19.02.14

06:58:11, Cat�gories: Interview  

Par Flo001fg

Le compositeur Guy-Roger Duvert à qui on doit notamment les musiques des films "Les yeux secs", "Eyeborgs" et "Tension(s)", mais également de nombreuses musiques de courts métrages, trailers, jeux vidéos etc... a eu la gentillesse de répondre à mes questions:

Bonjour Guy-Roger. Peux-tu te présenter ?

Bonjour. Je suis compositeur de musiques de films, de jeux vidéos, de trailers, et de plein d'autres projets nécessitant de la musique (séries TV, théâtre, comédie musicale, pubs...etc). J'ai commencé à temps plein il y a 12 ans. J'ai eu de la chance de travailler très rapidement sur mon premier long métrage, qui a été pris à Cannes, à la Quinzaine des Réalisateurs, ce qui m'a clairement aidé pour la suite. Après avoir vécu à Paris pendant des années, je vis aujourd'hui à West Hollywood, en Californie. Avec une activité à l'arrivée très internationale (mon premier long était marocain, le second américain, le troisième canadien. Sur d'autres projets, j'ai travaillé pour des clients en France, en Belgique, aux USA, en Angleterre, à Singapour, et j'ai actuellement des pistes en extrême orient).

"Les yeux secs" de Narjiss Nejjar


Quel est ton parcours ? As-tu suivi une formation particulière ou es-tu autodidacte?

Je suis passé par le conservatoire, mais pas par la voie royale. J'ai fait du piano et du solfège en conservatoire d'arrondissement, puis en province. Une fois étudiant, j'ai pris des cours aux USA pendant un an, et enfin, j'ai pris 5 ans de cours particuliers de composition, d'orchestration, d'écriture, à la Schola Cantorum. Donc, musicalement, je ne suis pas autodidacte. En revanche, je n'ai jamais pris de cours spécifique de musiques de films. De ce point de vue là, je le suis, en apprenant de la meilleure manière possible : en apprenant des maîtres eux-mêmes. Je suis un très gros consommateur de films et de bandes originales.

"Eyeborgs" de Richard Clabaugh

Travailles-tu étroitement avec les réalisateurs lorsqu’on te demande de composer pour un film ?

Oui, bien sûr. Ce sont eux les « maîtres d'ouvrage » artistiques. Ce sont eux qui ont la vision du film. Donc, si, bien évidemment, une partie de mon travail consiste aussi à faire des propositions auxquelles le réalisateur ne pense pas nécessairement au départ, l'idée est toujours que ces propositions respectent la vision générale du film. Et la seule personne à même de dire si c'est le cas ou non est le réalisateur. Il est donc primordial de travailler étroitement avec eux. Ceci étant dit, d'un cas à l'autre, le niveau de liberté est très variable. Dans certains cas, on me laisse une liberté quasi complète, le réalisateur me faisant confiance, à partir d'indications données par lui au départ.

"Tension(s)" de Vincent Lecrocq

Prenons l'exemple de "Tension(s), comment as-tu travaillé avec Vincent Lecrocq?

L'avantage, avec Vincent, c'est qu'on avait déjà travaillé ensemble, sur l'un de ses courts métrages, "Survivant(s)". On se connaissait donc déjà bien. C'est vraiment un plaisir de bosser ensemble, car c'est le genre de configuration idéale pour un compositeur : un réalisateur qui a au départ une idée assez précise de l'orientation qu'il veut, des influences qu'il veut avoir etc..., et qui, une fois qu'on s'est bien compris sur ces orientations, laisse ensuite beaucoup de liberté au compositeur. Tout l’intérêt, dans "Tension(s)", était de développer un score qui soit à la fois action oriented sur toutes les phases de combats, d'infiltrations, mais aussi très intimate pour le drame qui se déroule dans cette maison. C'est ce que j'ai adoré à la lecture du scénario : on est dans un film de genre assumé, mais en même temps, on est dans l'humain. Les personnages ne sont pas caricaturaux, ils ont des doutes, des peurs. Il fallait pouvoir accompagner ça musicalement. Très tôt, avec Vincent, on s'est mis d'accord sur l'utilisation de guitares et de sons industriels. Les thèmes se sont ensuite rapidement développés. Et à l'arrivée, je pense que nous avons réussi à avoir un score très identitaire, avec une personnalité forte.

"Tension(s)" de Vincent Lecrocq

Travailles-tu différemment selon qu’il s’agisse d’une musique de film, d’un jeu vidéo, d’une publicité ou d’une bande annonce ?

Oui. En fait, la principale différence est la nécessité ou non de synchroniser. Concrètement de composer à l'image (ce qui est une contrainte particulière). Dans les films, tout doit être synchronisé, pour les jeux vidéos, uniquement les cinématiques s'il y en a. Et pour les trailers, uniquement lorsqu'on me donne le footage, ce qui arrive moins de 20% du temps. C'est là la principale différence. Autre différence : dans les films et les jeux vidéos, l'idée est souvent de développer des thèmes et de jouer sur des variations, ce qui est une composante absente des trailers. Autre différence : la musique de trailers est probablement la plus codée, et pourtant il convient de rester original, unique, tout en respectant ce code. A l'arrivée, j'ai vraiment du plaisir sur chacun des supports, et j'espère bien pouvoir continuer à travailler en parallèle pour chacun d'entre eux.

"Ça caille à l'Ombre" de Pierre-Yves Hampartzoumian


Comment se retrouve-t-on à composer les musiques de bandes annonces de blockbusters comme "Prometheus", "Transformers 3" ou "Green Lantern" ?

La première fois que je suis allé à Los Angeles, j'ai contacté toutes les sociétés de production de musiques de trailers, étant fan moi-même de ce type de musique. L'une d'entre elles s'est montrée intéressée par mon travail, et j'ai commencé à travailler pour eux. J'ai depuis été contacté par plusieurs autres sociétés de musiques de trailers, mais pour le cas spécifique des trailers, je reste exclusif avec la même société.


Y a-t-il des compositeurs qui t’ont particulièrement influencés ?

Oui, bien sûr ! En termes de musiques de films, ma principale influence est très probablement Hans Zimmer. Je pense avoir mon style personnel, mais son influence est je pense indéniable. A côté de ça, d'autres compositeurs m'ont également inspiré. En musiques de films, John Barry, ou Craig Armstrong, par exemple. Dans le domaine de la chanson, je suis marqué aussi bien par des groupes alternatifs comme Dead Can Dance que par la New Wave, en passant par des groupes d'electro pop rock comme Muse ! Et si l'on en revient aux classiques, j'adore Mozart, Beethoven, Handel et Tchaïkovski, même si Bach reste probablement mon influence première.


Quel matériel utilises-tu pour composer ?

Techniquement, parfois mon piano, mais c'est rare. Sinon, mon ordinateur, mon clavier, et un nombre gigantesque d'instruments virtuels. Soit je pars d'une idée précise que j'ai en tête, soit je me ballade parmi les sons tout en pianotant, et les idées arrivent. Dans ces cas, je découvre la musique au fur et à mesure que je la compose. Ce qui est assez curieux, quand on y pense.

Composes-tu également pour des projets personnels ? Peux-tu nous parler des différents albums que tu as sorti ?

Lorsque j'ai le temps, oui. Je bosse pour moi. J'ai sorti plusieurs albums, qui sont tous autant de projets personnels. Un de musiques de films de type pirates (avec certaines pistes très inspirées de "Pirates des Caraïbes", et les autres prenant plus d'indépendance sur cette première influence), un de musiques de films de type fantasy. Je m'éloigne même parfois de la musique de films. J'ai ainsi sorti une compilation de musiques zen, et un album de chansons electro pop rock, avec la chanteuse Constance Amelane.

J'ai aussi sorti une compilation de musiques de trailers, "Ultima Necat", que j'ai composées durant mes trois premières années à travailler sur cette niche, et dont je suis très fier. Certaines des musiques présentes sur cet album ont été utilisées pour des trailers comme "Transformers 3", "Sarah's Key", "Prometheus"... Mon prochain album a de fortes chances d’être axé science-fiction. On verra. En fonction du temps que j'aurai pour le faire.


Merci Guy-Roger!

Si vous souhaitez suivre le travail de Guy-Roger Duvert ou écouter ses compositions, je vous invite à vous rendre sur son site...

Autrement voici quelques DVD et Blu-ray sortis en France sur lesquels il a travaillé:

Survivant(s)

Survivant(s)
Fnac à 11€
Voir la fiche
Eyeborgs (Blu-ray)

Eyeborgs (Blu-ray)
Voir la fiche

L'affaire Finaly

L'affaire Finaly
Voir la fiche
Permalien 1419 mots par flo001fg Email , 1130 vues • R�agir

Pingbacks:

Cet article n'a pas de Pingbacks pour le moment...

Article pr�c�dent: Lydia : La critiqueArticle suivant: Interview de Vladimir Feral

Novembre 2016
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
 << <   > >>
  1 2 3 4 5 6
7 8 9 10 11 12 13
14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27
28 29 30        

Le Blog des DVDpasChériens

Les dvdpascheriens ayant la fibre journalistique peuvent participer à ce blog. Sur le thème des DVD, de la HD et de la vente en ligne. On y trouve des critiques, des dossiers, des articles sur les nouveautés ...

Rechercher

Cat�gories

Qui est en ligne?

  • Visiteurs: 28

powered by
b2evolution