19.06.13

04:33:35, Cat�gories: Interview  

Par Flo200

Malgré un emploi du temps surchargé, dû notamment au nombre hallucinantes d'activités qu'il exerce, Rurik Sallé a eu la gentillesse de répondre à mes questions.

Bonsoir Rurik. Le DVD du "Réserviste" est sorti officiellement le 7 mai. Peux-tu nous parler de ce court métrage dans lequel tu joues ? Comment es-tu arrivé sur ce projet ?

Bonsoir Florent ! Oui, car le grand public ne le sait pas, ça. Il te voit, caché derrière tes questions impertinentes, mais le public a le droit de savoir. Tu t'appelles Florent. Certes, ça n'est pas grand chose, mais c'est déjà un indice, et bientôt nous serons à ta porte, Florent. Nous te retrouverons bien assez tôt, tu ne perds rien pour attendre... Avec un peu de chance, tu es certainement l'un de ces gauchistes malfaisants, dont on nous parle tant. Attends-toi au pire !

"Le Réserviste"

Pour en revenir au "Réserviste", car tu ne m'empêcheras pas d'en parler malgré tes efforts, je dirais que c'est avant tout une histoire d'amitié et de rencontres. Mathieu Berthon est un pote, et lorsque j'ai entendu parler de son projet, je lui ai demandé s'il y avait moyen de rejoindre la troupe. Voilà pourquoi j'ai un petit rôle dans le film : c'est davantage un caméo par plaisir qu'un véritable personnage à défendre. J'aime néanmoins beaucoup ma scène principale, qui mélange l'humour et l'affrontement physique. Pour un acteur, c'était court mais riche à tourner. Et puis c'était aussi l'occasion de travailler avec Manu Lanzi, aujourd'hui un ami, et mon mentor en combat scénique, avec lequel j'ai fait pas mal de tournages. Une histoire d'amitié, je te dis !

"Le Réserviste"


Quels souvenirs gardes-tu de ce tournage ?

Essentiellement des bons souvenirs. Il y a eu des tensions, ce qui est inhérent au mélange d'un grand nombre de personnes, mais d'une manière générale c'était une colonie de vacances pendant 5 jours. Je me souviens de conneries incroyables. On était tous là pour faire le meilleur film possible, mais dans un esprit punk et libre, tout en essayant d'être le plus efficaces possibles, et en mangeant des mets succulents préparés par un élève secret de Joël Robuchon. "Le Réserviste", c'est la preuve qu'on peut travailler dans une bonne ambiance, en déconnant, en toute amitié, tout en s'efforçant de faire de belles choses. Ça nous change des équipes de faux-semblants abominables avec suçage de bite à tous les étages.

"Eject"

Récemment, "Eject" est également sorti. Je suppose que tu as dû bien te marrer sur le tournage ?

Oui, surtout que c'était tourné dans mon entrepôt ! Alors du coup, je connaissais les lieux. J'y avais enterré quelques enfants quelques temps auparavant d'ailleurs, ça a été l'occasion de déblayer un peu leurs sépultures...

"Eject"

Le tournage de "Eject" était une apocalypse folle. C'était dans une petite ville du 77 avec moins de 10.000 habitants. Quand ils ont entendu des coups de feu, les gens du coin ont appelé les keufs, ahah !!! Et puis il y avait des filles à moitié à poil, des têtes ensanglantées... C'était vraiment la folie. Ce tournage date maintenant de plusieurs années... Ce que je retiendrais surtout de "Eject", c'est que tourner ce film a été un déclic pour moi. J'ai toujours été acteur, depuis que je suis enfant : au théâtre, dans des courts, etc... Et en faisant "Eject", en parlant avec l'équipe, je me suis soudain demandé pourquoi je ne mettais pas mon activité d'acteur au premier plan. C'est vrai, bordel ! Tu sais, mon Florent (tu permets que je t'appelle Florent ? C'est ton nom, d'ailleurs), j'ai toujours fait de la musique, toujours joué, toujours écrit, depuis que je suis gosse. Après 10 ans dans la presse papier de cinéma et de musique, j'ai ressenti quelque chose de très simple : rester de ce côté-ci de la barrière, c'était fini pour moi. Je concrétisais déjà des choses musicales et cinématographiques diverses depuis un moment, mais j'ai senti que c'était le moment de passer de l'autre côté pour de bon, de faire les choses. Certains, peut-être, ne sautent jamais le pas malgré l'envie, et c'est une chose terrible... Ça nourrit la rancœur, la frustration, la tristesse. Hors de question de ça, pour moi, j'ai toujours écouté mon cœur, et je m'efforce d'être honnête avec moi-même. Du coup, le métier d'acteur, que j'avais toujours fait en dilettante, est devenu depuis quelques années mon activité principale, tout comme celui de musicien. Ça n'est pas un changement de cap, c'est un changement de priorités.

"Dead Shadows"

"Dead shadows" est sorti dans plusieurs pays. Peut-on espérer une sortie DVD française prochainement ?

Oui ! C'est assez marrant ça, puisque la France a été l'un des derniers gros pays à acheter le film. Il est sorti en dvd et blu-ray en Allemagne, en salles en Grèce, il est prévu en salles au Japon et en dvd et blu-ray dans un max d'autres pays. Mais la France ? Bordel, la France !! Hé bien la France a acheté le film près d'un an après la première vente, qui était le Japon. Un an ! Alors que le film est tourné en français, et tourné en France ! Peut-être que David, le réalisateur et producteur, demandait 5 milliards de dollars pour vendre les droits, en fait ? Non, je pense que c'est surtout que personne ne voulait vraiment prendre le risque. C'est assez étonnant, ça montre bien qu'il est très dur de faire exister ce genre de films dans notre pays. Enfin, en même temps, "Le Secret" de Pascal Laugier a fait 600.000 entrées salles ! Mais bon, il était en anglais, et peut-être qu'une partie du public ne savait même pas qu'il s'agissait du film d'un français... Et puis les chiffres on s'en fout après tout. Je pense même que le public ne devrait pas connaître les chiffres. L'art, ça n'est pas des chiffres. Les chiffres, c'est pour les professionnels. Quand on va voir un film, on ne devrait pas savoir combien il a coûté, ni combien a touché le mec qui porte une perruque et se fait doubler dans ses scènes d'action. Il faut croire un peu, il faut garder une dimension spirituelle dans l'art. Aujourd'hui, pour vendre un film, on sort des chiffres : « 50 millions de dollars en un week-end ! Courez-y ! » Mais bordel, on s'en fout ! Tout le monde bouffe du McDo, mais c'est de la merde ! « 40 millions de morts pendant la seconde guerre mondiale ! Retournez dans le temps, c'était génial ! » Mike Patton avait tout résumé : « Mangez de la merde ! Un million de mouches ne peuvent pas avoir tort ! » Ahah...

"Dead Shadows"

"Dead Shadows" est un film important pour moi. J'y tiens le 4ème rôle, celui du méchant, j'y apparais assez peu au final, mais les apparitions fonctionnent bien, et j'aime ces scènes. Et puis ça m'a permis de rencontrer John Fallon, un vrai pote depuis, avec lequel je développe un nouveau long, "Eye See Death". C'est un projet étrange, un thriller noir, avec des éléments de buddy movie, le tout tapissé de psychédélisme et de fantastique. Je crois qu'on tient un truc intéressant. Le script est prêt, on va bien voir... Et aux réglages de combats, on retrouve... Manu Lanzi ! Je te l'ai dit, travailler en famille c'est un luxe et un plaisir !

Scène coupée de "Last Caress"

Comment expliques-tu que "Last Caress" ne soit toujours pas sorti chez nous alors qu’il est déjà sorti depuis pas mal de temps en Allemagne et en Suède ? Pour quelles raisons ne sort-il pas chez Le Chat qui Fume, alors qu’ils sont producteurs du film ?

Alors là, je vais te dire que je n'en sais rien du tout ! Mais rien ! Par contre, je peux te parler de Stéphane Bouyer, qui est l'un des deux boss du Chat qui fume, et le producteur de "Last Caress", et de "Die Die My Darling" dans lequel je joue un proxénète exubérant. Stéphane Bouyer est une sorte de chat fabriqué en forme d'armoire, qui aime les iPhone et les chips. Tu vois un peu le tableau ? C'est aussi également un pote, un mec que j'aime beaucoup. Tu n'as pas de chance, mon Florent, tu ne parles que de gens que j'aime bien ! Tu vas te faire chier. Tu voulais du scandale, tu vas avoir du « Feux de l'amour ». Bouyer, donc, c'est un mec cool, avec qui on peut parler, un mec qui prend des risques, qui met ses couilles sur la table. Il a produit pas mal de films de François Gaillard, dont les deux sus-cités, et il vient d'ailleurs de réaliser son premier long, actuellement en post-prod, et qui s'appelle "Run Rabbit Run". François, de son côté, termine son "One Wicked Night". Ces deux-là on en a fait des trucs ensemble. A chaque fois qu'on se voit, on rit. On rit ! Mais pas les rires en carton, hein, pas les rires façon « merde-il-est-pas-drôle-mais-il-faut-que-je-rie-parce-que-sinon-je-serais-plus-dans-la-grande-famille-du-cinéma », non ! Des rires de gens qui s'aiment bien, et qui rient. Ce genre de rires.

"Die Die My Darling"


Comment t’es-tu retrouvé dans "Le fils de Chucky" alors que tu n’avais alors jamais joué dans aucun film auparavant ?

En fait j'avais déjà joué dans quelques petits trucs auparavant, des choses plus modestes. Tu as potassé mon site internet d'acteur, toi ! C'est vrai que je n'y ai pas mis les films et les pièces de théâtre d'avant, car c'est un peu vieux maintenant... Bon, pour Chucky, j'étais sur le tournage du film parce que j'écrivais à l'époque pour l’Écran Fantastique. On m'avait envoyé en Roumanie pour faire un papier sur le film, tourné dans les Castel Studios, des studios de fou à quelques dizaines de kilomètres de Bucarest. Tu y vas, tu croises des gens qui traînent leurs bœufs sur le bord de la route, et puis tu débarques d'un coup dans le décor de "Cold Mountain" et de "Beowulf" (avec Lambert), avec Redman qui fait de la trottinette dans un coin, et John Waters qui sort des blagues de cul. Surréaliste ! C'était cool, on a vu comment ils animaient Chucky : il fallait six personnes pour faire bouger la poupée ! Une pour les yeux, l'autre pour la bouche, une autre pour les bras... Un travail de taré. La personne qui nous avait accueilli, une canadienne, avait bossé sur "Wanted", le film de Brad Mirman avec Johnny Hallyday, Renaud, Depardieu, Harvey Keitel... Elle nous racontait des anecdotes incroyables, nous décrivait tous ces mecs au quotidien. Une fois de plus, le plus cool était... Johnny ! Elle n'avait aucune idée de qui c'était, et le décrivait comme un vrai gentleman. Sacré Johnny ! Quelques années plus tard, j'ai passé quelques heures avec lui à Hong Kong, quand il tournait "Vengeance" de Johnnie To. Anthony Wong m'avait amené sur le plateau. Ça fait un peu « regarde, je connais du monde », mais non, je voudrais simplement souligner deux choses : d'abord, ce que la fille disait est vrai, Johnny Hallyday est un mec d'une simplicité et d'une gentillesse étonnante pour un type de sa stature. Le gars, il te vouvoie, il te demande ce que tu fais, il s'intéresse, il parle de Peckinpah, il a le sens de l'humour, et quand il rentre se coucher à 1h du mat', il passe devant toi et il te dit bonne nuit. Ça paraît con comme ça, mais ça ne l'est pas. Beaucoup devraient apprendre l'humilité, à regarder un mec comme ça, qui a tout vécu, se permettre de rester un homme à hauteur d'homme... Pas une seule fois je ne l'ai vu donner dans le « moi, je ».

"Le fils de Chucky"

La deuxième chose à souligner, c'est que Anthony Wong est également un gentleman. Je passerais les détails pour cette fois, mais je peux te dire que tous les gens impliqués dans "Vengeance" n'étaient pas de tout repos. Mais Anthony, et toute l'équipe de la Milky Way, la boite de Johnnie To, ont été impeccables. J'ai beaucoup de respect pour eux et pour leur amitié. Anthony est un mec qui a quelque chose d'essentiel : une parole. Et Lam Suet, c'est toujours un plaisir : il imitait les cris des actrices porno japonaises, et la sonnerie de son téléphone portable, c'est la musique de The Mission ! Comment veux-tu ne pas t'entendre avec des gens pareils ? Ahah...

Et pour terminer sur Chucky, lorsqu'on était sur le plateau, l'assistante cherchait des figurants. Je me suis proposé, et me voilà coincé aux côtés de John Waters, face à Jennifer Tilly ! C'était vraiment fou. Ils avaient reconstruit une ville hollywoodienne en Roumanie, ça leur coûtait moins cher que de tourner à L.A. ! John Waters était vraiment cool, toujours à déconner. On avait la même coupe de cheveux, alors il me demandait de me méfier des coups de soleil... Et quand Tilly devait se concentrer pour des photos de plateau, il la déconcentrait en lui demandant : « Did you fuck Chucky ? », ahah !!! Redman aussi était cool. En fait, tous les acteurs étaient là pour se marrer.


Peux-tu nous parler de ton groupe Fugu Dal Bronx ?

Fugu Dal Bronx est un projet que j'avais en tête depuis longtemps. J'avais auparavant un groupe de rock, Nu Kaiju, et participé à d'autres également, puis j'ai été amené à composer de la musique de films muets. J'en avais un peu ras-le-bol, à l'époque, du format « chanson », et travailler sur autant de musiques instrumentales (environ 4h30 en tout) m'a réellement ouvert d'autres portes. Puisque je suis quand même un enfant du rock, j'ai eu envie de mélanger les deux univers : le cinéma et le rock. Ainsi est né Fugu Dal Bronx, composé d'un trio basse/batterie/guitare, et d'un violon. Parfois, un piano. Je dirais que c'est du rock instrumental cinématographique. Les b.o. de films ont une grande influence sur nous, pour leur côté lyrique et narratif, émotionnel aussi. Et c'est bercé dans des riffs solides, ou un côté plus distordu, parfois metal. C'est difficile de parler de la musique avec des mots, mais je dirais ceux-là, voilà ! Un ami du batteur (le batteur, c'est Emeric Fortin, un homme bien sous tout rapport dont nous cherchons encore le vice caché) nous a vus en concert récemment, et dit « Vous êtes un quatuor de rock ». C'est une très jolie définition. Cet homme est un poète. Il mérite un gâteau de bananes nappé de quelque chose d'inattendu.

Rurik (Fugu Dal Bronx)

Fugu Dal Bronx donne des concerts, parfois des ciné-concerts, souvent les deux à la fois. On alterne au sein d'un même show. On n'utilise que des séquences indépendantes tirées de films, qu'on remonte ou pas, et non un film en entier. Ça nous permet de garder le contact avec le public, d'échanger entre les morceaux. Bordel, on est quand même un groupe de rock, merde ! C'est un putain de truc, Fugu Dal Bronx.

Tu composes donc également des musiques de film... Tu as notamment composé celle du DVD de "La conscience vengeresse". Peux-tu nous en parler ?

Oui, c'est à l’initiative de l'excellent Patrice Verry, qui s'occupe de Bach Films à Paris, que j'ai eu l'occasion de faire cette b.o. C'était un sacré taf, je me suis retrouvé devant un film avec que des gens morts, réalisé par un mort (D.W. Griffith), alors je me suis dit qu'il était peut-être plus facile pour moi de mourir également pour mieux comprendre l'état d'esprit du film. C'est ce que j'ai fait. J'ai péri, puis j'ai découpé "La Conscience vengeresse" en une trentaine de séquences, que j'ai illustrées musicalement une par une. C'était vraiment du système D : je n'avais qu'un 16 pistes acheté au Japon avec une qualité de son pas terrible. Parfois, le micro captait même le son du tuyau d'écoulement des chiottes du voisin. Authentique ! Je peux même te faire écouter à quel moment. Je suis allé en studio ensuite, enregistrer avec Laurent Coatalen, pour faire le violoncelle et le violon, notamment. Ce sont les seuls instruments que je n'ai pas joués moi-même, parce que je ne suis pas violoniste, ni violoncelliste, et il était hors de question d'utiliser des samples. Je voulais que tout sonne vrai. J'ai donc fait la guitare, qui est mon instrument de base, mais aussi le piano, la basse, les percussions, et le guzheng, qui est une sorte de harpe couchée qui vient de Chine. Cet instrument est fabuleux, vraiment habité d'une magie. Je l'ai acheté à Pékin, et ramené dans la soute de l'avion sans protection. Il est arrivé à Paris avec des pains partout, mais entier !

Je suis très content d'avoir fait cette b.o., tout comme celles des 12 ou 13 autres courts-métrages muets que j'ai faites, ou les deux chansons pour le film "Livide". J'aime composer, et le faire avec une petite contrainte, comme peut l'être le film que tu dois illustrer, est un défi intéressant, qui te mène parfois vers des contrées que tu n'aurais peut-être jamais visitées.

J'ai fait aussi le générique de début de la saison 2 de l'émission TV « + ou - Geek », ou celui de mon émission web « Distorsion », et c'est toujours un vrai plaisir, ce genre de trucs. Je suis toujours ouvert à ce genre de choses, à fond.


Tu es actuellement l’un des rédacteurs du magazine Metaluna. Selon toi en quoi se distingue t-il des autres magazines?

En fait, je suis rédacteur-en-chef de Metaluna, aux côtés de Jean-Pierre Putters, mon ami. Jean-Pierre et moi avons conçu ce magazine comme nous aimerions le découvrir : libre, transgressif, dégagé de contraintes commerciales étouffantes, et surtout, fait avec sincérité et avec une équipe de potes, qui ne cesse d'ailleurs de s'agrandir, et qui sont pour beaucoup dessinateurs, acteurs, écrivains, chanteurs, musiciens... C'était un sacré taf, ça l'est toujours, mais ça valait le coup : je crois qu'il n'y a pas d'équivalent dans la presse française ! En tout cas, il n'y en a plus, car les grands magazines libres et fous ont disparu, comme Metal Hurlant, Hara Kiri, Pilote, Actuel... Certains, comme Fluide Glacial, subsistent, mais ce sont des exceptions. D'autres sont devenus des caricatures de ce qu'ils étaient, et/ou ont vendu leur âme depuis longtemps, et ne vivent que sur une imposture. Je dois avouer que j'aime bien So Film, qui propose une alternative aux magazines de cinéma endormis et conformistes. Mais nous ne sommes pas uniquement un magazine de cinéma!

"Les incroyables aventures de Fusion Man"

Avec Metaluna, nous tentons de proposer un objet créatif, artistique, libre, culturel, provocateur. Une partie de l'équipe vient du défunt magazine Hard n' Heavy, dont Laurent le maquettiste et moi-même, tout comme Charlélie Arnaud ou Rose Hreidmarr. Hn'H, c'était le magazine de metal le plus fou de sa génération, et il n'a jamais été remplacé, son esprit encore moins. Avec Metaluna, nous nous efforçons de faire revivre un esprit « bande », un vrai, avec un côté créatif assez dingue, puisque chaque article est maquetté dans un style différent de celui qui précède ! Le travail graphique est fou, tout comme le choix des sujets, qui couvrent le cinéma dit « de genre », différent, la musique qui fait du bruit, qui provoque, la bd indépendante, les comics, l'érotisme... Nous parlons d'actualité, mais aussi de rétro. La dictature de l'actu, on s'en fout. Il y a des sujets fabuleux qui ne sont jamais traités « parce qu'il n'y a pas d'actu ». Dans Metaluna, si ça vaut le coup, on en parle ! L'intérêt, c'est de surprendre, d'informer, de cultiver, avec un ton drôle, léger, mais sans survoler les sujets. De Bruce Lee à Rob Zombie, de John Carpenter à Tolkien, des super-héros au porno des femmes, on fait le tour de la planète distordue ! Dans le dernier numéro, par exemple, on a un article sur les penchants scato de Spielberg, rédigé avec moult arguments par un très grand fan du cinéaste, le beau Pascal Stervinou. Ça n'est pas du point de vue cheap, c'est un article appuyé de détails. C'est incroyable!

Metaluna ne se cantonne pas à un rayon. Les rayons, c'est pour les teinturiers. Nous, on préfère mélanger les couleurs, mais avec un esprit. Metaluna, c'est un esprit. Les articles possèdent le même esprit culturel, même s'ils sont très différents. La plupart du temps, les lecteurs découvrent des trucs auxquels ils ne se seraient jamais intéressés s'ils ne l'avaient pas lu dans Metaluna. On fait des passerelles entre les genres, parce qu'ils sont tous reliés du même esprit. On passe de Carpenter à Phil Anselmo, de Caza à la Fistinière, de Kiss contre les fantômes à un collectionneur qui possède 160.000 livres chez lui... Le tout avec des putains de bd, signées par la crème des dessinateurs indépendants, comme Dav Guedin, Geoffroy Monde, Andy Herd ou David Snug... Metaluna, c'est un bel objet, tous les deux mois en kiosque, pour moins de 5 euros. Je ne me transforme pas en vendeur de saucisses, je suis simplement heureux qu'un magazine aussi libre et créatif puisse exister aujourd'hui, accessible à tous. C'est un beau truc, un truc sincère.

Je te l'ai dit plus haut, je ne me considère plus journaliste. J'en ai fait le tour, c'était une aventure fabuleuse, je ne regrette rien. Ma vie d'aujourd'hui c'est la création, dans le cinéma et la musique notamment. Dans Metaluna, j'écris un peu aussi, je dessine également. Et Metaluna, c'est davantage qu'un magazine, pour moi. Ça n'est pas une nouvelle étape de journalisme, c'est un espace d'expression, un acte culturel et libertaire, un souffle de vie. Voilà pourquoi nous avons eu envie qu'il existe, il nous paraissait nécessaire ! S'il existait déjà, nous ne l'aurions pas copié. Nous l'aurions lu.

"Innocence"

Parmi les magazines auquel tu as collaboré (Hard’n’Heavy, Rock Sound, Rock One, Hard Rock Magazine, Asia Pulp, L’écran fantastique, Mad Movies, Impact, Metaluna etc… La liste est longue!!!), pour lequel as-tu préféré travailler ?

Sans aucun doute, c'est Metaluna. Ouais, ça sonne comme le musicien qui te vend son dernier album en disant « C'est mon meilleur ! », mais qu'y puis-je ? Metaluna, c'est le meilleur de ce que j'ai pu vivre personnellement dans la presse, et de ce que j'avais toujours voulu voir dans un magazine culturel, réuni en un seul magazine ! Mais je me dois aussi de citer Hard n' Heavy. Ça, c'était une équipe, une vraie, avec des engueulades, des rigolades, des conneries, du bordel, et des mecs qui connaissaient leur sujet sur le bout des doigts et qui faisaient le meilleur mag de sa catégorie. Hard n' Heavy, c'était la preuve qu'on peut faire un mag incroyable, dans une ambiance délirante ! Je n'ai jamais oublié ça !

Parce que j'ai vu tellement de bassesse de la part de certains autres, tellement de lâcheté que j'en ai encore plein la semelle de mes tongs. J'ai déchanté parfois, je peux te le dire. J'ai cru à des mensonges, et découvert leur médiocrité une fois passée la porte d'entrée. Certains se réclament d'un esprit qu'ils usurpent. Tu sais, mon Florent, il y a beaucoup de gens dans la presse qui n'osent pas dire à quel point le magazine dans lequel ils écrivent est géré comme un McDo, parce qu'ils veulent à tout prix garder leur place. Si tu passais les gens au détecteur de mensonges, tu ferais tomber bien des faux-semblants ! Et comme me disait William Blanc, un ami de vingt ans qui écrit notamment dans Metaluna : « Non, c'est même pas comme un McDo, parce que dans un McDo, au moins, tu peux te syndiquer !» Il n'a pas tort... Taxer certains patrons minables et certains petits chefaillons de gérants de McDo, c'est encore leur faire trop d'honneur : ils ne sont même pas dignes de l'odeur du graillon.

"Paris by night of the living dead"


Peux-tu nous parler des tensions qu’il y a actuellement entre Metaluna et Mad Movies ? Je suppose que tout comme Jean-Pierre Putters, cela doit beaucoup te toucher.

Tu sais quoi, j'ai lu que la mention « fondateur : Jean-Pierre Putters » a été retirée brutalement du magazine qu'il a fondé il y a 41 ans, et dans lequel il avait écrit tout ce temps ? J'ai lu aussi quelque part sur facebook que Christophe Lemaire, mec génial, ami de Jean-Pierre et légende de la presse cinéma, et qui écrivait dans les deux premiers numéros de Metaluna, aurait été « prié de choisir », et qu'il « a joué la sécurité, sachant bien qu'il pourrait toujours revenir » chez Metaluna, « alors que la réciproque ne serait peut-être pas garantie » ? On lit de ces trucs, quand même !

Tiens, je t'ai parlé de l'Asie, j'y ai passé pas mal de temps, notamment en Chine. Tu y es allé ? On y trouve des choses étonnantes, des gens curieux de découvertes. Et puis il y a ce film, là, "Confucius"... Tu l'as vu ? Moi non, mais il avait dit pas mal de trucs marquants, ce mec. Je crois même que c'est lui qui disait quelque chose comme « Savoir ce qui est juste et ne pas le faire est la pire des lâchetés. »

Tu as été présentateur d’une émission hebdomadaire pour Mad Movies, maintenant, tu t’occupes de Distorsion, une émission proposée par Metaluna et tu es également chroniqueur cinéma pour Planète + No Limit. Tu n’arrêtes jamais !!! Comment arrives-tu à concilier toutes ces activités?

C'est marrant, on m'a posé exactement la même question ailleurs... je vais finir par croire que c'est toi qui fait toutes les interviews ! Pour répondre à ta question, je ne sais pas comment je fais, parce qu'il est écrit dans la bible : « Tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance, car lorsque tu en mangeras, tu mourras. » Alors laisse-moi te dire que je ne suis pas près d'en manger !


Enfin, je crois que tu t’entraînes maintenant régulièrement au combat chorégraphié avec Manu Lanzi... Comment vous êtes-vous rencontré ?

Manu et moi, on s'est rencontré alors qu'il préparait "Le Réserviste". Tout de suite, ça a collé. Il est super, Manu ! D'ailleurs, la première fois que je me suis entraîné avec ce coquin, je me suis claqué le muscle du mollet droit en donnant un kick. Mais sévère, hein ! Avec béquilles et tout... Ahah, ça posait la couleur tout de suite ! Ça m'apprendra. J'ai depuis réappris l'importance de l'échauffement. C'est un plaisir de travailler avec Manu. Il est dur, mais il est juste. Il n'est pas là pour faire semblant, il est là pour que tu progresses. Auparavant, j'avais fait du judo quand j'étais petit, comme beaucoup. Puis j'avais fait un peu de kung-fu, un peu de tae kwon do, un ou deux ans d'aïkido avec un prof génial, Eric Jalabert (qui avait même fait un stage avec Steven Seagal !). Travailler avec Manu, et sa team de cascadeurs, ça m'a fait grimper plusieurs niveaux. Je ne suis pas un ninja comme les assassins qui bossent avec lui, mais j’apprends énormément à son contact. Manu a d'ailleurs également une rubrique dans Metaluna, où il décrypte le cinéma d'action !

Quels sont tes futurs projets ?

Côté cinéma, il y a donc "Eye See Death", ce thriller d'action psychédélique qu'on essaye de monter. John Fallon et moi nous partageons les rôles principaux, Manu est attaché au projet, le script est prêt, on va bien voir.

Il y a aussi quelques courts-métrages intéressants en gestation, dont l'un s'annonce vraiment différent pour moi. Le réalisateur m'a dit qu'il souhaitait montrer un aspect de moi en temps qu'acteur qu'on a peu vu jusqu'à présent : ça me fait plaisir, c'est une démarche qui m'intéresse.

Fugu Dal Bronx continue, on a pas mal de concerts de prévus à la rentrée, sur Paris, sur Angoulême, et ailleurs sûrement. Et nous allons bientôt bosser sur le successeur de notre 5 titres « Ti Nedo To Xtro », qui sera cette fois un album complet.

Je continue aussi bien sûr Distorsion, l'émission vidéo de Metaluna sur www.metalunamag.com, qui est très fictionnelle, mise en scène et étrange. C'est un espace de création enrichissant, comme un petit film à chaque fois.

Et puis, bien sûr, je m'efforce de compter les morceaux de gravier que je trouve, mais putain, que c'est long !

"Norbert le Vampire"

Merci Rurik! Et bon courage pour ta quête ô combien singulière…mais courageuse!

Voici pour finir une sélection de DVD et de Blu-ray auquel Rurik a participé:

Le fils de Chucky

Le fils de Chucky
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Le fils de Chucky (Blu-ray)

Le fils de Chucky (Blu-ray)
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Eject

Eject
Amazon à 9.99€
Fnac à 13€
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Paris by night of the living dead

Paris by night of the living dead
Fnac à 11€
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The divide - Edition collector (Blu-ray + 2 DVD)

The divide - Edition collector (Blu-ray + 2 DVD)
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La conscience vengeresse

La conscience vengeresse
Fnac à 11€
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Livide (Blu-ray)

Livide (Blu-ray)
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