Archives pour: Octobre 2009, 07

07.10.09

07:00:00, Cat�gories: Test / Critique  

par Nicore

The blood rose

Film français réalisé en 1969 par Claude Mulot, surtout connu ensuite pour sa carrière dans l'érotisme hardcore sous le pseudonyme de Frédéric Lansac, ce The blood rose (sorti chez nous sous son titre original de La rose écorchée), malgré son script lorgnant du côté des Yeux sans visage de Georges Franju, arrivera à développer aussi bien un aspect surréaliste et poétique épaulé par ces décors gothiques et certains personnages "autres" qu'un érotisme teinté d'horreur pure au sein d'une intrigue dramatique forte appuyée par une histoire d'amour malheureuse.
Le script va suivre la déchéance d'un peintre renommé suite à l'accident ayant défiguré et brûlé profondément sa tendre épouse, la transformant en un monstre avec qui il va vivre reclus dans un château jusqu'à l'arrivée d'un ancien chirurgien spécialiste du visage qui va redonner espoir au couple avec l'éventualité d'une greffe, mais pour cela, il va bien falloir trouver une donneuse, pas forcément consentante…

The blood roseD'entrée, le métrage va avancer son personnage principal, Frédéric Lansac et son ami Wilfried attendant le verdict d'un médecin, ce qui permettra à Wilfried de revenir sur le passé de Lansac, aidé par une voix-off pour quelques flash-backs qui nous permettront de retracer le parcours de ce peintre aussi volage de réputé et prisé des milieux mondains, pour suivre sa rencontre avec Moira, une demoiselle attirée par la notoriété de Lansac et avec qui il va entretenir une relation amoureuse jusqu'au jour où, se préparant à se rendre à une soirée déguisée chez Moira, il va croiser Anne. Ce sera le coup de foudre instantané et réciproque, ce qui poussera Lansac à négliger Moira pour filer le parfait amour avec cette nouvelle jeune femme pour qui il éprouvera de vrais sentiments.

The blood roseC'est ainsi que Lansac fera découvrir à Anne le château familial seulement gardé par deux nains au faciès guère engageant, ce qui n'arrêtera pas Anne qui voudra y habiter. Peu de temps après ils vont se marier, et lors d'une soirée donnée pour fêter ce mariage, Moira va faire irruption et menacer Anne qui en reculant va tomber dans les flammes, laissant alors l'intrigue faire la transition avec l'entame du film puisque le médecin rendra son verdict, Anne est défigurée, incapable de marcher et sa vision est troublée par ses brûlures. Cette mise en condition des protagonistes sera efficace pour bien mettre en avant le changement de personnalité de ce Lansac qui, de mondain dragueur et amateur de jeunes femmes dont il abusera en profitant de sa notoriété, deviendra un amoureux transi et respectueux de sa récente épouse qui elle apportera une fraîcheur vivifiante. Mais cela n'empêchera pas le réalisateur de déjà avancer quelques rapides séquences sensuelles, déshabillant au passage Elizabeth Teissier qui interprétera Moira ou encore Anny Duperey jouant Anne, tout en plaçant également quelques scènes étranges et presque onirique, avec la découverte du château et des deux nains, Olaf et Igor qui vont servir le couple.

The blood roseMais cet accident va faire sombrer la vie du couple dans le désespoir, Anne devenant irritable et méchante, tandis que Lansac n'arrivera plus à peindre et demeurera prostré dans son château, au grand désespoir de Wilfried qui va pourtant devoir le booster et l'obliger à superviser l'institut de beauté dont ils sont copropriétaires, Wilfried partant à l'étranger quelques temps, tout en ayant engagé une infirmière pour s'occuper d'Anne, cette dernière étant par ailleurs déclarée morte aux yeux de tous. C'est à l'institut que Lansac va retrouver le professeur Römer, un botaniste méticuleux qui cachera un passé bien plus trouble, puisque nous ne tarderons pas à découvrir en compagnie de Lansac que ce professeur est un ancien chirurgien spécialiste du visage radié suite à une bavure et continuant à œuvrer pour remodeler le faciès de truands en fuite. Démasqué par Lansac, il n'aura pas d'autre choix que d'accepter la proposition de ce dernier de trouver un nouveau visage pour Anne.

The blood roseMais pendant ce temps-là, l'intrigue aura également mis en avant le caractère méchant de cette nouvelle Anne, aigrie, jalouse de la beauté d'Agnès, l'infirmière à laquelle Lansac ne résistera pas longtemps, ce qui la poussera à s'arranger pour que Agnès meure dans un "accident" délibéré et sadique, volontairement laissé à la vue de Lansac dans une opération de défiance. Mais pour pouvoir opérer Anne, il va bien falloir trouver un visage et l'institut de beauté va devenir un terrain de chasse pour Lansac et Römer qui seront loin de se douter qu'une victime toute trouvée va plus tard venir frapper à la porte du château, la sœur d'Agnès partie à la recherche de cette dernière.

The blood roseMême si l'influence des Yeux sans visage de Georges Franju se fera bien évidemment sentir sur le fond, l'intrigue restera fouillée, riche et puissante autour de cet amour perverti par une destinée atroce et servie par une galerie de protagonistes tour à tour hauts en couleurs et attachants, hors du commun et permettant au film de développer plusieurs sous-intrigues passionnantes, celle liée au professeur Römer en tête, tandis que le métrage dérapera doucement d'un classique formel de toute beauté vers un ensemble de gothisme et de délire surréaliste franchement débridé et jouissif, porté notamment par ces deux nains qui délivreront quelques séquences complètement folles, bien bis et ainsi irrémédiablement marquantes.

The blood roseEn effet, il faudra voir ces deux nains s'affairer autour d'une prisonnière qu'ils vont déshabiller, violer et finalement tuer (même si le métrage sera elliptique sur ce dernier aspect pour uniquement nous montrer la victime morte), ou encore poursuivre la sœur d'Agnès armés de haches disproportionnées par rapport à leur petite taille, chacune de leur apparition illuminant le métrage d'un caractère démentiel et extravagant qui contrastera avec l'univers gothique dans lequel le métrage plongera pour nous offrir quelques séquences remarquables, comme cette visite nocturne et en plein orage du château par la sœur d'Agnès (qui présentera une ressemblance physique avec Barbara Steele certainement pas innocente) qui trouvera son point d'orgue en nous dévoilant la visage martyrisé d'Anne jusqu'ici intelligemment masqué à la caméra.

The blood roseLe métrage avancera ainsi une histoire d'amour éperdument tragique, douloureuse pour ce couple détruit par la jalousie de cette Moira qui n'aura pas supporté d'être délaissée et humiliée par Lansac, mais ce sera surtout les répercussions de l'accident sur le comportement de chacun qui sera mis en avant par les différentes phases de l'intrigue jusqu'au final à la fois poétique dans son dernier plan et nihiliste dans son entreprise de mort pour de la sorte nous réserver une méchante surprise plutôt inattendue lors d'un final qui s'éloignera de la trame largement envisagée et anticipée par le spectateur, abandonnant ainsi toute idée de happy-end qui de toutes façons n'aurait pas collé avec l'esprit et l'ambiance délétère de la seconde partie du film.

The blood roseLes personnages seront ici bien travaillés, le couple formée par Lansac et Anne bien entendu pour laisser Anne devenir irrésistiblement attachante dans sa joie de vivre tandis que Lansac arrivera à gagner la sympathie après une présentation guère reluisante, mais le personnage le plus frappant du film sera ce professeur Römer, un être torturé au physique dur, et l'ensemble bénéficiera d'une interprétation convaincante, entre Philippe Lemaire jouant Lansac et Anny Duperey qui resplendira dans le rôle d'Anne, tandis que Howard Vernon, l'acteur fétiche de Jess Franco brillera forcément par son charisme naturel pour donner vie au professeur Römer, laissant quelques jolies actrices venir apporter un érotisme certes quelque peu désuet de nos jours mais pour autant graphique en les dénudant entièrement ou partiellement. La mise en scène de Claude Mulot est efficace, léchée et utilisera avec bonheur ses filtres pour avancer une caméra subjective se mettant à la place du personnage d'Anne, tout en rendant justice aux décors naturels gothiques. Les quelques petits effets spéciaux sanglants demeureront rudimentaires mais tout en étant crédibles.

Donc, ce The blood rose s'avérera être une œuvre fantastique sensuelle française méconnue qui mériterait pourtant largement d'être réhabilitée pour son atmosphère gothique, érotique mais également douloureuse lorsqu'elle brisera cette histoire d'amour éperdue !

The blood roseLe DVD de zone 0 édité par Mondo Macabro avancera une image nette et ne connaissant pas de défaut flagrant, tandis que la bande-son sera efficace et adaptée pour aider à la création de l'ambiance du métrage, celui-ci étant ici proposé dans sa version anglaise mais surtout dans sa version originale française.
Au niveau des bonus, on pourra suivre une interview de l'un des collaborateurs de Claude Mulot qui reviendra sur le travail de ce dernier, un petit document écrit sur l'histoire des films horrifiques français, une conséquente galerie de photos du film, la biographie/ filmographie de l'équipe du film ainsi que le toujours excellent petit montage d'extraits d'autres titres proposés par l'éditeur.

Pour ceux qui voudraient découvrir ce film français largement maîtrisé et estimable, le DVD de zone 0 est disponible ici ou !

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