29.08.15

07:20:01, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Masaan

Réalisateur : Neeraj Ghaywan

Année : 2015

Origine : Inde

Durée : 1h43

Avec : Richa Chadda (Devi Pathak), Vicky Kaushal (Deepak Chaudhary), Shweta Tripathi (Shaalu Gupta), Sanjay Mishra (Vidyadhar Pathak), etc.

Par Nicofeel

Présenté dans la sélection Un certain regard au dernier festival de Cannes, Maasan est le premier long métrage du réalisateur indien Neeraj Ghaywan. Ce dernier prouve que l'Inde ne se limite pas aux romances idylliques accompagnées de chants et de danses qui sont la marque de fabrique de Bollywood.
Dans Masaan, il y a bien des histoires d'amour. Mais elles ne sont pas réjouissantes, heureuses, hautes en couleurs. Elles sont au contraire compliquées, contrariées, malheureuses.
A notre époque, les Indiens disposent comme tout le monde de nouveaux moyens de communication. On songe notamment à Internet et ses nombreux réseaux sociaux, en particulier Facebook. C'est ainsi que Deepak, un jeune homme des quartiers pauvres, se sert de Facebook pour entrer en contact avec une jeune fille. Par le passé, il ne serait jamais parvenu à converser avec cette fille issue de la bourgeoisie sans l'existence d'internet. Le web ouvre donc de nouveaux horizons.
Cette histoire d'amour est belle, naïve, presque idyllique. On a sous nos yeux le mythe de la riche jeune fille fréquentant un jeune homme pauvre (comme dans Titanic...). L'amour permettrait d'effacer toutes les différences. Mais Maasan n'est pas un roman à la Barbara Cartland. La réalité a tôt fait de rattraper en plein vol nos jeunes tourtereaux.
A commencer par le poids des traditions. Le système de castes est particulièrement vicace en Inde. On ne peut pas épouser fréquenter et encore moins épouser quelqu'un d'une caste inférieure. Les mariages sont encore bien souvent arrangés et pour plaire aux parents, il est nécessaire de faire partie du même rang social.
Or, le jeune Deepak n'a pas cette chance. Etudiant sans le sou, il passe ses soirées à aider sa famille à brûler les morts. Car en Inde, on n'enterre pas les morts. On brûle le cadave sur un tas de bois, près du Gange. Le titre du film Masaan prend alors tout son sens. Ce “bûcher” nous rappelle le travailleur de fossoyeur de Deepak et par la même occasion le métier dégradant qu'il effectue au quotidien.

Jamais dans un film indien on a touché au plus près la réalité de la vie quotidienne des Indiens de classe sociale inférieure. On a presque la sensation de ressentir cette misère. Le réalisateur Neeraj Ghaywan décrit très bien cette frange de la société et la condition de vie de nombre de ses compatriotes, sans tomber pour autant dans le misérabilisme.
De la même façon, Maasan montre bien une société indienne où le pouvoir de la police est prépondérant. Un des policiers du film prend sur le vif un jeune couple à l'hôtel, brisant leur union et étant à l'origine d'un drame. La très belle Devi Pathak est filmée dans sa chambre d'hôtel par la police, ce qui est totalement illégal. Le chantage d'un policier au père de celle-ci ne l'est pas moins. Pour éviter un déshonneur et un scandale sexuel, il accepte de payer. On voit que les flics corrompus ne sont pas un mythe.
Le cinéaste Neeraj Ghaywan n'élude à aucun moment les problèmes qui continuent de gangréner la société indienne. Dans Masaan, les personnages font preuve de modernité (ils utilisent des ordinateurs, internet, des téléphones portables, etc.) mais sont coincés par les traditions de leur pays (une société patriarcale où les gens ne sont pas maîtres de leur destin).
On assiste véritablement à des drames qui sont bien romantiques, dans la mesure où l'amour le présent mais où la notion de tragique n'est jamais très loin. On apprécie ces histoires qui font vrai et donnent pratiquement l'impression d'assister à un film occidental. En tout cas au niveau des thématiques développées.
Il y a dans Maasan des sentiments de toutes natures : amour pur, culpabilité, honneur, déshonneur, espoir, désespoir, qui nous ramènent plus à la trilogie Bleu-Blanc-Rouge de Kieslowski qu'au cinéma traditionnel indien.
Pourtant, on est bel et bien dans un film indien. La très belle musique traditionnelle, qui traverse le film, joue un rôle important. Les sentiments sont d'autant plus exacerbés, que ces musiques semblent donner corps au spleen ressenti par les personnages. Ces derniers sont d'ailleurs très bien interprétés par des acteurs indiens. On est évidemment sous le charme des deux très belles jeunes femmes : Richa Chadda dans le rôle de la très triste Devi Pathak mais aussi Shweta Tripathi qui joue la jolie bourgeoise Shaalu Gupta. Vicky Kaushal est également remarquable dans le rôle de Deepak, l'amoureux transi.
Devant un scénario assez pesant où l'on a l'impression que les contraintes sont nombreuses et que les gens ne maîtrisent pas leur vie, ce long métrage laisse clairement à la fin une lueur d'espoir pour ses personnages principaux.
En définitive, Maasan constitue un film très intéressant, qui laisse entendre que l'Inde, coincée entre modernité et traditions ancestrales, n'est définitivement pas un pays comme les autres. Si son peuple se délecte au cinéma des romances des films Bollywood, la vie courante est beaucoup moins rose. Et ça, on ne l'a encore que très rarement vu à l'écran.
On attend donc avec intérêt le prochain film du réalisateur Neeraj Ghaywan.

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