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12.02.12

06:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : La longue nuit de l'exorcisme

Réalisateur : Lucio Fulci

Année
: 1972

Origine : Italie

Durée du film : 102 minutes

Avec : Tomas Milian (Andrea Martelli), Barbara Bouchet (Patrizia), Florinda Bolkan (Maciara), Marc Porel (Don Alberto, le curé du village), Georges Wilson (Francesco), etc.

Par Nicofeel

Quand on évoque la carrière de Lucio Fulci, on pense immédiatement à ses films d'horreur dont certains sont passés à la postérité (L'enfer des zombies en 1979, Frayeurs en 1980, L'au-delà en 1981 et La maison près du cimetière en 1981). Pourtant, ce cinéaste italien a également œuvré dans de nombreux autres genres, et notamment dans le giallo (Perversion story en 1969, Le venin de la peur en 1971 et L'emmurée vivante en 1977).
En 1972, il met en scène un giallo, La longue nuit de l'exorcisme. Passons rapidement sur le titre ridicule du film en français qui ne correspond absolument pas à son contenu. On peut simplement se demander si le distributeur français n'a pas cherché à l'époque surfer sur la vague de L'exorciste de Friedkin (1973), dans la mesure où La longue nuit de l'exorcisme n'est sorti en France qu'en 1978.
Dans tous les cas, avec ce film, Lucio Fulci livre un excellent giallo, qui comporte plusieurs éléments propres au genre. D'abord, on assiste à des meurtres. Qui dit meurtres dit enquête policière. Cette dernière est présente de bout en bout dans le film, même si elle a tendance à s'enliser du côté de la police.

Ensuite, l'identité du tueur demeure inconnue, jusqu'au final inattendu du film.
Surtout, ce film est important par le fait qu'il constitue un giallo atypique, qui prend au demeurant le contre-pied du venin de la peur, film précédent du cinéaste transalpin.
Ici, l'action du film se déroule dans la campagne reculée d'Italie alors que Le venin de la peur avait lieu à Londres, une des villes les plus peuplées à l'époque, et symbole de l'urbanisation. Le venin de la peur présentait directement l'identité du tueur. Dans ce film, on n'apprendra que lors dans un final étonnant l'identité du tueur. Dans Le venin de la peur, comme dans dans quasiment tous les gialli, les pauvres victimes se trouvent être des femmes. Dans le cas présent, les victimes ne sont pas des femmes mais des enfants. Et si les meurtres ne sont pas particulièrement violents (à la différence de nombre de gialli), c'est en revanche le fait qu'ils touchent à des enfants qui les rend si horribles. Comme les victimes sont des enfants, on se doute bien que l'on n'aura pas droit au lot habituel des scènes érotiques qui se succèdent dans les gialli. Pour autant, la seule scène à connotation sexuelle comporte incontestablement un côté pédophile avec la belle Patrizia (sublime Barbara Bouchet) qui, telle une mante religieuse, suscite l'envie d'un jeune enfant – qui sera une future victime du tueur – en se montrant nue devant lui et en lui parlant comme s'il était un adulte.
A l'instar du Le venin de la peur, Lucio Fulci n'a pas hésité à se démarquer de ce genre pour apporter une vision très personnelle. Ainsi, la société rurale dans son ensemble est mise à mal. Lucio Fulci présente des gens qui sont très sensibles aux superstitions, aux « on dit » et aux préjugés. C'est ce qui amène ces villageois à croire d'abord que le coupable peut être l'idiot du village puis surtout à s'en prendre à « la sorcière ». Cette dernière ne leur a rien fait. Tout au plus a-t-elle-joué avec des figurines en cire transpercées d'aiguilles. Oui mais voilà cette femme mystérieuse inquiète les villageois qui ne la comprennent pas et pensent qu'elle constitue le coupable idéal. On a donc droit à une scène d'une incroyable atrocité où plusieurs villageois vont froidement s'en prendre à la sauvageonne. Ce meurtre est vraiment terrible car les villageois se sont accordés le droit de tuer quelqu'un, qui a fortiori n'est pas leur tueur. Oui mais voilà les gens veulent un coupable à tout prix. On notera au passage que Florinda Bolkan, qui interprète le rôle de « la sorcière », joue un personnage aux antipodes de celui du venin de la peur, puisqu'ici elle est mise à mort alors qu'elle est innocente.
L'un des inspecteurs de police résume parfaitement dans le film le côté inadmissible de ce meurtre : « Un crime atroce entre tous. Un acte répugnant qui arriverait à nous faire douter de l'Homme. Enfin quoi. Nous sommes capables d'aller sur la lune mais nous sommes incapables de vaincre l'ignorance et la superstition. Nous devons trouver les coupables et les punir. »
Sauf que si les policiers veulent sévir, il faudrait s'en prendre à quasiment tout le village, qui est coupable de ce meurtre. Invoquant en permanence la religion catholique, ces villageois se comportent comme des bêtes. Et ils ne sont pas mieux dans leur quotidien, n'hésitant pas à fréquenter des prostituées, quand ils en ont l'occasion.
Si ces gens manquent de finesse, le curé du village n'est pas non plus un modèle du genre, son implication à combattre l'immoralité n'étant pas meilleure que la réaction violente de ses ouailles. Loin s'en faut.
Au regard de ses thématiques, on constate que le film de Fulci est très riche et ne se contente pas d'une enquête policière, qui au demeurant est très intéressante, le film multipliant les fausses pistes jusqu'à délivrer sa conclusion qui fait froid dans le dos.
De plus, le film peut se targuer d'avoir une bande son originale signée Riz Ortolani. Les morceaux musicaux sont plusieurs fois en décalage avec ce que l'on voit à l'écran. C'est le cas notamment lors de la scène de la mise à mort de « la sorcière » où l'on entend en fond une musique rock puis une sorte de slow. Cette musique a pour effet de renforcer l'horreur de la scène auquelle on assiste.
Quant au casting du film, il est plutôt de bonne tenue. On retiendra de prime abord la composition de Tomas Milian, impeccable en journaliste qui fait tout pour découvrir la vérité, voyant bien que la police est complètement impuissante. A ses côtés, on trouve la belle Barbara Bouchet dont le charme vénéneux irrigue chacune des scènes où elle est aperçue. Notons aussi le jeu de Florinda Bolkan, crédible en jeune sauvageonne paumée.
Au final, La longue nuit de l'exorcisme constitue un excellent giallo qui prouve une nouvelle fois que Lucio Fiulci est capable de réaliser de très grands films, et pas seulement en mettant en scène des zombies.
L'éditeur français Néo Publishing, qui a édité de nombreux gialli, ayant mis la clé sous la porte avant de distribuer ce film, il serait appréciable qu'un éditeur ait la bonne idée de sortir La longue nuit de l'exorcisme en DVD ou en blu ray.

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