les capacités des nouvelles machines. Avec Hubert on en parle, parfois, mais le cinéma est une maîtresse très exigeante !

Quels souvenirs gardes-tu de ton expérience d’assistant de la rédaction au sein du magazine Starfix ?

Pour beaucoup de cinéphiles de ma génération, Starfix est une revue culte qui parlait enfin du cinéma en nous touchant au cœur et en prenant les lecteurs pour des gens intelligents.

Or, quand je suis arrivé en fac de communication en 1986, il fallait que je trouve un stage en entreprise. Je suis allé frapper chez Starfix. Christophe Gans m’a ouvert la porte. Je suis arrivé pour trier les nombreuses photos que les journalistes avaient entreposé depuis quelques années. Trois ans plus tard, j’y étais toujours. Et j’ai appris à être cinéphile avec ceux que je considère encore comme des Maîtres es Cinéphilie ! Des fondus de cinoche qui sont presque tous passés d’ailleurs derrière la caméra. Christophe Gans, Nicolas Boukhrief, Doug Headline, François Cognard... Une sacrée époque avec de sacrés talents quand même !

Moi, je débarquais de ma province et j’entrais dans le temple du cinéma que j’aimais : le pied intégral ! On s’est revus au hasard de nos parcours respectifs. Je sais que certains d’entre eux étaient venus voir "Wolfpack" quand on l’a montré au public dans la grande salle des Halles en 2004. Ça m’avait beaucoup touché ! Parce qu’en plus, ils avaient aimé mon film.


Enfin, peux-tu nous parler de tes projets actuellement en cours ?

Je ne peux pas te parler du projet qui occupe mon esprit en ce moment parce qu’on est très en amont sur ce projet justement ! Je peux te dire qu’il s’agira d’un drame psychologique français, mais que j’ai envie de styliser comme un film indépendant américain (les films de James Gray sont mes principales influences).

Je suis en train de réunir autour de ce film une équipe vraiment formidable. Certains membres de ma bande depuis le départ seront là, et seront rejoints par des nouveaux venus aux talents indéniables.

J’espère que le tournage pourra se faire d’ici l’été prochain. Il me tarde de retrouver l’odeur du plateau.


Merci Jean-Marc!


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27.09.13

05:30:00, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

La jeune et talentueuse Morgane Housset, que j'ai découvert dans "Ouvert 24/7" et "Baby-Sitting" a eu la gentillesse de répondre à mes questions:

Bonjour Morgane. On t'a découverte grâce à "Ouvert 24/7". Quels souvenirs gardes-tu de ce tournage?

Un très bon souvenir! C'était mon premier vrai rôle dans un long métrage. Un rôle que j'ai adoré incarner! Une équipe avec laquelle j'ai eu beaucoup de plaisir à travailler. Thierry Paya, un réalisateur à l'écoute en qui j'avais une totale confiance. C'était la première fois que je mettais un pied dans l'univers du cinéma de genre. Un tournage inoubliable! "Ouvert 24/7" m'a beaucoup apporté...

"Ouvert 24/7"


As-tu eu l'occasion de rencontrer Lloyd Kaufman durant le tournage?


Non, car nous ne tournions pas au même moment. Mais j'ai eu la chance de le rencontrer en juin dernier. C'est vraiment un Grand Monsieur, gentil, drôle, passionné, généreux! Je suis heureuse d'avoir pu le rencontrer.


Même si on ne t'y voit pas, tu as tourné pour "Le Guetteur" de Michele Placido. Cela a dû être génial?


Oui j'ai tourné 6 jours dessus, j'étais une jeune flic en filature à la sortie de la banque (scène de début du film). C'était impressionnant de tourner au milieu d'explosions, de cascades, de coups de feu! C'était génial, de travailler aux côtés de Michele Placido, Daniel Auteuil et Francis Renaud. Ce sont des moments "surréalistes" que j'ai savouré un maximum.

"Baby-Sitting"

"Baby-Sitting" fait depuis quelques mois la tournée des festivals et a déjà reçu pas mal de prix. Peux-tu nous parler de ce court métrage?

En effet "Baby-sitting" a reçu plusieurs prix, il a une très belle vie! C'est un court-métrage gore à petit budget. L'histoire est classique: un baby-sitting qui tourne au cauchemar. Je garde un très bon souvenir du tournage. Nous avons tourné sur quatre week-ends, l'équipe était jeune, dynamique et pro. Lucas Masson est un jeune réalisateur, talentueux, il ira loin.

Tu as reçu le prix de « Best Actress » au Festival « Killer Film Fest » de Boston pour "Ouvert 24/7" et "Baby-Sitting". L'horreur semble être un genre qui te réussit! Est-ce un genre que tu apprécies?

J'ai toujours aimé le genre et je n'aurai jamais imaginé que je commencerai ma carrière par le cinéma de genre. Oui bien-sûr, j'adore! Le genre rassemble plusieurs styles de films, polar, gore, thriller psychologique, horreur... les rôles sont toujours des rôles intéressant à incarner! Ce sont des rôles intenses qui passent par plein d'états différents. J'ai toujours aimé les rôles extrêmes, profonds, les challenges, repousser les limites, "m'abîmer", m'oublier totalement pour ne laisser place qu'à la situation qui est en train de se passer sur le plateau, être au présent et seulement au présent! J'aime cette tension, ce silence et quand tout d'un coup, l'émotion jaillit! J'ai toujours aimé prendre des risques, me mettre en danger. Le cinéma de genre permet tout ça.

La bande annonce de "The Missing Remnants" est également très prometteuse! Une nouvelle incursion dans l'horreur?

Oui "The Missing Remnants" est un thriller psychologique. J'incarne une jeune femme souffrant de TDI (Trouble dissociatif de l'identité, c'est une des branches de la schizophrénie). Ce fut un rôle très intéressant à incarner. Je me suis beaucoup documentée sur cette maladie peu connue en France. Comment elle se manifeste, qui elle touche le plus, pourquoi elle se déclenche, comment elle est vécue par les "malades", les proches. Une fois que j'ai su tout ça, je suis arrivée sur le plateau "pleine", je savais d'où je venais, qui j'étais, pourquoi.

Peux-tu nous présenter les autres longs et courts métrages auxquels tu as participé?

Depuis mon arrivée sur Paris, il s'en est passé des choses. J'ai été sur plein de projets. J'ai commencé en bas, avec des projets très amateurs et puis, petit à petit les projets sont devenus de plus en plus pro, les équipes de plus en plus nombreuses, la technique de mieux en mieux. Il y a eu beaucoup de court-métrages! Je vais en citer quelques uns, ceux dont les rôles sont les plus marquants: "Interférences", dans lequel j'incarne une jeune femme seule, chez elle le soir qui regarde la télé et qui voit dans sa télé des situations assez "extrêmes" lui arriver. Il y a eu "Entre les lignes" dans le rôle d'une écrivaine schizophrène et puis plein de petits rôles dans divers court-métrages, des apparitions dans des longs métrages comme "Grand départ" aux côtés d'Eddy Mitchell. Dernièrement j'ai eu également des rôles dans des séries tv et j'ai récemment tourné dans un pilote série tv réalisé par Bernard Jeanjean.

"Andromaque" - Mise en scène de Sophie Belissent



Tu fais également du théâtre. Qu'est-ce que tu préfères? Tourner ou être sur les planches?


Oui j'ai joué dans plusieurs théâtres parisiens. J'adore le théâtre! C'est pour moi la meilleure école pour le cinéma! Le théâtre permet vraiment de travailler son "outil", de l'explorer, de l'apprivoiser, d'être dans le corps! Au cinéma, les gens ont tendance à penser que, parce qu'ils sont cadrés en gros plan, il n'y a que le visage qui vit! C'est faux! L'émotion vient du ventre, tout vit: les bras, les jambes, les reins, le dos, les mains, les doigts, la gorge, la nuque, les yeux... tout! Pour moi, la seule différence entre le jeu au cinéma et le jeu au théâtre c'est le volume de la voix. Au théâtre on doit timbrer. Au cinéma, la technique vient à nous. Pour répondre à ta question, j'aime les deux! Ce sont des sensations différentes mais le plaisir est le même! Être sur un plateau ou sur les planches, c'est que du bonheur!

Quelles formations as-tu suivi?

J'ai fait le Conservatoire de théâtre de Toulon. Quand j'ai eu mon bac, je suis venue à Paris et là, j'ai suivi des cours de Théâtre dans plusieurs cours privés. Et puis, il y a l'expérience de la vie qui nourrit beaucoup, les rencontres.


Peux-tu nous parler de tes projets en cours?

Je tourne à la fin du mois, dans un court-métrage "La mort sur le dancefloor" réalisé par Greg Simon, dans lequel j'incarne une junkie (rôle principal). Il y a un autre court-métrage en préparation, un polar gore. En mai prochain, normalement je tourne en Pologne. Et, je suis en callback sur un gros projet, tourné à l'étranger, je n'en dirai pas plus... mais je croise fortement les doigts! Pour le reste, "wait and see", je vais au devant des choses, je rencontre beaucoup de monde, je démarche tout le temps. Les gens parlent, promettent beaucoup de choses, des fois trop, mais ça fait parti du milieu! J'ai fait de belles rencontres. A suivre.. Actuellement, je prends des cours d'anglais, je veux mettre toutes les chances de mon côté afin de travailler un maximum. Je garde la foi.

Y a-t-il des actrices ou même des acteurs qui t'ont particulièrement influencée dans ta façon de jouer ou qui sont à l'origine de ta vocation?

Il y a deux actrices qui m'ont donné envie de faire ce métier: Romy Schneider et Charlotte Gainsbourg. J'aime ce genre d'actrice. Elles sont vraies, intenses, elles n'hésitent pas à se mettre en danger, elles y vont à fond! Elles nous embarquent avec elles. J'aime les actrices qui sont entières, qui dégagent quelque chose de singulier, qui ont du charisme. J'aime beaucoup, Richard Bohringer, François Cluzet, Gérard Lanvin, Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Sylvie Testud, Béatrice Dalle, Yolande Moreau... J'aime les artistes dont la personnalité "transpire" sur scène et qui ne s'économisent pas. Bien souvent, ils interprètent des rôles que je rêve d'incarner. C'est chez ce genre d'artistes que je m'inspire et me nourrit.


Dans tes rêves les plus fous avec qui et pour qui aimerais-tu tourner?

C'est dur... J'ai envie de tourner avec tellement de personnes! Je suis de nature très curieuse, j'ai envie de me laisser emmener dans plein d'univers. J'ai envie de travailler avec de "belles" personnes, qui font ce métier par passion, pour les bonnes raisons et qui ont des choses à dire. Quand j'ai confiance au réalisateur, je sais que je peux tout donner!

Et justement serais-tu prête à aller aussi loin que par exemple Charlotte Gainsbourg dans "Antichrist" ou Romy Schneider dans "L'important c'est d'aimer?

Oui j'adorerai! J'aime les rôles qui permettent du relief et qui demandent d'aller loin!

Beaucoup d'actrices tentent également par la suite une carrière dans la chanson. Est-ce que toi aussi tu envisages plus tard une telle expérience ?

Si j'arrive à percer, j'envisage plein de choses! J'aimerai écrire, réaliser, avoir ma propre boîte de production, mettre en scène... Alors pourquoi pas essayer la chanson. Mais je ne sais pas si j'ai ce talent! La vie est faite de surprises, de rencontres, d'opportunités. Qui sait...


Merci Morgane! J'espère de tout cœur que tes projets se réaliseront!

Afin de vous rendre compte du talent de Morgane Housset, je vous invite à découvrir sa bande démo et à vous procurer le DVD de "Ouvert 24/7".

Crédits Photos : Laura Cortès, Chris Schu, Panic Attack

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27.08.13

07:07:35, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

Le réalisateur Thierry Paya, à qui on doit le sympathique et original "Ouvert 24/7" a eu l'amabilité de répondre à mes questions.

Bonjour Thierry. On t'a découvert avec "Ouvert 24/7". Quels souvenirs gardes-tu du tournage?

Et bien de très bons souvenirs en général. On tournait le film au fur et à mesure des disponibilités des acteurs, des lieux etc... Pour ma part je ne savais jamais si le film allait se finir ou pas... On tournait principalement les week-ends, tout ça étalé sur un an environ, parfois le plan de travail était bizarre, je tournais le même jour des scènes de sketches différents, il fallait vraiment s’y retrouver.

Avec le recul, y a-t-il des choses que tu aimerais changer?

Évidemment! Le film a manqué cruellement de moyens et de préparation, on a lancé la production très vite, trop vite, certaines scènes ont pu être travaillées, d’autres ont été plus ou moins improvisées! Certains acteurs viennent du cinéma ou du théâtre, d’autres étaient totalement amateurs, c’était pareil pour l’équipe. Mais je crois que c’est aussi la force du film. Si on avait attendu d’avoir les moyens ou le temps, on ne l’aurait peut être jamais fait! Donc je pense que c’était le bon choix, on fonce! On tourne! Et on verra bien! C’était le défi de faire ce film de A à Z, tout y est original et on l’a fait avec nos petites mains, contrairement a certains films soit disant faits avec « des bouts de ficelles ».

"Ouvert 24/7" est le premier film français faisant parti de la firme Troma. Comment as-tu rencontré Lloyd Kaufman et comment as-tu réussi à le convaincre de jouer un petit rôle dans ton film?

Alors c’est grâce à Colin Vettier, le scénariste du film, qui a travaillé chez Troma il y a quelques années. Mais ça a été galère de l’avoir parmi nous, la scène avec Lloyd a été plusieurs fois reportée pour des raisons de calendrier. Mais à notre grande surprise il a tenu parole et est venu spécialement de New York avec sa très sympathique épouse! Il est vraiment très sympa et connaît le cinéma sur le bout des doigts. Me retrouver à diriger ce grand professionnel, qui a parfaitement joué le jeu, m’a beaucoup apporté.

"Ouvert 24/7" est un film assez original dans le paysage cinématographique français, d'une part car il s'agit d'un film à sketches et d'autre part du fait qu'il mélange horreur très gore et comédie, ce qui est plutôt rare chez nous... Est-ce que c'était une volonté de ta part ou de la part de Colin Vettier?

Je dirais bien sûr une volonté des deux! Mais il faut savoir aussi que si ce film est a sketches c’est que je voulais à tout prix mettre pleins de choses très différentes dans notre film, mélanger les genres dans une seule et unique histoire nous semblait vraiment impossible. C’est de ma faute, je l’avoue! Je disais à Colin j’aimerais bien que ça se passe dans les bois avec une cabane, et après je lui parlais d’un bar miteux pour revenir dans un commissariat, il fallait un crocodile, puis un prêtre et ensuite découper un corps, parler de lesbiennes, de cannibalisme puis de contes de fées... Colin a vraiment écrit un film, très bizarre, comme je les aime, ce côté « comédie » que je nommerais plutôt « dérision » est le fruit de notre connerie, oui! On aime ça! Et c’est aussi ce qui a dérangé beaucoup de critiques... Apparemment ils ne vont que jusqu'au 3éme degré et nous on est allé beaucoup plus loin! Le problème c’est qu’on n’a pas prévenu et que le film a été distribué comme un film d’horreur pure. Mais je suis persuadé qu’il est très dur à placer, donc je peux comprendre tout cela! Ce que je peux dire c’est que tout est voulu, y compris de mélanger des acteurs confirmés avec des amateurs et de leur faire jouer des choses très décalées...
La seule chose que Colin n’a pas voulu c’est de mettre des extra-terrestres, mais je ne perds pas espoir, il y un projet secret en cours...

L'un des atouts de "Ouvert 24/7", ce sont les fabuleux maquillages d'effets spéciaux de David Scherer. Peux-tu nous parler de son travail sur le film?

Oui bien sur, à l’époque de la pré-production de "Ouvert 24/7", Colin Vettier m’avait parlé de 2 maquilleurs potentiels pour le film dont David, et j’ai choisi de travailler avec David car ses travaux me plaisaient et le personnage avait l’air sympathique. On a pris contact par téléphone et de suite nous avons beaucoup échangé sur les films que nous aimions en commun.

Le courant est bien passé, et David a commencé à travailler sur les divers effets du film, qui n’était pas une mince affaire car très variés en fonction des sketches de "Ouvert24/7". Plutôt graphiques dans le segment "Question de goût" avec notamment cette séquence ou Élodie (Maud Galet-Lalande) découpe un homme nu en pleine lumière. Cette scène nous a demandé une journée entière de tournage et le studio était taché de sang à la fin, il y en avait partout! Des membres, de faux hachoirs, des prothèses et je me rappelle demander à David : plus de sang ! Plus de sang !!! C’était jubilatoire de travailler en direct sur le plateau sans effets CGI, on pourrait dire à l’ancienne, pour ma part je dirais « la seule manière de faire, la bonne »!

Sur le second segment il a entièrement moulé le visage de Marie-Pierre Vincent qui jouait cette ogresse, pour la transformer en espèce de goule. C’était très impressionnant! David a vraiment compris ce que je voulais pour ce personnage. D’ailleurs on s’est fait un petit plaisir dans ce même segment en faisant hommage à "Poltergeist" en reprenant ce fameux passage où un personnage s’arrache le visage devant un miroir. Il a relevé le défi! Je trouve cette séquence vraiment très belle! Très réussie, on était comme des gamins à arracher les lambeaux de chairs sur la fausse tête de Marie Pierre. Le tout dans une lumière proche de l’original avec même un détournement de la musique très réussi!

Sur le dernier segment David a principalement travaillé sur la scène finale dans le théâtre, je me souviens c’était assez compliqué. On avait peu de temps et très peu de préparation pour la scène d’éclatement de tête, on a vraiment travaillé cette séquence au montage car elle était difficile... Ceci dit l’effet reste très malsain et donc il collait parfaitement à l’ambiance! Il faut rajouter que David comprend très bien les réalisateurs et il travaille en fonction de l’histoire, de la lumière en parfaite symbiose avec l’équipe!

Depuis il a fait encore plus son chemin, il travaille énormément! Je suis d’ailleurs pressé de voir son travail sur "Thanatomorphose" de Eric Falardeau ce brillant réalisateur canadien, j’attends son film avec impatience!

Pour conclure, je dirais que David Scherer est LE maquilleur français actuel le plus prolifique et il a en lui ce côté 70/80, cette proximité et humilité que seul les maquilleurs américains de la grande époque avaient!

Peux-tu nous parler des différents courts métrages que tu as réalisé?

Houlà! Ça serait trop long mais entre autres il y a "Jogging", ma première collaboration avec Colin Vettier, un film tout simple avec une fille qui court, Maud Galet-Lalande qui d’ailleurs n’avait jamais fait de jogging de sa vie... Il y aussi "Le barbier de Memphis" un court métrage totalement fou qui joue en permanence sur la dérision des situations, avec notamment Chris Agullo un sosie d’Elvis très connu qui également un mec génial! Un film qui a été très difficile à mettre en boîte, on a rencontré énormément de problèmes à la post-production ce qui nous a un peu épuisé mais on l’a terminé tout de même!

Quelques mots sur "Witch Bitch"?

C’est juste de nouveau un délire de Colin et moi! Un court métrage atypique, pas du tout dans l’air du temps! Donc comme je les aime. Une expérience forte avec des acteurs au top de leur forme! On y retrouve tous les ingrédients de la Vettier Paya touch! Il devrait être disponible bientôt pour les internautes et en bonus sur un DVD à paraître chez Singapour 1939 Productions.

Peux-tu nous présenter "Errange" ton second long métrage et bien entendu nous dire où cela en est?

"Errange" est malheureusement abandonné pour des raisons budgétaires, je suis déçu mais je n’ai pas de solutions pour le remettre en production.

Le film semblait beaucoup plus sérieux que "Ouvert 24/7"...

Oui complètement, c’est une fable sociale très dure, très froide, une très belle histoire. Elle reste dans un petit coin de ma tête mais je ne suis pas sûr que cela se fasse un jour, ou alors peut être sous une autre forme ou avec une autre production.

Peux-tu nous parler de "Au fond du trou" et "Ouvert 24/7 2, Kill, Kill, Kill"?

Ces deux projets sont en cours de développement, je ne peux pas en dire plus car c’est en stand-by pour l’instant, en effet je termine quelques montages, un spectacle de danse et un documentaire sur la bande dessinée, les choses devraient reprendre bientôt.

As-tu d'autres projets en cours?

Oui un court métrage "Les vieux" (Titre provisoire) un film fantastique assez fantomatique, et quelques autres petites choses, mais rien n’a démarré pour le moment.

Tu as joué dans différents groupes de Rock lorrains, il me semble... Fais-tu toujours de la musique?

Non plus dans un groupe en tous cas. Je gratte ma guitare chez moi tous les jours pour me détendre. Mais je suis toujours intéressé par la musique qui d’ailleurs tient une place très importante dans mes films!

Merci Thierry! J'espère de tout cœur que tes nouveaux projets aboutiront prochainement.

Crédit photos : Chris Schu

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20.08.13

05:46:41, Cat�gories: Interview  

Par Flo001fg

Je vous avais parlé le mois dernier de "Woman with No Name", un court métrage western très prometteur de Fabio Soares. Ce dernier a eu la gentillesse de répondre à mes questions.

Bonjour Fabio. On te découvre grâce à "Woman with No Name", un court métrage western original et assez ambitieux. Peux-tu nous dire comment es né ce projet?

Bonjour Florent. C'est une très longue histoire, j'en ai même oublié le commencement ! L'idée d'un projet est née d'une discussion surréaliste avec Diana S - chanteuse du groupe allemand Junksista -, un synopsis improvisé à une heure tardive par conversation en ligne. L'envie de créer un univers était là. Ensuite j'ai proposé à 2 amis cinéphiles de me suivre : Renaud Lissowski et Brice Durot. Par expérience, ce genre d'aventure nécessite un échange humain bien plus important que la taille du CV. Aujourd'hui je ne regrette pas ces choix car les envies de chacun nous ont mené vers une idée aussi déjantée qu'atypique : tourner un western à Paris ! Le tout sans aucun budget.

Quels souvenirs gardes-tu du tournage?

C'est l'usage de dire du bien d'un tournage, mais les personnes présentent pourront te le confirmer : nous avons tous vécus quatre jours d'une intensité physique et émotionnelle incroyable. Cela est d'autant plus touchant que ce retour provient d'acteurs extrêmement confirmés.

Nous avions quatre jours pour tourner dans autant de décors différents, dont 3 en extérieur jour : une attaque de train à vapeur, une traversée du désert, une scène de saloon et la fin du film dans un entrepôt désaffecté. Tout cela sans aucune sécurité au planning ou sur la météo. Chaque jour était un défi, d'autant plus que je tourne sans story-board. Une volonté imposée par le désir de saisir l'histoire et les comédiens sur l'instant : un détail, une réplique, un échange de regard improvisé... Le tournage est intense car chaque scène est tournée dans la continuité. On installe une ambiance dans laquelle tous les personnages prennent vie, quitte à finalement ne retenir que quelques secondes. La débauche d'énergie est importante mais le résultat en vaut le coup.

Comment as-tu réussi à réunir un tel casting?

Au flair et au culot. Chacun des comédiens à sa propre histoire.

Avec Renaud et Brice, nous avions dressé une liste idéale : le genre de choses que tu fais pour rêver en attendant que la réalité te rattrape. Deux de mes idoles figuraient sur cette liste invraisemblable... Nous avons eu tout le monde ! Aujourd'hui encore, cela nous dépasse.

Tout a démarré de Laura Satana dont je suis un très grand fan. Elle n'est pas comédienne, mais la personnalité et le charisme qu'elle dégage étaient une évidence : Laura EST la femme sans nom. Elle a accepté tout de suite, avec une simplicité déconcertante.

Bernie Bonvoisin ("Les Démons de Jésus", "Les Grandes Bouches", "Blanche") a également accepté rapidement. J'étais gêné de tourner avec un réalisateur d'aussi grand talent, mais il a su mettre tout le monde à l'aise par son professionnalisme et son calme.

Arben Bajraktaraj ("Taken", "Harry Potter et les reliques de la mort – Part 1", "Des Dieux et des Hommes" ) a lui aussi été emballé par le projet. Là encore la pression était grande : passer de "Harry Potter" à "Woman With No Name" était une grande inconnue à gérer. À l'arrivée tout s'est vraiment bien passé.

Brigitte Lo Cicéro ("L'Exercice de l’État") est arrivée plus tardivement car son rôle n'a pas été simple à finaliser : nous avions longtemps hésité entre un personnage masculin ou féminin. Après de nombreuses recherches, personne ne nous convenait. Puis j'ai rencontré Brigitte par un ami commun, et là on peut parler de chance : une brillante comédienne ! Elle est toujours juste dans un rôle que je trouve être le plus difficile à interpréter.

Enfin, un mot sur Yannick Minvielle et Cyril Perronace, les deux hommes de main d'Arben Bajraktaraj. J'avais reçu des CV de comédiens TV confirmés pour ces deux rôles. Cyril et Yannick ne sont pas comédiens, mais deux très bon amis et anciens collègues. Je n'avais aucun doute sur le choix avant le tournage et nous n'avons pas été déçus. Yannick et Cyril ne jouent pas des cowboys... ce sont des cowboys !

Es-tu amateur de westerns spaghetti?

Oui, même si je n'ai pas connu l'époque où cela passait régulièrement sur les chaînes télé. Plus globalement je suis un grand fan du cinéma américain et asiatique des années 60 et 70 : de Russ Meyer, en passant par le Chanbara (film de sabre japonais) jusqu'à la Blaxploitation.

Pour quelles raisons as-tu inclus des éléments contemporains dans ton film?

Par envie de créer quelque chose d'inattendue, et ajouter une dose d'humour. À quoi ressemblerait notre quotidien à la sauce western ? Je souhaite pousser un peu plus encore ce parti-pris sur le final cut. A mon sens il était important de revisiter le genre et ne pas juste faire un film hommage.

Il est prévu que "Woman with No Name" sorte en DVD. Peux-tu nous parler de cette édition?

Grâce à Ulule nous avons levé les financements nécessaires pour réaliser celui-ci. Cependant, nous ambitionnons un bel objet et n'aurons qu'un seul essai pour des raisons de fabrication.

Les ingé son retravaillent l'ambiance sonore, ça va prendre un certain temps étant donné qu'ils réalisent cela sur leur temps libre. De plus nous sommes en pleine réflexion sur la Bande Originale, qui sera incluse avec le DVD. Là encore nous préférons tout concrétiser plutôt que de réaliser le DVD à la va-vite. Ça prend plus de temps que prévu et sommes nous-même impatients, mais certaines étapes ne peuvent être sautées au risque de le regretter !

Comment est née ta collaboration avec le groupe allemand Junksista?

Pour résumer, j'ai rencontré Diana S - la chanteuse - il y a 8 ans de cela. Nous avons énormément d'envies communes et depuis nous collaborons régulièrement sur pas mal de projets. Pour "Woman With No Name", Junksista a réalisé une bande originale sur-mesure : 3 titres originaux, dont un avec un pianiste de jazz pour la scène de poker. À cela s'ajoute un quatrième titre dédié à la bande-annonce. L'exercice de style était ardu, les westerns spaghetti sont notamment devenus incontournables grâce à leurs célèbres thèmes musicaux, nous avons tous en tête les compositions d'Ennio Morricone, mais le résultat est vraiment parfait, à la fois respectueux du genre et moderne. C'est une chance de pouvoir disposer d'une telle richesse musicale dans notre film. Nous travaillons actuellement avec le label Alfa Matrix afin d'éditer la Bande Originale.

Sinon, pour revenir à la question, j'ai déjà réalisé trois de leurs précédents clips (Fruits, Naked Wet Hot et Department Store) dont je suis très fier. Je tourne prochainement en Allemagne leur prochain clip pour le lancement de leur nouvel album et suis impatient d'y être !


Quel est ton parcours? As-tu notamment fait des études dans le domaine du cinéma?

J'ai fait des études d'arts et à la base, je suis plasticien. Mon parcours s'est très vite orienté comme Directeur Artistique dans la publicité et la communication. Mon profil atypique m'a permis de sortir des sentiers battus et je prends beaucoup de plaisir au quotidien. Cela m'a également permis de gagner des prix, dont un à l'international.

"Woman With No Name" est mon premier film, mais le cinéma n'est pas une fin en soi. Ce qui m'intéresse le plus est de pouvoir laisser libre cours à mon imagination, que ce soit en images ou en vidéo.

Quels sont tes futurs projets?

Sur "Woman With No Name" nous allons améliorer l'ambiance sonore ainsi que quelques points de montage avant de partir en festival. Nous allons également éditer la BO par le label Alfa Matrix et sortir un Artbook du projet : 42 pages reprenant toutes les étapes créatives ! Encore beaucoup de travail en perspective.

Sinon j'écris actuellement mon second court-métrage. C'est encore un peu tôt pour en parler mais c'est un projet que je coréalise avec Noémie Alazard ("Echap"), une artiste aussi talentueuse que déjantée, et qui me tient particulièrement à cœur.

Enfin, comme évoqué précédemment, je réalise prochainement un clip pour Junksista, toujours co-écrit et coréalisé avec Noémie. Après autant de projets avec le groupe, c'était important d'apporter une mise en danger et un regard neuf pour aller plus loin, tout cela est très excitant !

Merci Fabio!

Si "Woman with No Name" vous attire, je vous invite à suivre Fabio Soares sur son site et sur sa page facebook, ainsi que sur la page facebook de "Woman with No Name" afin de rien manquer de son actualité!

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05.08.13

06:14:40, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

"Chimères"

Depuis quelques années, David Scherer a su s'imposer comme le digne héritier de Benoît Lestang et est devenu la référence en France en matière de maquillage d'effets spéciaux. Malgré un emploi du temps surchargé, il a eu la gentillesse de répondre à mes questions.

"Fièvre"


Bonjour David. Peux-tu nous présenter ton métier en quelques mots ?

Bonjour à vous!!! Je m'appelle donc David Scherer et je fais du maquillage d'effets spéciaux, c'est à dire que je crée des prothèses de toute sorte pour le cinéma, de la petite blessure, au mort vivant en passant par les monstres ou les têtes d'extraterrestres...


Qu'est ce qui t’a a donné envie de faire ce métier?

C'est vraiment la passion du cinéma... J'ai passé des années dans les vidéoclubs à l'époque de la VHS à chercher et trouver des petites perles rares et à me constituer une vidéothèque... C'est ainsi que j'ai découvert les films de Carpenter ("Halloween", "New York 1997", "Vampires"), de Fulci ("La guerre des gangs", "L'Au-delà", "Frayeurs"), de Cronenberg ("Videodrome", "La Mouche", "A History of Violence") etc... Tout ça m'a forgé une vraie passion pour le cinéma et j'ai décidé d'en faire mon métier... C'est après mes années lycée que j'ai développé mon grand intérêt pour le cinéma italien... J'ai cherché tout ce que je pouvais trouver sur le domaine, ça a été ma grande période Giallo. J'ai beaucoup étudié le montage et le processus de fabrication de ces films... Au départ je ne voulais pas m'orienter spécifiquement dans les effets spéciaux, ce n'est venu que plus tard...

"From the Inside"


As-tu suivi une formation?

Non pas du tout, je suis autodidacte, j'ai suivi une formation en sciences sociales et sociologie... Plutôt le genre de chose qui n'a pas grand rapport avec le cinéma, mais je ne regrette pas pour autant d'avoir suivi ce cursus.

J'ai surtout étudié des films, le montage, la façon de filmer des scènes à effets spéciaux... Je pense qu'il faut vraiment avoir une vision globale sur la fabrication d'un film et pas juste s'intéresser aux effets spéciaux... Car je dis souvent qu'un film c'est avant tout raconter une histoire. Le maquillage Sfx est donc un accessoire, qui va servir à raconter cette histoire encore mieux, mais ça n'est pas une fin en soi... Un bon maquillage mal filmé ne donnera rien du tout... Idem si l'acteur ne joue pas avec... Il ne faut jamais oublier cet aspect je pense...

"Employé du mois"

Quels sont tes meilleurs souvenirs de tournage?

J'en ai énormément! Le tournage est un moment particulier qui vient après la période de fabrication des effets en atelier, c'est le moment où l'on va enfin se rendre compte si le trucage fonctionne après des jours de recherche et de prépas... J'adore les tournages qui me permettent de voir différentes méthodes de travail... Au fil des années il y a des amitiés qui se nouent et des réalisateurs avec qui tu aimes et veux absolument retourner … Je me rappelles avoir dis une fois que je ne pourrais pas ne pas faire le plateau d'un film de François Gaillard ("Blackaria", "Die die my darling") ou Olivier Beguin ("Si vous le voyez, tuez le de ma part", "Dead Bones", "Employé du mois")... "Last Caress" et "Chimères" ont été des tournages pour le moins intenses mais au final lorsque tu te rends compte que l'alchimie opère c'est formidable ! Pourtant ce sont des films très différents avec des styles opposés mais on y retrouve une patte et une passion commune, et ça, ça fait plaisir quand on est un créateur d'effets spéciaux, passionné par le ciné qui plus est... Pouvoir s'imprégner de la personnalité artistique de chacun et découvrir de nouvelles choses, de nouvelles façons de construire un film etc etc...

"Last Caress"

Le tournage de "L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps" de Hélène Cattet et Bruno Forzani ("Amer") a été un moment incroyable! Ces deux réalisateurs sont incroyables! Il y a des idées à chaque plan et ils travaillent sur la notion de « sensation » C'est à dire qu'ils font ressentir des choses avec leurs images... J'ai vraiment adoré ce tournage! L'aspect technique des effets qui ont été non seulement très diversifiés mais aussi intégralement crée sur le plateau car ils favorisent toujours les effets en direct mais aussi cette ambiance familiale si particulière que j'affectionne.... On a eu beaucoup de discussions sur le cinéma des années 70, sur les gialli ,etc etc... C'est un projet très important pour moi car j'ai non seulement énormément de respect pour ces deux réalisateurs et leurs producteurs (qui osent produire des films atypiques) mais je suis aussi comme je le répète souvent un grand amateur de giallo... Ce film m'a donc permis de me plonger complètement dans cet univers, thématiquement, et techniquement car on a aussi eu recours à des astuces et du système D pour concevoir nos effets... Et ça c'est un aspect que j'adore...

Te rends-tu toujours sur les tournages ?

Dans 95% des cas oui ! Comme je disais précédemment je ne pourrais pas ne pas faire un plateau de François Gaillard par exemple ! L'été dernier j'ai enchaîné "Trahison" (ex "One Wicked Night"), "Chimères" et "Fièvre", je n'aurais pas pu les déléguer... Leurs trois réalisateurs sont tous des passionnés et c'est pour moi très enrichissant de travailler avec des gens comme ça , ça permet de créer de belles choses même si on a pas forcément de gros moyens et beaucoup de temps...

De plus j'aime vraiment travailler avec les acteurs, je viens de finir tout dernièrement un docu fiction sur la création de la ville d'Aigues Mortes pendant les croisades, il y avait énormément de maquillages et le travail avec les acteurs a été très important, j'ai beaucoup apprécié cet aspect...

Le rapport humain est primordial je trouve dans ce métier... Un réalisateur qui est à fond, tu n'as qu'envie de le suivre.... Fabrice Blin, le réalisateur de "Mandragore" avait dit cette chose très intéressante : Un réalisateur donne des choses à son équipe, qui lui en donne à son tour etc... Tant j'ai vu des réalisateurs totalement investis que tu suis à 200% car ce sont de formidables chefs d'orchestres (des Romain Basset, Olivier Beguin, Clément Deneux, Jean-Christophe Savelli, François Gaillard, Éric Falardeau, Tala Sehlami, Cédric Lemen et bien d'autres... ) tant j'ai aussi eu l'effet inverse... Voir un réalisateur débarquer les mains dans les poches et jouer avec son iphone lorsqu'on lui explique comment peuvent fonctionner les effets spéciaux, recevoir le découpage technique d'une très grosse scène à effets avec des créatures 4 heures avant de tourner... Et qui évidemment ne se gênera pas pour te cracher à la gueule ensuite... Tu as vraiment les deux extrêmes...

J'ai débarqué à Montréal pour tourner "Thanatomorphose" l'été dernier... L'équipe était très réduite, on tournait dans un simple appart... Mais j'ai rarement vu une équipe aussi soudée et enthousiaste... Tu ne peux que réussir dans ces cas là... Éric Falardeau a cette qualité de t'entraîner dans son projet... Il est toujours clair dans ses idées, propose plein de choses et toujours ouvert aux suggestions... Mais il n'y a pas que ça! Hors tournage, il me faisait visiter Montréal, découvrir des quartiers sympas etc... Il veillait toujours à ce que je sois le mieux possible...

J'ai eu le même rapport avec des réals comme Bruno et Hélène, ou bien encore François (Gaillard) et Olivier (Beguin). C'est je trouve un des aspects les plus importants et les plus enrichissants...

"Thanatomorphose"

Lorsque tu as un budget assez réduit, est-ce que cela te stimule d’autant plus? Car j’imagine que tu souhaites toujours obtenir un résultat parfait à tes yeux...

J'essaye toujours d'obtenir un résultat qui soit cohérent par rapport au film.... Sur "Blackaria" par exemple qui disposait d'un budget très réduit , j'ai essayé de créer des effets spéciaux dans l'esprit de ceux des gialli des années 70 , puisque "Blackaria" est un film qui se réclame de cette période et de cet univers... Cela impliquait pas mal de fausse peau, de prothèses et de sang « rouge vif technicolor », un côté très « plastique » mais dans le bon sens du terme bien entendu !! Dans le sens où il n'y a pas de numérique ou de 3D... quand un couteau transperce une gorge, on perce réellement un bout de latex...
Sur des séries TV par contre, on est parfois plus sobres, il y a moins d'excès gores, donc on adapte...

"Aigues Mortes un port pour les croisades"


Y a-t-il des maquilleurs ou des spécialistes de SFX qui t’ont influencé?

En France, il y a le regretté Benoît Lestang ("Baby Blood", "Le Pacte des loups", "Martyrs") qui a tellement apporté au maquillage.... Je ne l'ai hélas pas rencontré et ça me chagrine encore aujourd'hui... Mais je sais qu'on ne l'oublie pas et ça me fait plaisir de voir des gens comme Olivier Strecker ou Daniel Gouyette ("Ti ricordi di Lucio Fulci?") qui le citent régulièrement et qui savent toujours rendre hommage à son travail et son talent...

Sinon j'ai une grande admiration également pour les italiens Gianetto de Rossi ("Il était une fois dans l'ouest", "L'au-delà") et Sergio Stivaletti ("Dellamorte Dellamore", "Arrivederci amore, ciao", déjà parce qu'ils ont bossé sur des films cultes dans le genre et qu'ils ont tenté des trucs inédits... L'aspect des zombies dans "L’Enfer des Zombies" ou les corbeaux dans "Opera" par exemple! Il y a vraiment eu des choses fortes et novatrices... Et j'aime aussi ce côté artisanal qui perdure... C'est quelque chose qui m'inspire beaucoup en tous les cas... Ils pouvaient faire beaucoup avec rien, sachant en plus qu'il n'y avait pas encore tous les produits d’aujourd’hui, je trouve qu'ils ont beaucoup de mérite...

"The Theatre Bizarre"


Peux-tu nous parler des projets qui t’ont le plus marqué?

Ok, voici donc un petit concentré de courts, longs et divers projets sur lesquels j'ai travaillé et qui m'ont marqué sur certains aspects...

"Thanatomorphose" : Une expérience incroyable que ce tournage qui était mon premier tournage canadien, la phase de prépa était dingue, je fabriquais des prototypes de prothèses et je les envoyais par mail à Éric qui me faisait son retour.... Il y a eu un nombre incalculable de prothèses transferts à coller sur Kayden la comédienne principale et beaucoup d'effets en direct... Remy Couture un artiste canadien incroyable avait fabriqué des litres de sang, pus et autres substances dont je couvrais les prothèses jour après jour... Et au milieu de tout ça une bonne humeur communicative et une ambiance de tournage géniale! J'ai adoré cette équipe, je retournerais avec eux à la première occasion!!!!

"Antoine et les Héros"

"Antoine et les Héros" : Un autre beau souvenir de tournage avec plein d'effets à l'ancienne ! Patrick Bagot le réalisateur voulait des zombies très old school et c'est la direction que nous avons suivie... On a aussi fait pas mal d'effets sanglants et de blessures... Au final c'est un très bel hommage au cinéma Bis et un beau film sur l'enfance aussi... Philippe Reyno est génial en Jim Kelly et je pense que c'est un super hommage qu'ils ont fait là... J'étais très touché quand j'ai découvert ce film sur grand écran!

"Dome Sweet Dome" : Une autre collaboration avec le tandem infernal Gaillard / Rafighi!!!! Ça fait très longtemps que je bosse avec François sur ses films et sur les projets School's Out à Montpellier... Celui ci a été particulièrement intense ! Je n'ai fait qu'une nuit de tournage dessus mais je m'en souviendrais... Ionna qui fait la créature du clip a été formidable, elle portait des prothèses, des lentilles blanches et était couverte de sang et elle n'a pas bronché ! Je lui tire mon chapeau car ce n'était vraiment pas évident mais elle a été adorable de patience... Et en plus elle passe superbement bien à l'image ! Je pense qu'elle et Aurélie Godefroy ("Die Die my Darling") font partie des deux nanas les plus charismatiques que j'ai vu dans les films de François , elles sont toujours très bien mises en valeur et explosent à l'image...

"Dome Sweet Dome"

"From the Inside" : Un autre projet School's Out réalisé par mon ami Guilhem Sendras qui se lance aussi dans l'aventure du long low budget... C'est un gros défi car son histoire est complexe et ambitieuse... Au delà de l'aspect « tournage » ce que je retiens ce sont les longues discussions le soir où il m'explique ses envies , ses ambitions de tournage , ses doutes etc... Un rapport humain que tu ne retrouves pas partout et que j'apprécie tout particulièrement...

"Mauvaise Tête" : Pour ce film réalisé par Camille Vidal Naquet il a fallu jouer sur un côté assez réaliste et « dramatique » par rapport à l'histoire qu'on racontait... C'était très intéressant car ce n'est pas un film d'horreur dans le sens premier du terme mais il contient des éléments qu'on peut qualifier d'horrifiques... L'équilibre était très intéressant à trouver... J'ai trouvé que les effets étaient vraiment utilisés pour véhiculer des émotions supplémentaires... Très content là aussi d'avoir participé à ce projet...

"Innocence"

"Innocence" : Un tournage vraiment fun comme j'en rêve toujours : de la série B assumée, beaucoup d'effets sur le plateau (faits en tandem avec mon acolyte Léo Leroyer), du sang, de la bille noir, des cadavres...
Le cast était super et vraiment investi et je me suis vraiment amusé sur ce tournage... C'est pour ça que j'aime ce métier!

"Chimères" : Le premier long de Olivier Beguin a été une grande aventure! J'avais bossé avec Olivier sur ces trois précédents courts quand il m'a parlé de "Chimères"... J'étais très curieux avant tout de voir ce qu'il allait faire avec le thème du vampirisme... Le tournage a été compliqué, on tournait de nuit souvent, sans beaucoup de moyens, pas beaucoup de temps. , beaucoup d'effets à réaliser ... Et puis Olivier me montrait quelques plans, puis quelques séquences montées... Et là tu te dis qu'il y a un truc.... puis ça prend forme jusqu'au jour de la projo au NIFFF... Et tu ressors de la projo en te disant que tu es fier d'avoir ton nom associé à ce film...

"Essence"

"Essence" : Un clip réalisé à Bordeaux au mois de mai dernier! L'occasion de retrouver Matthieu Rameix que j'avais perdu de vue depuis quelques années ! Le tournage était une vraie partie de plaisir ! On a vraiment bien rigolé malgré paradoxalement le côté très glauque du clip ! Quand Matt m'a parlé des références très "Hellraiser" et "Silent Hill" pour le final, j'ai sauté sur l’occasion, il m'a envoyé un beau dessin pour la femme cénobite et je me suis lancé dans la sculpture des pièces... Sur le plateau Marie et Richard nos deux cénobites ont été supers et Matt est un réal qui connaît bien les effets spéciaux donc qui met la main à la pâte directement et ça, ça fait toujours plaisir!!!

"Loki Dort"

"Loki Dort" : J'ai vraiment de l'affection pour ce court métrage car lorsque Jean Eudes Monachon m'a contacté, il était dépité... Il venait de se faire rembarrer par un maquilleur sfx et m'appelait pour me demander si je ne connaîtrais pas quelqu'un pour participer à son court... J'ai répondu : hey mais non attends ça m'intéresse moi!!!!
J'ai passé deux nuits sur le tournage mais c'était très agréable même si c'était en plein hiver... Depuis on est amis avec Jean Eudes et j'ai eu la chance de participer à une projection de Loki Dort à Avignon où il a dynamité l'ambiance!

"Alice et Lucie" : Ma seconde collaboration avec Xavier Ournac qui est aussi un jeune réalisateur que j'apprécie beaucoup... Il y avait un effet particulier qu'on a crée et qui me plait beaucoup dans la façon dont il est utilisé dans le film, j'ai beaucoup aimé ce moment où il mettait en place le plan et nous as dit : « on raconte quelque chose avec ce plan ».

"L’Étrange Couleur des Larmes de Ton Corps" : Je ne peux pas ne pas revenir sur cette expérience , où non seulement pour un amateur de cinéma comme moi , bosser sur un giallo est une chance folle , mais en plus partager un mois avec une équipe pareille est une formidable aventure humaine... On passait la soirée à discuter avec François Cognard ("Amer", "Insensibles") un des producteurs, de cinéma, de son expérience, de ses voyages, de la façon dont il défendait le cinéma, de Benoît Lestang... C'était très touchant... C'est vraiment une de mes plus belles expériences... J'ai très très hâte de découvrir le film!!!!

"The Theatre Bizarre"

"The Theatre Bizarre" : Pour le passionné de cinéma que je suis, imaginez le fait de se retrouver sur un plateau d'un film de Richard Stanley, avec Catriona Mac Coll et Simon Boswell à vos côtés...

"Dieu reconnaîtra les Siens" : Une de mes toutes dernières collaborations... C'est la première fois que je bossais avec Cédric LeMen et j'espère vraiment que ce ne sera pas la dernière!!!! Cédric est très précis dans ses demandes et on a essayé de faire quelque chose d'un peu différent sur un thème connu... Pour avoir eu la chance de voir quelques images, je peux vous dire que ça fonctionne niveau émotions ! Là encore le cast est superbe!!! J’avais déjà bossé avec quelques uns comme Max (Poullein) ou David (Doukhan) et franchement ils envoient tous!!!!!

"A Tout Prix"

"A Tout Prix" : Un passage éclair sur le tournage de Yann Danh mais une bonne participation!!!! En bon fan de polar je ne pouvais pas passer à côté ! Et j'ai pas été déçu du résultat!!!!!

"Matriarche" : Un coup de cœur sur ce court métrage qui nous a valu à Léo Leroyer et moi même les prix des meilleurs Sfx live au dernier Festival Effet Star, Guillaume et Remy vous déchirez!!!!!!!!

Depuis combien de temps travailles-tu avec Léo Leroyer? Et quel est son rôle exactement?

Alors Léo ça fait une paire d'années maintenant qu'on se connait! On bosse ensemble quand un projet nécessite à la fois des effets pyrotechniques et des effets prosthétiques... Léo est un vrai Mac Gyver du cinéma il sait de faire de tout! Il gère aussi bien les effets d'impacts de balle, que les flammes, que les effets mécaniques , il arrive aussi a mécaniser des prothèses si besoin est...

"Matriarche"

Peux-tu nous parler de "Under the Blade" et de cette expérience en tant que metteur en scène?

En fait c’est très simple, c'est l'unique fois où j'ai fais de la mise en scène. J'étais à Montpellier avec la team School's Out et on avait deux jours de battement, Guilhem m'avait parlé d'une soirée où ils allaient projeté leurs films et ils voulaient rajouter des fausses bandes annonces dans l'esprit Grindhouse et du coup je me suis lancé dedans épaulé par le fidèle François Gaillard, on a donc bricolé une petite bande annonce mélangeant Giallo et Slasher ( deux genres qu'on affectionne ) et le résultat c'est "Under the Blade", un petit trip réalisé sans prétention aucune!

Et aimerais-tu réitérer l'expérience avec un projet plus ambitieux?

J'ai envie de dire pourquoi pas, mais avec beaucoup de préparation avant... J'ai quelques pistes mais c'est un peu tôt pour en parler...

"Dead Bones"

Quels conseils donnerais-tu aux personnes souhaitant exercer ta profession?

De ne pas voir uniquement le côté « technique » du maquillage, mais plutôt d'essayer de comprendre comment un effet spécial s'inscrit dans une mise en scène... De regarder beaucoup de films et pas forcement les plus récents, d'essayer de comprendre comment on faisait le cinéma dans les années 70 / 80...

Je n'ai plus ou presque de discussions sur le cinéma quand je vais sur un tournage avec les jeunes maquilleurs et maquilleuses actuelles, souvent la conversation se limite à « tu utilises du silicone pour faire ta prothèse? » et c'est tout... Mais on ne discute plus d’influences, de mise en scène, de films qui nous ont marqués etc... Ce qui je trouve est l'essence même de la créativité, enfin à mon sens... Le maquillage Sfx s'inscrit dans un contexte, ça sert la mise en scène... De toute façon le cinéma c'est raconter une histoire... Et un trucage, un maquillage spécial est toujours là pour servir une mise en scène voulu par un réalisateur... Sinon autant prendre des photos de maquillages chez soi et les mettre dans un musée...

Rurik Sallé pour le Teaser d'"Innocence"

Regardes-tu beaucoup de films de genre? Et arrives-tu à faire abstraction de ton métier lorsque tu visionnes un film?

Totalement!!! J'ai vraiment la chance je pense de mettre de côté complètement l'aspect technique quand je regarde un film, du coup je peux pleinement en profiter!

Merci beaucoup Florent!!!!!!

Merci à toi David!!!

Clip de Tess : "Le Pacte"

Ci-dessous, voici la liste quasi exhaustive des DVD et Blu-ray sortis en France dans lesquels vous trouverez les films auxquels David Scherer a participé:

La Guerre des Gangs - Edition Limit�e / 2 DVD

La Guerre des Gangs - Edition Limitée / 2 DVD
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The Theatre Bizarre (DVD + Copie digitale)

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The Theatre Bizarre (Blu-ray + Copie digitale)

The Theatre Bizarre (Blu-ray + Copie digitale)
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The hunt

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Blackaria

Blackaria
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Lady Blood

Lady Blood
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Ouvert 24/7

Ouvert 24/7
Amazon à 17€
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8th Wonderland : Le pays de la huiti�me merveille

8th Wonderland : Le pays de la huitième merveille
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8th Wonderland : Le pays de la huiti�me merveille (Blu-ray + Copie digitale)

8th Wonderland : Le pays de la huitième merveille (Blu-ray + Copie digitale)
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Paris by night of the living dead

Paris by night of the living dead
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Survivant(s)

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French demence Vol. 1

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La nuit des horloges

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La nuit des horloges (+ livre)

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Permalien 3727 mots par flo001fg Email , 1983 vues • R�agir

09.07.13

07:28:59, Cat�gories: Interview  

Bonjour Fabien. Peux-tu me rappeler tes missions dans le cadre du festival Hallucinations collectives ?

Je suis en grande partie chargé d'organiser le "off" du festival, tous les événements "hors cinéma". Depuis le début du festival nous organisons un traditionnel concert d'ouverture et une exposition d'art graphique, bien qu'Hallucinations collectives soit essentiellement un festival de cinéma. Depuis deux ans, nous tentons d'incorporer la littérature en organisant des tables rondes, des lectures publiques, des événements autour de la sortie de livres.

Cette année, c'est une grande première, nous avons rajouté le jeu vidéo à cette pièce montée.

Pourquoi le jeu vidéo ? Ca peut paraître relativement loin du reste ?

A nos yeux pas tant que ça. Un jeu vidéo ce sont des images animées, de la musique qui les accompagnent, un scénario évolutif basé sur des "changements d'actes", un dénouement. L'arrivée du jeu vidéo sur le marché a eu de grosses répercutions (esthétiques, économiques, culturelles) sur la production d'images cinématographiques. Bonnes ou néfastes, c'était important pour nous de faire lien, de ne pas l'ignorer, d'inviter les gens à réfléchir sur ce qui s'échange entre ces deux médiums.

Cyril [Despontin, le directeur du festival] est passionné par le jeu vidéo depuis de nombreuses années. Et Anne-Laure [de Boissieu, chargée de la communication sur le festival] fait partie depuis deux ans d'une association Lyonnaise baptisée “Game Dev Party” qui vise à développer le jeu vidéo indépendant en Rhône-Alpes. Nous nous sommes rapidement et naturellement tourné vers eux.

Cette assoc' organise 3 fois par an des “Game Dev” ("Dev" pour développement), c'est-à-dire des week-end de concours de développement de jeux vidéo. Cette année, une de ces "Game Dev" a eu lieu durant la période du festival Hallucinations collectives. Nous avons aussi travaillé de concert pour proposer deux conférences, une de Douglas Alves sur l'histoire du jeu vidéo, et une autre d'Alexis Blanchet dont le thème était "Jeu vidéo & cinéma".

Et tout ça, c'est gratuit ?

Oui, tous ces événements sont gratuits. Après, je ne développe pas ça tout seul. Pour le jeu vidéo, Anne-Laure et Cyril sont les vraies locomotives du projet, même si toute l'association se tient derrière eux pour soutenir leur action.

Concernant le concert, c'est Benjamin, qui s'occupe habituellement chez nous de la sélection des court-métrages, qui l'a pris en charge cette année parce qu'il a eu la bonne intuition d'inviter le rappeur Lyonnais Lucio Bukowski et quelques membres de son collectif, "L"Animalerie". L'année dernière c'était moi qui m'y était collé avec le concert de Richard Pinhas/Noël Akchoté et 2080. Bref, c'est à celui qui la meilleure idée qu'il revient le droit d'organiser tel ou tel événement. Chez Zonebis, chacun amène un peu ses compétences et ses centres d'intérêts. C'est un peu l'auberge espagnole !

Est-ce que les missions que tu remplis dans le cadre du festival sont en lien avec ton travail dans le privé ?

En ce moment, absolument pas, je suis ouvrier. Cependant, ces quinze dernières années, j'ai gagné ma vie en étant pigiste cinéma pour la presse, en organisant des spectacles puis des expositions d'art graphique. Bref, je fais bénévolement pour Zone Bis des choses qui relèvent de mes compétences professionnelles.

Pour quelles raisons as-tu décidé de faire partie de l'aventure Etrange festival devenue Hallucinations collectives ?

Par amitié pour les membres de l'association et par amour du cinéma.

Tu es fidèle à Hallucinations Collectives. Qu'est-ce que le festival t'apporte ?

Le plaisir d'organiser un festival qui a son propre public, qui marche bien et qui organise des choses intéressantes.

Est-ce que tu te retrouves au niveau de la programmation ?

Ce qui m'intéresse le plus, ce sont les films des rétrospectives. Les avant-premières m'intéressent moins car je ne me retrouve difficilement dans le cinéma de genre contemporain. Cette année, j'ai adoré "Berberian Sound Studio" [film qui a gagné le grand prix du festival] et me suis passionné pour "Modus Anomali". Le reste de la sélection m'a moins intéressé.

Sans être passéiste ou anti-moderne, je préfère me replonger dans la cinéphilie d'avant. Nous avons beau désormais projeter une grande majorité de films en HD ou de films remasterisés en numérique haute-définition, il n'y a rien de plus beau qu'une projection en 35mm. Cette année, nous avons programmé 7 films en pelloche. A mes yeux, c'est un vrai cadeau, que nous faisons autant au public qu'à nous-même.

Quels sont tes films préférés ?

J'ai un ami qui me disait il y a quelques jours que si je devais être chargé de la programmation d'Hallucinations Collectives, on ne projetterait que des films de 3 heures dans lesquels on voit bouger un roseau ! C'est un peu réducteur, mais j'avoue qu'il y a de ça.

Ceci dit, j'ai été “biberonné” au cinéma de genre. Je lis le Mad Movies depuis que j'ai 13-14 ans, mon cinéaste favori a longtemps été Paul Verhoeven, et je crois que mon engagement dans Hallucinations Collectives trouve ici ses origines. Les années passant, mes goûts ont beaucoup évolué. Si je devais citer quelques réalisateurs phares, je te parlerais de Tarkovski ou de Carl Theodor Dreyer. Des gens qui ont aussi fait du cinéma de genre ("Vampyr" pour Dreyer, "Stalker" et "Solaris" pour Tarkovski) mais qui l'ont envoyé sur orbite.

Y-a-t-il des rencontres qui t'ont marqué lors des différentes éditions d'Hallucinations collectives ?

Humainement, j'ai besoin de temps pour apprivoiser les gens, trouver un terrain d'entente avec l'autre. Côtoyer des réalisateurs, des journalistes dont tu lis les papiers depuis 20 ans ou des gens du métier, c'est bien, mais 5 jours c'est trop court pour moi pour tisser de vrais liens et être marqué par une relation.

Les rencontres les plus importantes pour moi ont eu lieu avec les membres de l'équipe de Zonebis. J'aimerais avoir une personnalité plus directe, plus "liante", mais au niveau du relationnel, j'ai plutôt besoin de 5/6 ans que de 5/6 jours...

Le festival connaît-il un succès public et critique grandissant ?

Au niveau critique, les compte-rendus sont depuis le début assez bons. Certains élogieux, rarement venimeux. Le festival dans son ensemble est plutôt très bien reçu.

Je pense qu'on a un public très fidèle, qui nous fait confiance. Je reste très étonné de voir chaque année le nombre de personnes qui vont à toutes les séances, peu importe si le film est une avant-première, un film des années cinquante, un film érotique, un ultime chef d’œuvre ou une curiosité bis. Je suis très fier de notre public car je crois qu'il nous ressemble et qu'il se retrouve dans notre démarche.

Mais cette ouverture d'esprit a aussi sa face noire. Pour beaucoup de journalistes et pour une grande majorité du public, on est difficile à identifier. On n'est pas un festival de rétrospectives (Festival Lumière), ni un festival qui s'intéresse à la production cinématographique d'un pays (Asie Expo, Le Festival du Film Ibérique), ni un festival qui se définit par sa sexualité (Ecrans Mixtes). Pour autant, on est un peu tout cela à la fois, on ne s'interdit rien, la cohérence de notre programmation se base vraiment sur des critères extrêmement subjectifs et qui sont très souvent remis en question entre nous. C'est cette ouverture d'esprit qui est souvent mal comprise.

Si vous aviez plus de budget, que souhaiteriez-vous modifier pour le festival ?

Nous ferions probablement venir des invités de l'étranger, réalisateurs, membres du jury, artistes, écrivains. Il y a deux ans par exemple, nous avions tenté de faire venir Lloyd Kaufman pour présenter une sélection de films de la Troma et organiser une master class, mais cela n'a pu aboutir, faute de moyens.

Que peut-on te souhaiter et que peut-on souhaiter au festival ?

J'aimerais que le festival touche un public toujours plus large, car à l'exclusion des enfants, Hallucinations collectives est un festival "pour tous", c'est comme ça que nous le concevons, comme un festival de culture populaire.

On peut espérer aussi que le festival grandisse encore un peu, prenne quelques rides, devienne un "vieux beau", sans pour autant qu'il devienne une grosse et ennuyeuse machine.

Permalien 1442 mots par nicofeel Email , 433 vues • R�agir

19.06.13

04:33:35, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

Malgré un emploi du temps surchargé, dû notamment au nombre hallucinantes d'activités qu'il exerce, Rurik Sallé a eu la gentillesse de répondre à mes questions.

Bonsoir Rurik. Le DVD du "Réserviste" est sorti officiellement le 7 mai. Peux-tu nous parler de ce court métrage dans lequel tu joues ? Comment es-tu arrivé sur ce projet ?

Bonsoir Florent ! Oui, car le grand public ne le sait pas, ça. Il te voit, caché derrière tes questions impertinentes, mais le public a le droit de savoir. Tu t'appelles Florent. Certes, ça n'est pas grand chose, mais c'est déjà un indice, et bientôt nous serons à ta porte, Florent. Nous te retrouverons bien assez tôt, tu ne perds rien pour attendre... Avec un peu de chance, tu es certainement l'un de ces gauchistes malfaisants, dont on nous parle tant. Attends-toi au pire !

"Le Réserviste"

Pour en revenir au "Réserviste", car tu ne m'empêcheras pas d'en parler malgré tes efforts, je dirais que c'est avant tout une histoire d'amitié et de rencontres. Mathieu Berthon est un pote, et lorsque j'ai entendu parler de son projet, je lui ai demandé s'il y avait moyen de rejoindre la troupe. Voilà pourquoi j'ai un petit rôle dans le film : c'est davantage un caméo par plaisir qu'un véritable personnage à défendre. J'aime néanmoins beaucoup ma scène principale, qui mélange l'humour et l'affrontement physique. Pour un acteur, c'était court mais riche à tourner. Et puis c'était aussi l'occasion de travailler avec Manu Lanzi, aujourd'hui un ami, et mon mentor en combat scénique, avec lequel j'ai fait pas mal de tournages. Une histoire d'amitié, je te dis !

"Le Réserviste"


Quels souvenirs gardes-tu de ce tournage ?

Essentiellement des bons souvenirs. Il y a eu des tensions, ce qui est inhérent au mélange d'un grand nombre de personnes, mais d'une manière générale c'était une colonie de vacances pendant 5 jours. Je me souviens de conneries incroyables. On était tous là pour faire le meilleur film possible, mais dans un esprit punk et libre, tout en essayant d'être le plus efficaces possibles, et en mangeant des mets succulents préparés par un élève secret de Joël Robuchon. "Le Réserviste", c'est la preuve qu'on peut travailler dans une bonne ambiance, en déconnant, en toute amitié, tout en s'efforçant de faire de belles choses. Ça nous change des équipes de faux-semblants abominables avec suçage de bite à tous les étages.

"Eject"

Récemment, "Eject" est également sorti. Je suppose que tu as dû bien te marrer sur le tournage ?

Oui, surtout que c'était tourné dans mon entrepôt ! Alors du coup, je connaissais les lieux. J'y avais enterré quelques enfants quelques temps auparavant d'ailleurs, ça a été l'occasion de déblayer un peu leurs sépultures...

"Eject"

Le tournage de "Eject" était une apocalypse folle. C'était dans une petite ville du 77 avec moins de 10.000 habitants. Quand ils ont entendu des coups de feu, les gens du coin ont appelé les keufs, ahah !!! Et puis il y avait des filles à moitié à poil, des têtes ensanglantées... C'était vraiment la folie. Ce tournage date maintenant de plusieurs années... Ce que je retiendrais surtout de "Eject", c'est que tourner ce film a été un déclic pour moi. J'ai toujours été acteur, depuis que je suis enfant : au théâtre, dans des courts, etc... Et en faisant "Eject", en parlant avec l'équipe, je me suis soudain demandé pourquoi je ne mettais pas mon activité d'acteur au premier plan. C'est vrai, bordel ! Tu sais, mon Florent (tu permets que je t'appelle Florent ? C'est ton nom, d'ailleurs), j'ai toujours fait de la musique, toujours joué, toujours écrit, depuis que je suis gosse. Après 10 ans dans la presse papier de cinéma et de musique, j'ai ressenti quelque chose de très simple : rester de ce côté-ci de la barrière, c'était fini pour moi. Je concrétisais déjà des choses musicales et cinématographiques diverses depuis un moment, mais j'ai senti que c'était le moment de passer de l'autre côté pour de bon, de faire les choses. Certains, peut-être, ne sautent jamais le pas malgré l'envie, et c'est une chose terrible... Ça nourrit la rancœur, la frustration, la tristesse. Hors de question de ça, pour moi, j'ai toujours écouté mon cœur, et je m'efforce d'être honnête avec moi-même. Du coup, le métier d'acteur, que j'avais toujours fait en dilettante, est devenu depuis quelques années mon activité principale, tout comme celui de musicien. Ça n'est pas un changement de cap, c'est un changement de priorités.

"Dead Shadows"

"Dead shadows" est sorti dans plusieurs pays. Peut-on espérer une sortie DVD française prochainement ?

Oui ! C'est assez marrant ça, puisque la France a été l'un des derniers gros pays à acheter le film. Il est sorti en dvd et blu-ray en Allemagne, en salles en Grèce, il est prévu en salles au Japon et en dvd et blu-ray dans un max d'autres pays. Mais la France ? Bordel, la France !! Hé bien la France a acheté le film près d'un an après la première vente, qui était le Japon. Un an ! Alors que le film est tourné en français, et tourné en France ! Peut-être que David, le réalisateur et producteur, demandait 5 milliards de dollars pour vendre les droits, en fait ? Non, je pense que c'est surtout que personne ne voulait vraiment prendre le risque. C'est assez étonnant, ça montre bien qu'il est très dur de faire exister ce genre de films dans notre pays. Enfin, en même temps, "Le Secret" de Pascal Laugier a fait 600.000 entrées salles ! Mais bon, il était en anglais, et peut-être qu'une partie du public ne savait même pas qu'il s'agissait du film d'un français... Et puis les chiffres on s'en fout après tout. Je pense même que le public ne devrait pas connaître les chiffres. L'art, ça n'est pas des chiffres. Les chiffres, c'est pour les professionnels. Quand on va voir un film, on ne devrait pas savoir combien il a coûté, ni combien a touché le mec qui porte une perruque et se fait doubler dans ses scènes d'action. Il faut croire un peu, il faut garder une dimension spirituelle dans l'art. Aujourd'hui, pour vendre un film, on sort des chiffres : « 50 millions de dollars en un week-end ! Courez-y ! » Mais bordel, on s'en fout ! Tout le monde bouffe du McDo, mais c'est de la merde ! « 40 millions de morts pendant la seconde guerre mondiale ! Retournez dans le temps, c'était génial ! » Mike Patton avait tout résumé : « Mangez de la merde ! Un million de mouches ne peuvent pas avoir tort ! » Ahah...

"Dead Shadows"

"Dead Shadows" est un film important pour moi. J'y tiens le 4ème rôle, celui du méchant, j'y apparais assez peu au final, mais les apparitions fonctionnent bien, et j'aime ces scènes. Et puis ça m'a permis de rencontrer John Fallon, un vrai pote depuis, avec lequel je développe un nouveau long, "Eye See Death". C'est un projet étrange, un thriller noir, avec des éléments de buddy movie, le tout tapissé de psychédélisme et de fantastique. Je crois qu'on tient un truc intéressant. Le script est prêt, on va bien voir... Et aux réglages de combats, on retrouve... Manu Lanzi ! Je te l'ai dit, travailler en famille c'est un luxe et un plaisir !

Scène coupée de "Last Caress"

Comment expliques-tu que "Last Caress" ne soit toujours pas sorti chez nous alors qu’il est déjà sorti depuis pas mal de temps en Allemagne et en Suède ? Pour quelles raisons ne sort-il pas chez Le Chat qui Fume, alors qu’ils sont producteurs du film ?

Alors là, je vais te dire que je n'en sais rien du tout ! Mais rien ! Par contre, je peux te parler de Stéphane Bouyer, qui est l'un des deux boss du Chat qui fume, et le producteur de "Last Caress", et de "Die Die My Darling" dans lequel je joue un proxénète exubérant. Stéphane Bouyer est une sorte de chat fabriqué en forme d'armoire, qui aime les iPhone et les chips. Tu vois un peu le tableau ? C'est aussi également un pote, un mec que j'aime beaucoup. Tu n'as pas de chance, mon Florent, tu ne parles que de gens que j'aime bien ! Tu vas te faire chier. Tu voulais du scandale, tu vas avoir du « Feux de l'amour ». Bouyer, donc, c'est un mec cool, avec qui on peut parler, un mec qui prend des risques, qui met ses couilles sur la table. Il a produit pas mal de films de François Gaillard, dont les deux sus-cités, et il vient d'ailleurs de réaliser son premier long, actuellement en post-prod, et qui s'appelle "Run Rabbit Run". François, de son côté, termine son "One Wicked Night". Ces deux-là on en a fait des trucs ensemble. A chaque fois qu'on se voit, on rit. On rit ! Mais pas les rires en carton, hein, pas les rires façon « merde-il-est-pas-drôle-mais-il-faut-que-je-rie-parce-que-sinon-je-serais-plus-dans-la-grande-famille-du-cinéma », non ! Des rires de gens qui s'aiment bien, et qui rient. Ce genre de rires.

"Die Die My Darling"


Comment t’es-tu retrouvé dans "Le fils de Chucky" alors que tu n’avais alors jamais joué dans aucun film auparavant ?

En fait j'avais déjà joué dans quelques petits trucs auparavant, des choses plus modestes. Tu as potassé mon site internet d'acteur, toi ! C'est vrai que je n'y ai pas mis les films et les pièces de théâtre d'avant, car c'est un peu vieux maintenant... Bon, pour Chucky, j'étais sur le tournage du film parce que j'écrivais à l'époque pour l’Écran Fantastique. On m'avait envoyé en Roumanie pour faire un papier sur le film, tourné dans les Castel Studios, des studios de fou à quelques dizaines de kilomètres de Bucarest. Tu y vas, tu croises des gens qui traînent leurs bœufs sur le bord de la route, et puis tu débarques d'un coup dans le décor de "Cold Mountain" et de "Beowulf" (avec Lambert), avec Redman qui fait de la trottinette dans un coin, et John Waters qui sort des blagues de cul. Surréaliste ! C'était cool, on a vu comment ils animaient Chucky : il fallait six personnes pour faire bouger la poupée ! Une pour les yeux, l'autre pour la bouche, une autre pour les bras... Un travail de taré. La personne qui nous avait accueilli, une canadienne, avait bossé sur "Wanted", le film de Brad Mirman avec Johnny Hallyday, Renaud, Depardieu, Harvey Keitel... Elle nous racontait des anecdotes incroyables, nous décrivait tous ces mecs au quotidien. Une fois de plus, le plus cool était... Johnny ! Elle n'avait aucune idée de qui c'était, et le décrivait comme un vrai gentleman. Sacré Johnny ! Quelques années plus tard, j'ai passé quelques heures avec lui à Hong Kong, quand il tournait "Vengeance" de Johnnie To. Anthony Wong m'avait amené sur le plateau. Ça fait un peu « regarde, je connais du monde », mais non, je voudrais simplement souligner deux choses : d'abord, ce que la fille disait est vrai, Johnny Hallyday est un mec d'une simplicité et d'une gentillesse étonnante pour un type de sa stature. Le gars, il te vouvoie, il te demande ce que tu fais, il s'intéresse, il parle de Peckinpah, il a le sens de l'humour, et quand il rentre se coucher à 1h du mat', il passe devant toi et il te dit bonne nuit. Ça paraît con comme ça, mais ça ne l'est pas. Beaucoup devraient apprendre l'humilité, à regarder un mec comme ça, qui a tout vécu, se permettre de rester un homme à hauteur d'homme... Pas une seule fois je ne l'ai vu donner dans le « moi, je ».

"Le fils de Chucky"

La deuxième chose à souligner, c'est que Anthony Wong est également un gentleman. Je passerais les détails pour cette fois, mais je peux te dire que tous les gens impliqués dans "Vengeance" n'étaient pas de tout repos. Mais Anthony, et toute l'équipe de la Milky Way, la boite de Johnnie To, ont été impeccables. J'ai beaucoup de respect pour eux et pour leur amitié. Anthony est un mec qui a quelque chose d'essentiel : une parole. Et Lam Suet, c'est toujours un plaisir : il imitait les cris des actrices porno japonaises, et la sonnerie de son téléphone portable, c'est la musique de The Mission ! Comment veux-tu ne pas t'entendre avec des gens pareils ? Ahah...

Et pour terminer sur Chucky, lorsqu'on était sur le plateau, l'assistante cherchait des figurants. Je me suis proposé, et me voilà coincé aux côtés de John Waters, face à Jennifer Tilly ! C'était vraiment fou. Ils avaient reconstruit une ville hollywoodienne en Roumanie, ça leur coûtait moins cher que de tourner à L.A. ! John Waters était vraiment cool, toujours à déconner. On avait la même coupe de cheveux, alors il me demandait de me méfier des coups de soleil... Et quand Tilly devait se concentrer pour des photos de plateau, il la déconcentrait en lui demandant : « Did you fuck Chucky ? », ahah !!! Redman aussi était cool. En fait, tous les acteurs étaient là pour se marrer.


Peux-tu nous parler de ton groupe Fugu Dal Bronx ?

Fugu Dal Bronx est un projet que j'avais en tête depuis longtemps. J'avais auparavant un groupe de rock, Nu Kaiju, et participé à d'autres également, puis j'ai été amené à composer de la musique de films muets. J'en avais un peu ras-le-bol, à l'époque, du format « chanson », et travailler sur autant de musiques instrumentales (environ 4h30 en tout) m'a réellement ouvert d'autres portes. Puisque je suis quand même un enfant du rock, j'ai eu envie de mélanger les deux univers : le cinéma et le rock. Ainsi est né Fugu Dal Bronx, composé d'un trio basse/batterie/guitare, et d'un violon. Parfois, un piano. Je dirais que c'est du rock instrumental cinématographique. Les b.o. de films ont une grande influence sur nous, pour leur côté lyrique et narratif, émotionnel aussi. Et c'est bercé dans des riffs solides, ou un côté plus distordu, parfois metal. C'est difficile de parler de la musique avec des mots, mais je dirais ceux-là, voilà ! Un ami du batteur (le batteur, c'est Emeric Fortin, un homme bien sous tout rapport dont nous cherchons encore le vice caché) nous a vus en concert récemment, et dit « Vous êtes un quatuor de rock ». C'est une très jolie définition. Cet homme est un poète. Il mérite un gâteau de bananes nappé de quelque chose d'inattendu.

Rurik (Fugu Dal Bronx)

Fugu Dal Bronx donne des concerts, parfois des ciné-concerts, souvent les deux à la fois. On alterne au sein d'un même show. On n'utilise que des séquences indépendantes tirées de films, qu'on remonte ou pas, et non un film en entier. Ça nous permet de garder le contact avec le public, d'échanger entre les morceaux. Bordel, on est quand même un groupe de rock, merde ! C'est un putain de truc, Fugu Dal Bronx.

Tu composes donc également des musiques de film... Tu as notamment composé celle du DVD de "La conscience vengeresse". Peux-tu nous en parler ?

Oui, c'est à l’initiative de l'excellent Patrice Verry, qui s'occupe de Bach Films à Paris, que j'ai eu l'occasion de faire cette b.o. C'était un sacré taf, je me suis retrouvé devant un film avec que des gens morts, réalisé par un mort (D.W. Griffith), alors je me suis dit qu'il était peut-être plus facile pour moi de mourir également pour mieux comprendre l'état d'esprit du film. C'est ce que j'ai fait. J'ai péri, puis j'ai découpé "La Conscience vengeresse" en une trentaine de séquences, que j'ai illustrées musicalement une par une. C'était vraiment du système D : je n'avais qu'un 16 pistes acheté au Japon avec une qualité de son pas terrible. Parfois, le micro captait même le son du tuyau d'écoulement des chiottes du voisin. Authentique ! Je peux même te faire écouter à quel moment. Je suis allé en studio ensuite, enregistrer avec Laurent Coatalen, pour faire le violoncelle et le violon, notamment. Ce sont les seuls instruments que je n'ai pas joués moi-même, parce que je ne suis pas violoniste, ni violoncelliste, et il était hors de question d'utiliser des samples. Je voulais que tout sonne vrai. J'ai donc fait la guitare, qui est mon instrument de base, mais aussi le piano, la basse, les percussions, et le guzheng, qui est une sorte de harpe couchée qui vient de Chine. Cet instrument est fabuleux, vraiment habité d'une magie. Je l'ai acheté à Pékin, et ramené dans la soute de l'avion sans protection. Il est arrivé à Paris avec des pains partout, mais entier !

Je suis très content d'avoir fait cette b.o., tout comme celles des 12 ou 13 autres courts-métrages muets que j'ai faites, ou les deux chansons pour le film "Livide". J'aime composer, et le faire avec une petite contrainte, comme peut l'être le film que tu dois illustrer, est un défi intéressant, qui te mène parfois vers des contrées que tu n'aurais peut-être jamais visitées.

J'ai fait aussi le générique de début de la saison 2 de l'émission TV « + ou - Geek », ou celui de mon émission web « Distorsion », et c'est toujours un vrai plaisir, ce genre de trucs. Je suis toujours ouvert à ce genre de choses, à fond.


Tu es actuellement l’un des rédacteurs du magazine Metaluna. Selon toi en quoi se distingue t-il des autres magazines?

En fait, je suis rédacteur-en-chef de Metaluna, aux côtés de Jean-Pierre Putters, mon ami. Jean-Pierre et moi avons conçu ce magazine comme nous aimerions le découvrir : libre, transgressif, dégagé de contraintes commerciales étouffantes, et surtout, fait avec sincérité et avec une équipe de potes, qui ne cesse d'ailleurs de s'agrandir, et qui sont pour beaucoup dessinateurs, acteurs, écrivains, chanteurs, musiciens... C'était un sacré taf, ça l'est toujours, mais ça valait le coup : je crois qu'il n'y a pas d'équivalent dans la presse française ! En tout cas, il n'y en a plus, car les grands magazines libres et fous ont disparu, comme Metal Hurlant, Hara Kiri, Pilote, Actuel... Certains, comme Fluide Glacial, subsistent, mais ce sont des exceptions. D'autres sont devenus des caricatures de ce qu'ils étaient, et/ou ont vendu leur âme depuis longtemps, et ne vivent que sur une imposture. Je dois avouer que j'aime bien So Film, qui propose une alternative aux magazines de cinéma endormis et conformistes. Mais nous ne sommes pas uniquement un magazine de cinéma!

"Les incroyables aventures de Fusion Man"

Avec Metaluna, nous tentons de proposer un objet créatif, artistique, libre, culturel, provocateur. Une partie de l'équipe vient du défunt magazine Hard n' Heavy, dont Laurent le maquettiste et moi-même, tout comme Charlélie Arnaud ou Rose Hreidmarr. Hn'H, c'était le magazine de metal le plus fou de sa génération, et il n'a jamais été remplacé, son esprit encore moins. Avec Metaluna, nous nous efforçons de faire revivre un esprit « bande », un vrai, avec un côté créatif assez dingue, puisque chaque article est maquetté dans un style différent de celui qui précède ! Le travail graphique est fou, tout comme le choix des sujets, qui couvrent le cinéma dit « de genre », différent, la musique qui fait du bruit, qui provoque, la bd indépendante, les comics, l'érotisme... Nous parlons d'actualité, mais aussi de rétro. La dictature de l'actu, on s'en fout. Il y a des sujets fabuleux qui ne sont jamais traités « parce qu'il n'y a pas d'actu ». Dans Metaluna, si ça vaut le coup, on en parle ! L'intérêt, c'est de surprendre, d'informer, de cultiver, avec un ton drôle, léger, mais sans survoler les sujets. De Bruce Lee à Rob Zombie, de John Carpenter à Tolkien, des super-héros au porno des femmes, on fait le tour de la planète distordue ! Dans le dernier numéro, par exemple, on a un article sur les penchants scato de Spielberg, rédigé avec moult arguments par un très grand fan du cinéaste, le beau Pascal Stervinou. Ça n'est pas du point de vue cheap, c'est un article appuyé de détails. C'est incroyable!

Metaluna ne se cantonne pas à un rayon. Les rayons, c'est pour les teinturiers. Nous, on préfère mélanger les couleurs, mais avec un esprit. Metaluna, c'est un esprit. Les articles possèdent le même esprit culturel, même s'ils sont très différents. La plupart du temps, les lecteurs découvrent des trucs auxquels ils ne se seraient jamais intéressés s'ils ne l'avaient pas lu dans Metaluna. On fait des passerelles entre les genres, parce qu'ils sont tous reliés du même esprit. On passe de Carpenter à Phil Anselmo, de Caza à la Fistinière, de Kiss contre les fantômes à un collectionneur qui possède 160.000 livres chez lui... Le tout avec des putains de bd, signées par la crème des dessinateurs indépendants, comme Dav Guedin, Geoffroy Monde, Andy Herd ou David Snug... Metaluna, c'est un bel objet, tous les deux mois en kiosque, pour moins de 5 euros. Je ne me transforme pas en vendeur de saucisses, je suis simplement heureux qu'un magazine aussi libre et créatif puisse exister aujourd'hui, accessible à tous. C'est un beau truc, un truc sincère.

Je te l'ai dit plus haut, je ne me considère plus journaliste. J'en ai fait le tour, c'était une aventure fabuleuse, je ne regrette rien. Ma vie d'aujourd'hui c'est la création, dans le cinéma et la musique notamment. Dans Metaluna, j'écris un peu aussi, je dessine également. Et Metaluna, c'est davantage qu'un magazine, pour moi. Ça n'est pas une nouvelle étape de journalisme, c'est un espace d'expression, un acte culturel et libertaire, un souffle de vie. Voilà pourquoi nous avons eu envie qu'il existe, il nous paraissait nécessaire ! S'il existait déjà, nous ne l'aurions pas copié. Nous l'aurions lu.

"Innocence"

Parmi les magazines auquel tu as collaboré (Hard’n’Heavy, Rock Sound, Rock One, Hard Rock Magazine, Asia Pulp, L’écran fantastique, Mad Movies, Impact, Metaluna etc… La liste est longue!!!), pour lequel as-tu préféré travailler ?

Sans aucun doute, c'est Metaluna. Ouais, ça sonne comme le musicien qui te vend son dernier album en disant « C'est mon meilleur ! », mais qu'y puis-je ? Metaluna, c'est le meilleur de ce que j'ai pu vivre personnellement dans la presse, et de ce que j'avais toujours voulu voir dans un magazine culturel, réuni en un seul magazine ! Mais je me dois aussi de citer Hard n' Heavy. Ça, c'était une équipe, une vraie, avec des engueulades, des rigolades, des conneries, du bordel, et des mecs qui connaissaient leur sujet sur le bout des doigts et qui faisaient le meilleur mag de sa catégorie. Hard n' Heavy, c'était la preuve qu'on peut faire un mag incroyable, dans une ambiance délirante ! Je n'ai jamais oublié ça !

Parce que j'ai vu tellement de bassesse de la part de certains autres, tellement de lâcheté que j'en ai encore plein la semelle de mes tongs. J'ai déchanté parfois, je peux te le dire. J'ai cru à des mensonges, et découvert leur médiocrité une fois passée la porte d'entrée. Certains se réclament d'un esprit qu'ils usurpent. Tu sais, mon Florent, il y a beaucoup de gens dans la presse qui n'osent pas dire à quel point le magazine dans lequel ils écrivent est géré comme un McDo, parce qu'ils veulent à tout prix garder leur place. Si tu passais les gens au détecteur de mensonges, tu ferais tomber bien des faux-semblants ! Et comme me disait William Blanc, un ami de vingt ans qui écrit notamment dans Metaluna : « Non, c'est même pas comme un McDo, parce que dans un McDo, au moins, tu peux te syndiquer !» Il n'a pas tort... Taxer certains patrons minables et certains petits chefaillons de gérants de McDo, c'est encore leur faire trop d'honneur : ils ne sont même pas dignes de l'odeur du graillon.

"Paris by night of the living dead"


Peux-tu nous parler des tensions qu’il y a actuellement entre Metaluna et Mad Movies ? Je suppose que tout comme Jean-Pierre Putters, cela doit beaucoup te toucher.

Tu sais quoi, j'ai lu que la mention « fondateur : Jean-Pierre Putters » a été retirée brutalement du magazine qu'il a fondé il y a 41 ans, et dans lequel il avait écrit tout ce temps ? J'ai lu aussi quelque part sur facebook que Christophe Lemaire, mec génial, ami de Jean-Pierre et légende de la presse cinéma, et qui écrivait dans les deux premiers numéros de Metaluna, aurait été « prié de choisir », et qu'il « a joué la sécurité, sachant bien qu'il pourrait toujours revenir » chez Metaluna, « alors que la réciproque ne serait peut-être pas garantie » ? On lit de ces trucs, quand même !

Tiens, je t'ai parlé de l'Asie, j'y ai passé pas mal de temps, notamment en Chine. Tu y es allé ? On y trouve des choses étonnantes, des gens curieux de découvertes. Et puis il y a ce film, là, "Confucius"... Tu l'as vu ? Moi non, mais il avait dit pas mal de trucs marquants, ce mec. Je crois même que c'est lui qui disait quelque chose comme « Savoir ce qui est juste et ne pas le faire est la pire des lâchetés. »

Tu as été présentateur d’une émission hebdomadaire pour Mad Movies, maintenant, tu t’occupes de Distorsion, une émission proposée par Metaluna et tu es également chroniqueur cinéma pour Planète + No Limit. Tu n’arrêtes jamais !!! Comment arrives-tu à concilier toutes ces activités?

C'est marrant, on m'a posé exactement la même question ailleurs... je vais finir par croire que c'est toi qui fait toutes les interviews ! Pour répondre à ta question, je ne sais pas comment je fais, parce qu'il est écrit dans la bible : « Tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance, car lorsque tu en mangeras, tu mourras. » Alors laisse-moi te dire que je ne suis pas près d'en manger !


Enfin, je crois que tu t’entraînes maintenant régulièrement au combat chorégraphié avec Manu Lanzi... Comment vous êtes-vous rencontré ?

Manu et moi, on s'est rencontré alors qu'il préparait "Le Réserviste". Tout de suite, ça a collé. Il est super, Manu ! D'ailleurs, la première fois que je me suis entraîné avec ce coquin, je me suis claqué le muscle du mollet droit en donnant un kick. Mais sévère, hein ! Avec béquilles et tout... Ahah, ça posait la couleur tout de suite ! Ça m'apprendra. J'ai depuis réappris l'importance de l'échauffement. C'est un plaisir de travailler avec Manu. Il est dur, mais il est juste. Il n'est pas là pour faire semblant, il est là pour que tu progresses. Auparavant, j'avais fait du judo quand j'étais petit, comme beaucoup. Puis j'avais fait un peu de kung-fu, un peu de tae kwon do, un ou deux ans d'aïkido avec un prof génial, Eric Jalabert (qui avait même fait un stage avec Steven Seagal !). Travailler avec Manu, et sa team de cascadeurs, ça m'a fait grimper plusieurs niveaux. Je ne suis pas un ninja comme les assassins qui bossent avec lui, mais j’apprends énormément à son contact. Manu a d'ailleurs également une rubrique dans Metaluna, où il décrypte le cinéma d'action !

Quels sont tes futurs projets ?

Côté cinéma, il y a donc "Eye See Death", ce thriller d'action psychédélique qu'on essaye de monter. John Fallon et moi nous partageons les rôles principaux, Manu est attaché au projet, le script est prêt, on va bien voir.

Il y a aussi quelques courts-métrages intéressants en gestation, dont l'un s'annonce vraiment différent pour moi. Le réalisateur m'a dit qu'il souhaitait montrer un aspect de moi en temps qu'acteur qu'on a peu vu jusqu'à présent : ça me fait plaisir, c'est une démarche qui m'intéresse.

Fugu Dal Bronx continue, on a pas mal de concerts de prévus à la rentrée, sur Paris, sur Angoulême, et ailleurs sûrement. Et nous allons bientôt bosser sur le successeur de notre 5 titres « Ti Nedo To Xtro », qui sera cette fois un album complet.

Je continue aussi bien sûr Distorsion, l'émission vidéo de Metaluna sur www.metalunamag.com, qui est très fictionnelle, mise en scène et étrange. C'est un espace de création enrichissant, comme un petit film à chaque fois.

Et puis, bien sûr, je m'efforce de compter les morceaux de gravier que je trouve, mais putain, que c'est long !

"Norbert le Vampire"

Merci Rurik! Et bon courage pour ta quête ô combien singulière…mais courageuse!

Voici pour finir une sélection de DVD et de Blu-ray auquel Rurik a participé:

Le fils de Chucky

Le fils de Chucky
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Le fils de Chucky (Blu-ray)

Le fils de Chucky (Blu-ray)
CDiscount à 17.99€
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Eject

Eject
PlusDeDVD à 9.19€
Amazon à 9.8€
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Paris by night of the living dead

Paris by night of the living dead
Fnac à 11€
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La Guerre des Gangs - Edition Limit�e / 2 DVD

La Guerre des Gangs - Edition Limitée / 2 DVD
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The divide - Edition collector (Blu-ray + 2 DVD)

The divide - Edition collector (Blu-ray + 2 DVD)
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La conscience vengeresse

La conscience vengeresse
Amazon à 10.02€
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Livide

Livide
Studio Vid�o DVD à 5.99€
PlusDeDVD à 9.19€
M6Video à 9.99€
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Livide (Blu-ray)

Livide (Blu-ray)
PlusDeDVD à 13.79€
M6Video à 14.99€
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Le r�serviste

Le réserviste
PlusDeDVD à 9.19€
Amazon à 11€
Fnac à 11€
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04.05.13

05:58:28, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

L'excellent court métrage "À tout prix", vient tout juste de remporter le Prix du Public au Festival International du Film Policier de Liège et sort ces jours-ci en DVD chez The ecstasy of films en supplément de l’édition limitée de "La guerre des gangs" de Lucio Fulci. Son réalisateur, Yann Danh a eu la gentillesse de répondre à mes questions quelques semaines avant d'avoir remporté ce prix bien mérité, mais j'attendais le lancement des pré-commandes avant de vous proposer cet entretien...

Bonjour Yann. Peux-tu nous présenter ton court métrage "À tout prix" qui sort prochainement chez The ecstasy of films en bonus de l’édition limitée de "La guerre des gangs" ?

"À tout prix" est mon troisième court métrage. C’est un Thriller tendu et pleins de surprises.


Malgré un petit budget, "À tout prix" fait très pro. Comment as-tu obtenu un tel résultat ?

Petit budget mais j'étais super bien entouré. On a fait une grosse prépa en amont avec Vincent Vieillard Baron, mon chef opérateur, ou encore le reste du staff mise en scène. Tout était préparé, storyboardé… on était super préparé. Après comme tout tournage (et surtout quand tu n'as pas les moyens) on a dû s'adapter, trouver des solutions au jour le jour sans laisser tomber la qualité… Et je suis très fier de ce qu'on a réussit à faire avec l'équipe et le cas!

Les acteurs sont vraiment très bons, ce qui est loin d’être toujours le cas sur les courts métrages en France. Comment s’est fait le casting ?

Merci beaucoup! Le casting s'est fait en plusieurs étapes. Pendant un temps, il y a eu quelques rôles qui devaient être interprétés par des acteurs plus connu… (on me le conseillait pour la vie de mon film et sincèrement je n'étais pas pour…) Finalement les choses ont fini par me pousser à me tourner vers des acteurs avec lesquels j'avais déjà travaillé, en qui j'avais confiance. Je savais qu'ils donneraient tout et seraient sur le pont avec moi (en l'occurrence Franck Sarrabas et Pascal Henault avec qui j'ai déjà collaboré par le passé).
Simon est arrivé un peu tard dans la distribution. La rencontre fut top et très rapidement on a commencé les répétitions avec le trio (Franck, Pascal et Simon)
Bruno Henry m'avait contacté via le net, tout comme Fatima, et je les trouvais impeccable pour leurs rôles respectifs. On s'est rencontré autour d'un café. On a discuté des rôles, de comment on voyait le film etc… Et ce fut plié. Marc Duret, qui avait vu mon travail dans le clip, m'a contacté via le net également et il m'a fait savoir qu'il avait très envie que l'on travail ensemble. Après un café dans Paris où nous avons discuté de nos parcours respectifs, j'en suis sorti conquis et durant le trajet retour j'ai décidé de lui envoyé le scénario. Il m'a répondu le soir même :
"Je serai ton CORTAL!" m'a-t-il dit.
Rapide, clair et enthousiaste. J'adore!
Onna Clairin nous a rejoint bien plus tard. J'ai eu la chance de la découvrir jouant une très belle pièce avec sa sœur Elodie. Je les ai trouvé top toutes les deux. Puis nous nous sommes retrouvé autour d'un verre… et tandis que nous discutions, ça a rapidement fait un tour dans ma tête : Elle serait TOP en présentatrice du JT face à Cortal (Marc Duret).

Comment s’est faite ta rencontre avec The ecstasy of films ?

Ma rencontre avec ce nouvel éditeur passionné s'est faite durant le festival "GENRE" 3ème édition. Il a vu le film et est venu m'interviewer avec un ami à lui pour leur émission de radio "Culture Prohibée" sur l'antenne de Graf'Hit.
Puis on s'est reparlé un peu plus tard et il m'a fait part de son envie de distribuer "À tout prix" en DVD. La question était quelle forme cela va t il prendre?
Une compilation de courts? Une édition unique du film? En supplément d'un long métrage? Cette dernière proposition était celle qui nous plaisait le plus.

Es-tu fier que ton court accompagne un film de Lucio Fulci ?

Comment ne pas l'être? Ça fait super plaisir de voir son film associé à un Fulci! Sans compter que Christophe Cosyns a pris soin de mettre les petits plats dans les grands!
L'édition va être gorgé de Bonus et "À tout prix" ne sera pas en reste!!! Cette édition s'annonce vraiment collector!
Je ne pouvais pas rêver mieux! Hâte de voir le Master final!

Peux-tu nous parler un peu de tes deux précédents courts métrages et des clips que tu as tournés ?

"Illumi-Net" (film d’1 minute tourné avec des bouts de pellicule 35mm) et "Facteur Humain" (film de 13 minutes tourné en Super 16mm) sont deux courts métrages que j'aime beaucoup et qui m'ont beaucoup apporté. Il faut savoir qu'à l'époque (et oui j'ai 37 piges déjà) c'était TRÈS dur de tourner un film "pro". Fallait tourner en pellicule sinon tu t'armais de ta caméra vidéo HI8… et tu te gardais le film pour toi et tes potes! Rires!
Donc pour en revenir à ces courts métrages… ce fut de grosses batailles (en même temps c'est toujours le cas) Chaque film, ou clip m'a énormément appris. Toute expérience est bonne à prendre de toute façon.
"Illumi-Net" m'a permis de passer au 35mm et de me confirmer que ce n'était pas bien différent que de tourner en vidéo.
"Facteur Humain", avait beaucoup plus de "scénario" et donc les enjeux étaient encore un cran au dessus.
Je me suis toujours poussé à monter les marches une à une… Donc un petit court d'1 minute… puis un court avec un "vrai scénario" plus de jeu d'acteur etc… Puis un plus gros court qui serait un peu la synthèse de tout ce que j'ai appris durant toutes ces années.
Ces films ont eu une vie en Festival (à l'époque il n'y pas autant de Festivals que maintenant… et il n'y avait pas le net pour les débusquer.) Et ça m'a permis de mettre en pied dans l'univers du clip. J'ai toujours adoré les clips. J'ai grandi en découvrant le travail de certains réal qui m'ont impressionné au plus haut point : Nispel, Proyas, Fincher, Romanek…
J'adore la musique. J'adore les images. Aussi mon envie a toujours été très forte.
J'ai donc eu l'occasion d'en signer quelques uns bien que l'industrie du disque était en train de changer… et les budgets avec.
J'ai surtout officié beaucoup dans le clip indépendant (petits budgets) et chaque projet fut un véritable laboratoire. Pour moi je les ai attaqué comme un petit film à part entière. Surtout mes trois derniers dont je suis très fier.
Le tout dernier que j'ai signé "OPIUM DU PEUPLE" on l'a fait pour rien. L'équipe : Vincent Vieillard Baron et moi-même.
On avait 1 RED et 3 PROJO. Et on a fait l'un des clips dont je suis le plus fier et on l'a fait pour "rien" …
Ce clip m'a conforté dans l'idée de tourner "À tout prix" en RED.

Quelles sont tes influences ?

Le Cinéma Américain a bien entendu eu une énorme influence sur moi. Mais par le biais de mes études j'ai été amené à découvrir des cinématographies différentes… Vers 17-18 ans je voyais 4-5 films par jour. Tout pays confondu. J'étais boulimique de ciné.
Même pendant que je faisais mes devoir pour le lycées un film tourné dans mon magnétoscope… J'allais en permanence dans les deux vidéo-clubs près de chez moi : de véritables cavernes d'Ali Baba! J'y louais : du classique, du B, du Z même… peu importe. Tant que j'y trouvais des choses qui me plaisaient… peu importe! Certes, je faisais la différence entre "Le Parrain" (de Coppola) et "Nemesis" (d'Albert Pyun) mais l'envie de découvrir était la même.
Après mes influences plus direct? Scorsese, Spielberg, Leone, Coppola, Melville, De Palma, Nolan, Fincher, Oliver Stone, Schatzberg, Kurozawa, Kubrick, Yves Boisset, Paul Thomas Anderson, Sam Mendes, Kassovitz, Bryan Singer, John Woo, Tsui Hark...
Je peux continuer longtemps en fait… J'adore beaucoup de réal.

Quels sont tes futurs projets ?

Actuellement je travaille sur plusieurs projets de long métrage. L'un d'entre eux "IMPLACABLE" est très bien avancé. Je croise les doigts!


Merci Yann et félicitations pour le Prix du Public au Festival International du Film Policier de Liège!

La sortie de "À tout prix" est prévue pour le 14 mai chez The ecstasy of films en bonus de l’édition limitée de "La guerre des gangs", mais vous pouvez d'ores et déjà le pré-commander sur le site de l'éditeur en édition limitée à 1000 exemplaires, seule ou avec affiche. Dépêchez-vous!!! Il n'y en aura pas pour tout le monde!

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