09.07.13

07:28:59, Cat�gories: Interview  

Bonjour Fabien. Peux-tu me rappeler tes missions dans le cadre du festival Hallucinations collectives ?

Je suis en grande partie chargé d'organiser le "off" du festival, tous les événements "hors cinéma". Depuis le début du festival nous organisons un traditionnel concert d'ouverture et une exposition d'art graphique, bien qu'Hallucinations collectives soit essentiellement un festival de cinéma. Depuis deux ans, nous tentons d'incorporer la littérature en organisant des tables rondes, des lectures publiques, des événements autour de la sortie de livres.

Cette année, c'est une grande première, nous avons rajouté le jeu vidéo à cette pièce montée.

Pourquoi le jeu vidéo ? Ca peut paraître relativement loin du reste ?

A nos yeux pas tant que ça. Un jeu vidéo ce sont des images animées, de la musique qui les accompagnent, un scénario évolutif basé sur des "changements d'actes", un dénouement. L'arrivée du jeu vidéo sur le marché a eu de grosses répercutions (esthétiques, économiques, culturelles) sur la production d'images cinématographiques. Bonnes ou néfastes, c'était important pour nous de faire lien, de ne pas l'ignorer, d'inviter les gens à réfléchir sur ce qui s'échange entre ces deux médiums.

Cyril [Despontin, le directeur du festival] est passionné par le jeu vidéo depuis de nombreuses années. Et Anne-Laure [de Boissieu, chargée de la communication sur le festival] fait partie depuis deux ans d'une association Lyonnaise baptisée “Game Dev Party” qui vise à développer le jeu vidéo indépendant en Rhône-Alpes. Nous nous sommes rapidement et naturellement tourné vers eux.

Cette assoc' organise 3 fois par an des “Game Dev” ("Dev" pour développement), c'est-à-dire des week-end de concours de développement de jeux vidéo. Cette année, une de ces "Game Dev" a eu lieu durant la période du festival Hallucinations collectives. Nous avons aussi travaillé de concert pour proposer deux conférences, une de Douglas Alves sur l'histoire du jeu vidéo, et une autre d'Alexis Blanchet dont le thème était "Jeu vidéo & cinéma".

Et tout ça, c'est gratuit ?

Oui, tous ces événements sont gratuits. Après, je ne développe pas ça tout seul. Pour le jeu vidéo, Anne-Laure et Cyril sont les vraies locomotives du projet, même si toute l'association se tient derrière eux pour soutenir leur action.

Concernant le concert, c'est Benjamin, qui s'occupe habituellement chez nous de la sélection des court-métrages, qui l'a pris en charge cette année parce qu'il a eu la bonne intuition d'inviter le rappeur Lyonnais Lucio Bukowski et quelques membres de son collectif, "L"Animalerie". L'année dernière c'était moi qui m'y était collé avec le concert de Richard Pinhas/Noël Akchoté et 2080. Bref, c'est à celui qui la meilleure idée qu'il revient le droit d'organiser tel ou tel événement. Chez Zonebis, chacun amène un peu ses compétences et ses centres d'intérêts. C'est un peu l'auberge espagnole !

Est-ce que les missions que tu remplis dans le cadre du festival sont en lien avec ton travail dans le privé ?

En ce moment, absolument pas, je suis ouvrier. Cependant, ces quinze dernières années, j'ai gagné ma vie en étant pigiste cinéma pour la presse, en organisant des spectacles puis des expositions d'art graphique. Bref, je fais bénévolement pour Zone Bis des choses qui relèvent de mes compétences professionnelles.

Pour quelles raisons as-tu décidé de faire partie de l'aventure Etrange festival devenue Hallucinations collectives ?

Par amitié pour les membres de l'association et par amour du cinéma.

Tu es fidèle à Hallucinations Collectives. Qu'est-ce que le festival t'apporte ?

Le plaisir d'organiser un festival qui a son propre public, qui marche bien et qui organise des choses intéressantes.

Est-ce que tu te retrouves au niveau de la programmation ?

Ce qui m'intéresse le plus, ce sont les films des rétrospectives. Les avant-premières m'intéressent moins car je ne me retrouve difficilement dans le cinéma de genre contemporain. Cette année, j'ai adoré "Berberian Sound Studio" [film qui a gagné le grand prix du festival] et me suis passionné pour "Modus Anomali". Le reste de la sélection m'a moins intéressé.

Sans être passéiste ou anti-moderne, je préfère me replonger dans la cinéphilie d'avant. Nous avons beau désormais projeter une grande majorité de films en HD ou de films remasterisés en numérique haute-définition, il n'y a rien de plus beau qu'une projection en 35mm. Cette année, nous avons programmé 7 films en pelloche. A mes yeux, c'est un vrai cadeau, que nous faisons autant au public qu'à nous-même.

Quels sont tes films préférés ?

J'ai un ami qui me disait il y a quelques jours que si je devais être chargé de la programmation d'Hallucinations Collectives, on ne projetterait que des films de 3 heures dans lesquels on voit bouger un roseau ! C'est un peu réducteur, mais j'avoue qu'il y a de ça.

Ceci dit, j'ai été “biberonné” au cinéma de genre. Je lis le Mad Movies depuis que j'ai 13-14 ans, mon cinéaste favori a longtemps été Paul Verhoeven, et je crois que mon engagement dans Hallucinations Collectives trouve ici ses origines. Les années passant, mes goûts ont beaucoup évolué. Si je devais citer quelques réalisateurs phares, je te parlerais de Tarkovski ou de Carl Theodor Dreyer. Des gens qui ont aussi fait du cinéma de genre ("Vampyr" pour Dreyer, "Stalker" et "Solaris" pour Tarkovski) mais qui l'ont envoyé sur orbite.

Y-a-t-il des rencontres qui t'ont marqué lors des différentes éditions d'Hallucinations collectives ?

Humainement, j'ai besoin de temps pour apprivoiser les gens, trouver un terrain d'entente avec l'autre. Côtoyer des réalisateurs, des journalistes dont tu lis les papiers depuis 20 ans ou des gens du métier, c'est bien, mais 5 jours c'est trop court pour moi pour tisser de vrais liens et être marqué par une relation.

Les rencontres les plus importantes pour moi ont eu lieu avec les membres de l'équipe de Zonebis. J'aimerais avoir une personnalité plus directe, plus "liante", mais au niveau du relationnel, j'ai plutôt besoin de 5/6 ans que de 5/6 jours...

Le festival connaît-il un succès public et critique grandissant ?

Au niveau critique, les compte-rendus sont depuis le début assez bons. Certains élogieux, rarement venimeux. Le festival dans son ensemble est plutôt très bien reçu.

Je pense qu'on a un public très fidèle, qui nous fait confiance. Je reste très étonné de voir chaque année le nombre de personnes qui vont à toutes les séances, peu importe si le film est une avant-première, un film des années cinquante, un film érotique, un ultime chef d’œuvre ou une curiosité bis. Je suis très fier de notre public car je crois qu'il nous ressemble et qu'il se retrouve dans notre démarche.

Mais cette ouverture d'esprit a aussi sa face noire. Pour beaucoup de journalistes et pour une grande majorité du public, on est difficile à identifier. On n'est pas un festival de rétrospectives (Festival Lumière), ni un festival qui s'intéresse à la production cinématographique d'un pays (Asie Expo, Le Festival du Film Ibérique), ni un festival qui se définit par sa sexualité (Ecrans Mixtes). Pour autant, on est un peu tout cela à la fois, on ne s'interdit rien, la cohérence de notre programmation se base vraiment sur des critères extrêmement subjectifs et qui sont très souvent remis en question entre nous. C'est cette ouverture d'esprit qui est souvent mal comprise.

Si vous aviez plus de budget, que souhaiteriez-vous modifier pour le festival ?

Nous ferions probablement venir des invités de l'étranger, réalisateurs, membres du jury, artistes, écrivains. Il y a deux ans par exemple, nous avions tenté de faire venir Lloyd Kaufman pour présenter une sélection de films de la Troma et organiser une master class, mais cela n'a pu aboutir, faute de moyens.

Que peut-on te souhaiter et que peut-on souhaiter au festival ?

J'aimerais que le festival touche un public toujours plus large, car à l'exclusion des enfants, Hallucinations collectives est un festival "pour tous", c'est comme ça que nous le concevons, comme un festival de culture populaire.

On peut espérer aussi que le festival grandisse encore un peu, prenne quelques rides, devienne un "vieux beau", sans pour autant qu'il devienne une grosse et ennuyeuse machine.

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