Titre du film : Simon Werner a disparu...
Réalisateur : Fabrice Gobert
Durée du film : 1h33
Date de sortie du film en salles : 22 septembre 2010
Avec : Ana Girardot (Alice), Jules Pelissier (Jérémie), Laurent Delbecque (Simon), Serge Riaboukine (Rabier), Arthur Mazet (Jean-Baptiste Rabier), Laetitia (Selma El Mouissi), Yan Tassin (Frédéric), Laurent Capelluto (Yves, l'entraîneur de foot), Audrey Bastien (Clara) Esteban Carvajal Alegria (Luc), etc.
Par Nicofeel
Premier long métrage du français Fabrice Gobert, Simon Werne a disparu... étonne très franchement par son ambition pour un premier film. Le cinéaste n'a absolument pas choisi la facilité. On est loin du filmage plan-plan de certains téléfilms voire films de bas étage avec de simples champ-contre champ. Non ici l'ensemble du film rend grâce au cinéma en tant que septième art. Visiblement très intéressé par le cinéma de Gus Van Sant (Elephant), Fabrice Gobert a mis en scène son film en filmant les mêmes scènes de différentes façons pour aboutir à différents points de vue et ses personnages sont en perpétuel mouvement. C'est tout l'intérêt à la base de son film, à savoir changer le point de vue lors de différentes séquences. Certes, on n'aboutit pas à une vision subjective mais on suit plutôt des personnages dans leurs faits et gestes.
Mais de quoi parle déjà Simon Werner a disparu... ? Le film se déroule dans un lycée français en 1992. On apprend progressivement qu'un des élèves, Simon Werner, a disparu. Chaque élève y va de sa propre interprétation mais les choses prennent rapidement une autre ampleur quand on s'aperçoit que d'autres élèves de cette même classe disparaissent. Donnant l'impression de s'inspirer de faits divers comme on peut en voir souvent, le film se lance alors dans une sorte d'enquête qui va révéler au final que les coupables ne sont pas forcément ceux à qui l'on pense et que les meurtres peuvent être purement gratuits, sans mobile apparent.
Situé à mi-chemin entre le film d'adolescents – le film proposant un portrait intéressant d'une jeunesse sur le point de passer à l'âge adulte et qui pense pour l'instant à faire des fêtes nocturnes – et le thriller avec tous ces questionnements et ces longs couloirs vides dans le lycée, Simon Werner a disparu... est également un film à l'ambiance particulièrement étrange. Il y a clairement du David Lynch derrière tout ça. On pense beaucoup à Twin Peaks et notamment à l'étrange personne de Laura Palmer.
Ici, Laura Palmer s'appelle Alice. C'est une jeune femme qui attire d'elle les regards de la plupart des garçons, subjugués par sa beauté. Surtout, on constate que le personnage d'Alice fait le lien entre les différentes séquences. Car à chaque fois que l'on passe à un nouveau point de vue, il y a un nouveau prénom qui s'affiche à l'écran (d'abord Jérémie puis Alice, Jean-Baptiste et enfin Simon) et on suit les événements tels qu'il les a vécus. Systématiquement, la jeune Alice se retrouve avant le début de ces nouvelles séquences. Peut-être que de manière symbolique Alice joue le rôle de transition en permettant le passage de l'autre côté du miroir. Car on apprend progressivement des choses qui ne sont connues de personne (sinon de celui qui a vécu les événements), des choses secrètes qui font s'interroger l'ensemble des lycéens.
Une des grandes qualités du film est de réussir à marier, par le biais de sa mise en scène, deux genres pas forcément liés : le thriller et le film d'adolescents. Le côté thriller est alimenté par ces disparitions suspectes. Quant au côté ado, il l'est par ces mêmes disparitions. A savoir que beaucoup de soupçons et de rumeurs infondés ont lieu. Le talent du scénario film réside dans sa réussite à désamorcer au fur et à mesure que l'intrigue avance de nombreuses rumeurs. Et au même titre que la disparition des rumeurs, on voit réapparaître des personnages dans le cours du film.
Par ailleurs, les motivations de chacun sont dévoilées petit à petit, ce qui permet de remettre les différents éléments du puzzle à leur place. Certains secrets sont également rendus au spectateur comme le fait que tel personnage est homosexuel ou encore que tel autre, si sage en apparence, trompe sa copine.
La réussite évidente du film tient à l'épaisseur du caractère des personnages. On voit bien que tous ont bénéficié d'un gros travail d'écriture. A tel point que parfois on se demande réellement si tel personnage a des intentions appréciables ou non. Sur ce point, le personnage d'Alice est très révélateur. A un moment donné, on est prêt à lui donner un rôle de victime à la Laura Palmer (Twin Peaks). A un autre on se demande au contraire si Alice ne serait pas une tueuse dans un style à la Mandy Lane (All the boys love Mandy Lane).
Pour rehausser un film déjà de grande qualité, le long métrage de Fabrice Gobert bénéficie de la bande originale du groupe de rock alternatif Sonic Youth, qui sied à merveille à l'univers étrange de Simon Werner a disparu... Cela donne un côté quasiment hypnotique au film.
Film très maîtrisé sur le plan de la mise en scène avec de mouvements de caméra et film faisant état d'un gros travail au niveau du montage, Simon Werner a disparu... est sans conteste une belle réussite. On est donc d'autant plus fier que ce film d'auteur proche du film de genre soit de nationalité française. Les réussites en la matière sont assez rares et sont donc à signaler.
Présenté au festival de Cannes 2010 dans la section « Un certain regard », Simon Werner a disparu... mérite largement d'être diffusé et vu.
Titre du film : Transfer
Réalisateur : Damir Lukacevic
Durée du film : 93 minutes
Date de sortie du film : inconnue (film inédit en France, pas de date de sortie encore prévue)
Avec : B.J. Britt (Apolain/Hermann), Regine Nehy (Sarah/Anna), Ingrid Andree (Anna), Hans-Michael Rehberg (Hermann), etc.
Par Nicofeel
Film allemand réalisé par Damir Lukacevic, Transfer est un film qui utilise le fantastique pour aborder des thèmes essentiels dans notre société contemporaine.
Transfer pose une véritable réflexion sur des questions telles que la vie et la mort, l'identité personnelle, l'immigration, les relations entre pays riches et pauvres.
Pour étayer toutes ces idées, le film se projette dans un futur lointain (vraiment lointain ?) où une société privée, Menzana, donne la possibilité à des gens riches de changer de corps pour vivre dans des corps plus jeunes. Ces jeunes corps sont ceux d'africains qui vivent dans des conditions misérables dans leurs pays. Dans un premier temps, les nouveaux résidents de ces corps vont vivre en tant qu'esprit dans leurs nouveaux corps 20 heures par jour et les propriétaires de base 4 heures par jour, pendant de la phase de nuit des nouveaux résidents.
Dans un second temps, les anciens corps (entendons par là les corps vieux) doivent être incinérés au bout du processus après une phase de 3 mois. Mais alors que deviennent les gens qui possédaient le corps à la base ? Ils disparaissent totalement eux aussi ? C'est pire que de l'esclavage moderne.
Avec une musique technoïde (un peu basique) qui accroît le côté fantastique du film, Transfer propose une vraie réflexion sur notre société actuelle et sur la marchandisation de toute chose, le summum étant atteint par la vente d'un corps. On notera qu'il y a tout de même des considérations morales qui sont en jeu dans cette affaire.
Dès le départ, on voit les rapports inégalitaires entre les pays développés et les pays en développement avec cette marchandisation du corps.
D'ailleurs, il y a dans le film un choc des cultures avec des préjugés de part et d'autre. Le racisme est présent des deux côtés et finit finalement par s'atténuer au fur et à mesure que l'on connaît l'autre. Il faut dire que les personnes âgées ayant décidé de changer de corps dans le film passent d'un corps blanc à un corps noir. Elles sont alors d'autant plus à même de comprendre le racisme latent qui existerait en Allemagne.
Le film pose également des idées intéressantes sur la vie. Comme le dit Anna (la personne âgée dans le film), quand on est jeune, on pense que la mort c'est pour les autres.
Et puis au-delà de toutes les questions que développe le film, on est également fortement intéressé par le côté thriller de celui-ci avec le fait de savoir si Apolain et Sarah, les deux noirs qui ont vendu leurs corps, vont réussir à détourner le système dans leur volonté de se rebeller.
La mise en scène de Damir Lukacevic est particulièrement adapté à son scénario avec par exemple une caméra subjective pour nous montrer le passage d'un corps à un autre. En outre, le réalisateur a la bonne idée de nous montrer les cauchemars que fait l'homme dans son nouveau corps lors de sa première nuit. Il faut dire que c'est comme s'il y avait deux âmes dans le même corps. On sent le subconscient de l'autre.
Excellent film par les questions qu'il pose, par l'interprétation de ses acteurs et par sa mise en scène froide (qui rappelle un certain Bienvenue à Gattaca), Transfer est sans conteste un des films les plus intéressants qui a été proposée lors de la sélection officielle du NIFFF 2010. Pourtant, bizarrement, le film n'a obtenu aucun prix. Il n'empêche, ce film mérite amplement d'être vu et son réalisateur est un cinéaste à suivre de très près.
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