19.01.10

07:00:00, Cat�gories: Nouveautés, Test / Critique  

par Nicore

Henry Lee Lucas

Comptant parmi les "serial killer" les plus emblématiques des Etats-Unis, Henry Lee Lucas, qui avait déjà inspiré John Mc Naughton pour son terriblement malsain Henry, portrait of a serial killer se voit honoré d'une nouvelle adaptation de ses méfaits par Michael Feifer (réalisateur spécialisé dans le genre puisqu'il a été l'auteur d'Ed Gein, the butcher of Plainfield ou encore de Chicago massacre : Richard Speck) avec ce film sobrement intitulé Henry Lee Lucas qui retracera de manière largement fidèle le parcours du tueur nécrophile sans pour autant se vautrer dans la complaisance pour au contraire essayer d'apporter des éléments de réponse quant à l'origine des troubles de cet assassin pour presque le rendre étrangement sympathique, ce qui ne manquera pas de provoquer un certain malaise, mais tout en évoquant également sans fard ses exactions, sur un ton quand même trop policé.
Le script va donc retracer la vie d'Henry Lee Lucas, meurtrier nécrophile ayant souffert des brimades de sa mère pendant son enfance et qui va au cours de sa carrière "commettre" un nombre aussi important qu'indéfini de crimes, puisque l'homme aura dans un premier temps avoué plus de trois cent meurtres avant de se rétracter pour la plupart d'entre eux.

Henry Lee LucasLa séquence introductive va s'attacher d'entrée à démystifier le personnage d'Henry Lee Lucas en nous le présentant déjà arrêté et face à un interlocuteur à qui il va avouer avoir parfois raconter des "salades" et s'offusquant de ne pas être cru pour le meurtre de Becky, meurtre qui nous sera alors dévoiler dans les moindres détails, puisque nous suivrons Henry et cette très jeune femme s'arrêtant au bord d'une route désertique pour voir Henry sortir la demoiselle de son véhicule et la malmener quelque peu avant de la poignarder en plein ventre pour une scène à la force dramatique avérée, surtout qu'à la question du pourquoi de cet acte posé par la mourante, Henry répondra "parce que je t'aimais" sans qu'aucune autre explication vienne appuyer ses dires.

Henry Lee LucasAprès un générique dynamique, l'intrigue va commencer par faire du spectateur le témoin de l'un des crimes commis par Henry Lee Lucas avec son complice Ottis Toole en compagnie de cette Becky, puisque le trio, errant sans but sur la route à bord de leur guimbarde, va décider d'aller au cinéma pour faire plaisir à Becky, mais devant les remontrances d'un couple de spectateurs face au comportement exubérant et bruyant d'Ottis, Henry va égorger l'homme tandis que Ottis va s'occuper d'enlever la jeune femme qui finira évidemment mal, Ottis étant présenté comme un cannibale prenant plaisir à découper ses victimes en morceaux pour les manger, sans bien entendu que cette affirmation soit confirmée à l'écran, l'ellipse et le hors-champ s'imposant pour juste laisser le réalisateur visualiser rapidement l'égorgement du malheureux.

Henry Lee LucasEnsuite, l'intrigue va replacer Henry face aux rangers texans l'ayant arrêté et avec qui il se comportera de manière très amicale, même lorsque le shérif acceptera qu'un journaliste s'entretienne avec Henry en échange de mots flatteurs dans son journal, offrant ainsi de fait une transition idéale au métrage qui pourra alors se replonger dans l'enfance martyrisée de Henry. En effet, c'est un Henry âgé de six ans que nous découvrirons par la suite, brimé par une mère terrifiante de mesquinerie et d'égoïsme qui n'hésitera pas à assommer son fils désobéissant avec une planche en bois ou encore à l'envoyer à l'école habillé en fille, pour même refuser de le faire soigner alors qu'il se sera blessé à l'œil en jouant avec un bâton, ce qui le privera par la suite de son œil gauche, finalement remplacé par un œil de verre posé par un médecin condescendant.

Henry Lee LucasCette partie du métrage éclipsera complètement le côté malsain du personnage d'Henry Lee Lucas pour au contraire le présenter comme un petit martyr subissant les affronts d'une mère dont le caractère foncièrement mauvais sera largement mis en avant au point de la faire devenir presque pire dans son comportement que son fils, le ton mielleux affiché face à ses clients (la mère d'Henry se prostituant à domicile pour nourrir sa famille et notamment son mari amputé des deux jambes suite à un accident sur une voie ferrée), ce qui aura pour répercussion de laisser le spectateur prendre en pitié le petit Henry avec une empathie certaine et troublante, même en connaissant sa destinée sanglante et déviante, et qui se retrouvera régulièrement au cours de l'intrigue, notamment au cours d'une scène romantique entre Henry et Becky, celui-ci révélant l'existence à sa "fiancée" l'existence de Venise et de ses gondoles.

Henry Lee LucasLe métrage s'attachera également à suivre l'adolescence de henry, pour ainsi visualiser son premier crime maladroit et ses premiers déboires avec la justice qui l'enverra une première fois en prison, puis une seconde suite au meurtre libérateur de sa mère pour le laisser suivre une thérapie à base d'électrochocs destinés à réduire ses pulsions suicidaires et meurtrières dont l'origine sera clairement avancée par les délires teintés de souvenirs internes du personnage. Et ce ne sera donc que dans une dernière partie que l'équipée sauvage du tueur suite à sa remise en liberté et sa rencontre avec Ottis Toole sera appréhendée et presque survolée pour seulement nous laisser assister au meurtre d'une autostoppeuse, meurtre suivi d'un acte nécrophile avancé frontalement mais débarrassé de tout aspect glauque ou véritablement pervers.

Henry Lee LucasLe réalisateur préférera en effet insister sur la relation nouée par Henry avec cette Becky, la nièce d'Ottis (qui sera ici simplement un peu naïve alors que la vraie Becky était une attardée mentale), qui s'amourachera du tueur jusqu'à en mourir puisque le métrage élucidera l'introduction, pour laisser le final revenir brièvement sur le comportement de Henry après son arrestation, l'homme reconnaissant tous les crimes non résolus aux quatre coins des Etats-Unis, sans souci de vraisemblance pour se faire un nom et bénéficier de la largesse des rangers trop heureux de devenir eux aussi célèbres. Il faudra l'acharnement d'un procureur pour que Henry se rétracte, comme le sous-entendra une dernière séquence justificative et édifiante.

Henry Lee LucasLe réalisateur Michael Feifer affichera clairement sa volonté de revenir aux sources de la folie homicide de Henry Lee Lucas, avec cette évocation sordide et poignante de son enfance, pour ensuite s'intéresser le plus fidèlement possible à l'histoire réelle, quitte à éluder ce qui ne sera guère palpitant à l'écran (les mensonges de Henry), mais en insistant sur les protagonistes et les relations nouées, l'auteur oubliera quand même souvent ( et ce sera le seul reproche que l'on pourra faire au film) de s'intéresser au côté malsain et sauvage des crimes de Henry Lee Lucas, ici très (trop ?) peu visualisés et surtout de façon trop propre pour affecter le spectateur, ce qui ne permettra pas de donner forcément pleinement conscience de l'étendue des horreurs commises par le tueur, et ce même si son caractère nécrophile sera examiné et décrypté de manière explicite, mais toujours sans volonté réelle de choquer.

Henry Lee LucasCette approche sera également quelque peu pénalisée par une ambiance elle aussi trop propre notamment au niveau des personnages qui seront quand même décrassés et trop nets sur eux pour respecter pleinement la réalité, mais cela se fera au bénéfice d'un côté psychologique brillant et percutant pour amener le spectateur à découvrir en profondeur ce qui a façonné ce tueur en série roublard, nous impliquant de fait dans l'intrigue en laissant parler des émotions contradictoires et pas toujours aisées à maîtriser face à la condition de victime et de bourreau du personnage central, même si le final aidera à le replacer dans un contexte respectant plus facilement le contexte de ses crimes.

Henry Lee LucasL'interprétation est largement convaincante, Antonio Sabato Jr incarnant un henry tout à fait crédible et naturel qui sera entouré d'acteurs impliqués avec notamment une terrible Caia Coley jouant Violet, la mère de Henry, un surprenant bambin (Ezra Averill) pour tenir le rôle de Henry enfant et Kelly Curran qui imprimera une naïveté angélqiue au personnage de Becky, rendnant ainsi sa mort encore plus douloureuse et dramatique. La mise en scène de Michael Feifer est efficace pour tenir en haleine (avec juste ce passage clippesque pas franchement opportun apparaissant au milieu du métrage) tout en demeurant conventionnelle. Les effets spéciaux sanglants seront probants mais tout en n'ayant pas vraiment le temps de se laisser apprécier.

Henry Lee LucasDonc, ce Henry Lee Lucas se penchera de manière efficiente sur le cas de ce "serial killer" pour chercher à nous dépeindre en profondeur son malaise et les origines de sa folie, ce qui sera fera hélas quelque peu au détriment d'un aspect glauque et malsain régulièrement absents ou volontairement écartés pour leur préférer une approche psychologique moins facile mais ô combien frappante !

Pour ceux qui voudraient en apprendre davantage sur l'édition française du métrage en DVD ou en Blu-ray par Emylia, la présentation est disponible ici !

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