Archives pour: Septembre 2016, 09

09.09.16

06:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : L'économie du couple
Réalisateur : Joachim Lafosse
Année : 2016
Origine : Belgique

Durée : 1h40
Avec : Bérénice Béjo, Cédric Kahn, Marthe Keller, etc.
Par Nicofeel

Après Nue propriété (2006) et A perdre la raison (2012), le cinéaste belge Joachim Lafosse continue de tracer son sillon de l'étude de la famille. Chez Lafosse, la famille est loin d'apparaître sous un jour favorable. Il y est constamment question de tensions, d'étouffement, de désaccords profonds, avec souvent l'argent comme source de conflits.
D'ailleurs, dans son dernier film, L'économie du couple, Lafosse dépeint la vie privée de Marie et Boris, deux personnes mariées vivant sous le même toit mais ne partageant plus rien. Les sentiments ont disparu entre eux et seules leurs deux petites filles – de jolies jumelles – demeurent le lien très fragile qui les fait inexorablement cohabiter.
En dehors de leurs enfants, l'argent est au cœur de leurs discussions. Boris ne quittera pas le domicile conjugal tant qu'il n'aura pas récupéré « sa » part. Si la maison a été entièrement payé par sa femme, il estime que les travaux qu'il a effectués lui ont fait gagner de la valeur.
Pendant plus d'heure trente, on assiste à la cohabitation houleuse d'un couple qui a littéralement explosé. Boris donne l'impression d'un mari irresponsable, immature et profiteur. Il ne travaille pas et vit aux crochets de sa femme. Cette dernière ne peut pas compter sur lui et après une dizaine d'années de vie commune, elle ne peut plus le supporter. D'autant qu'il passe son temps à la chercher, à la provoquer. A se demander si cette situation ne l'amuse pas. « Ce sont tes règles » déclare-t-il à plusieurs reprises, une façon facile de l'agacer.

On sent vraiment qu'il y a un point de non retour (voir la scène du dîner avec les amis de Marie) et que les choses ne peuvent qu'aller de mal en pis. Même l'argent ne fait pas tout.
Joachim Lafosse décrit avec beaucoup de pertinence l'usure d'un couple lambda et la fin de l'amour. Son film est d'autant plus intéressant qu'il est très réaliste. Les dialogues (l'un des co-scénaristes n'est autre que Mazarine Pingeot) ciselés ne donnent pas l'impression d'être joués. On a droit à une impressionnante violence verbale, en mesure de secouer le spectateur.
Surtout que Joachim Lafosse a l'intelligence de faire adopter le point de vue de Marie. On souffre pour cette femme qui vit une séparation difficile.
A cet effet, le lieu de l'action du film n'est pas anodin. Il se passe quasi exclusivement dans cette maison familiale, avec aucun horizon à l'extérieur. De la sorte, on ressent l'étouffement de ces personnages, obligés de vivre en vase clos, faute de mieux. La mise en scène épouse d'ailleurs les thématique de ce long métrage. Les nombreux plans fixes sont là pour signifier l'absence de solution. Quant aux mouvements de caméra, matérialisés par des travellings, ils attestent de la violence des propos échangés entre Boris et Marie.
Le film de Lafosse est tellement bien fait que le spectateur est happé par les sentiments des uns et des autres : la souffrance de Marie et la malice de Boris, qui cherche à la faire craquer sur le plan mental.
Evidemment, dans un tel film, la réussite tient pour beaucoup à la performance des acteurs. A cet égard, Bérénice Béjo est vraiment épatante dans le rôle de cette femme à bout, qui veut plus que tout ménager ses enfants, tout en cherchant une issue à son conflit conjugal. Quant à Cédric Kahn, que l'on connaît plutôt en tant que réalisateur (L'ennui, Roberto Succo), il nous épate dans le rôle du « méchant », une personne sans foi ni loi, dont l'argent est manifestement le seul point d'intérêt.
L'économie du couple est finalement en phase avec son temps. On vit en effet une époque où la séparation est devenue banale, ce qui n'était pas le cas auparavant. Mais Joachim Lafosse a le mérite de nous montrer que les dégâts collatéraux peuvent être importants sur le plan affectif. Il n'hésite pas à ce titre à dresser le portrait sans fards d'un couple ne s'aimant plus.
La mise en scène de ce cinéaste belge adopte totalement les thématiques de L'économie du couple. C'est par cette réalisation rigoureuse que Joachim Lafosse signe sans nul doute son meilleur film. Et l'une des œuvres les plus marquantes de l'année 2016, jusque-là relativement pauvre sur le plan cinématographique. Vivement la prochaine étude de mœurs de Joachim Lafosse !

Permalien 800 mots par nicofeel Email , 62 vues • R�agir

Septembre 2016
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
 << <   > >>
      1 2 3 4
5 6 7 8 9 10 11
12 13 14 15 16 17 18
19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30    

Le Blog des DVDpasChériens

Les dvdpascheriens ayant la fibre journalistique peuvent participer à ce blog. Sur le thème des DVD, de la HD et de la vente en ligne. On y trouve des critiques, des dossiers, des articles sur les nouveautés ...

Rechercher

Cat�gories

Qui est en ligne?

  • Visiteurs: 21

powered by
b2evolution