22.11.12

06:33:56, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Killer Joe

Réalisateur : William Friedkin

Date de sortie au cinéma : 5 septembre 2012

Durée du film : 1h42

Avec : Matthew McConaughey (Killer Joe), Emile Hirsch (Chris Smith), Juno Temple (Dottie Smith), Thomas Haden Church (Ansel Smith), Gina Gershon (Sharla Smith), Marc Macaulay (Digger Soames), etc.

Par Nicofeel

Après le traumatisant Bug, le cinéaste américain William Friedkin, auteur de plusieurs films bien marquants – Le convoi de la peur, Cruising, Police fédérale Los Angeles – est de retour au cinéma. Cette fois, il adapte une pièce de théâtre de Tracy Letts dont le scénario a tout du film noir : un jeune homme, Chris Smith, dealer à la petite semaine, doit 6000 dollars pour dette de jeu et décide de faire supprimer sa mère pour toucher son assurance-vie. Mais comme c'est un minable, Chris décide de faire assassiner sa mère par un professionnel : Joe Cooper alias Killer Joe.
Dès le départ, on est mis dans l'ambiance de ce film amoral qui va rester sur cette droite ligne durant toute sa durée. Car toute la famille Smith est mise au diapason au niveau du plan de Chris : le père, Ansel Smith, au QI pas très élevé ; la sœur, Dottie, qui joue la jeune fille prude mais se révèle dans les faits un véritable petit démon ; la belle-mère, Sharla, une femme peu farouche. William Friedkin n'y va pas avec le dos de la cuillère et décrit un microcosme de la basse société américaine où la bêtise et l'amoralité vont de pair. Car il faut tout de même être sacrément inconscient et dénué de sentiments pour décider de tuer sa mère pour quelques milliers de dollars.
Aucun personnage n'est là pour rattraper et ce plan machiavélique va finir par se rattraper contre ses auteurs comme c'est souvent le cas dans ce type de circonstances. En effet, le tueur mystérieux et dérangeant que constitue Killer Joe a bien senti le coup venir et s'est dit qu'il y a matière avec tous ces imbéciles de tirer profit de la situation. Ce qu'il n'hésite pas à faire d'entrée de jeu en prenant la jeune Dottie comme caution, puisque la famille Smith ne dispose même pas de l'argent nécessaire pour le payer.

Évidemment, Dottie va servir d'objet sexuel à Killer Joe qui ne va pas se gêner pour dépuceler cette jeune fille dans une scène bien dérangeante, où l'on est à la limite de la pédophilie. La sexualité est d'ailleurs évoquée sans ambages dans ce film avec la belle-mère, Sharla, qui ne songe qu'à coucher avec des hommes, et trompe donc sans remords son époux. Mais toute cette sexualité n'est pas saine, puisque dans le cas de Killer Joe, elle répond à ses instincts de pervers et dans le cas de Sharla elle est la conséquence d'un adultère.
En somme, tout le monde agit en fonction de ses (bas) instincts et cette sexualité détournée n'est qu'une preuve de plus de ce microcosme sociétal peu reluisant. Tous ces personnages sont enfermés dans leurs propres idées stupides et malsaines et l'on peut donc dresser un parallèle avec le précédent film de Friedkin, Bug, où l'enfermement (mental) était la thématique principale du film.
Ce n'est donc pas étonnant si pour Killer Joe, l'action se déroule dans un quasi huis-clos où les personnages sont à l'image de cette caravane crasseuse où ils vivent.
Si le film de Friedkin est déjà riche au niveau de son scénario, il l'est également par le ton adopté. Car Killer Joe est un thriller qui prend des allures de comédie noire, voire carrément de farce. L'humour noir bien senti du film permet au spectateur d'adopter une une distance par rapport à ce qu'il voit à l'écran.
Ce qui n'est pas plus mal car entre des symboles érotiques bien explicites (vous ne verrez plus le poulet frit de la même façon après ce film) et quelques scènes d'une violence inouïe, William Friedkin n'y va pas de main morte. Manifestement, le cinéaste américain s'amuse beaucoup à mettre à mal la société américaine. Le personnage de Killer Joe agit comme une sorte d'ange exterminateur (Bunuel ne renierait d'ailleurs pas le ton adopté par ce film) et aucun personnage n'a grâce à ses yeux. A trop vouloir jouer avec le feu, les membres de la famille Smith se brûlés.
Ces loosers magnifiques sont incarnés avec brio par toute une brochette d'excellents acteurs. Emile Hirsch est parfait dans le rôle de ce minable dealer qui n'a jamais une idée intelligente en tête ; son père à l'écran est incarné par Thomas Haden Church qui paraît crédible dans le rôle de ce père. Les femmes ne sont pas mal non plus. Juno Temple, vue notamment dans le délirant Kaboom, est excellente en femme-enfant complètement déconnectée de la réalité. Quant à Gina Gershon, habituée à des rôles de garce, elle est à nouveau mise à contribution et donne corps à cette serveuse vulgaire et volage.
Mais sans conteste l'acteur le plus brillant du film est contre toute attente Matthew McConaughey. Aux antipodes de ses rôles de minet (Un mariage trop parfait, Playboy à saisir, Hanté par ses ex), il représente le charismatique Killer Joe, un personnage tout à la fois charmeur, inquiétant et pervers. Sans conteste, le personnage de Killer Joe restera l'une des grandes figures de l'année 2012 et la prestation de Matthew McConaughey n'y est nullement étrangère.
En somme, Killer Joe constitue un très bon film et certainement un des meilleurs de son auteur. En raison de la dureté de certaines séquences, il est tout de même à réserver à un public averti.

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