13.12.13

05:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Gabrielle

Réalisatrice : Louise Archambault

Année : 2013

Origine : Canada

Durée : 1h44

Avec : Gabrielle Marion-Rivard (Gabrielle), Mélissa Désormeaux-Poulin (Sophie), Alexandre Landry (Martin), Vincent-Guillaume Otis (Rémi, le professeur de chant), Benoît Gouin (Laurent, l'éducateur), Sébastien Ricard (Raphael), Isabelle Vincent (la mère de Gabrielle), Marie Gignac (la mère de Martin).

Par Nicofeel

Gabrielle est un film mis en scène par la québécoise Louise Archambault. C'est seulement le second long métrage de cette cinéaste, après Familia en 2005. Manifestement passionnée par les questions relationnelles entre les gens, Louise Archambault traite d'un sujet “casse-gueule” par excellence, celui de l'amour entre deux personnes qui sont handicapées sur le plan mental.
On suit ainsi le parcours de Gabrielle qui est atteinte d'une maladie qui entraîne chez elle une déficience intellectuelle. Cette jeune femme vit dans une maison avec d'autres personnes souffrant d'un handicap mental comme elle. Au titre de ses distractions, et ayant une réelle prédisposition à la musique, elle participe à une chorale – les Muses – où elle fait la connaissance de Martin, avec lequel elle a rapidement des affinités certaines. A tel point qu'elle tombe amoureuse de lui et qu'elle entend bien vivre avec lui dans un appartement.
Oui mais voilà, même si Gabrielle a 22 ans, elle n'est pas aussi libre qu'elle le souhaiterait. Elle est entourée d'éducateurs qui l'aident dans son quotidien. Quant à Martin, il vit chez sa mère et n'est pas beaucoup plus libre de ses mouvements.

La réalisatrice Louise Archambault a évité l'écueil du film larmoyant ou qui ferait dans la compassion forcée. Il ne s'agit pas de s'apitoyer sur le sort de Gabrielle. Au contraire, le souhait du film est bien de signaler que Gabrielle a comme tout le monde l'envie de vivre sa vie, d'être aimée et pas limitée par sa famille ou par son entourage. On pourrait dire que Gabrielle n'a pas la même vie que les autres, mais elle souhaite une vie comme les autres.
Les éducateurs qui s'occupent de Gabrielle cherchent d'ailleurs à la responsabiliser, et non à l'infantiliser. Le but est bien de permettre à Gabrielle et aux autres personnes qui sont dans sa condition de s'intégrer au mieux dans la société.
Pour cela, un des moyens d'y arriver est tout simplement de montrer que l'on peut faire des choses comme tout un chacun. La participation à la chorale des Muses prend dès lors une importance quasi symbolique. D'autant que cette chorale a l'honneur de participer à l'un des spectacles “live” de Robert Charlebois, star internationale mais surtout immense star au Québec. Ses deux chansons qui font l'objet des répétitions de la chorale sont non seulement bien choisies, mais elles prennent un sens tout particulier. La chanson Ordinaire (qui date de 1971, et est un des morceaux les plus célèbres de Robert Charlebois) devient dans le film une sorte d'hymne invitant à l'intégration de tous. On est tous différents mais on a tous le droit de vivre normalement, comme les autres : “ Si je chante c'est pour qu'on m'entende Quand je crie c'est pour me défendre J'aimerais bien me faire comprendre […] J'voudrais qu'on soit tous des frères”. L'apparition de Robert Charlebois est fort sympathique et crée un réel moment de bien être chez ces chanteurs un peu particuliers. Et puis l'autre chanson de de son répertoire que l'on entend à la fin du film, Lindberg (1968) apporte un côté fraternel. On sent que tous ces gens sont en osmose. On a dépassé la simple réflexion de leur handicap. On voudrait que la musique ne s'arrête jamais.
Louise Archambault offre au spectateur une vision toute autre des handicapés. Si Gabrielle Marion-Rivard est dans la “vraie vie” atteinte du syndrome de Williams qui l'affaiblit sur le plan mental, elle interprète avec beaucoup de générosité et de sincérité le rôle de Gabrielle. On partage ses émotions, qu'elles soient plaisantes ou non. Les moments de plaisir de Gabrielle (la séquence d'amour est d'une grande finesse), ses moments de doute, d'énervement nous font immanquablement penser à notre propre quotidien.
Pour surmonter ses difficultés, Gabrielle peut compter sur sa grande soeur Sophie (prénom qui est sans nul doute à l'héroïne de la chanson Lindberg) avec qui elle entretient une relation fusionnelle. Cette dernière traite sa soeur comme il se doit, à savoir comme une jeune femme qui a des rêves et des envies, et qui veut vivre sa vie pleinement.
Même si le sujet de cette comédie dramatique est très sérieux sur le fond, il comporte tout de même des séquences drôles. On songe ainsi à cette scène où une éducatrice demande à Gabrielle si elle a touché le pénis de Martin. Et Gabrielle de lui répondre par la négative, alors qu'ils ont été surpris en sous-vêtements, en train de comparer naïvement leurs tatouages.
Si le sujet du film est très bien traité, il convient de dresser un coup de chapeau à ses acteurs principaux, et notamment Gabrielle Marion-Rivard et Alexandre Landry, qui forment un couple plus vrai que nature.
Au final, Gabrielle est un film délicat sur sa façon de traiter du handicap. C'est un film très intelligent qui évoque deux sujets universels qui parlent à tout le monde : l'amour et la fraternité. Très émouvant, ce film authentique est une belle réussite. On attend déjà avec impatience le prochain film de Louise Archambault.

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