Archives pour: Octobre 2009, 09

09.10.09

07:15:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

Contraband

Réalisé par un Lucio Fulci tout juste sorti de L'enfer des zombies, ce Contraband, connu chez nous sous le titre de La guerre des gangs restera comme l'un des polars italiens les plus violents et sanglants de l'époque, porté par une bonne dose de sadisme, ce qui compensera largement une intrigue quelque peu commune malgré des choix scénaristiques pour le moins étranges en présentant les contrebandiers sous un jour presque sympathique, comparés aux importateurs de drogue étrangers.
Le script va suivre la vengeance d'un contrebandier (s'occupant d'un trafic de cigarettes) suite au meurtre de son frère et de plusieurs pontes de la pègre locale, tous assassinés par "Le Marseillais", un truand désireux d'étendre son pouvoir sur Naples au travers du trafic de drogues dures.

ContrabandLe métrage va tout de suite lancer son action pour nous présenter son personnage principal, Luca Di Angelo, et son frère Micky en plein trafic maritime puisqu'avec leurs hors-bords ils vont aller chercher des cartons de cigarettes de contrebande sur un bateau les attendant au large, mais cette fois-ci, la police maritime sera de la partie, obligeant Luca à s'enfuir, non sans avoir fait exploser le bateau pour faire disparaître les preuves. Cette entame du métrage sera remarquablement maîtrisée pour suivre le ballet de ces hors-bords surfant sur l'eau et zigzaguant pour des plans de toute beauté, et tout en nous permettant de commencer à se familiariser avec ce Luca assez tranquille malgré l'approche de la police et qui restera maître de la situation.

ContrabandEnsuite, l'intrigue va pousser la présentation de Luca, que nous allons retrouver chez lui en compagnie de sa femme, Adèle et de leur fils, pour y découvrir une famille presque normale et allant souvent rendre visite à Micky qui s'occupe de chevaux de course, avec pour seules différences la peur quotidienne d'Adèle face au "métier" de Luca avec ses craintes de le voir mourir ou être emprisonné, et la présence épisodique d'un autre mafioso sur le champ de course qui ne semblera pas plaire du tout à Luca. Le côté "truand" de Luca ressortira lorsqu'il ira rendre visite à Luigi "le Milanais", un autre contrebandier avec il s'entend bien et avec lequel il va s'entretenir pour savoir qui a bien pu renseigner la police lors du fiasco vu en introduction leur ayant coûté plusieurs millions de lires.

ContrabandLe décor ainsi planté, avec donc des personnages présentés sous un jour bien conciliant malgré leurs actions illégales (il ne faudra pas oublier que le film a été en partie financé par de vrais contrebandiers italiens…), l'intrigue va pouvoir réellement commencer lorsque Luca et son frère vont tomber dans une embuscade tendue par de faux policiers qui vont abattre sans sommations Micky avant de s'enfuir. Ce décès plongera Luca dans une tristesse sans nom, teintée d'un désir de vengeance avéré malgré les recommandations de son épouse de se tenir "trtanquille". Les funérailles de Micky donneront l'occasion à Lucio Fulci de nous gratifier d'une splendide séquence maritime, observée de loin par deux inspecteurs qui pourront ainsi nous énumérer le nom des pontes de la pègre locale, tout en reprenant des traditions purement italiennes.

ContrabandEnsuite, le métrage va d'abord laisser Luca s'orienter vers une fausse piste qui lui coûtera quelques bleus et autres traumatismes, avec au passage une scène de bagarre bien méchante qui se terminera par un plongeon dans une marre de souffre pour l'adversaire de Luca, ce qui l'autorisera par la suite à balancer le cadavre décomposé à travers la vitre de la chambre de celui qu'il pensera alors être le responsable de la mort de son frère. Cette partie de l'intrigue nous vaudra quelques plans sanglants, mais cela restera bien mesuré par rapport à ce qui va suivre, lorsque Luca va découvrir qu'un truand étranger, "Le Marseillais" s'acharne à décimer tous les truands locaux pour prendre le pouvoir de la pègre napolitaine et imposer un trafic de drogues dures.

ContrabandEn effet, le métrage va dans sa seconde partie basculer dans des rebondissements privilégiant une violence froide et sanglante, pour mettre en scène de nombreuses mises à mort saignantes au cours desquelles on ne comptera plus les impacts de balles tandis que les gorges seront éclatées par des coups de feu, quand ce ne sera pas directement dans une bouche que l'on tirera pour faire exploser la cervelle d'une victime, laissant même un sadisme investir les débats lorsque Luca va enfoncer un couteau dans l'abdomen d'un adversaire pour le faire parler, et plus certainement encore lors de cette séquence de viol terrible, dégradante sur l'épouse de Luca dont il en sera le témoin impuissant en entendant ce qui arrive à sa femme par téléphone. Le final restera quant à lui comme un épisode marquant avec cette avant-dernière séquence admirable, à la mise en scène parfaite et qui trouvera une ampleur inespérée.

ContrabandSi Lucio Fulci pourra mettre en scène cette sauvagerie sanglante, ce sera en majeure partie grâce au personnage appelé "Le Marseillais", qui fera preuve d'une cruauté sans limite dans sa volonté d'asservir la pègre locale ou carrément de faire le nettoyage par le vide, avec même une succession de crimes perpétrés contre les parrains locaux suivis les uns après les autres. Mais ce "Marseillais" laissera également éclater ses penchants vicieux et cruels lorsqu'il défigurera au chalumeau une demoiselle coupable de demander trop d'argent en échange d'une cargaison de drogue, dont un échantillon aura été soigneusement caché dans l'intimité de la jeune femme, exemple typique d'une certaine perversité typique dont fera preuve le métrage.

ContrabandOn pourra d'ailleurs remercier Lucio Fulci de ce jusqu'au-boutisme dans sa démarche car sinon le métrage aurait sans doute été plutôt fade, la faute à une intrigue de fond pas foncièrement passionnante, qui n'hésitera pas à avoir recours à quelques ellipses délicates dans son cheminement, mais on pourra aussi s'amuser de quelques scènes et détails souriants, comme cette descente de police dans un quartier où chaque habitant semblera être en possession de cigarettes de contrebande pour une séquence décalée par rapport à la noirceur ambiante avec ces quidams arrêtés dans des circonstances saugrenues, aux toilettes ou encore en plein repas comme cet homme qui emmènera avec lui sa plâtrée de nouilles, tandis que le réalisateur ne donnera pas forcément une image reluisante d'une ville de Naples gangrenée par le chômage et où les trafics sembleront faire vivre beaucoup d'habitants.

ContrabandLes personnages demeureront assez bien travaillés pour devenir non pas attachants mais au moins sympathiques et dont on aura tendance à frémir devant leur triste sort, la palme revenant à la douce Adèle qui aura passé son temps à mettre en garde Luca pour être au final elle-même violée dans des conditions plus que sordides, tandis que ce Luca, qui finira lui complètement dépassé par l'enchaînement des événements, fera un héros atypique en devenant régulièrement aussi sadique et violent que ses adversaires, dont "Le Marseillais" qui demeurera dans la grande tradition des truands sans pitié. L'ensemble bénéficiera d'une interprétation convaincante, portée par un Fabio Testi à l'aise dans le rôle de Luca et tandis que nous retrouverons avec plaisir Marcel Bozzuffi pour interpréter "Le Marseillais", sans oublier les seconds rôles savoureux de Guido Alberti ou encore de la transsexuelle Ajita Wilson. La mise en scène de Lucio Fulci est épatante pour donner de l'ampleur à ses séquences, tout en suivant l'action de près pour donner un rythme régulier au métrage, avec seulement un petit relâchement avant l'entrée dans le vis du sujet. Les effets spéciaux sanglants sont ici probants, volontaires et graphiques pour de la sorte demeurer réalistes.

Donc, ce Contraband s'imposera donc comme une œuvre largement réussie mais hélas méconnue du grand Lucio Fulci, qu'il conviendrait de réhabiliter à sa juste valeur !

ContrabandLe DVD de zone 0 édité par Blue Underground avancera une image nette et ne connaissant pas de défaut notable, tandis que la bande-son sera efficace avec une splendide partition musicale qui accompagnera idéalement les temps forts du film, celui-ci étant comme souvent chez l'éditeur, uniquement proposé dans sa version anglaise, sans aucun sous-titres.
Au niveau des bonus, on ne pourra hélas que suivre la bande-annonce anglaise du métrage et parcourir quelques filmographies.

Pour ceux qui voudraient découvrir ce polar sanglant largement convaincant de Lucio Fulci, le DVD de zone 0 est disponible ici ou !

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