24.04.13

05:00:00, Cat�gories: Interview  

Interview de David Morley :

Par Nicofeel

De passage à Lyon pour présenter son film Home sweet home en première mondiale au festival Hallucinations collectives, David Morley a gentiment accepté de répondre à mes questions.

Bonjour David. Es-tu déjà venu auparavant dans des festivals de cinéma ?

Avec mon précédent film, Mutants, j'ai fait plusieurs festivals dont celui de Gérardmer en France. C'est la première fois que le film était diffusé. J'ai aussi présenté le film à l'étranger (en Espagne, au Japon, en Inde).
Ici, à Hallucinations collectives, l'ambiance est très soft par rapport à d'autres festivals où les gens sont très virulents. Je pense notamment au festival de San Sebastian ou au BIFFF.

Apprécies-tu l'ambiance de ces festivals ?

Evidemment, c'est toujours agréable de venir sur un festival et de rencontrer des spectateurs. Il n'y a guère que là que l'on peut rencontrer les amateurs spécialistes de films de genre.
Après, je ne suis pas un geek. Je n'ai pas une connaissance pointue des films de genre. De mon côté, j'aime toutes les formes de cinéma.

Quelles sont tes influences culturelles ?

Pour parler du cinéma, je suis de la génération Spielberg. Je suis né au milieu des années 70 et j'ai grandi avec le cinéma hollywoodien des années 80, en passant de Schwarzi à Stallone. J'aime beaucoup le cinéma hollywoodien des années 70. J'aime aussi le cinéma de Scorsese, de Cronenberg, de Clint Eastwood. Je suis assez ouvert en terme de cinéma.
Je remarque par ailleurs que je m'intéresse de plus en plus à des choses pointues. Je redécrouvre les classiques français avec par exemple les films de Pialat.
Sinon, je demeure un grand fan de westerns. Pour moi, c'est le genre par excellence.
J'aime aussi beaucoup la photographie, la peinture expressionniste, le cubisme.
Côté musical, j'adore les Rolling Stones.

Qu'est-ce qui t'a amené à faire des films ?

Les dents de la mer de Steven Spielberg. Je l'ai vu à 9 ans, en cachette, puisque vu mon jeune âge je n'avais pas le droit de le voir. Pour moi, ce film était l'angoisse absolue. En même temps, la sensation qu'il m'avait procuré était incroyable. C'est sans conteste mon film culte. A une époque, avec mon frangin, on se récitait tous les dialogues ! C'est que ce film et le westerns (Léone, John Ford) qui m'ont donné envie de faire du cinéma.


J'ai vu ton premier film Mutants. Avec ce nouveau film, Home sweet home, on reste dans le genre, même si la thématique est différente. Pourquoi le cinéma de genre alors que c'est un cinéma peu porteur en France ?

Un jour j'ai fait un court métrage qui s'appelait Organik (2005) qui était plus pour moi un film social. Il était traité de manière sombre, un peu à la Cronenberg. J'ai eu la chance de remporter le grand prix du court métrage à Gérardmer.
Par la suite, on m'a appelé pour réaliser les “french frayeurs” sur Canal Plus. J'ai proposé Mutants mais il ne s'agissait pas d'un film que j'avais écrit et que je voulais absolument faire. En cela, Mutants est une commande. Il fallait répondre à un cahier des charges bien précis. C'est comme cela que je suis arrivé dans le film de genre.
Voilà, l'étiquette est tout de suite collée dans le dos et je suis désormais considéré comme un réalisateur de films de genre.

Comptes-tu d'ailleurs en rester au cinéma de genre ou souhaites-tu par exemple mettre en scène une comédie romantique ?

Je serais très satisfait de faire une comédie romantique. Je travaille actuellement sur un polar, mais aussi sur une comédie dans le milieu du rock. Je ne fais pas ça pour casser une image puisqu'un film c'est au minimum deux ans de travail. C'est juste une envie de raconter autre chose.

On en vient à ton nouveau film : Home sweet home. Pourquoi a-t-il été tourné au Canada et pas en France ?

Comme pour Mutants, c'est une commande. J'ai reçu une proposition de producteurs canadiens. Comme j'étais libre à ce moment là et que je n'avais pas tourné depuis quelque temps, j'ai saisi cette opportunité.
Cela me permettait en outre de découvrir une nouvelle façon de travailler et d'approfondir mon anglais.

Peut-on avoir une idée du budget du film ?

Mutants bénéficiait d'un budget à un million d'euros. Pour Home sweet home, on est sur un micro budget : j'ai eu 3 à 4 fois moins d'argent que sur Mutants. Le film a été tourné en 12 jours. Cela donne une idée du rythme durant le tournage.

Comment s'est effectué le choix des acteurs ?

J'ai travaillé avec une directrice de casting sur place. On choisit les comédiens en fonction du budget que l'on a et là-bas c'est très réglementé. C'est très professionnel et c'est ce que j'ai apprécié. Là-bas, le fait d'être comédien est un vrai métier. Même pour les petits films, on peut trouver d'excellents acteurs qui vont donner le meilleur d'eux-mêmes.
J'ai choisi les trois acteurs principaux. Je souhaitais avoir un petit couple sympathique. Pour le tueur, les producteurs souhaitaient une sorte de boogeyman. Moi je ne voulais pas un tueur massif avec une hache de 12 mètres de long ! Je souhaitais au contraire un tueur qui ait quelque chose de clinique, de froid, de maîtrisé. C'est lui qui dicterait le rythme du film.

On peut assimiler le film à un “home invasion”. Dans un genre balisé, comment as-tu adopté un regard neuf ?

Je n'ai eu aucune prétention de faire quelque chose d'original. Je voulais au contraire faire quelque chose de classique et bien mis en scène. L'idée était vraiment de répondre à un cahier des charges bien précis.
Pour autant, je ne voulais pas d'un tueur qui grogne. Concernant l'aspect purement visuel du film, je ne souhaitais pas jouer avec une maison sombre qu'on a vu sept millions de fois. L'idée était d'avoir une maison qui soit une sorte de cocon (Home sweet home). Et dans ce cocon il y a un ver à l'intérieur. C'est cela qui m'intéressait, plus que de jouer sur des couloirs sombres.
Je voulais quelque chose de très sobre, même au niveau du traitement de violence.

Cela contraste avec Mutants, qui est gore de bout en bout.

J'estimais que j'avais fait assez de choses gore. C'est plus la torture psychologique qui m'intéressait dans Home sweet home.

Les scènes violentes sont d'ailleurs bien plus marquantes de cette façon.

Home sweet home est pour moi un mélange entre Halloween et Funny games. Pour le traitement de la violence, il y a beaucoup de choses qui ont lieu hors champ. Il ne s'agissait pas non plus de sublimer la violence avec des ralentis.

J'ai apprécié la mise en place de l'histoire où l'on se focalise sur le tueur que l'on ne voit pas. On ne sait pas s'il a déjà commis des méfaits ou s'il va le faire. Est-ce que cette idée était déjà présente dans le script ?

C'était déjà dans le script. Par rapport à la question précédente, je n'étais pas à la recherche absolue d'originalité. Pour autant, je trouvais sympathique de commencer avec le tueur. Parce qu'on visite la maison avec lui. On ne sait pas où on est. On ne sait pas qui il est. On ne connaît pas ses intentions. En fait, c'est plus un film sur le tueur que sur le couple. On découvre qui il est dans les dernières minutes du film et la fin reste ouverte.
Et puis ça me plaisait bien que l'on ait le point de vue du tueur, avec son sarcasme de temps en temps. Ce psychopathe aime jouer avec les nerfs de ses victimes.

Y-a-t-il une scène dont tu es particulièrement fier dans Home sweet home ?

Non, pas spécialement. Je suis satisfait du résultat dans l'ensemble, même s'il y a évidemment toujours des éléments qui sont perfectibles.
Je pense que le cahier des charges a été rempli et de mon côté j'ai appris des choses.
Maintenant il faut que le film ait sa vie.

Quels sont tes projets ?

J'en ai quelques-uns. Je suis en recherche de financement auprès de producteurs. J'ai un polar, intitulé Point de chute, en réflexion. C'est la suite logique de ce que j'ai fait jusqu'à présent.
Sinon, j'ai un projet très personnel, Rockabilly, qui traiterait du rockabilly dans les années 50 et se déroulerait dans une prison. C'est le film que je cherche à monter. Cela n'est pas du tout la prison crado à la Prison break mais au contraire le charme des années 50 de la culture américaine qui rencontre le charme des 30 Glorieuses chez nous. J'espère que je trouverai les bons partenaires pour monter ce film.


Merci David. On te souhaite le meilleur pour la suite.

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