Archives pour: Septembre 2011, 24

24.09.11

05:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Stake land

Réalisateur :Jim Mickle

Durée du film : 98 minutes

Date de sortie en salles : inconnue (film qui sort le 4 octobre 2011 en DVD et en blu ray)

Avec : Nick Damici (Monsieur), Connor Paolo (Martin), Michael Cerveris (Jebedia Loven), Danielle Harris (Belle), Kelly McGillis (la nonne), Bonnie Dennison (Peggy),

Par Nicofeel

Vous trouvez que le road movie La route de John Hillcoat est trop lent ? Vous en avez marre de regarder des séries B décérébrées avec des vampires dans le style de Daybreakers ? Eh bien dans ce cas Stake land est fait pour vous. Remarqué dans les festivals où il est passé, ce film allie à merveille horreur (par son côté action), drame (la disparition d'êtres proches, élément accru par l'utilisation d'une voix off) et road movie (la recherche d'un Eldorado, le fameux « New Eden »).
Pourtant, rien ne prédisposait ce film à bénéficier d'un intérêt particulier. Stake land est le second film de Jim Mickle, un cinéaste qui a mis en scène un petit film d'horreur sympathique, Mulberry street, mais qui n'est pas non plus transcendant. Cela étant, Mulberry street comportait un vrai contexte politico-social : dans un New York post 11 septembre, en raison de la chaleur et du manque d'hygiène, un virus venait de transformer les gens en hommes-rats assoiffés de sang.
La transition est toute trouvée avec Stake land car il y est question d'une épidémie qui a transformé les Américains en vampires assoiffés de sang. En seulement deux films, Jim Mickle va finir par devenir un spécialiste des films sur les épidémies.
Surtout, le cinéaste nous fait penser à un autre réalisateur, David Cronenberg, qui a commencé par œuvrer dans le genre horrifique avant de glisser progressivement vers les films dits d'auteur via une horreur plus psychologique. D'ailleurs, David Cronenberg a lui aussi traité de la question de l'épidémie qui rend les gens dangereux par les films Frissons et Rage. Frissons comportait une portée géographique limitée avec un problème qui concernait uniquement une résidence. Rage se voulait plus global avec une fin de film qui fait comprendre que le pays entier est touché.
Eh bien c'est presque la même chose avec le cinéma de Jim Mickle. Ainsi, le problème est local avec Mulberry Street puisque seule la ville de New York est touchée. En revanche, il devient global par la suite puisque Stake land concerne l'ensemble des Etats-Unis.
Et puis, comme chez Cronenberg, Jim Mickle ne se contente pas de livrer au spectateur une simple série B horrifique. Non, ici il y a de nombreuses considérations politiques, sociales, économiques et religieuses.

Le film montre bien que la guerre a redistribué la donne sur tous ces plans.
Avec la venue des vampires, notre monde a changé. Plusieurs clans qui se sont formés. La Fraternité regroupe des faux prêtres – qui font vraiment penser à nos sectes actuelles – qui sèment la terreur après avoir pactisé avec les vampires. S'ils se déclarent religieux afin d'attirer autour d'eux le plus de gens possible, le film souligne bien qu'ils sont loin d'être fréquentables. Ainsi, ils violent des femmes (et même une nonne !) ou envoient à la mort des gens en les mettant à disposition des vampires. Comme on peut le voir souvent en temps de guerre, certaines personnes ne se gênent pas pour commettre des actes immoraux. Par ailleurs, les membres de la Fraternité essaient de semer le chaos dans les contrées qu'ils ne contrôlent pas en faisant notamment des lâchers de vampires par hélicoptère, comme s'ils se lançaient dans une croisade contre des athées. Ce procédé donne lieu au demeurant à une scène étonnante, spectaculaire et vraiment brutale.
Évidemment, on a également les vampires qui sont disséminés un peu partout sur le territoire américain. On n'a pas d'explications sur les raisons de leur arrivée dans le monde et c'est tant mieux. Il faut laisser une part de mystère. En revanche, les vampires répondent bien aux codes du genre : ils sucent le sang de leurs victimes. Pour arriver à leur fin, ils utilisent leur force qui est très puissante. Il faut donc se prémunir contre ces êtres très dangereux. C'est ainsi que les deux personnages principaux du film, le jeune Martin et son acolyte Monsieur, qui lui a sauvé la vie, en viennent à barricader leur voiture.
Fait assez peu présenté au cinéma, les humains doivent se méfier des « scamps », qui sont des enfants vampires. Cela étaye l'idée selon laquelle il est nécessaire de se méfier de tout le monde, y compris des enfants qui ont l'air angéliques.
Les faiblesses des vampires sont celles que l'on connaît de manière usuelle : il faut les poignarder dans le cœur pour les tuer ; ils sont sensibles à l'ail (lors d'une scène Monsieur invite Martin à utiliser une arme enduite d'huile d'ail) ; ils grillent au soleil.
Du côté des humains qui cherchent avant tout à sauver leur peau, on constate que des villes ont été fortifiées. A l'intérieur vivent des hommes et femmes libres. Certaines de ces villes fortifiées sont indépendantes, d'autres sont dirigées par des milices volontaires des Etats-Unis, qui regroupent entre autres d'anciens militaires.
Et puis il y a tout le reste, à savoir des gens en transit, comme notre duo constitué de Martin et de Monsieur, qui entend rejoindre le « New Eden », situé au Canada.
Dans leur quête d'un monde meilleur, qui rappellerait celui qu'ils ont connu avant l'arrivée des vampires, nos deux protagonistes vont avoir l'occasion de rencontrer plusieurs personnes, de tous types, qui vont se joindre à eux. La première à faire équipe avec Martin et Monsieur est une nonne jouée par l'actrice Kelly McGillis. On aura aussi le personnage de Belle, qui est une jeune femme enceinte. Se raccrocheront également à ce groupe hétéroclite un Noir, ancien marine et une autre jeune fille. Tous ces personnages connaitront des destins très divers. Ce qui sera d'autant plus cruel pour Martin qui avait la sensation que ces gens étaient devenus sa nouvelle famille.
Cette facette dramatique du film démontre que Stake land n'est pas qu'un simple d'horreur. Les rapports qui s'établissent entre les personnages ont bien été pensés par le réalisateur.
Il faut dire aussi que Jim Mickle a pu s'appuyer sur une distribution de qualité. Le jeune acteur, Connor Paolo, vu dans plusieurs séries télé (New York unité spéciale ; Gossip girl), interprète brillamment le jeune Martin (possible clin d'oeil par le prénom du personnage à l'excellent Martin de Romero où un jeune homme se demande s'il est un vampire). Il possède toute la sensibilité nécessaire que lui demande son personnage. Il faut dire que le rôle de Martin est essentiel puisque c'est le narrateur de l'histoire. On entend ainsi à de nombreuses reprises une voix off qui nous donne une idée des sentiments qui traversent l'esprit de Martin. Cela accroît le côté très personnel de cette œuvre. Nick Damici, qui joue le personnage de Monsieur, est également un acteur de séries télé (Les experts : Miami ; Les experts : Manhattan ; New York – Police judiciaire ; Life on Mars). Cela ne l'empêche pas de fournir une prestation de qualité. Le reste des acteurs, moins en vue dans le film, ne se limite pas cependant à un simple rôle de faire-valoir. Il n'y a qu'à voir la scène ô combien symbolique où un personnage religieux (un vrai, pas un membre de la Fraternité !) décide de se suicider plutôt que d'être la proie des vampires. C'est vraiment une image choc du film qui en dit long sur le désarroi de cette société.
Comme on peut s'en douter, le film ne serait pas franchement réussi si la mise en scène n'était pas au rendez-vous. De ce point de vue, le contrat est rempli avec de beaux plans qui profitent astucieusement des nombreux décors naturels du film. Malgré un budget qui a dû être assez limité, Jim Mickle s'en sort bien et parvient à rendre son film tout à fait plaisant à regarder, sans que l'on ait l'impression que l'ensemble fait face à un manque évident d'argent.
Signalons également le gros travail qui a été apporté à la photographie du film qui tire profit des beaux extérieurs et accroît le côté fin du monde de ce long métrage.
Au final, Stake Land constitue un road-movie (les personnages ne cessent de progresser vers le Nord, que ce soit en voiture ou à pied, sur route, en montagne, en forêt, dans des villes) très ambitieux. Le ton très sérieux du film le rend nostalgique voire même désespéré (quoique la fin constitue clairement un message d'espoir). Comme dit précédemment, Stake land est appréciable pour moults raisons. Voilà sans conteste un film à voir.

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