Archives pour: Août 2015, 13

13.08.15

07:36:29, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Difret

Réalisateur : Zeresenay Mehari

Année : 2015

Origine : Ethiopie

Durée : 1h39

Avec
: Meron Getnet (Meaza Ashenafi), Tizita Hagere (Hirut Assefa), etc.

Par Nicofeel

Comme plusieurs pays d'Afrique, l'Ethiopie a un passé tumultueux, comme en atteste la dictature de 1974 à 1991. A partir de 1992, la démocratie est en route avec la victoire électorale front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE). En 1994, l'assemblée constituante vote la ratification d'une nouvelle constitution qui entre en vigueur en août 1995. La République fédérale démocratique d'Ethiopie est alors officiellement proclamée.
C'est dans ce contexte qu'en 1996, une affaire privée va faire beaucoup de bruit. Une jeune fille de 14 ans, Aberash Bekele, est kidnappée puis violée, par un homme qui compte en faire son épouse. Mais la jeune fille tue son agresseur et s'enfuie.
Le film Difret s'inspire directement de l'histoire d'Aberash Bekele, dont le personnage s'appelle ici Hirut. Le titre du film, issu de la langue amharique éthiopienne, comporte deux significations : soit le terme “courage” soit “le fait d'être violé”. C'est évidemment le deuxième sens de ce mot qui nous ramène à la vie de la jeune Hirut.
Cette dernière bénéficie du soutien de Meaza Ashenafi, jeune avocate à la tête d'une association en aide aux femmes victimes de violences. Meaza prend fait et cause pour sa jeune cliente. Elle plaide en sa faveur la légitime défense.
C'est alors le début d'un véritable parcours du combattant, qui nous est très bien montré dans ce film. Car l'Ethiopie est une société patriarcale où le droit coutumier est alors particulièrement répandu. Il est difficile de faire changer les mentalités et de combattre le traditionnalisme de ces villages éloignés des villes. On voit donc s'opposer deux réalités distinctes dans ce pays : la tradition avec dans certaines régions des filles qui sont kidnappées par ceux qui s'autoproclament leurs futurs époux ; la justice qui est rendue par des magistrats au nom de l'Etat.

Meaza Ashenafi, fait tout son possible pour gagner devant les tribunaux et faire que les mentalités changent. D'un côté, on a des hommes qui crient au meurtre (de l'homme tué suite au viol de la jeune fille) et de l'autre on a une jeune fille qui soutient la légitime défense, après le kidnapping et viol qu'elle a subie.
Le réalisateur Zeresenay Mehari met en scène un film de procès où Meaza Ashenafi n'a d'autre choix que de se battre face à un machisme ambiant et une jurisprudence qui ne lui est pas favorable. Il est clair que ce long métrage est un film féministe. C'est d'ailleurs sans doute pour cette raison que l'actrice Angelina Jolie, connue pour ses combats humanitaires, a souhaité en être la productrice exécutive.
Si le réalisateur du film illustre le combat d'une avocate pour que ce type de viol soit condamné, il ne tombe jamais dans le piège du manichéisme. Il rend compte des différents points de vue, qui ne convergent pas tous, à l'image de cette scène de conseil de village, où chacun défend ses arguments.
De manière plus générale, l'Ethiopie, alors en pleine mutation, tente de rendre la justice, en alliant modernité et tradition. La modernité est représentée par l'avocate Meaza Ashenafi qui veut aider les plus faibles qui ne connaissent par leurs droits et n'y ont pas accès. Elle se bat pour que les violences perpétrées à l'égard des jeunes filles ne restent pas impunies. Mais le travail de son association ne s'arrête pas là. En aidant les jeunes filles à trouver un abri, à se rendre à l'école, elle fait comprendre clairement que l'avenir de ces futures femmes dépend de leur accès à l'éducation.
Même si les moyens mis en place par l'Etat éthiopien demeurent faibles en matière d'éducation (l'école est en terre battue, les professeurs sont peu nombreux), on constate qu'il y a du mieux. La jeune Hirut l'a d'ailleurs très bien compris, lorsqu'elle a peur que sa jeune soeur ne puisse plus retourner à l'école.
En fin de compte, à partir d'un événement isolé, le film s'en sert pour prendre le pouls d'une société dont la fracture sociale n'a jamais été aussi marquée. Il n'y a qu'à voir les oppositions entre tradition et modernité, villes et campagnes, hommes et femmes.

Pour donner plus de réalisme à son film, le réalisateur a eu la bonne idée de le tourner en Ethiopie, dans de sublimes décors naturels. De plus, il a fait appel à des acteurs éthiopiens, ce qui est tout à son honneur. Les deux actrices principales sont bluffantes de véracité. On ne croirait pas qu'elles interprètent un rôle. A cet égard, l'actrice principale, Meron Getnet, ressemble étrangement à la vraie Meaza Ashenafi.
La décision de justice relatée dans le film est loin d'être anodine puisque ce type de viol est désormais passible d'une peine de 15 ans de prison. Par ailleurs, les enlèvements on été interdits en 2004 depuis la modification du code pénal éthiopien.
Alors, certes, la tradition est toujours très prégnante dans les campagnes reculées et les droits de la femme évoluent lentement dans ce pays. Pour autant, les choses avancent positivement. Gageons que ce film féministe, qui constitue un excellent kaléidoscope de la société éthiopienne, contribue à améliorer le sort de ses habitant(e)s.

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