Archives pour: Janvier 2010, 15

15.01.10

07:30:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Dracula's daughter

Avec ce Dracula’s daughter, le réalisateur espagnol Jess Franco va une nouvelle fois s'intéresser au mythe vampirique pour une exploration cette fois bien classique et qui ne parviendra pas à cacher le manque de budget alloué au métrage ni un scénario au abonné absent obligeant une improvisation qui se ressentira aussi bien au niveau d'un rythme défaillant que dans l'enchaînement aléatoire des différentes séquences, formant ainsi un ensemble éthéré mais hermétique heureusement sauvé par un érotisme bien présent mais jamais salace ou vulgaire et magnifié une nouvelle fois par le réalisateur.
Le script va voir la descendante des Karlstein revenir dans sa famille au chevet de sa mère mourante, pour entendre celle-ci lui révéler un secret précieusement gardé concernant ses ancêtres, des vampires, et lui remettre la clef d'une crypte où repose le dernier buveur de sang encore en "vie".

Dracula's daughterJess Franco va commencer le métrage en laissant flâner sa caméra autour de cette falaise d'où émergera un château, laissant une voix-off nous conter très brièvement son histoire impliquant la présence en ces lieux du comte Dracula et la terreur qu'il fît régner, terreur aujourd'hui reléguée au rang de légende, à moins que… Et justement, la séquence suivante va voir un mystérieux individu, uniquement présenté par des gros plans sur son œil, en pleine observation d'une demoiselle se croyant seule chez elle et qui va s'apprêter à prendre un bain, nous proposant ainsi une première séquence porteuse d'un léger érotisme basé sur l'effeuillage jusqu'à ce que l'inconnu pénètre ouvertement dans cette salle de bains, provoquant les cris de l'infortunée jeune femme.

Dracula's daughterSi cette introduction restera linéaire et même prometteuse en plaçant un petit suspense qui ne sera pas sans rappeler le "giallo" dans l'agencement des plans en caméra subjective, la suite fera progressivement déchanter. En effet, nous ferons alors connaissance des descendants des Karlstein, rassemblés autour de Madame Karlstein sur le point de mourir et attendant l'arrivée de sa fille Luisa, sans que chacun de ces personnages ne trouve d'entrée sa place ou soit nommé. Luisa finira par arriver et la mourante voudra s'isoler avec elle pour lui révéler un terrible secret concernant la famille, les Karlstein étant pour certains des vampires, tout en lui indiquant où se trouve la clef d'une crypte placée sous une chapelle que Luisa se doit d'aller visiter.

Dracula's daughterL'intrigue avancera alors d'autres personnages en se positionnant rapidement dans une auberge tenue par Ana, la compagne du secrétaire des Karlstein, Cyril Jefferson, avant de laisser la police découvrir sur la plage le cadavre de la victime vue en introduction, permettant ainsi à l'inspecteur Ptuschko de commencer une enquête, bien vite rejoint par un journaliste, Charlie, désireux d'en savoir plus sur ce crime que certains attribuent déjà au vampires qui seraient de retour dans la région. Mais hélas, la suite deviendra très vite nébuleuse et décousue, pour d'abord laisser Luisa visiter cette chapelle et cette crypte où reposera deux cercueils dont un s'ouvrira pour laisser un vampire venir hypnotiser Luisa, tandis qu'après le mystérieux individu tout de noir vêtu de l'entame du film va venir effrayer Karine, la cousine de Luisa, dans sa chambre, et que l'actuel comte Karlstein s'entretiendra avec son secrétaire, un fervent croyant en l'existence des vampires, avant de se rendre dans un cabaret pour assister à un spectacle sensuel exécuté par une demoiselle qui trouvera ensuite la mort, tuée par l'assassin désigné du métrage.

Dracula's daughterS'ensuivra un mélange d'enquête policière menée conjointement par l'inspecteur Ptuschko et le journaliste qui n'hésitera pas à entrer par effraction chez les Karlstein dans le but de découvrir des indices, ce qui aura pour effet de venir placer l'actuel comte Karlstein en position de suspect que révélation guère probable mais grinçante viendra disculper, tandis que nous suivrons parallèlement Luisa, nouvellement vampirisée et qui se lancera dans une relation saphique avec sa cousine et qui apportera au vampire de la crypte des proies en la personne de jeunes femmes ramassées ici ou là dans l'entourage des personnages secondaires du film.

Dracula's daughterHélas Jess Franco ne semblera pas franchement concerné par son intrigue qu'il développera quand même n'importe comment, au gré de séquences sans rapports ni raccords entre elles, délaissant même la partie "giallesque" du métrage en cours de route au profit de situations mettant en avant Luisa par un érotisme cette fois largement plus appuyé dans une démarche progressiste qui trouvera son apothéose lors d'un second ébat saphique mortel pour la pauvre Karine, tandis que cette enquête policière, outre le fait qu'elle abandonnera la partie principale avec cette fausse piste flagrante n'aboutira à rien de concret pour laisser le secrétaire du comte trouver lui-même la solution lors d'un final quand même bâclé.

Dracula's daughterEn plus, les protagonistes évolueront sans réelle présentation, ce qui aura pour effet de détourner l'attention du spectateur qui cherchera à décrypter les devinettes de Jess Franco au jeu du "qui est qui" pour espérer enfin replacer chacun dans son contexte, ce qui se fera heureusement par bribe mais certainement trop tard pour garantir une quelconque implication dans une intrigue déjà bien obscure et chargée en ellipses fatales qui donneront l'impression d'une gratuité apparente de certaines séquences (le cabaret notamment) et surtout d'une improvisation certes coutumière chez Jess Franco mais qui ici trouvera des répercussions dommageables pour l'ensemble.

Dracula's daughterPar contre, dès qu'il s'agira de nous livrer des séquences érotiques, le réalisateur retrouvera son art d'agencer des scènes de toute beauté pour magnifier ses splendides actrices qui évolueront dénudées avec un naturel convaincant et charmant, créant même des parallèles plaisants, mais sans qu'ici Jess Franco se laisse aller puisque jamais ces plans osés ne lorgneront vers le "hardcore" ou se montreront salace ou trop poussés, et ce même si les zooms et autres gros plans ne seront pas oubliés pour au contraire être traités avec une certaine grâce et avec un sens esthétique plus qu'évident qui compensera quelque peu cette tendance de l'auteur à quitter le cadre de référence pour partir filmer tout et n'importe quel détail sans intérêt.

Dracula's daughterLes personnages resteront dans un tel contexte superficiels et guère travaillés, même si une séquence du final arrivera à trouver une ampleur dramatique mélancolique dans la relation du secrétaire et de sa compagne, tandis que l'aspect vampirique pur et issu du folklore du mythe sera dangereusement restreint, le vampire de la crypte ne pouvant apparemment pas la quitter, limitant ainsi de fait ses apparitions devant la caméra, ce qui sera également ennuyeux puisqu'il sera interprété par le grand Howard Vernon ici carrément sous-exploité et plus proche de la figuration,et alors que les décors de la crypte arrivaient pourtant à créer une certaine ambiance.

Dracula's daughterLe reste de l'interprétation sera assez cohérent, avec une Britt Nichols (notamment vue dans Die nonnen von Clichy toujours de Jess Franco) charmante et crédible qui sera accompagnée dans l'érotisme par Anne Libert (elle aussi ayant travaillé régulièrement pour Jess Franco), tandis que nous retrouverons le compositeur attitré du réalisateur, Daniel White, dans le rôle de l'actuel comte Karlstein, Jess Franco se réservant comme régulièrement un rôle qui ici sera quand même terne. La mise en scène du réalisateur aura du mal à pérenniser un rythme qui sombrera de manière récurrente à cause de scène de dialogues à l'utilité limitée, tout en portant les stigmates des habitudes de l'auteur, entre ces zooms intempestifs et ces gros plans curieux ou érotiques.

Donc, avec ce Dracula’s daughter Jess Franco signera une œuvre à la faiblesse trop apparente pour réellement séduire, mais tout en étant sauvé du désastre par cet érotisme élégant et charmant !

Dracula's daughterLe DVD de zone 2 anglais édité par Redemption films avancera une image guère débarrassé des ses petits défauts d'origine, tandis que la bande-son sera efficace, grâce notamment à une partition musicale dynamique et tonitruante, le métrage étant ici proposé dans sa version française avec des sous-titres anglais optionnels.
Au niveau des bonus, on pourra suivre une galerie de photos étendue et largement conséquente, complétée par une galerie de deux affiches et la bande-annonce française du film, laissant des bandes-annonces d'autres titres de l'éditeur et une promo musicale clore ces bonus restreints mais plaisants.

Pour ceux qui voudraient se laisser tenter par cette nébuleuse historie de vampires érotiques, le DVD de zone 2 anglais est dsiponible ici ou !

Permalien 1526 mots par nicore, 171 vues • R�agir

Janvier 2010
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
 << <   > >>
        1 2 3
4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31

Le Blog des DVDpasChériens

Les dvdpascheriens ayant la fibre journalistique peuvent participer à ce blog. Sur le thème des DVD, de la HD et de la vente en ligne. On y trouve des critiques, des dossiers, des articles sur les nouveautés ...

Rechercher

Qui est en ligne?

  • Visiteurs: 46

powered by
b2evolution