31.05.12

05:00:00, Cat�gories: Interview  

Par Flo001fg

Karim Hussain

Connu surtout chez nous en tant que scénariste de "Abandonnée" et chef opérateur de films comme "Territoires" ou encore "Hobo with a shotgun", Karim Hussain est un personnage atypique, un réalisateur hors normes et un chef opérateur de talent. Il a eu la gentillesse d’accepter de répondre à mes questions pour DVDpasCher :

Sur le tournage de "The Theatre Bizarre"

- Bonjour Karim. "The Theatre Bizarre" est sorti en France dans les salles le 9 mai. Peux-tu nous parler de cette expérience?

"The Theatre Bizarre" a été une expérience super, sur le plan humain durant le tournage et en post prod et aussi pour sa sortie festival et cinéma aux États-Unis. C’était une chance de renouveler ma relation avec la réalisation et le public. Un des meilleurs trucs de ce film était de travailler avec des amis en une équipe de réalisateurs réunis pour la plus part. Même si on travaillait dans des pays différents et avec des prods différentes, la majorité des réalisateurs étaient très ouverts à partager leur travail et leurs idées avec les autres car on visait un long métrage complet en bout de course et pas juste des trucs séparés et individualistes. En tout cas, on était vraiment une équipe très proche durant tout le long du processus, chose qui a continué durant la tournée festival, donc on allait en groupe parfois, alors on confrontait le truc entre amis ce qui diminuait le niveau de stress qui arrive beaucoup lors d’une projection.

Pour mon épisode "Vision Stains", la chose la plus marrante de sa sortie festival est que des gens s’évanouissaient à la vue des seringues qui pénètrent les yeux en gros plan, ce qui donnait une espèce de notoriété sur la chose qui était impressionnante. Moi-même, j’ai pu être témoin du moment où un homme a perdu connaissance après la projection de "The Theatre Bizarre" au Festival de Gérardmer. Drôle de sensation de sortir de la salle du cinéma et voir les pompiers dehors. Mais je suis content que personne n’a été sérieusement blessé et que tout va bien. Le producteur David Gregory estime que la récolte connue des évanouissements en festival pour le film est de 7 personnes, 6 hommes et malheureusement, une femme. Je pensais que c’était seulement les hommes qui pouvaient pas encaisser le film, mais finalement une femme New-yorkaise est tombée dans les pommes durant sa sortie salle. Dommage !

Sur le tournage de "Subconscious cruelty"

- Peux-tu nous parler des différents problèmes que tu as rencontrés pour la sortie de ton premier long-métrage "Subconscious cruelty"?

Ça a été une naissance par feu, comment dire… Ça a pris 6 ans et demi du premier jour de tournage à la copie 35mm, j’ai été arrêté par les douanes Canadiennes pour cause d’obscénité, donc il a fallut cacher le négatif sous un faux nom pendant un temps et ceci après qu’on ait payé à un pirate une rançon parce qu’il avait bloqué le négatif au laboratoire. Et ça c’est sans les difficultés de faire un film avant la révolution numérique (donc en 16mm avec copie positif film pour le montage et finition traditionnel et gonflage 35mm optique) pour 100 000 dollars canadien tout inclus. Il a fallut être très jeune et très têtu pour pouvoir accomplir tout ça pour le montant dérisoire qu’on avait.

Sur le tournage de "Ascension"

- Personnellement, je trouve qu'"Ascension", ton deuxième long-métrage est assez difficile d'accès. Quels souvenirs gardes-tu de ce film?

En effet, c’est un film très difficile, qui parle fort à un public très spécifique, mais aussi très marginal. Ça a été étrangement un grand succès en Norvège, le DVD se vendant mieux que certains grands films Hollywoodiens, ce qui était assez étrange. Il a quand même gagné le Prix Nouvelle Visions au Festival de Sitges lors de sa sortie, mais c’est un film tellement difficile à présenter, tellement ironique, que ce n’est pas tout le monde qui va capter son absurdité, c’était en effet un pari très risqué dont j’ai appris sûrement beaucoup de leçons. J’aime le film, mais je comprends que certaines personnes ne l’aiment pas du tout. C’est un film difficile, mais aussi un film qui va au bout de son délire. Ça été très dur pour moi lors de la sortie, avec les réactions si polarisées, mais certains ont capté l’humour et l’absurdité cynique du métrage, qui me fait plaisir. Mais je ne ferai plus jamais un film comme ça. J’ai exorcisé ces tendances avec ce film. Et j’ai appris énormément sur les acteurs et sur la diplomatie de travailler avec une boîte Japonaise.

Avec Carole Laure sur le tournage de "La belle bête"

- Après avoir tourné deux films en anglais, tu as tourné ton troisième film, "La belle bête", en français. Pour quelles raisons?

Premièrement, le roman dont le film est adapté, était écrit en français, alors c’était logique de suivre la langue d’origine du texte. Mais aussi, au Québec, le financement pouvait se faire plus facilement si le film était en français, alors cela a été aussi une des raisons principales.

Sur le tournage de "La belle bête"

- C'est à mon avis ton film le plus abouti, mais aussi le plus accessible, malgré un sujet tabou. Comment as-tu ressenti ce tournage?

Le tournage était une expérience très heureuse, car c’était un film de comédiens et les comédiens étaient sublimes. Alors on s’est beaucoup amusé en le tournant et on a formé des amitiés et on est resté assez proche pendant une bonne année ou deux après la sortie du film, mais comme ça arrive fréquemment, on fait tant de films dans des pays différents et on s’éloigne par conséquent. Mais bon, une expérience très agréable de tournage, mais aussi bien organisé, donc on a fini sous budget et dans les temps, donc pas beaucoup de stress sur le plan de la prod.

"La belle bête"

- Aucun de tes films en tant que metteur en scène n'est à ce jour sorti en France. Peut-on espérer les voir sortir chez nous prochainement?

À l’instant, un contrat est en train d’être finalisé pour un re-master HD complet de "Subconscious Cruelty" en France, avec sortie Blu-Ray après, ce qui est très cool, alors faut être vigilant pour ceci. Ça va normalement être la meilleure façon de voir le film, même mieux que les copies 35mm d’origine, qui étaient tirées sur une caméra optique un peu vieille et mal calibrée.

"Hobo with a shotgun"

- En tant que chef opérateur, avec quels réalisateurs as-tu préféré travailler?

J’ai eu un plaisir complet en travaillant avec chaque réalisateur avec qui j’ai eu la chance de bosser, alors choisir et sortir des noms serait un peu comme dire lequel de tes enfants que tu préfères, ce n’est pas possible. Je peux dire qu’ils ont tous leur personnalité et que cela a été un honneur de pouvoir être leurs yeux.

- Arrives-tu à apposer ta patte à chaque fois?

C’est un travail de collaboration très étroite entre le metteur en scène et moi-même. Le but étant de mettre leur vision à l’écran, mais aussi d’amener tout ce que je peux pour les aider, alors bien entendu ta patte est là aussi.

Sur le tournage de "Territoires"

- Après "Territoires", tu as tourné une nouvelle fois avec Olivier Abbou sur "Yes we can" dans un registre très éloigné de ton registre habituel. Penses-tu qu'il s'agisse du début d'une longue collaboration?

J’espère! Olivier est de la famille et est un cinéaste brillant.

- As-tu apprécié travailler pour la première fois sur une comédie?

Absolument, c’était une expérience dingue, libératrice et une orgie de rires, dans un pays quand même assez hardcore. Tous mes films sont un peu des comédies, même s’ils sont des films de genre, alors dans un sens ce n’était pas si différent que ça.

Sur le tournage de "Yes we can"

- Avec quels réalisateurs aimerais-tu travailler?

Il y en a pleins, mais faut pas dire, faut juste faire!

- Comment est né le scénario original de "Abandonnée" dont tu es l'auteur?

J’écrivais des scénarios pour proposer à des producteurs, et c’était une chance pour plonger dans un opéra d’horreur très inspiré par une ferme que mon père avait et où j’ai passé beaucoup de temps lorsque j’étais jeune. Inspiré par ça donc, mais aussi par des rêves.

"Abandonnée"

- Aurais-tu aimé travailler plus sur ce film? En tant que directeur de la photographie, par exemple?

Peut-être, mais j’étais en train de travailler sur "La Belle Bête" en même temps, alors ce n’était pas possible.

- Tu as été programmateur du festival Fantasia. Continues-tu de suivre de près le festival?

J’assiste au Festival quand je peux et les programmateurs restent de bons amis. Je suis très fier que le festival soit devenu si important et d’envergure internationale avec les années et que leur travail continue d’être de qualité.

Sur le tournage de "Walled in"


- Parmi tes diverses activités laquelle préfères-tu endosser?

Je suis le plus content en tant que directeur photo. C’est ma partie favorite parmi tout.

- La musique joue un rôle important dans tes films. Peux-tu nous parler de ta collaboration avec David Kristian?

David Kristian est un génie de la musique électronique avec qui j’ai collaboré étroitement durant l’époque où je réalisais beaucoup plus. On a beaucoup de trucs en commun musicalement et on a grandi, je crois, comme artistes ensemble. Malheureusement il ne fait plus trop de travail pour le cinéma ces derniers temps, il préfère travailler dans le design sonore de jeux vidéo et sur des projets musicaux en groupe.

Avec Carole Laure sur le tournage de "La belle bête"

- Tes films sont sortis en Suède chez Njutafilms et tu as également travaillé sur l'un des courts métrages de Nicolas Debot. Comment est née cette collaboration si éloignée du Canada?

Par les voyages en festivals, ce qui a été, et continue d’être une des manières principales de rencontrer de nouveaux contacts. Nicolas a fait un super travail sur le coffret Scandinave, je suis très content du résultat.

Coffret Njutafilms

- Quels sont les projets sur lesquels tu travailles actuellement?

Il y a beaucoup de trucs en prépa, mais je ne peux rien annoncer pour l’instant. Juste la sortie de "Antiviral" de Brandon Cronenberg à Cannes, que j’ai tourné. Un film que j’adore, alors reste à voir comment il va être reçu!

"Antiviral"

- Es-tu un gros consommateur de DVD ou de Blu-ray?

Et oui. J’ai un grand problème d’espace dans mon appartement à Montréal avec tous les DVD et Blu-Ray qui sont en train de tout manger. Qu’est-ce que je peux dire... J’adore le cinéma. Et je regarde des films, en plus de les faire.


Merci Karim pour avoir accepté de répondre à mes questions ! On attend avec beaucoup d’impatience la sortie de tes films en France !

En train de présenter son film "Subconscious Cruelty" sur le DVD Sazuma

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