14.01.10

07:25:00, Cat�gories: Nouveautés, Test / Critique  

Par Nicore

Smash cut

Aussi bien critique satirique envers le monde du cinéma en général (où tout le monde en prendra pour son grade, spectateurs compris) que parodie sanglante glorifiant l’esprit du cinéma d’exploitation "grindhouse" des années soixante-dix, ce Smash cut fera en outre preuve d'une belle inventivité pour illustrer son sujet décapant quelque part calqué sur le Color me red blood d'Herschell Gordon Lewis, ce qui ne sera certainement pas un hasard, le métrage étant justement dédié au réalisateur culte inventeur du gore à l'écran et qui nous gratifiera de sa présence le temps d'un caméo souriant.
Le script va suivre la déchéance d'un obscur réalisateur de film d'horreur à petit budget lassé des mauvaises critiques reçus, notamment à l'encontre de ses effets spéciaux plus que foireux et qui va se mettre à utiliser de vrais cadavres et du vrai sang pour améliorer son art.

Smash cutD'entrée, le métrage va se livrer à un hommage vibrant au réalisateur Herschell Gordon Lewis en laissant le bonhomme nous lancer un avertissement concernant l'aspect graphique de Smash cut, avertissement énoncé seulement pour la quatrième fois dans l'histoire du cinéma, mais étant bien entendu ici à prendre au second degré comme un "gimmick" d'antan ressuscité par le réalisateur qui va ensuite continuer dans cette voie pour nous laisser découvrir en même temps que les spectateurs d'un cinéma (reprenant ainsi le principe usuel du "film dan le film") un bien mauvais film d'horreur appelé "Terror toy" au travers d'une scène ridicule au cours de laquelle une psychiatre ayant conspué un patient croyant à l'existence d'un clown tueur va se retrouver confronté à cette marionnette qui va la tuer à grands coups de stylo plume et notamment dans l'œil, ce qui occasionnera un effet spécial définitivement raté, au point que les spectateurs vont progressivement quitter la salle en demandant à être remboursé, sans se douter que le réalisateur, Able Whitman, est présent en anonyme dans la salle.

Smash cutCette introduction rendra un hommage rigolard aux films d'horreur de seconde zone en en accentuant ouvertement les défauts pour mieux ensuite laisser s'exprimer la mélancolie rageuse du cinéaste incompris et croyant à ses films qui sera se retrouver seul dans la salle, outré par la réaction du public et qui ira noyer son chagrin dans un club chaud où en plus il va lire dans un journal une critique le descendant sans fioriture. Il ne trouvera du réconfort que dans les bras de Gigi Spot, une prostituée notoire avec qui il va quitter le club, croyant avoir enfin trouvé sa muse capable de lui insuffler l'inspiration pour son prochain long métrage. Mais hélas ils vont avoir un accident de voiture qui va coûter la vie à la belle, laissant le réalisateur nous gratifier d'une pose mortelle impayable pour la victime que Able va décider de cacher dans son coffre.

Smash cutLe lendemain, alors qu'il sera toujours taraudé par ces critiques assassines qui vont hanter son esprit, Able va se rendre sur le lieu de tournage de son film pour y découvrir ses assistants préparant un effet spécial encore plus pourri que ceux vu auparavant, ce qui va déclencher une fureur chez l'auteur alors qu'il va avoir une idée macabre, se servir du corps de Gigi pour sa prochaine séquence sanglante. Cette mise en scène sera du goût de ses producteurs qui vont forcément trouver ses rushs d'un réalisme saisissant mais ne pouvant se resservir du corps de Gigi, Able va devoir trouver d'autres cadavres pour ses prochaines scènes. Il va donc en profiter pour régler ses comptes avec les gens du milieu et personne ne sera épargné, la critique l'ayant descendu ou encore un des producteur voulant le commander en l'intimidant pour qu'il engage un gamin de ses connaissances pour son film, avant que sa folie meurtrière ne le pousse à massacrer tout le monde.

Smash cutMais pendant ce temps-là, April, la sœur de Gigi travaillant pour une chaîne de télévision locale, va se mettre en tête de retrouver sa sœur disparue et pour ce faire va engager un détective privé, le faussement maniéré Isaac Beaumonde avec qui elle va mener l'enquête pour rapidement resserrer l'étau autour d'Able. Et afin d'en apprendre plus sur ce suspect, April va réussir à se faire engager sur le tournage de "Terror toy 2" et ainsi se retrouver au milieu des montages macabres d'Able, sans qu'elle se doute des manigances du réalisateur jusqu'au dernier acte lui aussi respectueux d'un certain cinéma en avançant notamment parmi ses situations la découverte d'un chef d'œuvre oublié et présumé perdu qu'Able va vouloir projeter à des fins inavouables et croustillantes, laissant alors un final certes attendu mais volontaire et savoureux clore le métrage de manière probante et encore prolongée apr un bêtisier qui accompagnera le générique final.

Smash cutLe réalisateur canadien Lee Demarbre se servira copieusement de son intrigue pour fustiger franchement et ouvertement le monde du cinéma, qu'il jugera corrompu par les critiques, les producteurs uniquement intéressés par leurs investissements et même les spectateurs pointilleux et intransigeants, et mais ce sera sur un ton toujours sarcastique et humoristique que l'auteur va démontrer tout ce petit monde qui gravitera autour de son personnage principal illuminé en lui offrant des victimes toutes désignées, pour même se permettre de se gausser du cinéma d'auteur ici explosé au travers de cette prétendante à une subvention convoitée par Able et qui finira évidemment mal.

Smash cutMais Lee Demarbre ira plus loin pour également porter un regard chargé d'une certaine tendresse sur ce réalisateur décrié et conspué qui malgré tout va croire en son œuvre contre vents et marées, quitte à se servir de son propre sang pour fignoler ses effets spéciaux, et dont les meurtres commis seront quelque part en partie justifiés par l'aspect guère reluisant des victimes, surtout pour les premières dont la mort sera rendu jouissive et libératrice. Le réalisateur laissera également son amour du cinéma-bis et de ses artisans s'exprimer au travers de personnages secondaires qu'il affectionnera comme ce cadreur émérite et fidèle à Able ou encore ce scénariste dévoué qui participera sans le savoir à aider Able à masquer ses crimes. Par contre, le détective privé sera présenté sous un jour foncièrement et délibérément ironique et moqueur, pour ainsi confirmer encore l'humour dévastateur accompagnant l'ensemble du film.

Smash cutLe métrage se parera aussi d'une belle imagination pour avancer ses séquences de meurtres, laissant par exemple Able se servir d'un clap de cinéma armé de dents pour attaquer et décapiter la critique aigrie qui servira de première réelle victime, tandis qu'ensuite certaines mise à mort resteront en adéquation avec la profession des différentes proies d'Able, ce qui laissera Lee Demarbre nous gratifier de plans sanglants volontaires, graphiques et généreux en hémoglobine pour même parfois tourner au carnage pur avec ces morceaux humains épars, sans pour autant que ces séquences deviennent dérangeantes car étant toujours agencées sur un ton humoristique et dédramatisant les exactions du personnage principal.

Smash cutL'interprétation est ici convaincante dans un surjouage délicieux, avec notamment David Hess qui s'éclatera dans le rôle d'Able, laissant plusieurs figures du genre venir tenir des seconds rôles ou des caméos, Herschell Gordon Lewis bien sûr, mais aussi Michael Berryman qui nous offrira une prestation bien barrée ou encore Ray Sager, vieux compagnon de route d'Herschell Gordon Lewis qui tiendra ici le rôle d'un prédicateur peu reluisant, tandis que l'actrice issue du "hardcore" Sasha Grey livrera une prestation habillée et ne versant pas franchement dans l'érotisme. La mise en scène du réalisateur est efficace pour conserver un rythme constant, tout en jouant habilement avec ses effets de caméra pour par exemple régulièrement se mettre à la place de celle d'Able pour des plans marqué et rayés dans la tradition ou encore pour utiliser les artifices chers au cinéma "grindhouse", telle cette séquence vécue sur un même plan du point de vue du tueur et de sa victime. Les effets spéciaux sont plutôt probants pour verser dans un gore graphique et outrancier, même si certains d'entre eux demeureront quand même assez ratés (l'énucléation des yeux).

Smash cutDonc, ce Smash cut s'avérera être une excellente surprise en hommage respectueux à tout un pan de cinéma de seconde catégorie qui sera traité amoureusement, laissant la critique ouverte du monde du cinéma d'aujourd'hui venir encore renforcer ce sentiment, sans que le métrage néglige pour autant un humour ironique et sarcastique qui s'immiscera dans toutes les situations ou encore un aspect sanglant bien présent !

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’édition française du film en DVD ou en Blu-ray par Emylia, leur présentation est disponible ici !

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