Archives pour: Novembre 2010, 19

19.11.10

06:45:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Entre nos mains

Réalisatrice : Mariana Otero

Durée du film
: 1h28

Date de sortie au cinéma
: 6 octobre 2010

Par Nicofeel

Avec Entre nos mains, la documentariste Mariano Otero s'est intéressée à une société de lingerie du Loiret menacée de disparition. La réalisatrice a réussi à parfaitement introduire sa caméra dans cette société de 50 salariés. La cinéaste a visiblement brillamment réussi à mettre en confiance ces personnes pour les filmer de manière très réaliste dans leur quotidien.
Le titre Entre nos mains a sans doute été utilisé car il symbolise la volonté de ces salariés de reprendre leur entreprise mise en redressement judiciaire. D'où l'idée de créer une SCOP à savoir une société coopérative de production où le capital de l'entreprise est alors détenu à au moins 51 % par les salariés, qui disposent au demeurant chacun d'une voix.
Entre nos mains laisse la part belle à ces ouvrières qui n'ont, comme elles disent si bien, jamais l'occasion de donner leur avis. Le film montre une mobilisation importante de toutes les personnes de l'entreprise, qu'il s'agisse des cadres, des commerciaux ou des diverses ouvrières. Car dans cette société cloisonnée où tout est très sectorisé (il y a les couturières, les ouvrières qui emballent les produits, les préparateurs de commandes, les expéditeurs, etc.), les gens entretiennent ensemble des rapports nouveaux. Ils se parlent tous pour sauver leur entreprise et donc pour sauver leurs emplois. Tout le monde se mobilise et finit par accepter de s'engager à mobiliser au moins l'équivalent d'un salaire mensuel pour créer la SCOP. Et pourtant au départ la démarche était loin d'être gagnée tant les incertitudes amènent les gens à se poser beaucoup de questions et tant le fait de mobiliser un salaire n'est pas forcément évident pour ces gens qui disposent de salaires modestes. Mais la bonne volonté de tous, et pas seulement des représentants du personnel, permet à la SCOP de faire son petit bonhomme de chemin.
Et tout cela est possible par la volonté de ces gens qui souhaitent coûte que coûte conserver leur emploi. Certaines de ces personnes expliquent d'ailleurs qu'elles sont là depuis des années et qu'elles sont donc salariées depuis un moment dans cette entreprise. D'un point de vue individuel avec une cinéaste qui interviewe les différentes personnes par le biais de gros plans, le point de vue devient collectif avec des plans larges sur l'ensemble du personnel.
Mais le film documentaire montre aussi que les embûches sont nombreuses et que malgré les efforts consentis par chaque employé pour permettre la pérennité de leur entreprise, la lutte est parfois inégale. Ainsi, on apprend à un moment donné que le patron de la société (qu'on ne verra jamais, et qui est visiblement considéré comme quelqu'un de peu intéressé par le devenir de ses employés, comme semblerait indiquer le fait qu'il n'ait pas accepté d'être filmé) a effectué une contre-proposition à la SCOP, ce qui a tendance à brouiller les cartes dans les esprits des salariés. Pire, plus tard dans le documentaire, on apprend que l'un des gros clients de la société, précisément CORA, la lâche (déréférencement de la marque) ce qui implique qu'une partie très importante du chiffre d'affaires n'est plus assurée. Si une ouvrière déclare qu'elle ne croit pas aux coïncidences – le rejet de la contre-proposition du patron et la perte soudaine de ce gros client – cet élément n'est nullement vérifiable. Toujours est-il que le film évoque bien que le rêve de la réalisation de cette SCOP était fragile et qu'en raison du désengagement d'un client et in fine de l'absence de l'aide des banques, la fin devenait inéluctable.
La fin du film s'achève par une chanson qui rappelle les comédies musicales dans le style des parapluies de Cherbourg. Cette chanson peut paraître un peu surfaite et en décalage avec le ton du documentaire mais en fait la création de cette chanson par tous les salariés de cette usine qui vont se trouver au chômage sonne comme un message d'espoir. Elle donne une note de gaieté à des gens qui sont sur le point de perdre leur emploi. Et puis la mise en scène est également changeante avec pour la première fois un travelling latéral qui a pour effet de donner une cohésion à ce groupe d'individus.
Documentaire très humaniste qui laisse la part belle à ces hommes et ces femmes qui ont tenté de sauver leur entreprise du dépôt de bilan, Entre nos mains est finalement symptomatique de notre économie actuelle où depuis de nombreuses années les métiers liés à l'habillement (ici la lingerie féminine) sont sujets à une crise tendancielle liée à une concurrence internationale accrue.
Voilà en tout cas un documentaire très instructif et qui mérite bien d'être vu. Le témoignage de ces hommes et de ces femmes est leur dernier message avant la fermeture de leur usine.

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