14.11.12

19:03:11, Cat�gories: Top 10  

Appréciant les films d'horreur, j'ai eu l'idée de vous concocter le top 20 commenté de mes films d'horreur préférés.

L'idée n'a pas été de les classer par ordre d’importance (ce qui est d’ailleurs extrêmement subjectif) mais uniquement par ordre de sortie dans les salles. En effet, même si j’ai une préférence pour certains par rapport à d’autres, ces films m’ont tous plu pour des raisons diverses. Ils sont par ailleurs pour la plupart des classiques du genre.

Mon classement a été divisé en deux parties car il y a beaucoup de lecture et je ne souhaite pas désespérer les internautes !

Les yeux sans visage de Georges Franju (1959) :

L'histoire : Le docteur Génessier tente de redonner un beau visage à sa fille Christiane, qui a été défigurée suite à un accident de voiture. Mais pour cela il a besoin d'effectuer des greffes de peau sur des jeunes filles.

Mon avis : Les réussites du cinéma français dans le genre fantastique sont extrêmement rares et donc d'autant plus remarquables. Les yeux sans visage fait partie de cette courte liste.

En adaptant le roman homonyme de Jean Redon, Georges Franju réalise un film dont le thème central est celui de la passion. Le docteur Génessier n'est pas une caricature de docteur fou. Il a parfaitement conscience des actes qu'il commet : « J'ai fait tant de mal pour arriver à ce miracle », déclare-t-il, lorsqu'il pense avoir réussi à greffer un visage à sa fille Christiane. Pierre Brasseur campe avec brio le rôle de ce professeur froid, méthodique et d'un incroyable calme en toutes circonstances. Il demeure constamment lucide, malgré son côté obsessionnel. Pour parvenir à ses fins, il bénéficie de l'aide indéfectible de son assistante, la belle Louise, interprétée par une impeccable Alida Valli qui use de différents stratagèmes pour attirer des futures proies.

La propriété de Génessier qui comporte de grands escaliers, de nombreuses pièces et un sous-sol où l'on trouve la salle des opérations n'est pas sans rappeler les films gothiques. D'ailleurs, le film bénéficie d'une très belle photographie où toutes les nuances du noir et blanc sont superbement mises en valeur.

On a certes affaire à un film d'horreur comme le montre la première scène d'opération qui est particulièrement sanglante. Pourtant, il se dégage de manière générale une sorte de poésie avec notamment le personnage de Christiane que l'on sent constamment tiraillé entre d'une part son regret d'être défiguré et de devoir porter ce masque et d'autre part sa compassion pour les victimes de son père. Edith Scob fait passer beaucoup d'émotion au travers de son personnage dont on ne voit pourtant que les yeux.

Plusieurs séquences sont magnifiques, comme ce moment où le contraste entre le noir et la lumière donne l'impression que Christiane, tout de blanc vêtue, est un fantôme. La fin du film est également magnifique avec Christiane qui quitte son domaine avec une colombe à la main, ce qui est ô combien symbolique.

Ce film est un chef-d’œuvre dont Almodovar s'est inspiré pour mettre en scène La piel que habito.

La nuit du loup-garou de Terence Fisher (1961) :

L'histoire : L'action se déroule au XVIIIème siècle, en Espagne. Né du viol d'un mendiant sur une pauvre servante, Léon est un jeune homme qui transforme en loup-garou à la pleine lune et égorge alors des brebis afin de boire leur sang.

Mon avis : Réalisateur attitré à la célèbre firme Hammer, dont il est d'ailleurs sans nul doute le cinéaste le plus talentueux, le grand Terence Fisher, auteur des remarquables Le cauchemar de Dracula, La malédiction des pharaons ou encore Le retour de Frankenstein, met en scène en 1961 La nuit du loup-garou (on lui préférera son titre original, beaucoup plus en adéquation avec la thématique du film, The curse of the werewolf qui signifie La malédiction du loup-garou).

Comme souvent dans les films de la Hammer, La nuit du loup-garou bénéficie d'une superbe esthétique gothique, très colorée.

Si La nuit du loup-garou un très grand film gothique, ce n'est pas seulement en raison du soin apporté à la photographie et aux décors du film. C'est surtout parce que Terence Fisher y inclut une considération sociale qui saute aux yeux. Dans ce film qui se déroule en Espagne (et non en Angleterre comme c'est généralement l'habitude pour les films estampillés Hammer), on est d'ailleurs assez proche d'un film de Luis Buñuel avec le peuple que l'on oppose aux nobles (voir sur ce point les origines de Léon), ou encore la beauté que l'on retrouve souillée. Dans le film, à de nombreuses reprises, on voit qu'il y a un rapport maîtres-esclaves. Le héros principal, joué par un jeune Oliver Reed (à la présence magnétique), est d'ailleurs issu du peuple et victime d'une malédiction qui l'empêche de vivre normalement.

Le film de Fisher utilise les ressorts du film d'horreur mais c'est aussi et surtout une terrible tragédie. La fin du film est déchirante.

Avec La nuit du loup-garou, Terence Fisher livre un film humaniste très fort, qui est d'abord un hymne à la tolérance. C'est incontestablement une grande réussite à découvrir sans plus tarder.

Les innocents de Jack Clayton (1961) :

L'histoire : A la fin du XIXème siècle, miss Giddens est recrutée en tant que gouvernante pour s'occuper de deux enfants, Flora et Miles. Très rapidement, elle semble apercevoir les fantômes de personnes décédées.

Mon avis : Jack Clayton est un réalisateur rare mais précieux. Son premier film, Les chemins de la haute ville, a obtenu un oscar. Les innocents constitue son second film et confirme tout le talent de ce cinéaste.

Basé sur une nouvelle d'Henry James, Les innocents est un film fantastique. C'est même plus que ça. Le film transcende le genre. Car Les innocents est avant tout un formidable drame humain. Qu'est-ce que montre au juste Les innocents ? Une gouvernante rigoriste, puritaine qui doit s'occuper de deux enfants dans une demeure qui fait bien vide.

Interprétée par une Deborah Kerr qui n'en fait jamais trop du point de vue de son jeu d'actrice, la gouvernante semble de plus en plus affectée par des visions qu'elle a dans cette demeure (elle voit d'abord un homme en haut d'une tour ; elle aperçoit à plusieurs reprises une femme près du lac, etc.). Le spectateur peut d'ailleurs se faire sa propre opinion car on a toujours le point de vue de Deborah Kerr. On ne sait pas vraiment si ses visions sont réelles ou non.

Imprégnant un climat de plus en plus lourd et malsain jusqu'à un final tétanisant, Clayton brosse également le portrait de deux enfants à la mine angélique qui sont loin d'être au-dessus de tout soupçon et qui en font voir à leur gouvernante. Les rapports avec les enfants sont particulièrement spéciaux, notamment entre la gouvernante et le garçon, qui sont quasiment pédophiles.

La tension du film est palpable, et ce notamment grâce à une très belle photographie (superbe noir et blanc), une excellente utilisation de l'espace du réalisateur et à une mise en scène très fluide.

La fin du film, qui clôt la boucle, laisse le spectateur se faire sa propre opinion de ce qu'il vient de voir. Le film comporte au demeurant plusieurs degrés de lecture.

En tout cas, il s'agit sans aucun doute d'un très grand film qui est supérieur à mon sens à La maison du diable de Robert Wise, qui constitue le classique du genre.

Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974) :

L'histoire : Une bande de jeunes débarque dans un endroit isolé aux Etats-Unis où sévit une famille de dégénérés.

Mon avis : Tobe Hooper est un réalisateur pour le moins inégal. Capable du pire (Night terrors, Crocodile), il réussit le meilleur avec Massacre à la tronçonneuse, en signant tout simplement l'un des films d'horreur les plus marquants de l'histoire du cinéma.

A la base, Massacre à la tronçonneuse est soi disant issu d'un fait divers. En fait, Tobe Hooper a repris une partie de la vie du célèbre psychopathe Ed Gein. Pour appuyer son point de vue, il a décidé de tourner avec un grain bien visible et une photographie qui accroît le côté crade et in fine malaisant de ce long métrage. Plusieurs scènes du film sont sont difficilement soutenables et restent durablement dans l'esprit du spectateur. Ainsi, tel est le cas lorsque l'on découvre pour la première fois la maison de l'horreur avec ses os et ses débris ou encore la fameuse scène du repas qui se révèle particulièrement éprouvante.

Mais surtout Massacre à la tronçonneuse a donné naissance à l'une des figures les plus emblématiques du cinéma d'horreur : Leatherface. Avec son masque constitué de peau humaine et son caractère marqué par une absence évidente d'émotion, Leatherface fait vraiment peur à chaque fois qu'il apparaît à l'écran, comme lors de cette scène où ce boucher psychopathe accroche une de ses victimes, comme s'il s'agissait d'un jambon. Et puis quelle tension dès que l'on entend cette tronçonneuse. Ce bruit est bien plus efficace que n'importe quelle bande son.

Pourtant, Massacre à la tronçonneuse n'est pas un film d'horreur où il y a une profusion de scènes gore. Bien au contraire. Le film joue avant tout sur une ambiance pesante et inquiétante, ce qui participe sans conteste à sa grande réussite.

A noter que dans le rôle de Sally, l’héroïne du film, Marilyn Burns est excellente et constitue un adversaire de choix à Leatherface. Ce rôle a marqué sa carrière de comédienne, faisant d'elle immédiatement l'une des « scream queen » les plus connues et les plus adorées dans le monde.

Voilà en tout cas un pur chef d'oeuvre qui est bien plus traumatisant que n'importe quel « torture porn » actuel.

Suspiria de Dario Argento (1976) :

L'histoire : Suzy, une jeune américaine, arrive à Fribourg pour suivre des cours de danse dans une académie prestigieuse. A peine est-elle arrivée dans ces lieux que des meurtres ont lieu.

Mon avis : Dario Argento est un cinéaste bien connu des fans de films d'horreur. Sa période faste va de 1970 (L'oiseau au plumage de cristal) à 1985 (Phenomena). Durant toute cette époque, il met en scène plusieurs films de très grande qualité, dont Suspiria constitue sans doute le chef d’œuvre absolu.

Suspiria constitue la symbiose parfaite entre deux genres dans lesquels Argento s'était déjà illustre : le giallo et le film fantastique. Ici, il est question d'un mystérieux tueur qui assassine des jeunes filles. Comme dans tout bon giallo qui se respecte, le tueur est ganté et demeure inconnu jusqu'à la fin. Les meurtres sont également bien graphiques, là encore une constante du giallo. Mais Argento va plus loin, bien plus loin. Il n'y a pas que les meurtres qui sont graphiques. L'ensemble du film bénéficie d'une photographie sublime, avec des couleurs chatoyantes, tantôt rouges (les couloirs de la demeure notamment), tantôt bleutées.

Tout cela concourt à donner l'impression de voir de véritables tableaux.

Le côté fantastique est également omniprésent. La demeure où se situe l'action fait baroque dans son style pictural mais aussi par les différents décors qui ont été joints. Les événements surnaturels sont légion, à l'instar de l'être mystérieux dont on ne voit que les yeux qui s'en prend à une jeune fille, du chien qui égorge sans raison son maître ou encore de la sorcière qui semble rôder sur la demeure.

Avec des cadrages magnifiques, des plans d'une beauté étourdissante, un suspense constant (qui est le tueur?), Suspiria est un film très prenant. Ajoutons à tout cela la musique des Goblin, et notamment le thème principal de Suspiria, qui par son côté entêtant et quasi incantatoire, accroît la tension du film.

Avec Suspiria, Dario Argento est parvenu à une alchimie magnifique, donnant au cinéma fantastique une de ses lettres de noblesse. Il est dommage que cet immense auteur accumule depuis plusieurs années des films de qualité médiocre.

Zombie de George A. Romero (1978) :

L'histoire : Les zombies ont envahi la Terre. Un groupe de survivants a décidé de se réfugier dans un centre commercial qui semble abandonné.

Mon avis : Après La nuit des morts-vivants, Zombie constitue le deuxième volet de la trilogie des morts-vivants de George A. Romero. Et le film prend un côté encore plus universel. C'est d'ailleurs à ce film que l'on doit la célèbre expression selon laquelle : « quand il n'y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur Terre. »

Ici, les zombies tuent les êtres humains pour se nourrir. On assiste aux aventures de quelques survivants, qui ont choisi de se cacher dans un centre commercial. La force du film de Romero est d'avoir brillamment réussi à dépasser son stade de film d'horreur. Certes, il y a bien des scènes horrifiques avec des meurtres d'êtres humains et la destruction de zombies. Pour autant, cela n'est pas spécifiquement le sujet principal du film. Dans Zombie, Romero entend s'attaquer à notre société de consommation. Et cet élément se retrouve à plusieurs moments dans le film : il y a d'abord le fait que les zombies sont attirés par le centre commercial comme s'ils étaient conditionnés par leur ancienne vie d'être humain ; il y a aussi le fait que les survivants se plaisent à voler toutes sortes de choses, qui ne sont pas toutes d'une grande utilité. Et puis il y a l'arrivée des motards qui viennent piller des choses inutiles, au risque de leur vie.

Car les zombies de Romero, qui font plus vrais que nature grâce aux excellents maquillages de Tom Savini, sont certes lents mais très nombreux. Il est donc difficile de s'en sortir.

Dans ce film, Romero est également novateur dans les rôles principaux qu'il distribue. C'est ainsi que les deux personnages principaux sont interprétés par un acteur noir (excellent Ken Foree, dont le personnage semble fort en apparence mais a de vrais cas de conscience qui le mènent jusqu'à songer au suicide) et par une femme. L'un et l'autre comprennent aisément que dans la situation chaotique qu'ils traversent, il ne s'agit plus de vivre mais de survivre. Et pour cela, la cohésion de groupe est essentielle, ce que n'a de cesse de montrer Romero.

Film apocalyptique qui dresse un constat extrêmement sombre de notre humanité, Zombie de George A. Romero est un film qui livre un message politique et c'est la raison pour laquelle, plus de 30 ans après sa sortie, il continue d'être une référence.

Halloween de John Carpenter (1979) :

L'histoire : En 1963, alors âgé de 6 ans, le jeune Michael Myers assassine sauvagement sa soeur. Il est alors interné en hôpital psychiatrique. Mais la veille d'Halloween 1978, il réussit à s'échapper et revient dans la ville où il a commis son crime originel.

Mon avis : Réalisé par John Carpenter, Halloween est devenu au fil des années une référence incontournable du film d'horreur et par extension du slasher (film où des adolescents se font tuer par un mystérieux tueur).

Pourtant, à y regarder de près, le scénario n'a en soi rien d'exceptionnel. On suit un dangereux criminel qui s'est évadé dans la nature et qui va faire de nouvelles victimes.

Oui mais voilà l'Halloween de John Carpenter joue sur une ambiance particulière. En filmant les ruelles et chaque recoin en alternant plans larges et plans serrés, John Carpenter instaure une tension permanente. On sent que Michael Myers peut arriver à tout moment. D'ailleurs, à plusieurs reprises, on l'aperçoit et on sent son souffle. Sa présence en toutes circonstances est une façon de signifier que la mort rôde.

Car le tueur emblématique d'Halloween est un symbole de mort à lui tout seul. Michael Myers est un serial-killer qui est afflublé constamment d'un masque (le titre du film en français est d'ailleurs La nuit des masques). Il ne parle pas et on connait pas ses motivations. C'est juste un homme dérangé qui tue des gens sans raisons. Le docteur Loomis (Donald Pleasance), qui l'a étudié pendant des années, dit de lui que c'est « le mal ». Dans le film, il est même comparé à un croque-mitaine. L'héroïne du film, la pure Laurie, jouée par une jeune Jamie Lee Curtis, dit à un moment donné : « J'ai tué le croque-mitaine. » Un enfant lui répond : « Tu sais bien que lui il ne meurt pas. » Et effectivement la fin du film montre bien que Michael Myers est intuable.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on frissonne à chaque fois qu'on le voit arriver. Les personnes décédées ne sont pas nombreuses mais elles sont à chaque fois marquantes, comme le meurtre de Judith Myers au début du film ou encore celui d'une des amies de Laurie, lorsque Michael Myers est déguisé en fantôme.

Jouant constamment sur une ambiance tendue, Halloween bénéficie en outre d'une excellente bande-son signée John Carpenter. Sa musique est certes minimaliste avec simplement quelques notes mais elle se révèle d'une redoutable efficacité.

En somme, Halloween est un film d'horreur bien prenant qui n'a pas pris une ride.

L'enfer des zombies de Lucio Fulci (1979) :

L'histoire : Un voilier en provenance des Antilles arrive dans la baie de New York. Il comporte à son bord un zombie. Quatre hommes et femmes se rendent sur l'île d'où provient le zombie.

Mon avis : L'enfer des zombies est l'un des films les plus célèbres de Lucio Fulci. Il revient aux origines du zombie puisqu'il se déroule sur une île où la légende du vaudou est mêlée à l'arrivée du mort-vivant. En dépit d'un scénario classique, Fulci réussit à sublimer son matériau de base.

Le film est caractéristique du style Fulci : les débordements gore sont fréquents et l'ambiance qui se dégage du film est particulièrement morbide. C'est ainsi que certaines scènes, devenues cultes, sont marquantes et mêmes malaisantes pour certaines : la scène de l'écharde dans l’œil est parfaitement réalisée par un Fulci qui prend son temps pour faire monter la tension ; la scène où les zombies font un festin en mangeant madame Menard est bien écœurante ; le réveil de zombies qui sortent de terre est impressionnant. On a aussi le combat aquatique d'un zombie avec un requin ou encore l'invasion de zombies sur un pont de New York.

L'enfer des zombies est remarquable par cette mort qui rôde partout et se révèle parfois violente (têtes de zombies explosées, morsures de zombies suivies de peaux déchirées). La musique de Fabio Frizzi avec son thème au synthétiseur qui est métronomique accroît le côté morbide de l'ensemble.

Lucio Fulci ne cherche pas comme Romero à donner une signification à l'action de ses zombies. Son film est suffisamment efficace avec ces monstres qui sont des morts à l'aspect repoussant qui marchent et sont à la recherche de chair fraîche.

Dans ce film, Fulci fait aussi plaisir au spectateur en dévoilant les charmes de ses belles actrices. Les starlettes Olga Karlatos (la scène de la douche) et Auretta Gay apportent un érotisme soft au film. Seule Tisa Farrow, plutôt convaincante dans le film, échappe aux scènes de nudité.

Au final, L'enfer des zombies un film majeur du cinéma horrifique qui continue de faire son effet.

Shining de Stanley Kubrick (1980) :

L'histoire : Jack Torrance s'installe pour l'hiver dans un hôtel de montagne avec son épouse et son fils. Progressivement, il devient de plus en plus inquiétant pour sa famille.

Mon avis : Le réalisateur Stanley Kubrick n'est pas le type de cinéaste que l'on peut considérer comme attaché à un genre. Il a touché un peu à tout, avec le succès qu'on lui connaît. Avec Shining, il adapte à sa façon un roman éponyme du maître de l'épouvante Stephen King.

Le fantastique est omniprésent dans ce film avec notamment cet immense hôtel où se déroule l'action qui est construit sur un cimetière ou encore le fait que Danny, le fils de Jack Torrance, possède des dons de médium (le shining du film).

Stanley Kubrick se plaît à incorporer des éléments fantastiques dans son récit, ce qui participe à l'ambiance inquiétante qui se dégage de ce film : Danny voyant à de nombreuses reprises deux jeunes filles ensanglantées, qui ont été assassinées autrefois par leur père ; le sang se déversant de l'ascenseur ; Danny sentant une présence dans la mystérieuse chambre 237 ; Jack perdant progressivement pied avec la réalité, qui se fait servir de l'alcool au bar de l'hôtel alors qu'il est absolument seul.

Par ailleurs, la mise en scène de Kubrick est particulièrement adaptée à son environnement. Après nous avoir montré que l'hôtel est situé en montagne, dans un endroit complètement isolé du reste du monde, il filme les longs couloirs de l'hôtel à coup de travellings et plans séquence où l'on suit Danny avec son tricycle, ce qui fait monter la tension.

Au niveau de la distribution, Jack Nicholson est inoubliable dans le rôle de Jack Torrance, ce romancier qui n'arrive pas à écrire son roman et qui sombre dans la folie, comme il le laisse entendre à un moment à sa femme : « J'ai rêvé que je vous tuais, toi et Danny. Je suis en train de perdre la raison. »

Et effectivement, Jack va complètement sombrer sur le plan mental, à l'image de la fin du film où il traque comme un fou furieux son fils Danny, d'abord dans l'hôtel puis dans les sombres dédales d'un labyrinthe enneigé.

Shining demeure une des meilleures adaptations de Stephen King et un excellent film de Stanley Kubrick.

L'au-delà de Lucio Fulci (1981) :

L'histoire : Une jeune femme, Liza Merrill, hérite d'un hôtel qui a été construit à l'endroit d'une porte de l'enfer.

Mon avis : En 1979, Lucio Fulci avait déjà scotché son monde avec L'enfer des zombies. En 1981, il réalise avec L'au-delà ce qui constitue à mon sens le point culminant de sa carrière.

L'au-delà parvient à mettre en symbiose deux éléments qui paraissent a priori antinomiques : le réalisme et le surréalisme. Comme dans ses autres longs métrages, Lucio Fulci se laisse aller à des débordements gore où l'on voit à plusieurs reprises des chairs meurtries, en décomposition. Les meurtres dans le film sont nombreux et particulièrement sanglants : personnage cloué vivant ; aveugle agressé par son chien ; femme qui meurt en recevant de l'acide sur le visage ; mygales qui dévorent le visage d'un homme. Ces scènes se voulant comme réalistes, car elles dégoûtent d'autant plus le spectateur, sont légion dans L'au-delà.

Dans le même temps, les séquences surréalistes sont omniprésentes. On aperçoit ainsi une femme qui a les yeux vides ; l’héroïne (incarnée par une excellente Catriona McCall) rencontre de manière étrange sur une route une aveugle et son chien ; un tableau se met à saigner ; les morts se relèvent et attaquent les vivants.

En alliant admirablement le réalisme et le surréalisme, Lucio Fulci réussit un film d'horreur oppressant, où la mort rôde immanquablement. Pour les personnages du film, il n'y a d'ailleurs aucune échappatoire. Après avoir réussi à échapper à une horde de zombies dans un hôpital, ils atterrissent dans l'hôtel maléfique qui conduit directement à l'enfer. La dernière scène (qui fait écho au début du film où un homme terminait un tableau) clôt admirablement le film. C'est sans nul doute l'une des fins les plus sombres et les plus poétiques que le cinéma d'horreur ait connu. Cette poésie morbide est en outre sublimée par le thème principal de la musique de Fabio Frizzi qui est tout à la fois entêtante, incantatoire et symbole de l'inéluctable.

Jouant sur le réalisme de ses meurtres dans un environnement mystérieux, L'au-delà dispose d'une atmosphère morbide et poétique incomparable. A voir et à revoir.

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