Archives pour: Décembre 2011, 08

08.12.11

06:45:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé

Réalisateur : Sergio Martino

Année : 1972

Origine
: Italie

Durée du film : 96 minutes

Avec : Luigi Pistilli (Oliviero Ruvigny), Anita Strindberg (Irina Ruvigny), Edwige Fenech (Floriana), etc.

Par Nicofeel

Sergio Martino est un réalisateur italien qui est souvent considéré comme un bon faiseur, mais rien d'autre. Pourtant, s'il est vrai que ce cinéaste a touché à tous les genres avec des succès variables, il est incontestable qu'il a offert au giallo quelques-uns de ses films les plus marquants.
Un an après les excellents L'étrange vice de madame Wardh (1971), La queue du scorpion (1971), et deux ans avant l'implacable Torso (1973), Sergio Martino livre au spectateur un giallo atypique avec ce film au titre particulièrement étonnant : Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé.
On suit dans ce film un couple à la dérive. On a ainsi affaire à un riche écrivain, Oliviero Ruvigny, alors en manque d'inspiration, qui est devenu un bourgeois décadent. Il pratique de nombreuses orgies et se plaît à maltraiter sa belle épouse, Irina. Cette dernière est manifestement à la limite de la folie. Elle ne peut plus supporter sa vie actuelle. C'est dans ce contexte particulier que survient un meurtre horrible, dont la victime n'est autre qu'une jeune libraire, ancienne maîtresse d'Oliviero.
Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé se range clairement dans la catégorie des gialli car il comporte plusieurs éléments qui sont propres à ce genre. Le film est d'abord émaillé de meurtres sanglants (le sang qui fait plus penser à de la gouache qu'à autre chose n'a d'autre but que de renforcer le côté graphique du meurtre). Ensuite, le meurtrier est tout à la fois un être mystérieux (habits noirs, main gantée) et qui utilise une arme blanche (ici, une sorte de faucille). L'identité de ce tueur ne sera connue que tardivement. A fortiori, avec un talent certain, Sergio Martino multiplie les pistes quant à l'identité du tueur : est-ce Oliviero qui aurait un peu trop mélangé roman et réalité ? Est-ce Irina qui chercherait à faire accuser son époux ? Est-ce la jeune nièce d'Oliviero qui n'a pas l'air d'être venue dans la villa des Ruvigny uniquement pour se divertir ? Est-ce l'un des villageois ? Est-ce un personnage inconnu pour le spectateur ? Le réalisateur italien parvient à brouiller les pistes de façon habile.
Comme il y a des meurtres, on se doute qu'il y a une enquête policière. Ici, Sergio Martino a fait exprès de reléguer au second plan cette enquête avec des policiers qui n'ont aucune prise sur les événements. L'une des phrases de l'inspecteur de police est d'ailleurs significative de ce film qui fait l'objet de moults rebondissements : « Mais les problèmes ont une caractéristique. Ils ne finissent jamais. »
Enfin, et cela n'est pas le moindre des aspects du film, on voit bien que l'on est dans un giallo car l'érotisme est très prégnant. La première scène du film nous propose à cet effet une scène de sexe, avec une image qui est cependant floutée et ne permet donc pas de voir grand chose. Quelque part, cette scène est annonciatrice de l'érotisme du film qui reste extrêmement sage. Il faut dire que Sergio Martino ne cherche pas spécialement à assouvir les plus bas instincts du spectateur. Il souhaite surtout distiller un érotisme trouble et une sensualité constante, ce qui donne un vrai cachet à ce film étrange.
Car ce film est bien un film étrange. Si tous les ingrédients du giallo sont bien présents, le réalisateur a eu l'excellente idée de lui adjoindre un côté fantastique. Les décors du film participent à une ambiance gothique : la villa avec ces nombreuses portes et cette cave remplie de secrets ; le portrait de la mère d'Oliviero qui semble surveiller ce qui se passe. Surtout c'est la présence du chat qui retient l'attention. Il faut dire que Sergio Martino a repris certains éléments de la nouvelle Le chat noir d'Edgar Allan Poe. A bon escient car cela donne un vrai cachet au film. Annonciateur de mauvais présages, ce chat est présent dans tous les mauvais coups. Il sert même de raccord à certaines scènes. Et puis il va même être déterminant lors du final du film, qui avait pourtant déjà vu se succéder plusieurs twists. Ce chat de malheur apporte un vrai plus au film, permettant tout à la fois d'accroître le côté fantastique de l’œuvre (préfigurant peut-être également le chef d’œuvre de Dario Argento, à savoir Suspiria où l'on voit à un moment donné des yeux qui ressemblent à ceux d'un chat noir) et de faire preuve d'un certain humour noir (le chat blessé qui semble indestructible, le chat qui est là pour révéler des choses qui devraient être enfouies).
Notons que si le film est très riche sur le plan thématique et scénaristique, il doit aussi sa réussite à d'autres choses. Ainsi, la mise en scène de Sergio Martino est superbement travaillée, donnant lieu par exemple à des scènes de meurtres qui sont très bien travaillées. On a également la photographie du film et la musique de Bruno Nicolai (une de ses meilleures bande son) qui accroissent le côté fantastique de ce long métrage.
Quant aux acteurs, Luigi Pistilli crève l'écran avec son personnage de bourgeois décadent. Le rôle des actrices Anita Strindberg et Edwige Fenech ne se limite pas à user de leurs charmes. Ces belles jeunes femmes jouent leurs personnages avec une conviction certaine.
Au final, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé constitue un excellent giallo, qui bénéficie entre autres d'un scénario très astucieux qui reste malgré tout crédible.
L'éditeur français Néo Publishing, qui a édité de nombreux gialli, ayant mis la clé sous la porte avant de distribuer ce film, il serait appréciable qu'un éditeur ait la bonne idée de sortir Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé en DVD ou en blu ray.

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