Archives pour: Octobre 2009, 13

13.10.09

07:25:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Perversion story

Première incursion de Lucio Fulci, qui jusque-là s’était cantonné dans la comédie (hormis son excellent western Le temps du massacre) dans le thriller, ce Perversion story ne pourra pas renier l’influence du Sueurs froides d’Alfred Hitchcock au sein d’une intrigue machiavélique en diable qui permettra au réalisateur d’affirmer aussi bien son talent de metteur en scène que sa capacité à captiver son spectateur sur la durée, tout en avançant un érotisme bien présent.
Le script va suivre les déboires d’un homme partagé entre sa maîtresse et son épouse souffrant d’asthme lorsque celle-ci va mourir dans des conditions suspectes, surtout que peu de temps après il va rencontrer une strip-teaseuse, sosie presque parfait de la défunte.

Perversion storyLe métrage va tout de suite mettre en scène son personnage principal, le Dr. George Dumurrier, propriétaire d’une clinique privée, en pleine conversation avec son frère Henry travaillant pour lui et ne semblant guère apprécier la publicité hasardeuse faite dans la presse par George, pour ensuite s’immiscer dans sa vie privée houleuse au travers des rapports tendus et guère amicaux qu’il entretient avec son épouse Susan, souffrant de crises d’asthme sévères et nécessitant une présence permanente, obligeant George à embaucher une infirmière particulière. Cette présentation du personnage principal sera quand même teintée de cynisme de la part de Lucio Fulci qui, juste après avoir fait dire à son personnage, expliquant à cette nouvelle infirmière le traitement de Susan, qu’il aimait sa femme, nous allons retrouver George dans les bras d’une autre femme, Jane, avec qui il entretient une relation adultère.

Perversion storyMais cette Jane annoncera à George qu’elle s’apprête à quitter la ville, rompant de fait avec lui pour, juste après avoir fait une dernière fois l’amour (lors d’une première scène sensuelle magnifiquement agencée, avec notamment ce plan pris de sous le matelas et cet éclairage particulier resplendissant), le laisser la déposer à la gare. Ne voulant pas perdre sa bien-aimée George va sur un coup de tête se rendre en voiture à la destination de Jane et l’attendre sur le quai de la gare, ce qui bien sûr fera de l’effet à Jane puisqu’elle restera avec lui, mais hélas ces retrouvailles seront ternies par un appel de Henry annonçant à George la mort de sa femme. Après une pause mortuaire s’attardant sur le cadavre de Susan dans un élan funèbre évident et précurseur sans doute de l’attrait du réalisateur pour le macabre, la vie semblera reprendre ses droits pour George et Jane, sous les meilleures augures vu que George a hérité d’une assurance-vie confortable de la part de Susan, chose qu’il ne comprendra pas vraiment vu que sa femme le haïssait. Mais les deux tourtereaux seront observés et épiés par un individu anonyme les suivant partout jusqu’à ce que George reçoive en plein dîner dans un restaurant un curieux appel téléphonique le faisant quitter Jane pour se rendre dans une boîte à strip-tease.

Perversion storyL’univers de cet établissement sera bien croustillant en symbolisant parfaitement la libération des mœurs avec ces filles nues dansant lascivement au milieu de gros ballons colorés lancés par les spectateurs et c’est dans cet endroit que George, bientôt rejoint par Jane qui l’avait suivi et commençait à lui poser des questions sur son attirance pour ce genre de spectacle, va découvrir Monica, une strip-teaseuse qui fera un numéro de charme étourdissant mais surtout stupéfiera George et Jane par sa ressemblance avec la défunte, à quelques petits détails près (la couleur des cheveux et des yeux). La similitude physique des deux femmes scotchera littéralement George qui invitera la demoiselle à sa table dans une atmosphère largement étrange et presque surréaliste, pour après chercher à revoir cette personne avec qui il couchera, tandis que la compagnie d‘assurance chargée de payer l’assurance-vie aura des doutes sur l’affaire au point de mettre la police au courant de certaines choses, déclenchant une enquête.

Perversion storyL’intrigue se révélera être tortueuse, jouant sur les faux-semblants et malmenant son personnage principal qui doutera constamment de la réalité et de l’identité de Monica, surtout que plusieurs coïncidences troublantes viendront encore brouiller les pistes et pervertir la compréhension des choses, laissant le spectateur désarmé devant les situations et ne parvenant jamais à anticiper sur l’évolution des événements ou la direction prise par l’ensemble. Le spectateur se retrouvera ainsi coincé entre une possible machination improbable puisque personne ne semblera en vouloir à George ou pouvoir tirer profit de la situation et l’éventualité de la culpabilité de George, qui pourrait avoir payé l’infirmière pour tuer son épouse, mais aucun élément décisif ne viendra donner un avantage à l’un ou l’autre des hypothèses jusqu’à ce que le réalisateur décide de plein gré de nous donner toutes les clefs de l’affaire lors d’un dernier acte machiavélique qui avancera une explication terriblement tortueuse, diabolique et quelque part terrible pour les protagonistes concernés. Hélas, le seul petit bémol pourra concerner l’issue finale opportuniste, pas forcément très crédible mais présentée de manière originale et préméditée en amont pour éviter le naufrage.

Perversion storyLucio Fulci arrivera sans mal à impliquer son spectateur dans cette intrigue prenante au renouvelant constamment ses situations pour toujours imposer le doute au travers de détails en apparence anodins mais qui trouveront toute leur importance en fin de compte et tout en faisant évoluer des protagonistes étranges, troubles comme cette Jane aux relents lesbiens et cette Monica sujette à toutes les interrogations, tandis que George officiera en anti-héros assez méprisable dans sa relation adultère et ses mots durs envers son épouse malade pour ensuite devenir le jouet d’un ensemble qu’il ne comprendra jamais, ses tentatives pour s’en sortir échouant même et ce sera uniquement le hasard qui fera "bien" les choses.

Perversion storyL'érotisme sera largement présent, permettant au réalisateur d'avancer régulièrement ses actrices en petite tenue ou même entièrement dénudées, aussi bien par des choix scénaristiques volontaires (comme la séquence dans la boîte à strip-tease) ou en impliquant des protagonistes aux métiers avantageux (Jane étant photographe de charme), laissant bien évidemment Monica par son métier et ses prérogatives dans l'intrigue évoluer dans son plus simple appareil. Sans jamais verser dans la violence franche et en se permettant même de se gausser du "giallo" naissant lors d'une scène irrésistible (les gants blancs) , Lucio Fulci parsèmera le film de séquences macabres et malsaines, entre ce cadavre putride à la morgue complaisamment étalé devant la caméra, cette scène mortuaire prolongée et tous ces détails morbides impliquant la chambre à gaz du pénitencier.

Perversion storyL'interprétation sera ici convaincante, même si Jean Sorel ne brillera pas par son charisme dans le rôle de George, pour laisser la troublante à défaut d'être vraiment belle Marisa Mell imposer son œuvre de séduction réussie. La mise en scène de Lucio Fulci est admirable aussi bien par ses cadrages originaux et parfois expérimentaux que pour son utilisation des décors, des miroirs ou encore des gros plans, avec en plus une utilisation adaptée de cet écran divisé en plusieurs parties pour avancer différents plans. Les rares effets spéciaux sont probants, notamment pour ce cadavre en bien mauvais état qui resservira plusieurs fois.

Donc, ce Perversion story fera preuve d'une grande maîtrise dans son intrigue tortueuse qui parviendra à fasciner son spectateur qui pourra en plus admirer le travail méticuleux effectué par le regretté Lucio Fulci !

Perversion storyLe DVD de zone 0 édité par Severin Films avancera une image nette et sans réel défaut notable, tandis que la bande-son sera efficace, grâce à une partition musicale jazzy performante, le métrage étant ici proposé dans sa version italienne et anglaise, avec des sous-titres en anglais optionnels.
Au niveau des bonus, il faudra se contenter de la bande-annonce d'époque du film, mais un second disque audio "offert" permettra d'écouter la partition musicale du métrage.

Pour ceux qui voudraient découvrir cette œuvre prenante et remarquable du maître italien, le DVD de zone 0 est disponible ici ou !

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