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09.05.11

06:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Last caress

Réalisateurs
: François Gaillard et Christophe Robin

Durée du film
: 1h18

Date de sortie au cinéma : non prévue à l'heure actuelle (film vu en avant-première mondiale à Lyon le 24 avril 2011 dans le cadre du festival Hallucinations collectives)

Avec : Julie Baron, Antony Cinturino, Guillaume Beylard, Ioanna Imbert, Yannis El Hajji, Anna Naigeon, Clara Vallet, Rurik Sallé, Aurélie Godefroy.

Par Nicofeel

Genre très en vogue en Italie dans les années 60 à 80, correspondant à un mélange de d'horreur (des meurtres violents), de policier, d'érotisme, et parfois de fantastique, le giallo a quasiment disparu au cinéma.
Et pourtant, quelques cinéastes entendent bien faire renaître ce genre. C'est le cas des belges Hélène Cattet et Bruno Forzani avec l'expérimental Amer (2009) ou encore avec les français François Gaillard et Christophe Robin avec le poétique Blackaria, hommage au venin de la peur de Lucio Fulci.
Justement, les camarades Gaillard et Robin nous reviennent avec leur nouveau film, sobrement intitulé Last caress. Tourné avec un budget relativement restreint, Last caress est comme Blackaria, un giallo.
Si Blackaria jouait sur une ambiance quasi psychédélique et sur une narration éclatée, la donne est très différente dans Last caress. Le scénario est en effet beaucoup plus linéaire, même si des flashbacks sont toujours présents.
Par son titre, le look de son tueur (un homme avec de grosses lunettes de soleil) et l'arme principale de celui-ci (un gant serti de pointes) font clairement penser à un giallo, le film La mort caresse à minuit de Luciano Ercoli.

Mais la principale référence du film reste le jubilatoire Torso de Sergio Martino avec ce tueur qui recherche un mystérieux tableau dans un manoir et en vient du coup à éliminer un à un les différents personnages qui se dressent sur sa route. Comme dans Torso on assiste dans Last caress à des meurtres brutaux (le maquillage et les SFX de David Scherer sont plus que probants) qui se révèlent très graphiques. L'une des forces de ce néo-giallo réside dans sa capacité à mettre en scène des meurtres aussi violents que soudains. Le tueur qui paraît gigantesque à l'écran (beau travail sur le cadrage) n'est pas là pour plaisanter et il massacre méthodiquement, avec un sadisme certain, ses victimes.
Le film ne joue pourtant pas uniquement sur un côté sérieux. En effet, les deux réalisateurs ont eu l'idée d'alterner, avec une réussite globalement au rendez-vous, des scènes tendues avec des scènes plus décontractées. A l'instar de Torso, le film Last caress fait montre d'un second degré évident avec des victimes qui paraissent pour le moins assez décérébrées et un tueur qui est souvent inquiétant, mais parfois amusant par ses réactions (la fois où il se prend pour un sommelier, l'idée de jouer avec ses futures victimes comme le coup de la clé).
Et puis les dialogues suivent cette même impression avec une volonté certaine d'amuser le spectateur. A titre non exhaustif citons les deux phrases suivantes prononcées par nos personnages qui s'apprêtent à subir les sévices de notre tueur, et qui ont le mérite de divertir le spectateur : « Calme-toi Greg, tu te conduis comme un capitaliste individualiste » ; « T'es chiante, t'es conne et t'es agressive ».
Les acteurs se sont manifestement faits bien plaisir à jouer le rôle de personnages superficiels, qui ne sentent jamais que le danger est omniprésent. Ils ne pensent qu'à s'amuser, à boire ou à baiser (voir cette belle séquence où une relation sexuelle a lieu en même temps qu'un meurtre, mélange d'Eros et de Thanatos).
Si le côté slasher est bien réel (Torso, le film qui a constitué la trame narrative de Last caress, est considéré comme l'un des ancêtres du slasher), il n'en demeure pas moins qu'une partie du film se démarque complètement de cette tendance par le biais d'autres sources d'inspiration. L'autre source majeure d'inspiration du film est le chef d’œuvre de poésie morbide que constitue L'au-delà de Lucio Fulci, qui fait l'objet ici d'une citation récurrente (la femme aux yeux blancs) et surtout d'une réinterprétation intéressante de sa fin lors d'une scène onirique qui vaut le détour.
Les réalisateurs François Gaillard et Christophe Robin rendent également hommage dans Last caress à d'autres films du cinéma horrifique. On pense particulièrement au couvent de la bête sacrée de Norifumi Suzuki avec ces séquences de flagellation par des nonnes qui sont bien réussies sur le plan visuel. On peut aussi penser à La terreur des morts-vivants de Norman J. Warren avec cette femme brûlée vive sur un bûcher et aussi par ce film qui oscille entre sorcellerie et giallo.
Rempli de citations de films d'horreur d'antan, Last caress ne se contente pas de rendre hommage à ces films. Ce long métrage dispose de son identité propre qui lui permet de justifier sa raison d'être.
Il faut dire qu'outre des meurtres bien graphiques, le film peut se targuer d'une belle photographie signée Anna Naigeon (qui interprète également une des victimes du tueur dans le film). L'éclairage du film est soigné et donne au film son aspect volontairement rétro. Plusieurs couleurs sont mises en avant, notamment le rouge, couleur du sang et le bleu qui participe quant à lui à l'aspect onirique du film.
La musique du film, signée par le groupe Double Dragon, apporte également sa pierre à l'édifice. En effet, le film se marie bien avec cette musique électro qui est tantôt inquiétante, avec des morceaux qui rappellent les musiques de John Carpenter, tantôt atmosphérique.
Au final, si Last caress constitue un film très référentiel pour les amateurs de films d'horreur, il n'en demeure pas moins un long métrage de qualité. Son budget relativement modeste ne s'en ressent nullement à l'écran. Les films d'horreur de qualité n'étant pas légion par les temps qui courent, voilà un film à regarder pour toute personne fan de bon cinéma.

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