Archives pour: Novembre 2015, 10

10.11.15

08:31:18, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : L'homme irrationnel

Réalisateur
: Woody Allen

Année : 2015

Origine : Etats-Unis

Durée
: 1h36

Avec
: Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey, Jamie Blackley, etc.

Par Nicofeel

Woody Allen a souvent été un adepte des films décalés. Son dernier long métrage, L'Homme irrationnel, présenté hors compétition au dernier festival de Cannes, ne déroge pas à la règle. Cependant, après avoir tourné des comédies romantiques telles que Minuit à Paris (2011) et Magic in the moonlight (2014), Woody Allen effectue un retour au thriller existentiel, qui nous ramène à Match point (2005).
Ici, Joaquin Phoenix incarne Abe Lucas, un professeur de philosophie talentueux mais alcoolique. Abe semble résigné et avoir perdu le goût de la vie. Son côté dépressif pourrait d'ailleurs être vu comme un double du réalisateur.
C'est en tout cas ce personnage qui constitue le rôle principal du film. Abe Lucas arrive dans une nouvelle université, précédé d'une réputation peu flatteuse. Malgré tout, son allure nonchalante, son côté atypique, ses thèses philosophiques à contre-courant de la norme, mettent en émoi des femmes qui s'intéressent de près à ce professeur pas comme les autres.
Woody Allen se plaît à livrer au spectateur des scènes loufoques. Habituellement, on a coutume de penser que ce sont les hommes qui séduisent les femmes, en ayant recours à toutes sortes de charmes. Ici, c'est tout l'inverse. Abe n'a rien d'un séducteur. Il traverse les couloirs de son université, telle une loque sévèrement chargée en alcool. Ce sont les femmes qui viennent à lui. On a ainsi une de ses collègues professeure, Rita, qui cherche manifestement à quitter son époux. Mais la principale conquête d'Abe est sans conteste l'une de ses plus brillantes étudiantes, Jill, qui est attirée par les thèses de son professeur et par son pessimisme, comme si elle cherchait à le sauver.
Woody Allen présente ces couples éphémères qui se forment de manière extrêmement divertissante et amusante.

Pourtant, sans avoir l'air d'y toucher, le cinéaste new-yorkais délivre une charge féroce à l'encontre des moeurs de ses protagonistes. Car tout ce beau monde se plaît sûrement mais il ne faut pas oublier que leurs amours ne sont pas sans conséquences. Rita commet l'adultère en trompant à plusieurs reprises un mari qu'elle n'aime plus. Quant à Jill, elle tombe bien facilement dans les bras de son professeur, conservant son petit ami juste pour la forme. Et que dire d'Abe ? Son état de santé lamentable serait un peu facile pour légitimer qu'il couche finalement avec toutes les femmes qui lui font du rentre-dedans, y compris une de ses élèves.
Abe Lucas est loin d'être au dessus de tout soupçon. D'autant que ses conquêtes féminines ne sont que la partie immergée de l'iceberg. Il y a bien pire. Abe Lucas va trouver un motif lui redonnant goût à la vie. Et quel motif ! Ayant eu vent de l'iniquité d'un juge local, Abe se met en tête d'éliminer cette personne pour faire en quelque sorte une bonne action. Il faut quand même être sacrément allumé pour vouloir tuer quelqu'un, seulement parce que les “on dit” laissent entendre que cette personne serait nuisible. Voilà une idée complètement farfelue venant de ce professeur exerçant la philosophie à ses élèves.
C'est sans doute ce qui explique le titre du film, L'Homme irrationnel. Surtout que notre personnage principal reprend goût à la vie en... tuant quelqu'un ce qui est fort étonnant ! Cependant, à y regarder de près, cette action de tuer quelqu'un répond à une certaine logique. A cet égard, on peut faire un parallèle entre ce long métrage et Match point. Les deux films voient leur personnage principal commettre un crime. Et dans les deux cas, si leurs motifs sont différents, leurs crimes qui se veulent parfaits en répondant à la théorie du Surhomme de Nietzsche. En effet, ils pensent que l'on peut repousser les limites de la morale et que la volonté fait loi. Or, ce sont justement la morale et la loi qui empêchent les gens de commettre des crimes gratuits.
Le film apporte une réflexion intéressante sur le choix mais aussi sur le hasard de la vie. Comme l'a déjà montré le film Le génie du mal de Richard Fleischer, le crime parfait n'existe pas. Abe a beau établir méticuleusement son plan, il est loin d'être parfait. Du coup, il est lié au bon vouloir d'autres personnes qu'il va falloir persuader que son homicide était justifié !
Voilà un film sacrément pervers et cynique, en dépit de son ton délibérément comique. Encore une fois, on peut rapprocher L'Homme rationnel de Match point tant par son ton que par sa finalité. Dans les deux films, le hasard joue un rôle prépondérant, et notamment à la fin de l'intrigue : une pièce de monnaie salvatrice dans Match point, une lampe de poche pour L'Homme irrationnel.
Comme souvent, Woody Allen peut compter sur une distribution de qualité. Joaquin Phoenix joue très bien le rôle d'Abe Lucas, et l'enbompoint qui le caractérise (est-ce voulu pour le rôle ?) donne encore plus de crédit au côté “j'm'en foutiste” de son personnage. Emma Stone, déjà présente dans le précédent long métrage de Woody Allen, Magic in the moonlight, est elle aussi impeccable dans le rôle de Jill, l'étudiante éperdument passionnée par son professeur de philosophie. Son côté insouciant la rapproche du personnage joué par Scarlett Johansson dans le sous-estimé Scoop (2006)
Au final, si L'Homme irrationnel est sans doute un Woody Allen en mode mineur, il n'en demeure pas moins un film ludique qui se déguste très bien.

Permalien 992 mots par nicofeel Email , 186 vues • R�agir

Novembre 2015
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
 << < Courant> >>
            1
2 3 4 5 6 7 8
9 10 11 12 13 14 15
16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29
30            

Le Blog des DVDpasChériens

Les dvdpascheriens ayant la fibre journalistique peuvent participer à ce blog. Sur le thème des DVD, de la HD et de la vente en ligne. On y trouve des critiques, des dossiers, des articles sur les nouveautés ...

Rechercher

Cat�gories

Qui est en ligne?

  • Visiteurs: 24

powered by
b2evolution