08.11.12

20:48:06, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Chained

Réalisatrice : Jennifer Lynch

Année : 2012

Origine : Etats-Unis

Durée du film : 94 minutes

Avec : Vincent D'Onofrio (Bob), Eamon Farren (Tim / Rabbit), Julia Ormond (Sarah Fittler), etc.

Par Nicofeel

Après des films aussi prometteurs que Boxing Helena (1993) et Surveillance (2008), Jennifer Lynch s'était pris les pieds dans le tapis avec le risible Hisss (2010) tourné en Inde. Suite à ce film calamiteux, on ne pensait pas franchement que la fille de David Lynch réussirait rapidement à rebondir.
Et pourtant, avec son nouveau long métrage intitulé sobrement Chained, elle signe un thriller très prenant.
Dans la veine de Surveillance, Jennifer Lynch s'intéresse à un serial-killer. Il s'agit de Bob, un chauffeur de taxi, qui enlève des femmes pour les ramener chez lui afin de les séquestrer et les tuer.
Un jour, il kidnappe une femme et son fils âgé de neuf ans, Tim. Il tue la femme mais laisse la vie sauve à l'enfant. Il ne s'agit pas d'un geste de bonté vis-à-vis de l'enfant puisqu'il a décidé d'en faire son esclave.
C'est ainsi que le canevas du film, qui pouvait apparaître jusque-là relativement classique, va révéler l'intégralité de son potentiel.
Dans un film comme Old boy, un homme est kidnappé et retenu prisonnier pendant treize ans avant d'être relâché. Dans Chained, Tim va vivre toute son enfance et son adolescence en compagnie de son kidnappeur.
Tim est tout à la fois l'esclave et l'assistant de Bob. En plus de devoir préparer les repas de son maître, il doit nettoyer la maison, notamment suite aux meurtres commis par Bob. Il n'est pas autorisé à faire la moindre chose sans avoir l'autorisation de Bob.
En plus, il dispose d'une nouvelle identité qui lui est imposée : Bob le renomme « rabbit », autrement dit lapin, qui fait bien entendu écho au lapin (Tim) et au chasseur (Bob). Il y a d'un côté la victime et de l'autre le prédateur.
Tim est donc réduit à l'état de simple esclave. Sa condition est d'ailleurs matérialisée par une chaîne qui l'empêche de s'échapper. Il peut toujours crier. Rien ni personne ne viendra le secourir puisque la maison de Bob est perdue en rase campagne.
Jennifer Lynch parvient parfaitement à caractériser l'esprit pervers et dérangé de Bob. Il se plaît à torturer des gens, à violer des femmes, à commettre des meurtres et par-dessus tout à filmer les monstruosités qu'il commet. Et comme si cela ne suffisait pas, il a comme idée que Rabbit soit comme lui.
Ainsi, lorsque Rabbit arrive à l'âge adulte, Bob accepte de lui rendre une partie de sa liberté, à condition qu'il tue des jeunes filles. On a rarement vu dans un film un psychopathe qui a comme projet de façonner une de ses victimes pour en faire un meurtrier.
Bob se délecte du fait que Rabbit résiste à ses demandes et qu'il n'a pas envie de faire du mal à des jeunes femmes. Comme pour attiser son envie ou à tout le moins la frustration qu'il a accumulée au cours des années passées, Bob choisit de ramener à celui qu'il considère de plus en plus comme son fils une belle étudiante, afin que Rabbit puisse abuser d'elle sur le plan sexuel avant de la tuer.
Bob est complètement fou et la cinéaste montre à plusieurs reprises les cauchemars de Bob, qui ne sont rien d'autre que des réminiscences de son passé où il a vécu un trauma dans son enfance. Bob aurait été maltraité et cela hante ses nuits. Et même ses jours au vu de son comportement de détraqué. On perçoit aisément que Bob n'est pas prêt de changer en bien. En revanche, la question est de savoir si le cerveau de Rabbit va finir par être parasité par l'esprit tordu de Bob qui veut faire de lui un monstre.
La réalisatrice Jennifer Lynch a eu la bonne idée de limiter l'action du film à un environnement restreint. Mis à part de rares sorties extérieures de Bob en voiture, le film se déroule en huis-clos, dans cette maison de l'horreur. A l'instar de Rabbit, qui est d'abord trop petit pour réagir, puis qui est sous l'emprise psychologique de Bob, on assiste à ces meurtres horribles, qui n'ont d'autre but que d'assouvir les pulsions meurtrières d'un psychopathe.
Pendant toute sa durée, le film laisse le spectateur sous tension. Jennifer Lynch ne tombe à aucun moment dans la facilité. A cet égard, même quand les choses semblent aller mieux pour Rabbit, on a droit à un twist terrifiant qui nous en apprend plus sur sa famille.
La fin est du même acabit. Il convient d'ailleurs de rester attentif jusqu'au générique de fin, puisque lors de celui-ci on entend des bruits qui peuvent nous mettre sur certaines pistes. Et pas forcément les plus appréciables...
Notons que la réussite du film doit beaucoup à son acteur principal, Vincent D'Onofrio, qui interprète avec maestria le rôle de Bob. L'acteur est comme habité et le personnage monstrueux qu'il campe fait froid dans le dos. Vincent D'Onofrio n'avait pas été aussi brillant sur le grand écran depuis le film Claire Dolan (1998) de Lodge Kerrigan où il jouait d'ailleurs le rôle d'un chauffeur de taxi.
L'acteur Eamon Farren est quant à lui parfait en jeune homme timide, effacé et perturbé.
Muni d'une mise en scène efficace, d'un scénario retors et d'une distribution de qualité, Chained se révèle d'une redoutable efficacité. Le film a obtenu récemment deux prix au festival du film de Sitges, le prix du meilleur acteur à Vincent d'Onofrio et le prix spécial du jury, qui sont totalement mérités.

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