05.09.12

05:00:00, Cat�gories: Dossier  

Nouveau venu dans la catégorie des festivals de cinéma, Champs-Elysées film festival s'est invité pendant une semaine – du 6 au 12 juin 2012 – sur la plus prestigieuse avenue du monde.

Les organisateurs ont souhaité apporter un nouvel éclat aux Champs-Elysées sur le plan culturel, permettant au public de visionner des avant-premières de films américains et de films français, mais aussi plusieurs rétrospectives de qualité.

Pour ma part, je me suis rendu sur le festival durant le week-end des 9 et 10 juin 2012, ce qui m'a tout de même permis pendant ce laps de temps relativement court de regarder sept films.

J'ai constaté une organisation au top, surtout si l'on considère qu'il s'agit de la première édition de ce festival.

D'abord, j'ai pu récupérer avec une grande facilité le festival pass (qui donne accès à toutes les séances), qui était au prix très convenable de 35 euros. Ensuite, je me suis rendu dans les salles de cinéma qui participaient au festival. On notera sur ce point que les organisateurs ont eu la bonne idée d'utiliser des lieux de projection très proches les uns des autres, ce qui permet au spectateur de pouvoir passer sans souci d'un cinéma à l'autre, sans être pressé par le temps.

Photos-0006D'autant que même si les salles étaient plutôt pleines, il n'y a eu que peu d'attente au pour entrer dans les salles. Autre point très positif : les films ont tous été lancés dans les temps qui étaient indiqués sur le programme.

Au niveau de la programmation, Champs-Elysées film festival proposait une sélection très riche et hétéroclite avec une prédominance de films américains. Il était possible de voir, outre des avant-premières et de rétrospectives de films américains, des films étrangers ayant concouru pour l'oscar du meilleur film étranger.

Et puis comme on est dans un festival, il y avait naturellement des invités. Les séances étaient agrémentées pour certaines d'elles de la présence de réalisateurs et d'acteurs des équipes des films projetés. Si je n'ai pas eu le plaisir d'assister aux interviews de Donald Sutherland, de Michael Madsen ou encore de Lambert Wilson, j'ai pu écouter avec intérêt les interventions des équipes des films de Blank city et de Not waving but drowning.

De mon côté, j'ai été particulièrement proche de la thématique dominante du festival en voyant six films américains sur sept visionnés, le 7ème étant par ailleurs le film canadien ayant concouru à l'oscar du meilleur film étranger.

Au final, j'ai été très satisfait par ce nouveau festival de cinéma, en espérant qu'une deuxième édition aura lieu l'an prochain.

En attendant, je vous invite à lire ci-après mon avis sur les sept films que j'ai eu le plaisir de regarder.

Les séances du samedi 9 juin 2012 :

1) Brake de Gabe Torres :

La critique du film : Réalisé par Gabe Torres, Brake (qui signifie en français kidnapping) raconte l'histoire d'un homme, travaillant pour les services secrets américains, qui est emprisonné dans le coffre d'une voiture. La question est évidemment de savoir ce que veulent ses ravisseurs, ce qu'ils attendent de lui. On ne tarde pas à le savoir. Il faut qu'il dise où se trouve « Roulette », un bunker de repli du président américain.

Pour arriver à leurs fins, les kidnappeurs sont prêts à tout. C'est d'ailleurs l'une des grandes qualités du film. En effet, l'agent Jeremy Reins est victime tout à la fois de torture physique et de torture mentale

Les rebondissements dans ce film sont nombreux et on ne s'ennuie pas une seconde. On a l'impression d'assister à un film d'action mené tambour battant, à l'image d'un épisode de 24 heures chrono.

Par ailleurs, si le film se suit plutôt bien, c'est aussi et surtout grâce à la performance de Stephen Dorff qui est tout bonnement excellent dans le rôle de l'agent Jeremy Reins.

Pour autant, malgré des qualités évidentes, Brake est plombé par certains défauts qui mettent à mal l'intérêt du film.

D'abord, il faut bien remarquer que le film manque singulièrement d'originalité. L'histoire de cet homme qui est enfermé et pris en otage par des terroristes rappelle étrangement le film Buried. Mais surtout, Brake se saborde de lui-même dans son épilogue. En effet, la fin à twists est aussi incroyable que stupide.

Mon avis sur le film en quelques mots : Un film d'action globalement efficace, qui souffre d'un final peu crédible.

2) Terri d'Azazel Jacobs :

La critique du film : Réalisé par Azazel Jacobs, Terri est un adolescent, au physique disgracieux, qui vit avec son vieil et s'occupe de son vieil oncle. Terri est présenté comme un jeu homme qui se sent mal dans sa peau. Vivant reclus, n'ayant pas d'amis, il est même la risée de son lycée où il vient bien souvent en pyjama. Certains élèves se moquent de son physique en l'appelant « gros tas » ou encore « gros nibards ».

Cette chronique adolescente douce-amère va cependant proposer une évolution de son principal personnage. Et pour cela, Terri va pouvoir compter sur le soutien indéfectible du principal de son lycée, qui est décidé à l'aider coûte que coûte. Tout le film est fondé sur cette relation pleine de sensibilité et de subtilité.

Terri va progressivement s'ouvrir aux autres et se faire de nouveaux amis. Rempli d'humanisme, le film n'oublie pas pour autant d'être très drôle par instants : entre les remarques du principal, de Terri, de Chad, on a droit à de sacrés moments de rigolade. Sans compter que certaines scènes sont volontairement très drôles, comme cet épisode où le prêtre vient célébrer un enterrement et s'en va directement après avoir parlé en latin.

Film tout à la fois drôle et touchant, qui place la vie au centre de tout, Terri est un film très intéressant à regarder.

La réussite du film est sans nul doute due à son excellent casting, où l'on retient notamment les compositions de Jacob Wysocki dans le rôle de Terri et de John C. Reilly dans celui du principal.

Voilà à mon sens le meilleur film que j'ai vu lors de ce festival.

Mon avis sur le film en quelques mots : Une chronique sociale attachante et pleine de sensibilité.

3) Summertime de Matthew Gordon :

La critique du film : Mis en scène par Matthew Gordon dont c'est le premier film, Summertime est une chronique familiale qui montre clairement que tout n'est pas facile dans la vie et que certains restent des exclus de la société.

De manière plus générale, le film met à mal le rêve américain avec ce grand frère, Lucas, qui revient dans sa famille mais qui a tout raté alors qu'il était il y a quelques années un jeune espoir au niveau du football américain.

Cela étant dit, le film porte son attention dans cette histoire sur le frère cadet, Robbie, pour qui tout n'est pas rose – il n'a pas de père et sa mère est absente - mais qui tente de s'en sortir. Ce garçon un peu sauvage est décidé à ne pas se laisser faire ni à laisser insulter sa famille : « Un nom c'est tout ce qu'on a. »

Le film établit bien les rapports très étroits entre Robbie et son jeune frère qui passent beaucoup de temps ensemble et les rapports beaucoup plus contrariés entre Robbie et Lucas.

Le film comprend à de nombreuses la voix off de William Ruffin, jeune acteur prodigieux qui interprète avec beaucoup de naturel le rôle de Robbie, et qui indique ses états d'âme à son professeur par le biais d'une lettre.

Summertime est par ailleurs un film quasi poétique avec une musique calme et une insistance sur des paysages naturels qui rappellent le cinéma de Terrence Malick. Cette poésie ne sera pas forcément du goût de tout le monde, certains spectateurs pouvant considérer qu'elle donne un côté dérythmé au film.

Summertime est au final une sympathique découverte, qui vaut surtout pour l'interprétation de son jeune acteur principal.

Mon avis sur le film en quelques mots : Une chronique familiale réaliste, portée à bout de bras par un jeune acteur au talent remarquable.

4) Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau :

La critique du film : En adaptant avec Monsieur Lazhar la pièce d'un dramaturge québécois, le cinéaste Philippe Falardeau signe là sans conteste son meilleur film. Le pari n'était pourtant pas gagné d'avance car le film aborde des sujets difficiles et sensibles tels que le suicide et la politique en matière d'immigration.

Ici, suite au suicide d'une institutrice, un homme, Bachir Lazhar propose ses services à la directrice d'école pour enseigner aux enfants (âgés de 12 ans) qui n'ont plus de professeur. Le film réussit adroitement à dépasser ses thématiques de base pour montrer que chacun a des zones d'ombre (culpabilité) mais que chacun recèle en lui une véritable humanité (rédemption). La question du remords plane sans cesse au-dessus de ce film, sans qu'il y ait pour autant d'un côté les bons et de l'autre les méchants. Évitant tout manichéisme, le film fait preuve d'une vraie finesse et d'une véritable ouverture d'esprit. Si le personnage s'appelle Lazhar, ce n'est manifestement pas un hasard. On peut penser que c'est une façon pour le réalisateur de faire écho à ce personnage qui a ressuscité. L'évolution du personnage principal du film quant à sa situation sur le plan de l'immigration et le pardon des enfants en partie responsables du suicide de leur institutrice sont sans aucun doute des éléments qui font penser à Lazare.

Film très subtil qui ne cède jamais à la facilité sur le plan moral et qui ne se montre pas insistant sur la politique de l'immigration, Monsieur Lazhar est un film qui laisse au spectateur la possibilité de se forger sa propre opinion. Ce long métrage a largement mérité d'être présent à l'oscar du meilleur film étranger.

Mon avis sur le film en quelques mots : Un drame qui évite brillamment tout manichéisme.

5) Tabloïd de Errol Morris :

La critique du film : Mis en scène par Errol Morris, Tabloïd est un film documentaire qui s'intéresse au personnage complètement excentrique et farfelu que constitue Joyce McKinney. Cette femme, ex-miss Wyoming, s'est rendue célèbre pour avoir kidnappé un missionnaire mormon dont elle était tombée follement amoureuse. Le film comprend des interviews récentes avec notamment Joyce McKinney qui explique son histoire de son point de vue et d'autres protagonistes qui apportent des éléments d'explications. Ce long métrage est également agrémenté de vidéos et de photos d'époque.

Si ce fait divers paraît quelque peu incroyable, le réalisateur du film joue à fond la carte de l'humour. En effet, de nombreux propos de Joyce McKinney apparaissent quasiment comme surréalistes. De plus, le film est entrecoupé d'images tirées d'autres films, de photos montages, de petites séquences d'animation, ou de mots inscrits sur l'écran (impuissance ; vérité) qui donnent un côté décalé et drôle à l'ensemble.

Ce documentaire relate d'abord cette histoire d'amour impossible ; puis le fait que les tabloïds ont profité du passé pour le moins flou de Joyce (était-elle dans sa jeunesse une prostituée?) pour en faire leurs gros titres ; et enfin l'événement incroyable où Joyce a souhaité cloner son chien décédé.

La phrase de Joyce qui raconte vers la fin du film : « Comme l'a dit Brigitte Bardot, j'ai donné ma jeunesse aux hommes, je donne ma vieillesse aux chiens » est révélatrice de l'état d'esprit particulier de cette personne et du ton pour le moins léger et amusant de ce documentaire.

Mon avis sur le film en quelques mots : Un documentaire plein d'humour sur une histoire extravagante.

6) Blank city de Céline Danhier :

La critique du film : La jeune cinéaste française Céline Danhier a mis en scène un film documentaire sur le New York des années 70, en s'intéressant aux quartiers pauvres et crasseux de la ville qui a été celle d'une grande richesse sur le plan du cinéma et de la musique.

A la vue de Blank city, on imagine aisément que sa réalisatrice a dû passer beaucoup de temps à préparer son film. Car il y a de très nombreuses interviews avec des protagonistes de l'époque et de très nombreux extraits de films ou de concerts qui sont très rares voire carrément invisibles du côté de la France.

Tous ces films se révèlent de véritables curiosités de nos jours, des films transgressifs qui ne sont « peut-être naïfs et maladroits mais intègres et sincères ».

A cette époque où New York apparaît dans certains quartiers à l'état d'abandon (on voit des bâtiments abandonnés, délabrés), certains jeunes gens sans le sous ont décidé de faire preuve d'un véritable système D pour tourner des films.

Ce film qui montre par ailleurs l'interaction des artistes new-yorkais à cette époque entre la musique « no wave » (à ne pas mélanger avec la new wave) et le cinéma, est plaisant à regarder, d'autant qu'on a en fond une bande son tout à fait entraînante.

Cela dit, on reste quand même un peu sur sa faim. Car à moins d'être un connaisseur du New-York de cette époque, on finit par être un peu perdu avec un documentaire qui passe d'une personne sans que l'on est l'impression qu'il y a un fil directeur derrière tout ça.

En outre, le contexte socio-économique et culturel aurait pu faire l'objet d'explications. De même, certains éléments qui sont abordés ne sont que survolés, comme par exemple l'arrivée du sida ou la transformation de la ville de New York qui devient l'apanage des riches.

Au final, Blank city constitue un documentaire très riche au niveau des interviews et des extraits d'archives mais qui manque quelque peu d'explications qui auraient eu le mérite de le rendre plus clair.

Mon avis sur le film en quelques mots : Un documentaire avec de nombreuses images d'archives qui manque d'explications pour le néophyte.

7) Not waving but drowning :

La critique du film : Sur le papier, Not waving but drowning, est l'un des films les plus intéressants de ce festival. En effet, le synopsis raconte que deux amies, très proches l'une de l'autre, vont être amenées à évoluer chacune de leur côté. Le film entend montrer en filigranes le passage de l'adolescence à l'âge adulte.

Quoi d'ailleurs de plus logique pour filmer nos deux héroïnes que de disposer d'une réalisatrice ? C'est la cinéaste Devyn Waitt qui est derrière la caméra pour mettre en scène ce film. Elle a d'ailleurs l'avantage de filmer deux actrices principales, Vanessa Ray et Megan Guinan, qui sont confondantes de naturel. Elles représentent sans conteste la qualité première du film. Au crédit du film, on peut aussi noter une musique pop qui apporte un vrai plus et quelques scènes oniriques quasi évanescentes qui sont plaisantes à regarder. Et c'est tout au niveau des points positifs.

Malheureusement, le film est plombé par un certain nombre de défauts. Le premier est ce prélude intitulé « le côté féminin qui est en vous » dont on ne voit pas franchement le lien avec le reste du film. Le second est une photographie qui est par moments plutôt laide (à moins qu'il ne s'agisse d'une volonté de produire un côté « réaliste » à ce long métrage). Surtout, le film paraît complètement dérythmé et les histoires de ces deux jeunes filles peinent sérieusement à passionner le spectateur. Du coup, on s'ennuie quelque peu ce qui est fort dommage car il y avait matière à faire quelque chose de bien. Not waving but drowning constitue donc une réelle déception. Et c'est la seule de ce festival.

Mon avis sur le film en quelques mots : Un film sur deux post-adolescentes servi par de bonnes actrices mais qui souffre d'un défaut de rythme.

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