11.05.10

07:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

Titre du film : Crazy heart
Réalisateur : Scott Cooper
Durée du film : 1h51

Date de sortie du film : 3 mars 2010

Avec : Jeff Bridges (Bad Blake), Maggie Gyllenhaal (Jean Craddock), Colin Farrell (Tommy Sweet), Jack Nation (Buddy), James Keane (le manager).

Par Nicofeel

Cinéaste novice, Scott Cooper a été très impliqué sur le projet Crazy heart, en étant tout à la fois le producteur, celui qui a adapté le roman du film à l'écran et donc le réalisateur.
Mais que raconte au juste Crazy heart ? A la manière d'un walk the line qui évoquait de façon romancée la vie du chanteur Johnny Cash, il s'agit cette fois de l'histoire d'un autre chanteur de country, Bad Blake. Mais Le parallèle entre ces deux histoires s'arrête là.
Car d'une part Bad Blake est un personnage purement fictionnel, qui n'a jamais existé dans la réalité, d'autre part Crazy heart insiste plus sur la carrière de Bad Blake qui a pris du plomb dans l'aile.
Crazy heart raconte d'abord l'histoire d'un chanteur de country, Bad Blake, qui à l'âge de 57 ans, écume les endroits complètement paumés, du bowling de quartier au bar de troisième zone, pour se faire quelques dollars. Celui qui fut autrefois une star de la country n'est aujourd'hui plus que l'ombre de lui-même. Il se produit en spectacle mais c'est autant ses frasques en public (il est obligé une fois de quitter provisoirement la scène du bowling pour aller vomir entre deux chansons) que l'on remarque que la qualité de ses chansons. Bad Blake est un chanteur de country de talent qui se détruit tout seul : whisky bu en grande quantité, cigarettes à profusion n'arrangent pas franchement la situation de cet homme qui a également raté sa vie privée avec 4 mariages qui se terminés par des divorces. Ses seules relations avec des femmes se limitent à faire l'amour avec des fans de la première heure, contentes de se donner à leur chanteur préféré d'antan.

Jeff Bridges, qui incarne Bad Blake à l'écran, est aux yeux du spectateur ce chanteur de country déchu. L'acteur fait corps avec son personnage et son implication est exceptionnelle. D'ailleurs, Jeff Bridges ne se contente pas de faire l'acteur. Il chante également directement les très belles chansons que l'on entend dans le film (Hold on you ; I don't know, etc.). L'acteur, qui est également producteur exécutif du film, fait une performance vocale tout bonnement époustouflante. Le coach vocal, qui l'a aidé sur ce film, lui a permis de donner une sacrée performance.
Mais Crazy heart n'est pas seulement (et heureusement) l'histoire d'un chanteur alcoolique qui est au fond du trou. C'est aussi une histoire d'amour contrariée (en raison des excès de Bad Blake) entre Bad Blake et la belle Jean Craddock, une mère divorcée, qui a rencontré Bad Blake lors de l'une de ses sorties, à Santa Fe, et en a profité pour l'interviewer, étant journaliste en début de carrière. Maggie Gyllenhaal incarne parfaitement cette femme tout à la fois aimante et inquisitrice envers un Bad Blake qui malgré tout l'amour qu'il lui porte, n'arrive pas à se responsabiliser et à lâcher la bouteille qui semble greffée à sa main.
Crazy heart est un film à l'émotion palpable qui doit en grande partie sa réussite à son excellente distribution, et en premier lieu à un Jeff Bridges très attachant. Malgré toutes les erreurs que commet Bad Blake, finalement on ne lui en veut pas. On ne cautionne pas ses faits et gestes mais ce personnage torturé est un être que l'on prend plaisir à voir. Au-delà des défauts du personnage, c'est aussi un homme qui ne manque pas d'humour (il faut voir comme il envoie parfois promener son manager), qui prend toujours plaisir à chanter pour ses fans et c'est quelqu'un qui a un bon fond (voir la fin du film avec le chèque qu'il remet à Jean).
Le cinéaste Scott Cooper aime clairement tous ses personnages. Aucun d'entre eux ne se révèle détestable. Le producteur de Bad Blake cherche évidemment à renflouer les caisses mais il se démène tout de même pour relancer la carrière de son poulain et l'invite à arrêter la consommation d'alcool.
Surtout, la relation entre Tommy Sweet, chanteur de country à succès, et celui qui fut son mentor, notre Bad Blake, est particulièrement révélatrice de la position dans laquelle se trouve notre héros déchu. On comprend que Bad Blake s'est brouillé par le passé avec son ancien élève. Pour autant, s'il souhaite relancer sa carrière, il a besoin de Tommy Sweet. Et c'est la raison pour laquelle il accepte de faire la première partie de Tommy Sweet. En lieu et place d'endroits paumés, Bad Blake retrouve l'espace d'un concert la gloire d'antan, avec un stade de 12000 places, entièrement rempli. Et puis Tommy Sweet, incarné par un Colin Farrell (qui lui aussi chante dans le film) aux allures de chanteur de rock, se montre tout à la fois moqueur envers son ancien maître (il lui a amené un pack de bouteilles de whisky et lui a mis un mot en lui demandant de lui en laisser un peu !) mais surtout respectueux envers Bad Blake. En concert, il va chanter un succès de Bad Blake en duo avec lui. Plus tard, vers la fin du film, il va rendre hommage à son maître en rappelant que la chanson qu'il va interpréter a été composée par Bad Blake.
Tommy Sweet a d'ailleurs donné du cash à Bad Blake en échange de la composition de chansons. Crazy heart est aussi un film qui montre tout le talent naturel de Bad Blake pour écrire des chansons crépusculaires, romantiques, désenchantées, qui touchent au plus profond du coeur, d'où le titre du film.
Crazy heart est aussi un film qui évoque vers la fin le renouveau d'un homme qui vit désormais de façon plus normale sa vie profesionnelle (arrêt de la consommation d'alcool suite à une cure de désintoxication qui a donné lieu à une quasi ellipse dans le film) et ne manque plus d'argent grâce aux royalties de la composition de ses chansons à succès. Au passage, on notera l'existence d'une très belle scène apaisée lorsque Bad Blake se met à pêcher au beau milieu d'un lac avec son employeur occasionnel. Le lieu mais aussi le filmage en contre-plongée évoquent sans nul doute un esprit plus tranquille du côté de Bad Blake.
Au final, Crazy heart est un beau petit film, au ton très juste, qui bénéficie tant de la performance de ses acteurs – et notamment d'un inoubliable Jeff Bridges, acteur décidément capable de jouer des rôles très différents tout en suscitant une émotion certaine – que d'une excellente bande son (merci encore aux acteurs-chanteurs) et des beaux paysages extérieurs des Etats-Unis (merci à la mise en scène classique et sobre de Scott Cooper).

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